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Quel spectacle ! On sait les Triple Crown divertissantes la plupart du temps, mais à ce point là… Par moment, on ne savait même plus où regarder ou que penser devant la folie en cours. Et au final, on obtient deux nouveaux vainqueurs cette saison, un surprise et un autre moins.
Commençons par dire un mot du terrain. Fun, c’est le terme que j’emploierais pour le décrire, à condition évidemment d’être capable de s’envoyer de tels jumps. Les passages au-dessus de la ligne droite de départ, notamment, avaient l’air plutôt sympas avec les deux gros doubles à la suite. Un petit dragon back encore bien gentil cette semaine, que les tops ont même fini par sauter entier dans la dernière finale. Les whoops étaient intéressants, avec une bonne longueur mais pas trop, et la possibilité équivalente en matière de temps de les dribbler ou de les sauter. La terre, elle, avait l’air aussi glissante qu’une sortie d’Eric Zemmour sur l’Islamisme. Enfin, le gros enchaînement a permis à Ken Roczen et Eli Tomac de sortir une combinaison inédite table to table, ce qui apporte toujours un peu de piquant. D’ailleurs, ça le pique peut-être encore un peu, le Eli ce matin…
Chase Sexton s’est imposé, ça ne vous aura peut-être pas échappé. Sachez Mesdames et Messieurs que je viens d’écrire un long portrait du garçon pour le prochain numéro de notre magazine papier, l’occasion de se souvenir que si le gars de La Moille n’en est qu’à sa deuxième victoire, il en a déjà laissé un paquet en route avec cette volonté persistente de tester la solidité de ses visières. Spoiler : j’ai titré le futur papier « La nouvelle star ? », preuve de la confiance que, tout de même, je mets dans ce jeune homme qui a fait un boulot énorme ce week-end. Meilleur temps chrono avec un boulevard d’avance (presque une seconde, c’est un boulevard en SX, oui!), puis 1/5/1. Qui aurait très bien pu être un triplé sans une glissade anodine en début de Manche 2. Rien à dire, ce que fait ce jeune homme sur une moto est propre comme une banlieue pavillonnaire suisse. En parlant de Suisse, ce bon Chase fait tout son possible, justement, pour afficher une neutralité digne de nos amis de la Confédération Helvétique. La semaine dernière, il a minimisé son contact avec Barcia, en disant que c’était un simple fait de course et qu’il ne chercherait pas à rendre la monnaie de la pièce. Cette fois, de la même façon, il a tout fait pour passer Jason Anderson le plus proprement possible, presque en s’excusant d’être plus rapide. En tout cas, en lui laissant à chaque tentative toute la place qu’il faut pour que ce chouineur de #21 ne se sente pas agressé ! Une tactique qui pourrait s’avérer payante sur le long terme, déjà théorisée il y a longtemps par Ricky Carmichael lui-même : moins on a d’ennemis, plus on a de chance de remporter un championnat. Qui plus est, avoir Barcia et Anderson comme ennemis, c’est différent que, disons au hasard, Wilson et Savatgy… Et donc, juste comme ça, Sexton revient dans la Chase au titre (t’as vu?) avec seulement quatre points de retard sur son crush de cet été. De quoi nous rendre le Chase électrique ? OK, j’arrête, c’était la dernière.
Jason Anderson ne fait pas de prisonnier !
Après deux courses sinon catastrophiques, du moins peu en rapport avec ses standards de l’an dernier, on a enfin retrouvé un Jason Anderson à peu près décent. Dans le coup, sans plus, lors de la première course, il a remporté la deuxième et a mené un temps la troisième. Pour autant, on dirait qu’il manque encore, provisoirement on l’espère, cette étincelle dans le pilotage, cette confiance qui lui permettait l’an dernier de n’avoir peur de rien ni personne. Là, on voit que c’est mieux, ça se met en place, mais il en manque un peu. Il faudra aussi consulter un jour pour ces histoires de road rage. Là, c’est Cooper Webb qui en a fait les frais à la sortie des whoops, avec un bon vieux dépassement musclé à la Bradshaw vs Chicken Matiasevich (google, jeune, si tu ne connais pas, tu remercieras plus tard !). Avant de s’en prendre à Justin Starling, pauvre retardataire innocent, comme cet abruti de chauffeur de taxi s’en prend à ta grand-mère qui n’a pas traversé assez vite alors que c’était vert pour elle ! Doucement, Jason, doucement. C’est s’éparpiller inutilement, tout ça. Concentrons-nous sur le job. Une deuxième place qui fait du bien, donc, avec en plus comme cerise sur le gâteau une victoire, la saison du JAH21 est enfin lancée.
