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Round #4, High Point, et enfin la glissement du championnat de la côte ouest à la côte est. Avec les aléas du climat qui vont avec, malheureusement. La pluie s’invite très souvent à la fête à Mount Morris, et ça a été le cas une fois encore ce week-end, puisque c’est tombé fort les jours précédents la course, jusqu’au vendredi. Le terrain, boueux comme une ouverture de ligue en Bretagne aux premiers essais, a heureusement fini par être correct pour les deuxièmes manches, mais nous a à coup sûr privé de plus de pestacle, comme dit ton petit cousin, avec des ornières plus longues qu’un apéro végane sans alcool…
Reste qu’au final, ça ne change strictement rien aux résultats, vous remarquerez… Le Grand Chelem de Jett Lawrence tient toujours, même si le rookie a connu sa plus difficile course depuis ce début de saison Outdoor. Dès les essais, la pépite australienne a passé son temps par terre, et du coup n’a pas obtenu le meilleur chrono pour la première fois. Et même dans les manches, il a presque semblé humain par moment. Déjà en se faisant mette la pression en début de manche par Ken Roczen, un luxe que seul Chase Sexton s’était permis jusque là. Puis en s’en collant une bonne au sixième tour, ce dont a profité Kenny pour mener. Reparti troisième, Jett, sans visière, aurait pu se contenter de prendre les bons points de la deuxième place, mais non. Décidément, le jeune est spécial, et a été chercher au courage Ken Roczen, pour finalement l’emporter. Fort. Sa deuxième manche n’est pas non plus de celles qui resteront dans les annales, mais il a assuré l’essentiel en claquant un nouveau doublé, une nouvelle fois sans visière. Sûrement un hommage à Xavier Fabre période FMX. Peu à l’aise de son propre aveu, il repart néanmoins avec le plein de points et de confiance. S’il gagne même quand il ne le sent pas, ça va commencer à être compliqué… De toute façon, avec 49 points d’avance sur son dauphin Dylan Ferrandis, il a de quoi voir venir.
Quel retour de Ken Roczen en MX US ! On connaît un peu le pedigree du garçon, deux fois champion dans la spécialité, mais le voir à un tel niveau alors qu’il prend le championnat en cours pose question sur le niveau, tout de même, surtout pour son premier Outdoor sur la Suzuki depuis des lustres, 2016 pour être précis. Meilleur temps chrono avec une seconde et demi de moins que Jett, Kenny n’a pas perdu la vitesse. Ni la faculté à doubler dans les premiers tours. Parti dans le top 5 en première manche, il a déposé Ty Masterpool, Cooper Webb et Garrett Marchbanks comme s’ils prenaient un tour, avant de mettre une vraie pression à Jett. On n’ira pas dire qu’il l’a poussé à la faute, mais quand même ! Et même quand il s’est fait passer par Jett, il est parvenu à brièvement le redoubler, ce qui n’est pas loin du crime de lèse-majesté, en ce moment. Dommage qu’une chute au dernier tour le prive d’une belle deuxième place. Et même d’un top 5, le temps de redémarrer la Suzuki. On se doutait que ça arriverait un jour, ce moment de solitude à trouver le point mort avant de pouvoir kicker, et on l’a enfin eu. Auteur du holeshot en deuxième manche, il a de nouveau montré l’étendue de son talent dans les ornières en menant longtemps la course, avant que Jett ne le prive finalement d’une victoire de manche. En tout cas, Kenny a montré à tout le monde qu’il reste un des tous meilleurs pilotes de MX du monde, malgré qu’il ait choisi la voie du SX Only. Au passage, il a indiqué qu’on pourrait bien le revoir d’ici la fin de saison. Tu es le bienvenu, Kenny !
Si beaucoup de pilotes de clavier se demandent pourquoi Adam Cianciarulo dispose encore d’une moto d’usine, cette course d’High Point répond en partie à la question. Quand les conditions sont réunies, l’ancien Baby Jesus est encore capable d’aller très vite, et même de monter sur des podiums. Car si sa première manche peut être qualifiée de moyenne, il a montré quelques tours dans la deuxième qu’il reste un talent niveau élite, capable de suivre et/ou de se battre avec les meilleurs. OK, ça n’a pas duré, mais la performance mérite d’être saluée, compte-tenu de ses difficultés physiques. Après son podium en SX, en voici donc un en MX. Certes, le plateau y est sûrement pour quelque chose, mais ça fait tout de même du bien de le revoir à ce niveau.
Une nouvelle course sans podium à High Point Pour Dylan Ferrandis, après celle de Thunder Valley. Décidément, ça ne sourit toujours pas pour notre champion 2021. en cause, une première manche plombée par un départ raté et une erreur au premier virage qui l’a relégué en queue de peloton. Du coup, cette sixième place n’est pas complètement à jeter, mais elle pénalise son résultat au général après sa bonne deuxième manche. Parti cette fois dans le bon wagon, Dylan a mis un peu de temps à mettre la machine en route, le temps de s’habituer à ses nouveaux réglages, mais il a ensuite montré du vrai Ferrandis, pas forcément si loin de la version 2021, en revenant dans la roue de Kenny, lui même pas si loin de Jett… Le Français a expliqué en interview avoir enfin trouvé des bonnes sensations sur la moto, avec des réglages qui lui conviennent. Un nouveau départ ? Certes, ça sera dur d’aller chercher le championnat à la régulière, mais ça peut peut-être le faire pour gagner des courses, non ? En tout cas, ce serait un pas dans la bonne direction.
Pas grand chose à ajouter par rapport à d’habitude sur Cooper Webb, qui a une nouvelle fois pris un bon départ en première manche et s’est accroché à sa troisième place, avant de ramener une timide sixième place dans la deuxième. « Pas un très bon jour, pas un si mauvais non plus » a-t-il lui-même résumé dans le press release KTM. C’est tout à fait ça.
