Il semble bien parti pour être l’homme à battre en championnat de France Junior cette saison, comme on a pu le constater dès l’épreuve d’ouverture à Sommières, qu’il a survolée. Mais ce n’est pas tout : il n’y a pas que l’Hexagone, dans la vie ! Sacré champion d’Italie 125 le mois dernier, Stephen Rubini vise aussi le titre européen (EMX 125) et même la couronne mondiale, qui se jouera en Russie (à Orlyonok le 14 août). Autrement dit, il se place délibérément dans les traces d’un Jordi Tixier ou d’un Maxime Renaux…
A 17 ans (il les a eus en janvier), Steph’ est une sorte de vétéran du Junior : en effet, il y a débarqué très jeune… il y a trois ans de cela et le voici qui entame, c’est assez exceptionnel, sa quatrième saison complète dans la catégorie. Ex-champion Minime, troisième du Cadet en 2012, il a accédé à la 125 en fin d’année, à 13 ans. Dès sa première saison il a plutôt réalisé de bons débuts en Junior, avec un podium à Chauvigny et une neuvième place finale, bien qu’ayant loupé deux épreuves à cause d’un vilain coup sur un genou. L’année suivante, passé sur Yamaha sous la houlette de Serge Guidetty au sein du team GSM, il n’a jamais pu se faire à la moto, lui le KTMiste de toujours. Souffrant d’un poignet abîmé durant l’hiver, il a stagné, voire régressé, ne terminant que dixième du championnat. De retour sur une moto orange l’an passé par l’entremise de la KTM Academy, il visait la gagne mais a dû se contenter du podium (troisième), victime de quelques ennuis mécaniques et même d’une certaine irrégularité. Mais il a signé quelques belles perfs pour ses vrais débuts en championnat d’Europe, sixième au provisoire avant la finale quoiqu’ayant raté la manche inaugurale à Valkenswaard. Et, hélas, à Assen, sur un terrain compliqué, il se faisait mal à un genou et ne marquait pas le moindre point, d’où un dixième rang final… Il a donc choisi de poursuivre une saison de plus en 125 cc, histoire cette fois d’emplâtrer des titres !
Fort de cette grosse expérience de la catégorie 125, tu ne manques pas d’ambition en attaquant 2016 ?
Non, en effet, je vise carrément tous les titres ! Champion d’Italie, c’est fait : reste la France, l’Europe et le monde…
On t’a vu porter les couleurs du team Silver Action sur les Internationaux d’Italie, normal, mais aussi en championnat de France à Sommières : il en sera ainsi toute la saison ?
Oui, je suis aussi – et surtout ! – sous contrat avec eux pour l’Europe. Mais en France j’ai décidé de conserver leurs couleurs, même si a priori sur le Junior je suis d’abord soutenu par KTM France. Mais l’équipe est tellement super ! Sur les Internazionali d’Italia ils ont été à fond derrière moi, et naturellement ils étaient ravis de la façon dont les choses ont tourné. Ce n’était pas évident, au départ : trois courses compliquées, sur des circuits pas faciles, et avec les deux Hollandais, Haarup et Van De Moosdijk, nous nous sommes partagé les manches, c’était chaud ! Bon, j’ai remporté le général les trois week-ends, et le titre. Mais il est déjà très fort, Mikkel Haarup : il ne faut pas perdre de vue qu’il débute en 125, il sort du 85 cc, il a 13 ans… Oui, en tous cas les responsables du team étaient super heureux, c’est très positif pour eux, quant à moi j’ai fait le plein de confiance en gagnant là-bas. Il y a eu là matière à bâtir en vue de l’Europe. Car malgré mes acquis, mon vécu, ma vitesse, je ne dis pas que ça va être facile, le championnat d’Europe : rien n’est moins sûr ! D’abord, même si je connais déjà certains pilotes qui seront mes principaux concurrents, les Geerts, Facchetti, Van De Moosdijk et Haarup, on découvre toujours des nouveaux venus, tiens comme Haarup justement, et puis il y a aussi des gars qui se révèlent bien plus forts qu’ils n’étaient l’année précédente… Bref, avant la première épreuve, il paraît très hasardeux de vouloir faire des prévisions.