Et le Kenny, il est content ou pas ? Kick-Start Kenny continue son indéniable progression course après course. La semaine dernière, je disais le trouver un peu hésitant. Cette fois, j’ai l’impression au contraire qu’on retrouve peu à peu le vrai Ken Roczen, celui qui est capable de gagner n’importe où, contre n’importe qui. Des bons départs, une belle vitesse, de la régularité et même un gros enchaînement qu’il a ouvert et que seul Eli Tomac a réalisé aussi, signe que la confiance dans la machine s’installe. Belle soirée, donc, pour Ken Roczen avec ce premier podium de la saison. Seule incongruité, le voir sauter les whoops, lui qui excelle habituellement dans le dribbling. Cela dit, il les masterisait à la Musquin, allant aussi vite que les meilleurs dribbleurs. Et si, finalement, cette saison s’ouvrait un peu plus que prévue ? A confirmer, mais ce Kenny est de ceux qui gagnent des finales. Just wait. Seul bémol de la soirée, le vent d’anthologie que lui a collé Coop’ après la finale 2 quand Kenny a voulu le féliciter !
Cooper Webb n’enchaînera pas un troisième podium de suite. Il peut remercier Jason Anderson pour ça, ce qui n’empêche que le pitbull de chez KTM a une nouvelle fois été dans le mix avec les tops devant pendant chacune des trois manches. On peut aussi penser que c’est bien sa résistance et sa faculté à être là où on ne l’attend pas qui a poussé Eli Tomac à la faute. Du coup, malgré une soirée moyenne d’un point de vue purement comptable, il s’en sort bien en revenant à quatre points seulement de la plaque rouge. C’est comme ça qu’on gagne des championnats… Et il le sait. Solide. Il va falloir compter sur lui jusqu’au bout.
Dylan Ferrandis joue la carte de la régularité cette année, à défaut d’être capable de batailler pour les podiums. Pour l’instant, on va dire, parce que c’était déjà beaucoup mieux que la semaine dernière niveau vitesse. OK, il n’est pas forcément encore capable de jouer avec Eli, Kenny ou Chase, mais il est tout proche. Rester sur ses roues et dans le top 5 est donc ce qu’il peut espérer de mieux en ce moment, et il le fait bien, plutôt que de s’énerver et s’exploser. Une approche qui pourrait bien payer tôt ou tard, même si on préférerait tôt. Bonus : la régularité au départ s’améliore également, un point important.
Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu Eli Tomac s’en mettre une comme ça, et le champion en titre a de la chance d’être retombé sur les tuff blocks et pas sur la terre lors de sa cabriole. Lui qui marche sur l’eau depuis l’an dernier, ça a dû lui rappeler qu’après tout, il est quasiment humain, à peu de choses près. Avant cette erreur qui aurait pu coûter bonbon, c’était encore du très bon Eli quand même. Patient, rapide, agressif, c’était propre, comme sortie. Il a même lui aussi dégoupillé sur le table/table du gros enchaînement, ce qui était énorme et prouve que la confiance était bien installée. Magie de la Triple Crown, sa treizième place de la dernière course le pénalise, certes, mais évidemment pas autant qu’une telle chute sur une finale « normale » où elle aurait été catastrophique.
Pas grand chose à sauver derrière, avec un Aaron Plessinger toujours en dessous des attentes à Anaheim 2. Sûr que ça ne doit pas faire rirer Roger DeCoster. A part ça, une mauvaise soirée pour Justin Barcia, toujours des bons départs pour Adam Cianciarulo, et l’abonnement au top 10 de Joey Savatgy devant les deux plus décevants pilotes d’usine du moment, Christian Craig et Colt Nichols. Et si ces deux-là étaient finalement la preuve de la domination de Star Racing sur la catégorie 250, avec une moto tellement supérieure qu’elle « compense » la qualité des pilotes ? En tout cas, dans la catégorie reine, c’est plus dur pour nos deux ex-champions 250… Du côté des privés, fin de série pour John Short, pas qualifié, contrairement à Freddy Noren, solide comme un viking. Et une deuxième finale pour notre travailleur Josh Cartwright. Respect.
Catégorie 250 Anaheim 2 : Jett privé de victoire
Levi Kitchen, première ! Si le Chef n’est pas encore étoilé, n’oublions pas que malgré son âge avancé (21 ans, presque 22), il n’avait que quatre SX sous la ceinture avant cette course d’Anaheim 2. Si jusqu’ici, il avait montré de la vitesse mais aussi beaucoup de précipitations et de déchets, il a cette fois réussi à tout mettre de son côté pour s’imposer, avec un 4/2/2 plein d’opportunisme. Bien aidé également par l’incapacité des trois cadors du championnat à rester sur leurs roues. Livaï débloque donc son compteur de victoire. Assez pour faire de lui une menace à chaque course ? On n’en est pas encore là. À suivre.
