Denver vu du canapé vous est présenté par MaxiScoot. Le géant du 50 cm3 propose désormais une gamme complète pour le motocross et l’enduro : équipements pilote, pièces détachées et entretien, tout y est ! Rendez-vous sur MaxiScoot en cliquant ici !
Denver, pénultième (j’adore ce mot!) épreuve de la saison, devait être une petite promenade de santé pour Eli Tomac, fort de ses 18 points et devant son public, qui plus est, puisque qu’on parle ici du Colorado. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne s’est pas passé comme prévu… Un scenario fou, incroyable, inimaginable.
Mais revenons en arrière, juste un peu. La semaine passée j’écrivais ces mots assez peu prophétiques dans cette même chronique : « Bon bah voilà, le championnat SX US vient de se dégonfler ce week-end comme un ballon de baudruche percé par une flèche… Deux petites victoires de plus de Chase Sexton devant Eli Tomac et Kenny, au milieu d’un plateau aussi dépeuplé que celui des Millevaches et on passe à autre chose. » Bien vu mec, t’as plus qu’à jouer au Loto Sportif ! Presque aussi bon que le prono de Christian Craig vainqueur à Anaheim 1…. Bon, à ma décharge (publique), ça se passe comme ça dans 99,9999% du temps, surtout avec un cador aussi expérimenté qu’Eli Tomac. Le garçon n’en est pas à son premier rodéo, non plus.
Et ça avait commencé juste comme je l’avais prédit. En heat, les deux leaders du provisoire sont face à face, côte à côte, réunis, comme vous voulez. Eli part devant, puis met le cligno à droite pour laisser passer Chase Sexton quand ce dernier arrive, des fois qu’il fasse une soudaine Barchiasse aiguë. Puis lui met quand même un peu la pression, histoire de dire. Après tout, il est devant son public… On se dit donc que c’est exactement ce qui va se passer en finale. D’autant qu’Ilaï fait le plus dur en partant en tête. Le temps de passer à côté de Shane McElrath sans même voir qu’il était là, et notre #1 est tranquille pépère devant. Le pilote Yamaha a déjà mis le régulateur automatique à 133 km/ pour ne pas se faire chopper par la Police, a réglé la clim’ à 21° et attend sagement que ça se passe en bricolant l’autoradio, direction Salt Lake… “Quand, soudain, c’est le drame”, aurait déclaré Christophe Hondelatte, blouson de cuir sur l’épaule, regard face caméra. ET1 apparaît à l’image à deux à l’heure, enroulant les sauts avant de sortir de la piste pour se précipiter vers la clinique mobile Alpinestars. La marque de ses bottes, ironiquement.
Ah oui, là, il y a forcément un souci. A plusieurs millions de $…
Voir un pilote aussi dur au mal qu’Eli Tomac s’arrêter en pleine course à deux épreuves de la fin d’un championnat qu’il mène ne peut vouloir dire qu’une chose : c’est grave. Très grave. Effectivement, son manager Jeremy Coker le confirmera plus tard pendant la retransmission avec la tête qui va avec son nom : rupture du tendon d’Achille. Une blessure qui met fin au championnat là, tout de suite, maintenant. Et qui, soit dit en passant, est d’après ceux qui en ont souffert terriblement douloureuse…
Juste comme ça, Tomac perd chez lui, à Denver, un championnat qui lui était promis, doit tirer un trait sur la défense de son titre Outdoor et peut-être même sur sa carrière de légende. Incroyable, on vous dit. Notre gars était en pleine cogitation à propos de son avenir : roulera ou pas l’année prochaine ? Là, on se dit que cette catastrophe face à son public est peut-être la dernière fois qu’on verra Eli Tomac en course, même si on espère le contraire. Triste à tellement de niveau. Merci et bravo à Eli Tomac, en tout cas, pour l’ensemble de son œuvre. Exemplaire en toutes circonstances, il l’a encore été cette fois. Pas de cris, pas de crise : on pose la Yam contre la clinique mobile, on va faire la radio, on ressort en faisant un peu la gueule et on poste un message carré et digne deux jours plus tard. Prenez des notes, jeunes aspirants champions…
Imagine il s’appelle Mister Dick…
