Troisième épreuve à Salt Lake City, troisième conditions de courses différentes ! Après le béton et la bonne adhérence, ce sont la boue et les ornières qui attendaient cette fois les pilotes, et on n’a pas été déçu !
L’oeil du tigr(ou)
Quel duel ! La bataille Eli Tomac/Cooper Webb a tenu ses promesses au delà de toutes les attentes. Sur un circuit hyper piégeux vu les conditions dantesques, les deux se sont donnés à fond jusqu’au bout pour la victoire. Pourtant, le risque de partir à la faute était plus que réel. Eli Tomac, notamment, est à féliciter chaleureusement pour cela. L’officiel Kawasaki aurait très bien pu sans problème laisser la victoire et les trois malheureux points de gagné à Cooper Webb, mais non. Plus fort encore, les deux se sont mis à sauter des enchaînements (le 3/3/3!) qu’ils n’avaient pas fait ni pendant la seule séance d’essai préalable ni en heat pour se lancer en cours de finale. Et que ce soit l’attaque de Tomac dans les virages, debout sur les repose-pieds dans les ornières, les « cojones » de Webb pour se lancer sur le triple de l’intérieur ou les passages des deux dans les whoops, tout était magnifique. La preuve ? Des temps trois à cinq secondes inférieurs à leurs poursuivants, même après la mi-course. Le duo était deux tons au-dessus du lot, ce qui est tout à fait remarquable vu le plateau. Ils ont quand même mis un tour à Zach Osborne, quatrième, et deux à Ken Roczen, dixième. Impressionnant… Tomac aurait-il été aussi combatif avec un autre que Webb, capable de l’ouvrir bien grand même sur la grille de départ ? On ne saura jamais, mais force est de reconnaître qu’ils ont proposé un spectacle de très haut niveau.
Au championnat, cette victoire est synonyme de hold-up au niveau des points. Eli Tomac est maintenant 26 pions devant, une finale complète ! Et Kenny voit revenir comme un (gros) boulet cette teigne de Webb, 6 seulement derrière. Ça sent le chaud…
Pas de vrai punk sans crête !
La course du duo a éclipsé, du coup, le troisième podium de la saison de Jason Anderson, et sa première victoire en heat depuis des lustres. Rien ne dit que Jason aurait été capable de les suivre avec un meilleur départ, mais cette troisième place, après trois quatrième places de suite, est un pas dans le bon sens incontestable. Tout comme sa démonstration en heat, dans laquelle il a roulé quatre tours en 52 secondes, quand le meilleur temps de Tomac est en 54′. Du coup, JA21 n’est plus qu’à dix points de Justin Barcia au classement provisoire, et pourrait vite le passer à ce rythme-là. Ce n’est peut-être pas encore le Jason qui a gagné le championnat 2018, mais on s’en approche !
Un qui n’a pas de problème de départ, c’est bien Zach Osborne depuis qu’on est installé dans les montagnes. Encore un holeshot et une course solide de la part de Zach, même si ses petites papattes ne l’ont pas aidé dans les whoops. Il n’empêche que cette fin de championnat est elle aussi très favorable au pilote HVA/Rockstar, par rapport à son début de saison très moyen, il en convient lui-même. De quoi le mettre en confiance avant l’outdoor, où il est traditionnellement plus à l’aise qu’en SX.
Brillant la semaine dernière (vainqueur en heat, 7e en finale après une chute au premier tour), Malcolm Stewart a confirmé sur un terrain totalement différent ses bonnes dispositions actuelles. Dès que les whoops sont longs ou techniques, on peut de toutes façons compter sur Lil’Stew pour enflammer la foule, même sans foule. Ce top 5 est le premier de sa carrière, après sa première victoire en heat mercredi. Ça va dans le bon sens pour Malcolm. Une bonne chose pour le team MCR/Honda, dont les deux autres pilotes ne sont pas à la fête. Justin Hill se serait, selon les rumeurs, laissé aller pendant la pause, et Vince Friese, victime du mal de l’altitude, n’est que l’ombre de lui-même. La preuve, il n’a encore coupé personne en deux !
Dean Wilson voit lui aussi sa cote monter en ce moment, avec une seconde sixième place d’affilée, cette fois avec un mauvais départ. Globalement, c’est le team HVA tout entier qui est donc en pleine bourre, ça ne fait pas de doute.
Justin Brayton a eu toutes les peines du monde à ne pas doubler son coéquipier Ken Roczen, pire que JMB sur Bradshaw au Coliseum 1992. Il a pourtant été obligé de trouver l’ouverture tellement son chef de file était loin de son niveau « normal ». Dur, la vie de second pilote ! Beau résultat quand même de JB10, lui aussi avantagé par sa science des whoops.
Pas grand chose d’autre à se mettre sous la dent, si ce n’est la huitième place de Martin Davalos, le plus vieux rookie du monde, en passe de devenir un expert de la régularité ! Justin Barcia est encore une fois passé au travers (mais pas de Tomac en heat!), tout comme son coéquipier expert de la boue Aaron Plessinger, décidément pas à la fête. Pareil pour Blake Baggett, qui s’est fait passer pour la seconde finale de suite par son team mate Benny Bloss, avant que ce dernier n’aille découper en deux Kyle Cunningham.
Malcolm Stewart et Justin Brayton, les deux meilleurs pilotes Honda à SLC3…
Ah, si, quand même : chapeau à Logan Karnow, qui s’est qualifié en finale 450 avec sa 250. Joli. Avec sa prime, il ne sera pas à la rue, Karnow.
Chez les 250, si la course n’a pas été des plus passionnantes, c’est bien ce qui s’est passé avant qui mérite qu’on s’y attarde. Chase Sexton qui se fait sortir par McElrath, puis tombe en sautant sur Lopes avant que ne sorte le drapeau rouge, ça en fait des trucs qui se passent en si peu de temps ! Finalement, à l’issue du « restart », le pilote Honda est parvenu à stopper l’élan de Shane McElrath, parti à la faute en tapant un retardataire alors qu’il était en tête, et reprend trois petits points d’avance avant le break de la côte est. Un McElrath totalement déstabilisé ensuite qui aurait pu perdre encore une place si ce n’était pas son coéquipier Colt Nichols derrière. Un Nichols qui a admis qu’il n’avait pas vraiment d’autre choix que de rester derrière… Ce n’est plus du SX, c’est le Tour de France !
Avec la blessure de Garrett Marchbanks qui a causé le drapeau rouge (suspicion de côtes cassés et traumatisme thoracique ou pulmonaire), le retrait volontaire de Jeremy Martin pour ne pas perdre son éligibilité en 250, l’absence de Jordon Smith et de RJ Hampshire (convalescents) ou l’arrêt de la compétition de Jimmy Decotis, la côte est ressemble à un champ de ruines… A tel point qu’on pourrait se retrouver avec un Shimoda, un Swoll ou même Enzo Lopes sur le podium final. Le plus impressionnant des « autres » étant sans doute Kyle Peters, qui continue course après course à montrer aux rookies d’usine comment on prend des whoops. Le champion Arenacross a de la bouteille et enchaîne les performances plus qu’honorables sans se poser de questions, tout comme Chris Blose qui possède un profil similaire.
Allez, on se retrouve dès mercredi soir pour SLC4. C’est quand même pas mal, ce calendrier, quand on suit depuis le canapé !
Logan Karnow, un pilote 250 parmi les 450.