Je ne veux pas sortir la carte du circuit mythique à chaque fois, mais on pourrait tellement les pépites s’enchaînent. Parce que mine de rien, Millville est sans doute à classer parmi les plus beaux terrains du monde, avec ses légendaires whoops en sable, sa montée/descente, Mount Martin, tout aussi célèbre, et un mix de texture qui en font un cauchemar pour les fabricants de pneus. Bref, il y a tout, dans le jardin des frères Martin qui, on le rappelle, ont été élevés sur la propriété par leurs parents qui gèrent le complexe. OK, il n’y peut-être pas de trampoline et ça doit être long de tondre la pelouse, mais sympa, le jardin, quand on est môme… Seule fausse note, les trophées n’étaient même pas des MXLight. L’année prochaine ? OK, ce n’est pas très subtil, mais si cette chronique est là, c’est justement grâce à MXLight, donc cliquez !
Déjà très bon à Southwick, Justin Barcia a cette fois passé une marche de plus à Millville en s’imposant pour la première fois en outdoor depuis Ironman 2018. Si ses excellents départs l’ont aidé, tout comme ceux, médiocres, d’autres favoris, le Justin a quand même sorti deux manches de folie, notamment la première. Parce que résister de la sorte à Dylan Ferrandis pendant aussi longtemps, pas grand monde en a été capable cette saison en outdoor… Faut dire que la GASGAS prend énormément de place sur le terrain, plus encore qu’un flat-twin BMW. Et il y avait sûrement des rétros planqués à l’intérieur des protège-mains pour anticiper avec autant de précision chaque mouvement d’Adam Cianciarulo, d’abord, qui a fini par s’auto-éliminer, puis Dylan. J’avais écrit après la course de SX d’Indianapolis 2 que « Barcia, c’est la famille hollandaise en vacances avec la caravane qui s’engage juste avant toi sur cette petite route sans visibilité. Tu sais que tu ne pourras pas doubler sans mettre la vie de tout le monde en danger ! » Bah je ne retire rien de ce que j’ai dit, si ce n’est que là, il a carrément descendu toute la Nationale 7. Relou mais correct, à une exception près. Mais il s’est excusé, donc ça ne compte pas… A Dylan et aux autres, donc, de retenir la leçon prodiguée par Kenny en début de deuxième manche. Il suffit de passer très loin de lui, très vite. JB51 se demande sûrement encore ce qui s’est passé sur cet extérieur flamboyant. D’autant que sans ce coup de génie de Roczen, on aurait très bien pu voir un doublé de Barcia. Solide, le gaillard, en ce moment !
C’est officiel, Eli Tomac est de retour ! Cette fois, sa première manche a même été meilleure que sa deuxième. Quel bonheur de voir évoluer Eli quand il est dans sa zone ! Ses passages dans la deuxième partie des whoops en sable, sous l’arche Lucas Oil, étaient de ces morceaux de bravoure qui définissent un pilote. Quand Tomac est en forme, pas à dire, ça dégage de la puissance et ça envoie. De fait, on est presque déçu de sa seconde manche, mais c’est vrai qu’il avait déjà tellement donné dans la première pour revenir de nulle part buter sur Ferrandis qu’on a du mal à lui en vouloir. Quatrième du championnat deux petits points derrière Barcia, attention au Géant Vert…
Eli Tomac dans les whoops en sable, il est comme ta femme chez Gucci pendant les soldes : à l’aise et rapide.
Dylan Ferrandis a connu à Millville sa pire journée de la saison, et s’en sort pourtant avec un podium. Preuve que notre Français est plus que jamais l’homme à battre. Et terminer cinquième après deux chutes dans les premiers tours, c’est ce qui s’appelle limiter les dégâts ! DF14 aurait sans doute pu faire bien mieux en première manche sans un contact au premier tour qui lui a fait perdre quelques places. Le temps de se mettre en route, et il était coincé derrière l’autobus Barcia. Puis carrément pris entre le marteau et l’enclume ! En effet, comment faire pire qu’être pris entre Barcia devant et Tomac derrière ? DF l’a joué serein et repart de Millville avec 32 points d’avance sur Ken Roczen, et ça c’est bon !
Fallait pas embêter Chase « Monticelli » Sexton sur cette épreuve ! Après avoir roulé sur son prestigieux coéquipier en première manche, le gars de La Moille (oui, c’est son lieu de naissance) a ensuite éjecté Cooper Webb d’une grosse table à coup de pneu arrière. Plus sérieusement, grosse prestation de Chase, remonté des abîmes jusqu’à la 7e place en première, puis solide troisième dans la deuxième manche. Enfin une épreuve digne de son potentiel après un gros passage à vide. Bien. Au passage, on aimerait bien avoir un jumelage Oss/La Moille. Voilà voilà.
Comme Sexton, « Chrishtianne » Craig n’était pas en furie la semaine dernière à Southwick, mais bien mieux à Millville. L’élégant Californien donne toujours autant l’air de se balader, mais signe un solide top 5 devant son coéquipier Plessinger. D’ailleurs, à ce propos, on aurait vraiment pu croire les trois Star Racing en shooting photo en première manche. Beau !
C’est quoi la taille de ce guidon ?
Marvin Musquin termine 7e de la journée avec un 8/8. On espérait un peu mieux, oui. Comme depuis le début de l’outdoor.