Garrett Marchbanks, au contraire, a marqué les esprits avec cette excellente première manche. Parti devant, le jeune pilote ClubMX s’est donné pour aller chercher un incroyable podium de manche, lui qui était à la rue complet en 250 à l’ouverture de la saison. Victime de problème électrique dans la deuxième, il est passé par les stands mais sauve tout de même une correcte huitième place. Solide !
Ty Masterpool n’a pas autant enflammé à High Point qu’il avait réussi à la faire à Thunder Valley, mais prouve lui aussi que sa course la semaine dernière n’était pas un one-shot. 5/7, pas si mal pour le jeune texan sur une piste aussi compliquée…
Au départ, on pouvait se dire que ces conditions boueuses d’High Point étaient faites sur mesure pour Aaron Plessinger, ses longues jambes et son passé de champion GNCC chez les jeunes. Résultats, si notre cow-boy préféré depuis Terence Hill a montré de la vitesse, il a passé autant de temps par terre que sur la brêle. Si on fait le compte depuis le début de la saison, il a dû tomber dans au moins une manche sur deux, si ce n’est plus. Des coups à se faire mal, à force…
Derrière, on signalera surtout la course de Romain Pape, une nouvelle fois. The Pope est devenu un pilier de ce championnat, qui pointe à la douzième place du provisoire ! Après un bon départ en première manche, il a même pu voir un moment les pilotes d’usine devant lui, avant de terminer une nouvelle fois dans le top 10. Treizième dans la deuxième, il termine onzième du général entre Derek Drake et Freddy Noren, tous les deux ex-pilotes usine. La classe, ce jeune breton !
Catégorie 250 High Point : Hunter Lawrence, évidemment.
Incroyable à quel point les courses d’Hunter ressemble au scenario d’Un jour sans fin, chef d’œuvre du septième à base de marmotte, sans papier d’alu. En gros, Hunter revit la même course chaque semaine : un départ pourri dans la première manche (merci à Jo Shimoda, son futur coéquipier!), puis une remontée jusqu’au podium. Avant de gagner tranquillement la deuxième et le général… Sauf que cette fois, il a aussi été pris dans un accrochage en deuxième manche entre Swoll et Hampshire, et a dû faire d’incroyables premiers tours pour se retrouver sixième au bout de cinq minutes de course seulement ! À partir de là, Hunter a pris son temps pour passer tout le monde, avec des trajectoires dignes de celles du meilleur Christophe Pourcel. Rien à dire, il n’y a qu’un shérif en ville, et c’est bien lui. D’autant que Justin Cooper n’a pas roulé, à cause d’une énorme chute à l’entraînement qui l’a obligé à passer la journée en observation. Malgré tout, Hunter ne compte que 28 points d’avance au championnat, vu qu’on lui en a retiré sept pour avoir doubler sous drapeau Croix Rouge.
Nan mais ça va, c’est rien ça !
RJ Hampshire a encore connu une journée mémorable et typique à High Point. Bien parti en première manche, il a profité du chaos causé par l’erreur au premier virage de Jo Shimoda pour disparaître seul devant, avant de manquer de s’en mettre une belle dans les vagues. Ça viendra plus tard, tout seul, à la Hampshire. Mais comme il est aussi entêté que rapide et physique, il est reparti le couteau entre les dents pour aller chercher Deegan seul devant, avant de la passer au dernier tour. Ce n’était pas beau tout le temps, mais ça fait le job. Sa deuxième manche est encore plus merveilleuse, avec un block-pass de la mort dès le deuxième virage sur son coéquipier Swoll, qui les laisse tous les deux à terre… Un génie. Comme d’habitude, RJ a baissé la tête et est remonté du mieux possible, pour accrocher une septième place synonyme de deuxième au général. Une journée normale au bureau, quoi… Change rien RJ, on t’aime comme ça.<
Juste une petite cagade, rien de grave.
Belle prestation d’Haiden Deegan, qui aurait bien pu profiter de l’erreur d’RJ pour s’offrir une nouvelle victoire en première manche. Tombé dès le départ de la deuxième, le jeune pilote Star Racing a réussi à revenir sixième, juste derrière RJ. Mettez moi ces deux-là ensemble plus souvent, ça peut donner de belles choses. On est preneur !
Derrière, du bon et du moins bon en fonction des départs, comme d’habitude dans la catégorie. Jo Shimoda a été rapide et solide, mais semble quand même un ton en dessous par rapport à l’an dernier.
Tom Vialle a raté sa première manche, en restant coincé dans l’affaire Shimoda, mais a enfin montré aux Américains, au moins en partie, de quoi il était capable dans la deuxième avec cette superbe deuxième place et des chronos proches d’Hunter. Ne reste plus qu’à mettre deux belles manches bout à bout…
On peut en dire autant de Chance Hymas, qui est lui aussi plus adepte des secondes manches que des premières. Ce coup-ci, le jeune a carrément mené la course un moment, avant de craquer un peu physiquement. Mais du peu qu’on a vu, on sent que l’officiel Honda a clairement une belle marge de progression et ne va pas mettre longtemps à monter sur un podium…
A part ça, belle prestation de Ryder Di Francesco, solide les deux manches. Levi Kitchen, lui, s’est fait avoir aussi par le bouchon Shimoda dans la première avant de faire une belle deuxième manche. Le contraire de Jalek Swoll, t-boné par son coéquipier RJ Hampshire… Bref, la régularité n’est pas le point fort des jeunes américains, on est d’accord !
Allez, vacances la semaine prochaine, avant de revenir à ReeeeedddddBUUUUD, le circuit de légende du calendrier.
Par Rich’.