A propos de «THE BOMB»
Cher Gator, tu sais fort bien qu’en vieux briscards du bord de piste, voisins de palier qui plus est, nos avis le plus souvent convergent… Cela dit, je tiens à placer mon grain de sel quant au sieur Ramon et à son titre MX1 2007 : «Immérité» ? Ah non !
Evidemment, je comprends fort bien où tu veux en venir et, jusqu’à un certain point, je partage même ton analyse : sans son crash de Loket, la blessure et l’incapacité à défendre ses chances qui en ont découlé, Josh Coppins aurait été mille fois champion du monde, avec 150 points d’avance sur son dauphin sans aucun doute, on est bien d’accord. Et c’eût été un titre parfaitement MÉ-RI-TÉ, absolument, vu sa saison comme l’ensemble de son œuvre, au Kiwi : rien à redire.
Maintenant, il en est ainsi, ça ne l’a pas fait. La faute à ce maudit frein arrière, à cette chienne d’YZF, à ce gougnafier de mécano, au team de Michele tout entier (rien que des mauvais !*) ou au pilote lui-même (quel con !*), peu importe : JC s’est mis par terre, il s’est niqué une épaule et n’a pu défendre ses chances jusqu’au bout alors qu’il l’avait presque (enfiiiiiin !) vissée sur le crâne, cette p… de couronne mondiale. Too bad, mais dura lex sed lex, c’est comme ça.
Et kicéki en a profité, c’est bien le mot en effet, c’est le Ramon : ben oui, il était là, tel le renard de la fable, le mec de Bruges – right time/right place – et c’est lui qui a embarqué le frometon ! Maintenant, on remarquera que, d’une part c’était lui et pas un autre, ensuite qu’il a su tenir le coup jusqu’au terme du championnat, sans faillir malgré la pression… Ce qui généralement n’est pourtant pas son fort, oh non. Mais, sur ce coup-là, nickel. Bon, dois-je l’avouer ? Ce n’est pas un secret, je suis fan de Steve Ramon (en tout bien tout honneur, j’ai passé l’âge du groupisme et mes proches certifieront sur le texte sacré de votre choix mon statut 100% hétéro) : ce mec est de loin ce qui se fait de plus «stayelish» de ce côté-ci de l’Atlantique, l’élégance personnifiée pour tout dire et le voir évoluer sur n’importe quel tracé hyper technique, méchamment défoncé, perfidement sablonneux (ou de préférence les trois à la fois) constitue toujours un pur régal pour l’œil de l’observateur un tant soit peu averti. Un tel spectacle, tant de classe naturelle me conduisent d’ailleurs parfois – souvent, même, je ne peux que le reconnaître – à trépigner, oui, à bouillir littéralement, derrière les barrières ou l’écran de télévision, en le regardant naviguer en quatre, cinq, sixième positions, voire plus loin encore, quand il paraît tellement évident, vu l’aisance du garçon, sa science des trajectoires, son coup d’œil comme son coup de gaz, aussi acérés l’un que l’autre, bref tout ce potentiel exceptionnel qui vous saute à la gueule à chaque virage, à chaque trou, à chaque bosse, qu’il ne peut y avoir qu’une place, une seule pour pareil cador : devant ! Et loin, en plus : lui devant, tous les autres derrière…
Et pourtant, non, Steve gagne peu. Bien trop peu. So what ? Mystère, forcément, quelque part. Physiquement, l’homme a l’air au point, alors ? Cruel manque d’agressivité ? Panne de motivation chronique ? En fait, ouais, c’est bien du côté de la gniac qu’il faut chercher la faille : en clair, pour faire simple, Ramon n’est pas un killer. Eh non, on a affaire à un gars plutôt calme, gentil, réservé, timide même… Sur la piste comme dans la vie, ce n’est pas du tout un méchant, la «Bombe», mais un type qui joue en catégorie cool, l’officiel Suzuki. Et in fine c’est là que le bât blesse : dans le «civil», où Steve est un mec absolument adorable, qui gagne pas mal à être connu (qualité somme toute assez rare dans le milieu flamske du MX), sûrement s’agit-il d’un bon point, mais au guidon de la RMZ usine, on paierait cher pour un poil plus de sauvagerie, ou au moins de hargne, nom de Zeus ! Alors, eh non, ce gars en qui l’on a longtemps cru reconnaître le successeur le plus direct du King Stefan n’a pas hérité de cette voracité dictatoriale qui faisait de son aîné l’imparable grand chelemeur que l’on sait, dommage.
Maintenant, sans doute le Suzukiste déçoit-il parfois (qui a dit souvent ?) mais, si l’on attend de lui monts et merveilles, c’est bien la preuve qu’il s’agit non seulement d’une personnalité des plus attachantes, mais aussi et surtout d’un pilote carrément au-dessus du lot, au style exceptionnel, un double champion du monde qui, à 29 ans (il les aura fin décembre), n’a pas fini de nous éblouir, ni de glaner des titres et de gagner des courses… Voir ce week-end à Scheveningen ! Et dimanche à Loon, why not ?
* humour !
7.9 € TTC