Je ne disserterai pas des causes. Fatigue, bottes spéciales, erreur de pilotage ? Bullshit, selon moi. Pas de bol, c’est tout. Shit happens, ils disent. C’est exactement ça…
En parlant de prendre des notes, vous autres jeunes (ceux qui savent lire, au moins), prenez aussi en exemple Chase Sexton. Le gars a été le plus rapide de l’année, a pris des tonnes de coups, s’est fait prendre des points sur tapis vert, a perdu plusieurs courses qu’il aurait dû gagner, mais s’est relevé à Chase fois avec dignité. J’irais même jusqu’à dire avec classe. Il n’a jamais critiqué la moto, l’entourage, le team. Il s’est remis au travail, jusqu’à ce que ça le fasse. Et pour le faire, ça l’a fait. Éliminé de la course au titre après East Rutherford, globalement, Chase Sexton va pourtant remporter le championnat le plus prestigieux de la planète samedi prochain. Franchement, quitte à ce que le meilleur pilote de SX ne gagne pas, autant que ce soit le plus rapide, non ? Surtout un jeune qui n’avait encore jamais gagné ce championnat. Après avoir poussé Tomac toute la saison Outdoor l’an dernier, puis y avoir toujours cru cette saison, voici une juste récompense. Il fera un très beau champion. Le premier pour Honda en SX dans la catégorie reine depuis vingt ans tout pile, et un certain Ricky Carmichael. Un présentateur télé, à ce qui se dit. Espérons juste que Chase ne termine pas avec les mêmes costards de vendeurs de bible en porte à porte.
Au passage, notez que le manager du team Honda Lars Lindstrom a expressément demandé à ses équipes de ne pas célébrer la victoire de Chase, par respect pour Eli. On ne trouve même pas de photos sur le site pro du HRC où je vais pour dénicher mes âneries habituelles. La classe, tu l’as ou pas. Dylan Ferrandis serait beau en rouge, selon moi.
Au jeu des poteaux de Koh-Lanta, on n’aurait pas parié sur Ken Roczen pour rester le dernier debout après Chase Sexton ! D’habitude à ce moment de l’année, Kenny est soit en train de jouer avec son gosse, soit dans une salle d’attente de médecin. Raison de plus pour se réjouir de l’excellente saison de notre Allemand préféré depuis Christoph Waltz (inoubliable dans Inglorious bastards). Kickstart Kenny est pourtant tombé au départ, avant de se faire bloquer au deuxième virage, mais il a traversé Privateer Island comme s’il avait une F1 face à des Twingo. Cinq podiums, une victoire, une troisième place finale en vue, Ken Roczen a plus que réussi son pari Suzuki. Et s’en va garnir copieusement son compte en banque cet été pour fêter ça en WSX. Good job.
Adam Cianciarulo était surnommé « Baby Jesus » quand il était jeune, tellement il gagnait tout et était de ce fait jalousé par une grande partie du milieu, surtout ses adversaires. Souvenez-vous qu’il a gagné le tout premier SX qu’il a roulé en 2014, et qu’il menait le championnat cette année-là quand il a été obligé de jeter l’éponge sur une blessure à l’épaule. Ce kid ne pouvait pas passer à côté, c’était sûr. Et pourtant… De blessures en blessures, il a failli tout lâcher l’an dernier. Des fourmis dans les doigts l’empêchent de rouler à son niveau, tout simplement, mais il a prévenu les médias en début de saison qu’il ne voulait plus en parler. C’est pour ça qu’il est encore capable de faire le meilleur temps des chronos, mais que ça ne peut pas marcher sur la durée d’une manche. Aussi, le voir pleurer sur ce podium de Denver, franchement, ça m’a fait quelque chose. Après ce qu’il a enduré, et quelque soit le plateau, un podium en SX US reste un podium en SX US. On le sait, lui aussi, mais ça fait plaisir tout de même. Bravo AC9.
Un instant Vianney bien mérité pour AC9…
Derrière, c’est évidemment le festival aux meilleures performances de la saison, une fois encore, à Denver. Et c’est Justin Hill qui gagne, une fois encore. Le petit Hill est de plus en plus chaud, et surtout de plus en plus constant. À tel point qu’il pourrait bien, à ce rythme-là, récupérer un guidon plus officiel l’an prochain. Rapide, technique, avec désormais le physique qui va avec, c’est incontestablement une des sensations de la saison.
