Le WSX 2023, deuxième année d’existence après la très courte saison 2022, s’est terminé samedi en Australie, à Melbourne. Une course à domicile pour le promoteur SX Global, qui est aussi organisateur dans ce cas. Après le round discutable d’Abu Dabi, celui-ci s’est bien passé. Beau stade, piste correcte, courses sympas à défaut d’être passionnante, voici à quoi était donc supposé ressembler, à peu de choses près, le “vrai” WSX.
Petit rappel des faits, avant d’aller plus loin. La FIM, vexée de ne pas avoir pu prolonger avec la fédération américaine AMA, a vendu son étiquette “championnat du monde”, qu’elle est la seule à pouvoir délivrer, au plus offrant, ou seul intéressé, à savoir les Australiens d’SX Global. Avec au départ à sa tête Tony Cochrane, personnage controversé qui a créé et fait prospérer le V8 Supercars, et Ryan Sanderson et Adam Bailey, les créateurs du Aus-X. Mais l’approche de Cochrane auprès des teams et des instances US est désastreuse, comme sa communication dans laquelle il explique globalement que le WSX va révolutionner le sport et ringardiser tout ce qui existe. Un poil présomptueux avant même d’avoir commencé. La série pouvait heureusement compter sur les pétrodollars de Mubadala Capital, une société d’investissement appartenant au gouvernement d’Abou Dabi. Depuis, on sait ce qui s’est passé : Tony Cochrane est reparti la queue entre les jambes, vendant le bébé à Adam Bailey, resté seul dans la galère, et sans Mubadala qui s’est retiré. Dur.
De fait, Adam Bailey, désormais CEO d’SX Global, a été contraint de faire avec les accords signés avant qu’il ne soit au pouvoir, et beaucoup de mauvais choix au niveau du timing de la location des stades. Et voici comment on est passé de six manches prévues en 2023 à finalement trois, avec l’annulation de la France, le Canada et l’Allemagne. Entre temps, Adam Bailey a trouvé deux nouveaux investisseurs pour l’aider à remettre la série sur les rails, Kyril Louis-Dreyfus et Juan Sartori, tous les deux spécialistes du sport, notamment du football.
Après une ouverture anglaise à Birmingham plutôt correcte en juillet, il a donc fallu attendre novembre pour retrouver la deuxième épreuve à Abou Dabi. Dans une salle très petite, avec énormément de soucis matériels, notamment des engins inadaptés pour construire la piste, cette course a tourné quelque peu au fiasco. Mais elle a aussi révélé quelques nouveautés, comme l’arrivée aux commentaires du duo Paul Malin/Grant Langston, plus impliqué que Ralph Sheheen/Jeff Emig, ou encore un programme qui n’enchaîne plus les trois manches d’un coup, mais laisse une pause dans les deux catégories avant les grandes finales, plus longues que les deux courses précédentes. Mais aussi d’autre idée plus discutable, comme le départ sur deux lignes. La piste en elle-même, beaucoup trop facile pour des pilotes de ce niveau, n’offrait pas un spectacle digne d’un WSX. Bref, un retour raté.
Par contre, le round local en Australie a plutôt bien marché. Terrain sympa, stade adapté, whoops costauds, les pilotes avaient de quoi se faire plaisir et créer des différences. Pour le coup, ce n’était pas si mal.
Mais du coup, quel avenir pour ce championnat ? Une seule solution selon nous, en faire un rendez-vous automnal, pour ne pas entrer en concurrence avec les championnats AMA ou encore le MXGP. A l’instar de l’Arenacross US, il peut très bien trouver sa place et son public comme un championnat SX de deuxième division par rapport au SX US, qui sera de toute façon toujours celui à gagner en priorité, et faire exister le Supercross dans des régions où il est inconnu. L’accueil du public a été fabuleux à Abou Dabi, par exemple, parce qu’une toute petite partie du public avait déjà vu un pilote passer un triple. SX Global vise clairement l’argent des gouvernements, ou tout du moins des collectivités, pour financer les épreuves, pourquoi pas, donc, aller là où est la monnaie… Si le promoteur y arrive et parvient à monter une série de quatre ou cinq dates entre septembre et décembre, on pourrait très bien avoir droit à un beau petit championnat qui regroupe les tops privés US, quelques stars sur le déclin qui veulent prolonger le plaisir et même pourquoi pas des tops qui veulent faire des départs avant Anaheim 1. Comme ce qui se faisait avant sur tous les SX d’intersaison qui n’existe plus, à part le dernier des rescapés à Paris. Tout en donnant aux fans quelque chose à se mettre sous les yeux pendant cette fameuse off-season ! C’est dans ce sens qu’Adam Bailey compte, selon nos infos, orienter le championnat du monde WSX. Pourquoi pas ? Après tout, des courses partout dans le monde, des pilotes bien payés et des spectateurs heureux, ce ne serait pas un si mauvais programme. A suivre.
Par Rich’.