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L’ORGUEIL DU CHAMPION :
Dans la plus pure tradition des Australie-Angleterre, le premier quart de finale de la Coupe du monde a qualifié le Quinze de la rose pour le dernier carré (12-10) à l’issue d’un match ultra-serré, que le tenant du titre a dominé de son impact et par de belles ambitions offensives.
Les trois échecs de Mortlock :
Deux images pour résumer ce qui s’est passé à Marseille, et qui tord déjà le coup à la perspective d’une Coupe du monde dédiée aux nations du Sud. A l’entrée sur la pelouse, s’échappant des rangs comme des fauves longtemps retenus, puis enlacés en cercle avant les hymnes, les Anglais semblaient habités d’un quelque chose qui les rendrait vraiment durs à cuire ; peut-être le fameux «instinct de survie» dont parlait John Connolly avant le match. Et, au coup de sifflet final, alors que la Rose menait effectivement 12-10 grâce à quatre coups de pied de Jonny Wilkinson, les Wallabies furent comme foudroyés par la sanction, inattendue, d’une élimination en quart de finale de la Coupe du monde, leur plus mauvais parcours dans le tournoi, comme en 1995. Eux dont tout indiquait qu’ils avaient remis leur puzzle en ordre ces dernières semaines. Mais que dire, alors, de l’inventaire réalisé en un éclair par le tenant du titre anglais ? A l’agonie il y a trois semaines contre l’Afrique du Sud (0-36), là voilà, avec ses meilleures individualités, qui sort le deuxième du dernier Tri-Nations en pratiquant le match le plus complet qu’elle ait donné à voir depuis longtemps. Souveraine devant et ambitieuse sur les ballons libérés, elle a placé l’Australie sous pression pendant une grande partie du match.
Bien sûr, tout cela se joua à un souffle : avec trois échecs sur cinq tentatives face au but, Stirling Morlock ressassera pendant un moment une certaine responsabilité dans la défaite. Pour avoir fait un peu mieux (quatre réussites sur sept), Jonny Wilkison demeure la boussole de son équipe, et un des grands hérauts de l’histoire de la Coupe du monde : il en est désormais le meilleur réalisateur avec 234 points. Gavin Hastings est derrière. Le match ne s’est pas tout de suite joué sur ces mêlées fermées qui avaient humilié les Australiens à Twickenham en 2005 (26-16), désignées toutes les semaines comme la clef du match. Mais cela viendrait vite. Sifflée à la 11e minute, la première s’effondra quatre fois, sanction à la clef pour les Anglais. Tournées, effondrées, aucun ne fut propre avant la 43e minute, sur la cinquième sifflée ! Alors M. Rolland se rendit à l’évidence : les Autraliens n’étaient pas en mesure de tenir sous la puissance adverse, impression confirmée sur tous les regroupements en seconde période, marqués par de nombreuses pertes de balles australiennes. Auparavant, dans des phases de nettoyage particulièrement actives – plaquages limite, tendance au bourre-pif – le combat parut assez égalitaire, et la défense au près des Wallabies leur valut de sortir du match sans encaisser d’essai.
Duel des tentatiuves de drop :
S’il fallut un peu de temps à l’Angleterre pour scorer, par deux pénalités de Wilkinson (22e, 26e), c’est bien par son audace, sa vitesse, les gestes imprévisibles de « Wilko », Sackey et Robinson, que le quinze de la Rose a d’abord contraint l’Australie à l’impuissance et l’indiscipline. Avant de marquer un seul point, l’Angleterre s’était introduit trois fois balle en main dans les vingt-deux mètres australiens, Sackey échouant à un mètre de la ligne (8e). Malgré de bons lancements de jeu et quelques fissures créées par sa paire de centres, l’Australie ne parvint qu’une fois à ce résultat, essai à la clef, comme la preuve de son éternel réalisme. Une longue percée de Latham, un travail de sape dans le camp anglais, et la lucidité de Gregan permirent à Tuqiri d’aller aplatir (33e). Les Aussies menaient alors 10-6, transformation incluse. Ils ne marqueraient plus un point.
L’Angleterre la plaça ensuite sous une pression trop constante, sans véritable temps faible. Les joueurs ont vite compris que les points ne défileraient pas, débouchant sur une inhabituelle série de tentatives de drops, toutes en échec (Latham 54e, Barnes 62e, Wilkinson 67e). L’ouvreur anglais (75e) puis Mortlock tentèrent ensuite deux pénalités qui auraient pu rester dans la légende du tournoi, au même titre que le drop de Rob Andrew en 1995, mais ils échouèrent d’un rien, à cinquante mètres des barres. Sans admettre le moindre arrêt de jeu, M. Rolland siffla la première surprise de ces quarts de finale. Pendant que les Australiens se demandaient encore comment cet échec avait été possible, les remplaçants anglais effectuaient une séance de physique sur la pelouse du Vélodrome. Leur Coupe du monde continue. Et vraiment, ils ne l’ont pas volé.
Source : L’ Equipe !
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