Au niveau du championnat de France, c’est plus facile : là tu sembles au-dessus du lot…
Facile, oui et non ! Pierre Goupillon est très bien préparé, il est rapide. Je n’ai surtout pas intérêt à me reposer sur mes lauriers, à croire que c’est déjà fait. Mon objectif, c’est de tenter de gagner chaque épreuve. J’espère tout gagner, car je n’ai pas envie de laisser quelqu’un devant : je veux être devant !
Apprécies-tu la formule 24 MX Tour, le Junior dans le cadre de l’Elite, les courses disputées le samedi ?
C’est une bonne formule. En bon spécialiste du Junior, qui cette fois en est à sa dernière année dans la catégorie, je suis heureux de pouvoir aussi participer à l’Elite le lendemain. C’est quelque chose que je voulais tenter, même si ça fait beaucoup de courses. J’y tenais, c’est important de rouler, encore et encore. Bon, le dimanche, j’ai terminé treizième en première manche MX2 et j’ai arrêté avant la fin de la seconde, vraiment fatigué… Mais ça ne fait rien, c’est bien ! C’est un autre rythme et, au milieu des deux-et-demies, faut vraiment se donner à fond pour essayer d’exister. Je vais tâcher d’en faire d’autres, c’est sûr. En ce qui concerne plus précisément Sommières, rien à dire, c’est un bon circuit avec de beaux sauts. Il y a eu un problème d’arrosage le samedi, la piste était béton, mais en vrai Sudiste ça ne m’a pas gêné, moi j’ai bien aimé. La seconde épreuve aura lieu à Saint-Thibéry : à nouveau pas bien loin de chez moi. Ah, ça fait du bien d’avoir deux courses successives à proximité, pour une fois !
Un démarrage en douceur avant de devoir rallier Romagné, Bitche, Ernée, etc pour les épreuves suivantes, sans parler de l’Europe : bonjour les kilomètres, depuis Manosque !
Oui, le programme est chargé et on va en faire, des kilomètres, ça oui ! Je n’ai pas compté mais je pense que ça fait un total de plus de vingt courses, c’est beaucoup… Et l’ouverture de l’EMX 125 aura lieu en Lettonie, l’épreuve du Mondial en Russie ! Mais bon, faut savoir ce qu’on veut…
Tu as l’air très au point physiquement parlant : un mot de ton entraînement ?
Je roule au moins trois fois par semaine, parfois quatre. Et je fais beaucoup de sport, ce n’est pas un problème, j’adore ça. Je suis un programme de CrossFit et c’est mon coach du CrossFit, qui travaille aussi avec plusieurs enduristes, qui me concocte mon programme complet, avec course à pied, vélo, piscine, rameur, muscu, cardio, etc, toute ma préparation physique passe par lui. En revanche, en ce qui concerne l’entraînement à moto, on se débrouille avec mon père. Cela dit, dès que possible, je rejoins le team en Italie, à Erbusco, près de Brescia, nous échangeons beaucoup, nous restons en contact en permanence et surtout j’essaie de rouler le plus possible en compagnie de Jens Getteman, le Belge, pilote MX2 de l’équipe. Oui, je fais le maximum pour mon sport, je veux m’y consacrer entièrement, tout donner pour le MX, avec en tête l’ambition de devenir un véritable pilote professionnel.
Justement, pas de doute, on te sent très motivé…
Exact ! Bon, ça ne m’empêche pas d’écouter de la musique ! Je suis connu pour avoir en permanence un casque audio sur les oreilles… Ou de passer du bon temps avec mes amis. Mais c’est vrai, je suis à fond dans le sport et le motocross. J’ai avant tout la chance d’être super bien entouré : mes amis sont toujours là pour moi, très présents, c’est une grande chance. Mon père aussi : je lui dois tout et je ne l’en remercierai jamais assez. Tout comme je profite de l’occasion pour remercier mes sponsors, ceux du team Silver Action en premier lieu, comme Korax, la marque de fringues made in Italy que je porte. Ou encore Mecanic Sport, Bell, Sidi, Scott… Et puis SR Motorsport, préparateur moteur et suspensions à Toulon, qui m’aide sur le championnat de France. Oui, comme on peut voir, je suis parfaitement armé pour atteindre mes objectifs : à moi de jouer !