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East Rutherford, round 14 de la série, sur 17. On commence donc à rentrer dans le money time, et quoi de mieux pour pimenter le(s) championnat(s) qu’une bonne vieille course dans la boue ! Et une vraie pour le coup, digne d’une ouverture de championnat de Normandie fin février, avec orages, déluge de pluie et tout ce qui va avec. Inutile de parler du terrain, qui n’était plus qu’un champ de mines au moment du départ des 450, après la finale 250 retardée de près d’une heure. Une heure qui a dû paraitre bien longue pour les pilotes, coincés dans le tunnel du stade. Ce qui s’appelle laisser passer l’orage au vrai sens du terme ! Au final, pas de gros bouleversements au provisoire, même si Chase Sexton a peut-être laissé ses dernières maigres chances dans ce premier tour…
Et Justin Barcia l’a fait ! Au fur et à mesure de la saison, on le sentait se rapprocher de cette première victoire comme la lionne se rapproche du bébé antilope. Après avoir assisté à la finale 250, sûr que Justin devait se sentir fort mentalement. Historiquement, le pilote GASGAS est un des tous meilleurs pilotes US dans la boue, et il l’a encore prouvé avec une victoire qui ne souffre d’aucune contestation. Avec quatre tours sous la minute, un exploit seulement égalé par son dauphin Ken Roczen, il était clairement le plus rapide sous le déluge new-yorkais. JB51 possède cette faculté à attaquer comme si c’était sec, avec un abandon qui frise parfois l’inconscience. Il offre ainsi sa deuxième victoire en SX à la GASGAS, après Houston en janvier 2021, sa dernière finale gagnée en SX. Remarquable. Et devant son public, lui qui est né dans cet état, même s’il a vite rejoint le sud pour s’entraîner chez MTF. Franchement, c’est mérité. Chapeau.
Chaud… Il s’en sort bien, notre leader du championnat.
Victime d’une sacrée cabane aux essais, du genre de celle qui peuvent te coûter un championnat, Eli Tomac s’est fort bien sorti du bourbier new-yorkais d’East Rutherford. Parti doucement, le leader du provisoire a pris son temps pour ne pas commettre d’erreurs, et a franchement enclenché le beast mode quand il a vu que la deuxième place était à sa portée, en recommençant à sauter le double d’arrivée, par exemple. OK, il se peut que les conditions l’aient avantagé, mais quelle démonstration de grinta de la part d’Eli ! Rien à dire, c’était du bon Tomac, qui repart ainsi avec un petit matelas de onze points. Pas forcément confortable, mais qui lui donne quand même un peu d’air avant les trois dernières épreuves. Ça aurait pu être un piège pour Eli, mais c’est lui qui fait la bonne affaire. C’est comme ça qu’on gagne des championnats !
Déjà bien remonté en heat, qu’il a gagné après une belle bagarre avec son ennemi Cooper Webb sur le sec, Kenny, fort de son expérience en GP, était clairement le deuxième favori avec Barcia au moment du départ. Et justement, Kenny a réussi le plus dur dans ces conditions : partir devant. Longtemps en tête, K-Roc a commis une grosse erreur en se mettant un gros court sur le double d’arrivée, ce qui a selon lui rempli ses lunettes de sueur et l’a obligé à s’en séparer. Malgré sa chute, ce nouveau podium prouve que cette saison de purgatoire chez Suzuki n’est pas que du temps perdu. Au moins, il est encore là à ce stade de l’année, et dans le coup, ce qui fait de lui Ken le survivant. Bref.
Chase Sexton, lui, peut s’en vouloir d’avoir laissé aussi grande ouverte cette porte du premier tour. Faut dire que là, c’était plus une porte-fenêtre triple battant qu’une lucarne… Quand on a Justin Barcia aux fesses, ça ne pardonne pas ! Et non, je ne vois rien de répréhensible moralement dans l’attaque de JB51. Pas évident de penser de toute façon qu’il aurait fait forcément mieux que quatrième même en restant sur ses roues. En tout cas, ses temps au tour ne laissent pas présager une autre issue. Son meilleur temps en course est quand même à quatre secondes de celui de Barcia… On ne saura jamais. Avec 21 points de retard sur Eli Tomac après East Rutherford, il faudrait un petit miracle pour espérer encore au championnat, mais la jeune star n’est plus qu’à dix points de Cooper Webb. Quand il aura du temps devant lui, il pourra repenser avec nostalgie aux nombreux points laissés en route par paquet tout au long de ce championnat. Allez, no ragrets, comme on dit chez les Miller.
Voir Cooper Webb s’écarter pour se laisser prendre un tour n’est pas habituel… Mais force est de constater que le pilote KTM était totalement scotché dans la boue, avec des temps indignes d’un pilote de son rang. Les petites jambes ? Un coup au moral après un rare mauvais départ ? Le seum de s’être fait repasser et battre par Kenny en heat ? Toujours est-il que notre fouine diabolique a pris du plomb dans l’aile du côté d’East Rutherford. Le tournant du championnat ? J’en sais rien, n’étant pas versé dans l’art de la divination, mais ça sent quand même un peu le roussi, son histoire. La prochaine étape sera décisive…
Derrière, c’était un peu la foire à la meilleure performance de l’année sur la spéciale extrême new-yorkaise d’East Rutherford. A fortiori en l’absence des duettistes habituels Aaron Plessinger et Adam Cianciarulo, tous les deux forfaits pour la soirée suite à des grosses chutes aux qualifications, qui ne peuvent décidément pas de passer l’un de l’autre. Shane McElrath, Kevin Moranz et Benny Bloss améliorent ainsi leurs meilleurs performances de la saison, et même de carrière pour Shane et Kevin. Première qualification en finale SX 450 pour Devin Simonson, et c’est un peu tout ce qu’on sait sur le jeune homme, outre le fait qu’il a besoin d’aller chez le coiffeur. Prestement, comme dirait Messire Godefroy.
