Quelques semaines en arrière, Fantic nous a invité à essayer ses nouveaux modèles 2022, motocross comme enduro. Si la 125 XX n’était pas encore présente, celle-ci étant étroitement dérivée du modèle Yamaha 125 YZ à peine sortie et donc pas prête au moment de l’essai à être déclinée en version Fantic, la 250 XX 2T et les deux 4T de la gamme, 250 et 450 XXF étaient bien là.
Si la Fantic 250 XX, c’est à dire la 2T (notez l’absence de F!) ne présente pas un intérêt énorme en matière de nouveauté, puisque c’est, pour faire court, une GrecZed Yam à l’ancienne qui respire peut-être un peu mieux mais c’est tout, les XXF (tu l’as vu là, le F?), elles, en proposent plus. A savoir, déjà, une très élégante ligne Arrow en titane qui à elle seule pèse le PIB d’un petit état africain, en plus de libérer les blocs nippons. Surtout, et c’est bien ça qui nous intéressait le plus sur cet essai, 250 comme 450 disposent d’un accessoire aussi à la mode que pratique : le fameux boîtier GET by Athena qui permet d’agir sur l’ECU et transforme ainsi votre comportement moteur à la demande. Dix positions sont disponibles pour ajuster la puissance à votre guise, de gentil agneau à lion rugissant, globalement. Pour le reste, on est très proche des versions bleues Yamaha. Partie-cycles et moteurs sont pareils, même les guidons sont les mêmes. On notera quand même des plastiques spécifiques, une selle anti-dérapante et des poignées Domino, e basta, comme ils disent là-bas. Oui, à force d’aller en Italie plusieurs fois par mois, je finis par parler la langue. Une preuve ? Due birre, per favore ! Ah, tavu ? Bref, revenons au propos initial. Nous voici à Lovolo, tout près de Venice, mais pas pour faire du tourisme. Ma mission principale est de ramener un essai pour l’Enduro Magazine #116 qui sort juste après (il est en sorti depuis, cliquez ici), mais aussi de tester les nouvelles cross, au passage, pour ce fameux site mx2k. #àjamaislespremiers
En live, comme si vous y étiez.
L’organisation de l’essai étant d’une rigueur toute italienne, à savoir, pour tout vous dire, un poil bordélique, le temps que je me change qu’il n’y a plus qu’un choix pour la première session de roulage : la 450. Les autres journalistes, tous des foies jaunes, se sont ruées sur les petites cylindrées, des motos pour fillettes en fleur. « Cazzo ! », pensais-je aussitôt dans la langue locale. Mon dédain pour les grosses cylindrées combiné à un circuit arrosé comme un EVG avec une terre à la Saint Jean d’Angély font que je ne suis pas du tout serein au moment de prendre la piste sur une sorte de dragster tout-terrain comme cette quatre et demi XXF. Je m’aperçois très vite que j’avais vu juste : le terrain glisse plus qu’une piste de boite de nuit arrosée de bière, et voici ma Fantic qui cherche à me montrer son arrière à chaque sortie de virage. Pas bon, l’histoire.
C’est là que mon cerveau un poil tendu par l’enjeu (la blessure!!!) me suggère une solution pourtant évidente : essayer ce fameux GET. Ni une ni deux, je m’arrête et pousse sur le bouton pour mettre le bazar à 10 direct, histoire de vraiment sentir s’il se passe quelque chose. Tu m’étonnes ! La moto est instantanément transformée. Fini les glisses à la Chambon en sortie de courbe, la Fantic tracte maintenant comme une machine de montée impossible et ne demande plus qu’une chose : cabrer au lieu de patiner. Je vous avoue que c’est mieux, mais il faut le temps de s’adapter en chargeant alors correctement l’avant, sous peine de problèmes… Le terrain séchant plus vite que Renaud (tu l’as?), je corrige le tir en mettant maintenant le GET sur la position 5, soit médium. Là, j’ai l’impression d’avoir gagné au Loto, ou, au choix, d’être un génie du testing prêt à aider n’importe quel team d’usine. La machine reste un modèle de couple et de puissance, mais les chevaux passent désormais au sol comme s’ils étaient dressés par Bartabas. Pour vous dire, j’ai presque l’impression d’être bon ! Moins aseptisé et linéaire qu’en position 10, le bloc Yam devient ainsi une bête d’efficacité, tout en gardant un comportement de caractère des plus plaisants. Il faut néanmoins toujours bien charger l’avant en sortie de virage, car ça arrive quand même fort, même à cinq. Franchement, l’accessoire est tout de même assez bluffant lorsqu’on n’y est pas habitué. J’avais déjà eu l’occasion d’y goûter une fois sur la Suzuki (à l’époque!) de Nico Aubin, mais je trouve la différence encore plus flagrante ici. En vieux c.n qui se respecte, je ne suis pas toujours pour les assistances électroniques, mais quand ça marche aussi bien que ça, je veux bien m’asseoir sans sourciller sur mes grands principes. À part ça, pas grand chose de nouveau à signaler. La moto n’est toujours pas, même en version Fantic, la plus maniable des 450. Il ne faut pas hésiter à sortir les muscles pour parvenir à la placer où l’on veut. Elle se rattrape en matière de stabilité, avec un châssis qui semble imperturbable dans le défoncé. Bien aidé il est vrai par des suspensions KYB plutôt bien réglés d’origine. L’arrière a tout de même mérité quelques clics en plus en compression pour ma part, mais rien de plus.
Ravi de cette nouvelle expérience, j’ai cherché à la prolonger sur la deux et demi. Même si l’apport et l’intérêt du GET était plus limité à cause d’une piste cette fois pas loin de la perfection niveau adhérence et du moindre nombre de chevaux, je dois reconnaître que ça y fait quand même. Moins de petits sucettes à l’accélération, donc moins de fatigue, moins de frayeurs et au final plus d’efficacité. Pas à dire, ça marche, cette technologie, à tel point que ça en est impressionnant. Et ce moteur Yam est vraiment plaisant et performant, a fortiori quand il est libéré par une ligne comme c’est le cas ici. Proposée à 9540 €, la deux et demi Fantic est 841 € plus chère qu’une Yamaha, et la 450 « seulement » 481 € en plus. À ce prix-là, en comptant juste la ligne et le boîtier GET, on est placé niveau tarif, c’est certain…
Fantic n’a pas d’importateur, les motos passent donc en direct chez les concessionnaires, dont plusieurs gros bonnets français. En gros, si vous en cherchez une, vous ne devriez pas avoir du mal à en trouver. On se retrouve bientôt pour de nouvelles aventures !
Fiche technique
Fantic 250/450 XXF
9540/9990 €
Disponible en novembre 2021
// MOTEUR :
Cylindrée (cm3) : 249/449
Alésage x course (mm) : 77 x 53,6/97 X 60,8
Alimentation : injection électronique Mikuni Ø 44 mm
Boîte : 5 rapports
Démarrage : électrique
// PARTIE CYCLE :
Cadre : semi-périmétrique en aluminium
Fourche : KYB Ø 48 mm, déb. 300
Amortisseur : KYB Racing, déb. 317
Freins à disque AV/AR (mm) : Ø 270/240
// MESURES :
Empattement (mm) : 1475/1485
Garde au sol (mm) : NC
Hauteur de selle (mm) : 970/965
Poids usine tous pleins faits: 105/111 kg
Réservoir (l) : 6,2
C’est ça l’Italie. Jamais dans les clichés.