Pff, on ne sait même par où commencer pour décrire avec précision ce week-end de folie au MX of Nations, appellation officielle, à Ernée. On se doutait avant l’évènement que ça risquait bien d’être énorme, et on peut dire que ça l’a été, tant au niveau sportif qu’en ce concerne l’ambiance, l’organisation ou ce que ce l’on nommera pudiquement les “à côtés”, comme par exemple le camping festif. Quelques gros bouchons ont été recensés le vendredi soir, mais “amendoné”, pas simple de faire rentrer des milliers de véhicules sur des routes de campagne où ne passent que quelques voitures par jour habituellement…
Dès le vendredi, même en arrivant sur les coups de midi, on sent bien qu’il se passe quelque chose de lourd, avec déjà du monde partout… Pourtant, il n’y a pas grand chose de prévu pour le public ce jour-là, en attendant le défilé des pilotes en pick-up pour la présentation des équipes. Avec déjà quelques milliers de personnes et une ambiance de folie. Antonio Cairoli et Andrea Adamo ne se sont sans doute pas encore remis du spectateur en robe de soirée, imbibé comme un buvard, qui les a fait rire un bon moment en imitant a capella les tronçonneuses. Belle performance. Impossible, par contre, d’approcher les frères Lawrence, entouré par un staff intransigeant, qui décline toute interview ou même interaction avec les deux frangins, véritables stars hollywoodiennes de cette édition.
Et on n’était que vendredi, là.
Un petit tour dans le camping le soir suffit à se rendre compte de l’ampleur qu’a pris ce MX of Nations. Des hectares et des hectares de camping-cars, de tentes et de caravanes à perte de vue, de la musique partout, de l’alcool et beaucoup de pit-bikes, avec même des courses organisées sous chaque lampadaire. Presque de quoi faire passer les 24 h du Mans pour un honorable thé dansant pour le troisième âge. Sauvage, mais plutôt bon enfant dans l’ensemble, il faut le reconnaitre. On a même vu quelques gros noms du MX français se mêler pour de bon à la fête, et comme il faut !
Pour la deuxième année de suite, ce sont les Marocains qui ont tiré la boule #1 synonyme de première place pour l’entrée en grille le samedi. Malheureusement, l’équipe Saad Soulimani/Noam Jayal/Maxime Simon ne passera pas le cap, éliminé à l’issue de la finale C malgré la victoire de Saad. Ce sont les sympathiques islandais, la plus jeune équipe de la compétition (17, 17 et 18 ans pour les trois pilotes !) qui passent en finale B. Une finale B remportée par les Suédois après quelques controverses, de nombreux pilotes, dont les Suédois et les Portugais vainqueurs au départ, ayant été déclassés pour avoir sauté sous drapeau médical.
Les courses du samedi ont largement donné le ton du week-end : très plaisantes et animées, surtout les MX2 et MXGP, avec la France qui gagne à la fin. Favorite devant son public, l’équipe tricolore s’est rassurée les superbes victoires de Tom Vialle et Maxime Renaux, et le bon comportement d’un Romain Febvre qui n’a pas roulé à son vrai niveau mais ramène tout de même un beau top 5. Pas de grosses surprises à se mettre sous la dent, mais déjà quelques enseignements. Déjà, Jett Lawrence est bien aussi excitant à voir rouler “en vrai” qu’on le dit. Mal parti pour ses standards habituels, le jeune australien a mal roulé les premiers tours, en commettant plus d’erreurs en trois tours que sur tout l’Outdoor. Après, par contre… La classe totale, tout en facilité, avec une tendance à ne jamais se bloquer qui fait qu’il grapille des dixièmes de seconde tout le long du tours en donnant l’impression de se promener. Impressionnant, au vrai sens du terme. Autre homme fort de ces qualifications, Tom Vialle, qui a montré à ses petits camarades européens du MX2 qu’il n’avait rien perdu de sa vitesse aux US. En parlant des US, RJ Hampshire a lui aussi été fidèle à sa réputation. Départ en tête, crash tout de suite. Le garçon est aussi brouillon qu’on le pensait, avec minimum trois ou quatre grosses alertes par tour. A se demander comment il ne tombe pas plus souvent, même s’il va effectivement très vite. Aaron Plessinger, tout sourire, a plutôt bien roulé, contrairement à un Christian Craig qui a semblé perdu tout le week-end.