N’en déplaise à ses nombreux détraqueurs (#harrypotter), son coéquipier Cooper Webb commence, lui, à reprendre des couleurs. Il manque peut-être encore de vitesse pour le podium, et encore, mais il est présent. Il valait bien un top 5 sans sa chute avec Sexton. Des vrais progrès ! En plus, il a eu le courage et la grinta d’y retourner après sa pelle de l’espace et de ne pas abandonner, pour terminer 23e de la manche. Respect. Vous êtes nombreux à ne pas trop aimer le personnage (oui, on vous voit, hein!) mais le type est un guerrier, c’est incontestable.
Cooper Webb est de mieux en mieux, et le pit-bull ne lâche pas son os.
Belle prestation de Justin Bogle en début de deuxième manche. Avant de complètement craquer, vidé ! 14e, il fait finalement pire que dans la première…
Adam Cianciarulo a de nouveau fait du Adam, avec un très beau début de manche, puis cabane sur le chien. Même pas reparti en deuxième manche, le chien est mort, comme disait Pierre Salviac. Le cochon est sérieusement dans la maïs pour le pilote Kawa et ses problèmes de nerfs. Même qu’il arrêterait ici sa saison qu’on ne serait pas étonné. On parie ?
Encore une sale journée pour Coty Schock, pourtant très bien parti en première manche avant de casser la chaîne. Deuxième manche ? Chaîne cassée… Soit quatre DNF sur casse mécanique de suite. Série en cours. Dommage pour celui qui est la révélation de la saison, et qui progresse à pas de géants chaque année. Assez pour décrocher un guidon officiel en 250 ? Ce serait intéressant de voir ce qu’il serait capable d’en faire, a fortiori en outdoor.
Enfin, quel rebond de la part de Ken Roczen ! Du SSV du docteur à la victoire en seconde manche, avec un premier tour digne de celui de 2016 au même endroit ! Kenny veut vraiment jouer un rôle dans ce championnat visiblement, et ne lâchera pas si facilement son affaire. Enorme respect pour sa prestation. Et cet extérieur sur Barcia…
Ken fait tout ce qu’il peut pour rester dans ce championnat !
Catégorie 250
Comme d’habitude, le chaos règne dans cette catégorie des d’jeuns, mais à Millville, c’est le pompon ! Au moins, le « papa » de la 250, j’ai nommé Jeremy Martin, a mis tout le monde d’accord avec un doublé plein d’autorité, même si ça ne paraissait pas gagné en première manche. Quelle attaque ! Rappelons que le J-Mart est aussi en forme qu’un habitant d’EHPAD après un combat avec Mike Tyson. Incapable de rouler la semaine jusqu’à tout récemment, il trouve quand même le moyen d’emplâtrer les deux manches. OK, il est chez lui, mais ça ne fait pas tout ! T’as beau avoir ton tennis privé, tu ne bats pas Federer à chaque fois… Bon, là, il se trouve que c’est lui le Federer, et que donc mon exemple tombe à l’eau, mais peu importe. Il l’a dit de nombreuses fois : oui, c’est cool de revenir voir la famille, dormir dans son lit etc… mais le terrain n’a rien à voir avec ce qu’il est le reste de l’année. Et les deux bros n’habitent de toute façon plus là depuis des années. Bref, c’est bien, et mérité après tant d’efforts pour rester dans ce championnat. Appréciez aussi, si ce n’est pas déjà fait, cette capacité qu’il a à scrubber assis tout en restant très bas. Sans doute un des meilleurs à ce jeu-là, même si scrubber debout reste, à mon sens, plus efficace.
Quand tu as bien dormi dans ton lit la nuit dernière !
Michael Mosiman a cette fois réussi à tenir deux manches sur ses roues, et ça fait une sacrée différence ! Belle journée pour GASGAS, cette petite marque espagnole de trial… Ah, attendez, on me signale que…. Des KTM rouges ? Vraiment ? Ok, je n’ai rien dit.
Justin Cooper monte sur un nouveau podium et reprend neuf points à Jett Lawrence, ce qui lui permet de prendre la plaque rouge, mais ça manque un peu de panache, tout ça… Dans les deux manches, il s’est fait reprendre en fin de course, ce qui est plutôt inquiétant. Heureusement qu’il peut compter sur des départs solides.
Jett Lawrence a beau être un de ces rares talents, il va avoir du mal à aller chercher ce championnat sans améliorer ses départs. Dommage, parce qu’il est clairement très fort, le jeune. Sa faculté à jouer avec le terrain, à se servir de trous pour en absorber d’autres ou son jeu de jambes rappellent tour à tour James Stewart, Chris Pourcel, Gautier Paulin… Reste à partir au moins dans le bon wagon pour éviter des situations comme celle de la seconde manche, hautement préjudiciable en terme comptable !
Hunter Lawrence n’a pas enflammé les foules mais signe une journée solide, juste en dessous de nos attentes après son doublé de Southwick.
Devinez qui c’est ? Pas facile, hein… Indice : il est supposé être devant, mais non. Sauf là, un peu.
Austin Forkner est réapparu ! 17/4. Score bizarre, certes, mais si c’était l’étincelle nécessaire ? À confirmer. Au moins, on a vu qu’il était présent cette fois.
RJ a fait du RJ.
RJ Hampshire a bien sûr été pris dans l’énorme chute collective. Et a ruiné sa course en faisant n’importe quoi pour repartir avec la bannière publicitaire. Dommage de gâcher tant de talent avec des erreurs aussi idiotes…
Beau début de première manche de Max Vohland, même si Nate Thrasher n’est pas d’accord…
Allez, vous pouvez retourner au soleil. A la semaine prochaine. En attendant, commentez, partagez, tout ça quoi.
Par Richard Angot.
Bonus :
Cette folie ! Et les commissaires, ils sont à la buvette ?