Au retour au paddock (prématuré en ce qui le concernait), Dylan Ferrandis arborait un masque de six pieds de long, sa course n’ayant duré qu’à peine un quart de tour…
La faute à un Malcolm Stewart assurément trop optimiste qui l’avait coupé en deux dès la seconde épingle de la grande finale. Et le choc entre le pilote Honda-Geico et la KXF avait été si fort que non seulement le Français était allé valdinguer, cassant net son guidon, mais qu’au surplus son axe de sélection avait été brisé lui aussi ! Rentré au parc plutôt marri, l’officiel KRT acceptait toutefois les excuses de l’Américain (contraint à l’abandon à son tour quelques boucles plus tard) et lâchait, résigné : « Dommage, j’avais fait le plus dur en partant devant… ».
Tous les Français n’ont pas connu une aussi funeste destinée, heureusement : tandis que Christophe Pourcel accédait au podium en compagnie des deux Américains ayant dominé cette finale du samedi, Weston Peick et Cooper Webb, Romain Febvre terminait au sixième rang, ce qui suffisait largement à son bonheur.
Les Américains, c’est leur truc, ils sont imbattables. Et même être meilleur Français, c’est impossible : des Pourcel, Ferrandis, les gars du SX Tour, tous ont une expérience de folie du SX. Moi, je débute. C’est incomparable ! – Romain Febvre
« En vérité, il ne s’agit pas du premier supercross de ma carrière. J’avais roulé en 2011 au SX national de Strasbourg, sur une 350 KTM. C’était il y a longtemps, sans préparation avant, à l’arrache. J’avais aimé. Mais le premier véritable événement SX, c’est ici ! J’avais raté plusieurs rendez-vous avec Bercy et encore l’an dernier ça ne s’était pas fait parce que j’avais changé de marque de moto… Là, on s’était mis d’accord très vite avec les organisateurs et puis, du fait de ma saison, mon emploi du temps a tellement changé qu’on n’a pas pu faire comme prévu pour aborder l’épreuve. Avec ce titre de champion du monde, j’ai un planning tellement chargé ! Là, après le week-end, je pars en Italie lundi pour des séances de tests, puis je vais au Salon de Milan, il y aura aussi Paris, c’est chargé à mort. Ça n’arrête pas, je dois encore aller en Espagne pour la remise des prix FIM, un peu partout… Du coup je n’ai pas eu de vacances, et je n’en aurai pas ! C’est un peu dommage, au bout d’une belle saison comme ça mais, bon, c’est un problème qui ne m’embête pas trop, plutôt un bon problème à avoir !
Oui, avec les voyages au Japon, en Californie, je n’ai pas pu m’entraîner comme j’aurais voulu avant de venir ici, j’ai juste eu quatre journées de roulage SX. J’ai travaillé les whoops, rien que les whoops en fait ! Le reste du tour de piste, les sauts, ça va, fallait bosser les whoops et je n’ai fait que ça quatre jours durant ! A ma vitesse, je suis en sécurité, mais si je veux aller plus vite je dois encore progresser : j’ai déjà pas mal progressé depuis ce matin, c’est sûr, ça se voit à l’œil nu ! Ce matin je n’étais pas du tout en confiance, là en finale ça allait bien mieux. Selon les tours… Faut prendre la technique, mettre le coup de gaz au bon moment, rentrer dedans de plus en plus vite et c’est un peu ma hantise, celle de tout le monde au début. Après, plus on va vite, plus c’est facile, enfin sur le papier, sur la moto c’est autre chose !
J’ai eu des petits problèmes de bras en début de soirée, en demie j’ai eu les bras durs, c’est une question d’échauffement : les essais ont lieu très tôt dans l’après-midi, les courses beaucoup plus tard après 19 heures 30… On repart comme si on n’avait pas roulé. Avec juste un tour de reconnaissance, qui ne suffit pas pour s’échauffer. D’ailleurs, ce serait mieux d’avoir deux tours de reco, ça ne prendrait pas beaucoup de temps et ce serait un plus pour la sécurité !
La finale a été OK : j’étais passé par le repêchage, donc j’étais chaud ! Je ne suis pas trop mal parti, mais je me suis trouvé bloqué au premier tour et je suis reparti dans les derniers, mais en fait ça s’est mieux passé que je ne pensais. Je fais sixième, c’est un bon résultat, même si je n’y fais pas trop attention, si je ne m’attache pas au résultat. Au premier tour ça a découpé de partout, il y avait des motos par terre dans chaque virage ! Ça, on le savait, moi j’avais un peu peur d’un truc comme ça, de bien partir et qu’il y en ait un qui débranche et me coupe en deux ! Parce qu’il y en a qui débranchent vraiment… Ça s’est vu, il y a eu pas mal d’abandons.
Au premier tour j’ai été accroché dans deux virages, puis bloqué et je suis reparti quasiment dernier. Mais j’ai pris mon rythme, j’ai passé pas mal de pilotes, à la fin je remontais sur Cédric (Soubeyras), qui roule vraiment bien en supercross, donc je suis content ! Je me suis fait plaisir, c’est le plus important ! En roulant en finale j’ai pris du plaisir, sans prendre de risques, et je n’ai pas commis beaucoup d’erreurs.
Rouler davantage en SX, je ne pense pas, non. Avec la saison de GP, il y a déjà tant de courses… Si on fait aussi du SX on n’arrête plus ! La Monster Cup 2016, pas plus que ça… Si j’ai l’opportunité, on verra. C’est un super événement. Et puis aux US le SX c’est plus large, plus d’espace, sur une terre plus dure, tout est plus grand et en fait moins risqué. Ici c’est serré, si tu fais la moindre erreur, tu sors de la piste. A la Monster Cup, c’est un peu entre MX et SX, il n’y a pas de whoops, c’est plus roulant, c’est fait pour que tout le monde soit rapide, que ce soit compliqué de gagner les trois les trois manches et le million de dollars… Alors pourquoi pas ? On verra ça…
Mon bilan ce soir ? Je ne regrette pas du tout d’être venu ! Je suis content, vraiment. J’ai pris du plaisir. Et puis ma relation avec le public français est top ! Vraiment géniale ! Après l’année que j’ai eue, les gens ont bien compris que je débutais dans la discipline. Les Américains, c’est leur truc, ils sont imbattables. Et même être meilleur Français, c’est impossible : des Pourcel, Ferrandis, les gars du SX Tour, tous ont une expérience de folie du SX. Moi, je débute. C’est incomparable ! ».