Déception, par contre, pour une équipe du Canada qui alignait pourtant ses trois meilleurs éléments, comme nous. Les trois se sont retrouvés plus vite par terre que Jordan Zebo. Et sont passés de candidats au top 10, voire mieux sur un malentendu, à non-qualifiés après s’être de nouveau tous les trois ratés en finale B. Dur. Moins que pour l’Américain Grant Harlan, intégré à l’équipe de Guam, qui s’est fracturé la pelvis…
En ce qui concerne dimanche, on ne va pas refaire le match complet des manches, tout est ici. La France était la mieux armée avec trois tops pilotes, qui ont su résister à l’enjeu et la pression pour livrer une performance digne de leurs statuts respectifs. A un moment ou un autre, chacun a su hausser son niveau pour scorer. Je retiendrais quand même les deux manches de Tom Vialle. Aidé par des départs “Viallesque”, Tom a livré un MX of Nations de dingue. Longtemps au contact de Plessinger en MXGP/MX2, il aurait pu rester devant Gajser et Jett sans une petite erreur. Et que dire de sa deuxième, dans laquelle il termine deuxième, tout près de Maxime ? Du très grand Tom, dans le rôle ingrat du MX2. Chapeau bas !
Que dire également de la remontée de Jett Lawrence en MXGP/MX2 ? Reparti bon dernier suite à sa chute (un peu ridicule, d’ailleurs) au troisième virage, 23e au premier tour, il revient sixième en doublant Tim Gajser, parti dans les 10, au dernier tour… Si vous trouvez qu’on en fait trop avec lui, tant pis pour vous, parce que ce n’est pas près de s’arrêter. A 20 ans, ce qu’il réalise est tout simplement phénoménal. On ne parlera même pas de sa deuxième manche, gagné sans soucis. Grand.
Au niveau individualités, outre les trois français qui ont été excellents, on ressortira également le superbe retour aux Nations de Ken Roczen, qui a prouvé une nouvelle fois qu’il est un des tous meilleurs de cette planète, quelque soit le continent ou la moto sur laquelle il évolue. Jorge Prado a fait honneur à son rang de champion du monde MXGP. Les Italiens, avec une très jeune équipe, ont réussi à monter sur le podium, ce qui n’était pas gagné au départ. Et tous ont répondu présents, notamment le jeune champion EMX250 Andrea Bonacorsi, très solide dans le rôle de l’appelé de dernière minute qui dépanne sur une 450. A l’instar de Liam Everts sur la 350 KTM, qui s’est battu comme un lion pour son équipe, dans un style qui rappelle de plus en plus celui de son prestigieux paternel.
Un mot sur la réalisation TV, qui a raté énormément de choses. Dont la plus importante, la remontée de Jett, passé quasi inaperçue alors que c’était l’attraction principale sur place, ce dont tout le monde parlait… Ainsi que la charge finale de Tom Vialle sur Maxime Renaux en MX2/Open. Ou une meilleure vue de la chute du Finlandais Jere Haavisto et sa KTM coupée en deux. Bref, c’est pour ça que la télé, c’est bien, le live, c’est mieux !
Enfin, inutile de parler de l’ambiance, vous avez sans doute vu de nombreuses images. Difficile de penser qu’on puisse mettre plus de monde dans cet amphithéâtre naturel que les 30/35 000 qu’il y avait sans doute dimanche. Et non 102 000 comme l’annonce InFront, qui la joue à la Marseillaise… Parlons plutôt de la piste. Rapide et spectaculaire pour le public, propice au dépassement malgré sa relative étroitesse par endroit, parfaitement préparée, suffisamment défoncée mais pas (trop) dangereuse, elle avait tout pour plaire, quoi qu’en disent les fans ricains frustés. De l’excellent travail, une nouvelle fois, par le staff du MC Ernée et le maitre d’oeuvre Cédric Lucas, qui s’impose comme un des meilleurs du monde à ce petit jeu, lui aussi ! Bref, un week-end magique, de ceux dont on se souvient longtemps. Une réussite totale, malgré un tarif d’entrée assez prohibitif pour en avoir dissuadé plus d’un de venir. De toute façon, on n’aurait pas su où les mettre… Bravo au club, aux pilotes, aux spectateurs, bref, à tous ceux qui ont fait de cet évènement une réussite. Pour en avoir discuté avec plusieurs médias étrangers, tous ont été bluffés par la qualité de ce MX of Nations version 2023 à Ernée. Vivement le prochain !
Par Rich’, photos Valentin Guinberteau.
Bonus interview des vainqueurs :
c’est bien tous cela bravo richard est valentin superbe Boulot par contre personne ne parle de pays possible apres l’angleterre la belgique est la slovenie qui pourrait accuellir le MX des Nations
Le tarif est élevé, certes, mais reverra-t-on un jour un tel plateau ? J’en doute…
Peut etre en france avec le retour du nouveau circuit de GAILLEFONTAINE qui renait de ses cendres !