Jett Lawrence a beau avoir connu une soirée plus agitée qu’une troisième mi-temps de rugbymen de l’équipe réserve, il repart néanmoins d’Anaheim 2 avec une deuxième place au général, et dix points gagnés sur son nouveau dauphin Cameron McAdoo. Une sorte de Midas, donc. Pas celui qui monte des pneus, l’autre, le Grec, qui transforme en or tout ce qu’il touche. L’avantage de ces chutes à répétition, c’est qu’on a eu une petite idée de ce dont il est capable, avec des remontées canons à chaque fois. Dommage qu’il ait parfois confondu vitesse et précipitation, comme lors du dépassement sur McAdoo, mais on sent bien que le jeune n’accepte pas de ne pas gagner. Et cette vitesse de passage dans les whoops…
Une victoire de finale, son premier podium en SX hors Daytona, Stilez Robertson a, comme son coéquipier Levi Kitchen, enfin lancé sa saison chez Star Racing avec cette belle Triple Crown d’Anaheim 2. Des bons départs, et même une victoire qui doit faire du bien au moral, c’est beaucoup mieux que ce qu’on avait aperçu jusque là.
Mitch Oldenburg et son solide 5/4/6 sont totalement passés sous silence, à croire qu’il avait piqué sa cape d’invisibilité à Harry Potter. Peut-être est-ce pour ça aussi que Jett ne l’a pas vu venir lors de la finale 2. Le garçon, tout près d’aller construire des clôtures au Texas il y a un an et demi, est maintenant quatrième au provisoire sur sa Honda MotoConcepts. Ça c’est du come back !
En parlant de come back, Maximus Vohland a superbement rebondi après sa désillusion de San Diego avec ce beau top 5. Et ça aurait pu être encore mieux sans une petite chute dans la deuxième course, sans laquelle il aurait pu se battre pour le podium, voire mieux. On l’a surtout vu faire des choses très intéressantes techniquement, dont un double wheel tap impressionnant sur les vagues en sable avant les mécanos. Rien à dire, ça rentre pour le jeune pilote KTM. Il vaut mieux, d’ailleurs, lui qui est dans sa dernière année de contrat avec la marque. Avec des prestations comme ça, l’avenir devrait pouvoir s’éclaircir.
Cause…
Motivé, ce Cameron McAdoo. Notre gars avait déjà montré son courage et sa résilience en 2021, et l’a prouvé une fois de plus en s’alignant au départ de la course après une cabane de l’espace aux essais dans les whoops. Du genre de celle dont on repart en SSV direction les urgences. Le jeune a pourtant assuré l’essentiel en ramenant une courageuse sixième place au général, malgré une autre chute alors qu’il était bien placé. De fait, il passe deuxième du provisoire, une belle récompense de ses efforts, en doublant le pauvre RJ Hampshire. Au moins, il prolonge un peu l’espérance de vie de ce pauvre Mitch, dont les pilotes tombent plus vite que des lapins d’élevage face à une horde de chasseurs. Au point de devoir arracher ce bon vieux Chris Blose à Bud Racing !
Septième, c’est le meilleur résultat de sa carrière de Derek Kelley, avec même un top 5 dans la finale 2. Un très beau résultat pour ce pilote discret, qui progresse année après année.
On va s’en tenir là, non sans avoir évoqué, quand même, RJ Hampshire. Vainqueur autoritaire de la première finale, on se dit que tout roule après son superbe début de saison. Bah non. Une nouvelle fois, RJ s’est explosé comme il sait le faire dans la finale 2, avant de se finir à deux reprises dans la troisième. Le jour même où son rival se rate un petit peu, lui passe totalement au travers… Coïncidence ?
Un mot aussi sur la mascotte de la catégorie, ce bon vieux Phil Nicoletti. Anonyme douzième de la première course, Phil, auteur d’un bon départ, s’est retrouvé d’un coup largement en tête de la deuxième, comme s’il avait lancé des bananes dans une course de Mario Kart. Avec, en plus, des lumières extra-terrestres sur sa moto ! Tout compte fait, il termine cette finale à une excellente troisième place, avant de se manger un RJ Hampshire en perdition dans la troisième. Phil n’aimait déjà pas vraiment le SX, ça ne risque pas de l’aider ! Au fait, les lumières sur la moto étaient un test de Feld, qui compte en équiper tout le monde. L’idée étant que la lumière s’allume quand le pilote est leader de la course. Vous validez ?
Enfin, les SX Futures ont eu droit à quelques minutes d’antenne. L’occasion de voir le jeune Haiden Deegan craquer sous la pression, son coéquipier Daxton Bennick l’emporter devant Casey Cochran et Talon Hawkins. Mais c’est bien le Franco-américain Julien Beaumer qui a créé le buzz, en signant la pole devant les stars de chez Star ! Malheureusement, son guidon lui est tombé sur les cuisses à la suite d’un gros court sur un triple et le pilote Yamaha n’a pas pu montrer en course de quoi il est capable. À notre avis, il va vite voir arriver du bon matos à sa porte…
Allez, on remballe, direction le Texas et l’ouverture de la côte est. Et donc les très attendus débuts d’un certain Tom Vialle ! Vivement samedi, comme d’habitude.
Par Richard Angot.
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