Shane McElrath, cinquième, est un très bon pilote. Et il l’a enfin prouvé une fois cette saison, c’est mieux que rien. C’est lui qui se battait avec Sexton en 2020 pour le titre SX 250 côte est… De blessure en galère de team, le voilà obligé de se reconstruire, et voici une première étape. Qu’il doit, selon ses dires, aux réglages de Kyle Chisholm, puisque lui n’est pas capable de régler sa moto pour les finales. Chaud, à ce niveau. Visiblement, « The Man above » ne sait pas faire, ça…
On signale pêle-mêle la sixième place de Dean Wilson, la septième de Josh Hill (!!!), et surtout la neuvième de Grant Harlan. Lui, il peinait à faire des finales 250 il n’y a pas si longtemps… Et pointe aujourd’hui à la 19e place du provisoire en s’offrant ici un top 9 après s’être déboîté l’épaule la semaine dernière. Costaud, le natif d’Hawaï ! Il faut savoir qu’il y a de gros bonus de la part de l’organisateur Feld pour les privés qui rentrent dans les vingt premiers du général, c’est pourquoi ils seraient capables de rouler à n’importe quelle condition. Chapeau, en tout cas.
Une pensée pour Colt Nichols, qui aurait très bien pu monter sur son premier podium 450 mais s’est explosé tout seul comme un grand. Heureusement sans gravité. Quand ça ne veut pas… Mine de rien, Colt passe à côté de son occasion avec le team Honda HRC. Pas sûr qu’une telle opportunité ne se représente tout de suite.
Catégorie 250 côte ouest Denver : le titre pour Jett, le panache pour RJ
A vrai dire, le panache, c’est à peu près tout ce que RJ Hampshire peut bien avoir à opposer à Jett Lawrence. La pépite australienne n’avait plus qu’à conclure, comme un Nadal qui mènerait deux sets à zéro et 5/1 dans la dernière, service à suivre. Sur terre battue. Et bien encore une fois dans ces cas-là, Jett a joué petit bras. Mal parti, il est revenu sans se presser et a assuré l’essentiel, mais rien de plus. En tout cas, il rapporte un nouveau titre à Honda et à la famille. Les Lawrence ont nettoyé cette saison SX 250 comme un Pacman sous stéroïdes. Place maintenant à la 450 en Outdoor pour le jeune. Et ça, c’est TRES réjouissant, si vous voulez mon avis.
Quand on parle panache, RJ Hampshire n’est pas loin. Remember East Rutherford ? À Denver, RJ a fait du RJ. Grosse attaque, grosse vitesse, grosse erreur, grosse victoire. Le gars t’en donne pour ton argent ! Et enfin une victoire à montrer à Aldon, qui va peut-être du coup l’autoriser à croquer dans un demi morceau de saucisson gluten-free, sait-on jamais. C’était du pur Hampshire une fois qu’il a commis son erreur (un point mort) juste après avoir doublé Levi kitchen : un abandon total qui frise par moment l’inconscience, mais c’est pour ça qu’on l’aime. Attention à RJ en Outdoor, il pourrait bien être dans la meilleure forme de sa carrière !
Du RJ tout craché résumé ici.
Belle course également de Levi Kitchen à Denver, même s’il a semblé un peu tendre. Normal, le jeune n’a pas soit le talent et la vitesse de Jett, soit l’expérience et la case en moins d’RJ… Mais il apprend, et pourrait bien apporter quelques victoires l’an prochain au team Kawasaki Pro Circuit de Mitch Payton, puisqu’il s’y dirige à grand pas. Ça ne doit pas être facile, chez Star Racing, quand on ne gagne pas…
Jett Lawrence, troisième et champion. Ce qui s’appelle le service minimum à l’Australienne. Ah si, il a quand même claqué le meilleur temps 250/450 aux chronos. Histoire de.
Super temps aux chronos, Enzo Lopes a eu du mal avec une maladie qu’il traînait en plus de l’altitude propre à Denver, mais voici encore une grosse performance du Brésilien de chez ClubMX. De celles qui ouvrent les portes des teams factory ? Ça se pourrait bien. A suivre.
Derrière, bonne course de Mitch Oldenburg. Maximus Vohland aurait pu se battre pour le podium mais a chuté… Derek Kelley, lui, est sûrement le meilleur des 250 dont on ne parle jamais. Respect !
Allez, plus qu’une petite course de SX et on retrouve les grands espaces, les ornières sans fin et Dylan Ferrandis. En attendant, rendez-vous à Salt Lake City pour une finale en apothéose ? Nan, je rigole… Encore que, on n’est plus sûr de rien, ma bonne dame !
Par Rich’.