À part ça, Jason Anderson passe une nouvelle fois à côté, à cause d’une chute dès le premier tour. Pas sa saison, au nouveau papa…
Une petite parenthèse quand même pour souligner la faible capacité de nos riders US à évoluer dans la boue… OK, ils ne s’entraînent jamais dans le gras en SX, les motos ne sont pas réglées pour ça, OK OK. Ceci expliquant cela, certes, mais à part les tops qui surnagent dans toutes les conditions, difficile de ne pas se dire que Billy Bolt aurait scoré un top 10. Oui, je sais, il ne se serait de toute façon pas qualifier sur le sec, mais vous avez saisi le propos, quoi. Notez aussi qu’il est quand même temps que ça se termine pour ce championnat 450, avec un plateau plus déserté en cette fin de saison qu’un meeting de Manuell Valls…
Catégorie 250 east/west Showdown East Rutherford : Max Anstie !
A l’instar de Justin Barcia, Max Anstie faisait clairement partie des favoris, étant donné les conditions. Pilier des GP pendant une décennie, anglais de surcroît, il pouvait légitimement croire en ses chances dans le tunnel, pendant l’heure d’attente entre la première mise en grille et le vrai départ… Pas simple à gérer mentalement, toutefois, comme pour le reste du pack. Mais Max a lui aussi fait le plus dur dans les premiers mètres en s’offrant le holeshot. Avant de prendre une avance qui aurait dû être décisive. Mais à trop vouloir assurer, notre rouquin anglais préféré depuis Ron Weasley s’est fait rattraper en fin de course, et est passé à deux doigts de se faire voler sa victoire ! Bel exploit, en tout cas, que cette victoire, certes dictée par les conditions. Mais elles étaient les mêmes pour tout le monde, non ?
Jett-ski
Jett Lawrence est l’autre grand vainqueur de cette course, avec une deuxième place sauvée de justesse malgré l’attaque sous-marine à bien des points de vue d’RJ Hampshire. Régulier, prudent, Jett a pris son temps pour passer Maximus Vohland et RJ Hampshire, ce dernier s’accrochant à la Honda #18 comme un pitbull à une gorge de policier des stups. Au final, c’est peut-être bien sous la pression d’RJ que Jett a comblé le retard (énorme à un moment) qui le séparait de Max Anstie. Jett aurait même sans doute gagné cette course s’il avait choisi de retirer ses lunettes ailleurs que juste avant un des seuls enchaînements qui passait encore dans le dernier tour, perdant beaucoup de temps dans la manœuvre. En parlant de manoeuvre, celle d’RJ sur lui dans le dernier virage est quand même un modèle à montrer dans les écoles… On peut reprocher tout ce qu’on veut à notre Hardjay, mais pas son engagement total ! Bref, Jett-ski file encore plus droit vers un nouveau titre.
Le Jett n’est pas toujours celui qu’on croit…
Tout comme son frère, plutôt moins à l’aise que Jett, mais qui l’a joué à la régularité. « Battu » par Jo Shimoda en heat sur le sec, Huntah a joué la prudence sous le déluge,se faisant même reprendre à un moment par Haiden Deegan, très rapide. Sauf que le pilote Honda est resté sur ses roues, lui, et arrache même le podium dans le dernier virage, aidé par la chute de son frère et Hardjay, en s’offrant ce pauvre Maximus Vohland qui a contourné par l’extérieur ! Hunter rate de peu la possibilité d’être titré, mais ça se présente quand même pour le mieux pour l’aîné.
Enfin une super soirée pour Maximus Vohland, même gâchée par ce dernier virage. Sur le podium de sa heat sur le sec, qui était du coup comme une finale ouest, Maximus a confirmé dans la boue et livre enfin une performance digne de son talent. Encourageant.
Très bien aussi pour Enzo Lopes, cinquième, comme pour Haiden Deegan, incroyablement rapide malgré ses erreurs. Bien aussi pour Carson Mumford, septième.
Au rayon déception, on a aussi du client : Jo Shimoda, seulement dixième après s’être accroché avec Pierce Brown dès les premiers mètres. Jordon Smith a passé plus de temps par terre que sur la moto, RJ Hampshire, on en a déjà parlé… On attendait aussi beaucoup plus de Tom Vialle. Mauvais départ, pas de rythme, le jeune pilote KTM n’a jamais trouvé son rythme dans la boue, après une heat déjà pas forcément réussie. La boue et les sudistes…
Une course dans la boue, c’est comme une grosse cuite entre potes : marrant de temps en temps, mais faut pas en abuser. Souhaitons donc le retour du sec la semaine prochaine pour le rendez-vous de Nashville. Rock’n’roll, baby !
Par Rich’
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