Steve Mac Queen (Terence Stephen Mac Queen à l’état-civil) a joué plusieurs rôles dans sa vie, entre le cinéma, la course automobile, l’aviation, l’enduro et ….le motocross.
UN HOMME AU GRAND COEUR…
Né dans la banlieue d’Indianapolis le 24 Mars 1930, il est élevé par son grand-oncle dans une ferme du Missouri (il n’a jamais connu son père), et vit une jeunesse mouvementée. A 12 ans, il déménage à Los Angeles avec sa mère, et découvre l’école de correction après s’être mêlé aux gangs locaux . Face à cet esprit rebelle, sa mère confie l’adolescent alors âgé de 15 ans à la « California Junior Boys Republic », une institution créée pour venir en aide aux jeunes en échec scolaire.
Ce placement sera salutaire pour le jeune américain qui retrouvera le « droit chemin ».
Quelques années plus tard, la star Steve Mac Queen fera preuve d’une grande générosité envers l’association par le biais d’une donation conséquente et la création d’une bourse pour aider les adolescents en difficultés….A de multiples reprises il reviendra sur les lieux de sa « rédemption », pour saluer les personnes qui lui ont permis de ne pas sombrer (il est bien évidemment devenu le pensionnaire le plus emblématique de cette école spécialisée).
LA DECOUVERTE D’UNE PASSION …
Mc Queen rejoint le corps des Marines en 1947. Quelques «écarts de conduite » lui valent plusieurs séjours en prison…., jusqu’au jour où il choisit de devenir mécanicien. Commence alors une période plus calme pour lui. Le Marines Mac Queen met fin à sa carrière militaire de façon héroïque en sauvant 5 hommes tombés dans les eaux glaciales de l’Artique.
Au retour de son service (1950) McQueen décide de parcourir le pays en faisant plusieurs petits boulots, c’est là qu’il se découvre une nouvelle passion : la moto. Sa première machine est une « Indian Chief » de 1946. Dans une interview accordée à Sports Illustrated en 1971, McQueen affirmera avoir été attiré par la moto dès la première fois.
"J’étais tellement fier de cette moto que j’ai roulé dessus sans m’arrêter alors que j’avais rendez-vous avec ma copine ». Elle m’a dit : « Tu ne comptes pas m’emmener avec toi sur cette moto, n’est-ce-pas ? J’ai l’ai fait, la jeune fille est partie, la moto est restée… ».
Indian Chief 1946
HOLLYWOOD CERTES, MAIS TOUJOURS LA MOTO
S.Mc Queen devient l’acteur incontournable d’Hollywood dans les années 1960/70, un succès qui n’enlève rien à sa passion de la moto. Ses ardeurs mécaniques restent instactes et McQueen devient toujours plus actif lorsqu’il s’agit de «s’évader à deux roues». Avec des amis, il fera notamment un voyage à travers le Cuba révolutionnaire de la fin des années 50 : « Il y avait des uniformes partout, mais nous avons vécu une grande aventure. Seule la moto peut offrir de si grands moments, car elle ne manque jamais de vous donner ce sentiment de liberté et d’aventure».
Le nouveau statut de star n’a donc pas changé l’homme, qui gardera toujours en lui la passion des voitures de sport et des motos. Il n’est pas insensé d’écrire que les racines de sa légende se nourrissent autant du terreau cinématographique que mécanique.
DU TRIOMPHE A LA TRIUMPH : LA NAISSANCE DE HARVEY MUSHMAN…
Début des années 1960 : Au cours d’une balade à moto autour d’Hollywood, Mc Queen et son ami Dennis Hopper aperçoivent des pilotes dans les collines environnantes. Ils s’approchent et là, McQueen est émerveillé par le talent de ces riders qui chevauchent des motos TT et parviennent à gravir les collines pour le moins abruptes. Le lendemain, l’acteur américain achète à Bud Ekins une Triumph 500 TT.
Ekins enseigne les bases du tout terrain à son ami, qui met peu de temps à s’engager en compétition pour participer à des courses dans le Sud Californie….. Plus tard, ses contrats avec les studios de cinéma lui interdisant toute compétition moto, Mac Queen contournera la règle en s’engageant sur les courses sous le pseudonyme de Harvey Mushman…..La légende est née.
Les années 60/70 voient donc la participation d’Harvey Mushman à de nombreuses courses tout-terrain de haut niveau sur la côte Ouest des états-unis, auxquelles il convient d’ajouter la Baja 1000, la Mint 400 et le Grand Prix Elsinor. Pour Bud Ekins, McQueen devient rapidement un pilote tout à fait respectable : "Il ne pouvait jamais rouler suffisamment pour obtenir la licence « expert », en raison de ses engagements professionnels. Il a donc toujours roulé dans la catégorie amateur, ce qui était totalement fou du fait qu’il devançait régulièrement les autres pilotes amateurs et la plupart des experts"….
LE MOTARD AU CINEMA…
Pour le tournage du film culte « La grande évasion », Steve McQueen doit réaliser plusieurs cascades à moto. Mais le saut le plus spectaculaire (donc le plus risqué) nécessite une doublure, les assurances refusant de prendre un tel risque. S.Mc Queen appelle naturellement son ami Ekins qui réalisera le saut par dessus les herses de barbelés (scène mythique au cours de laquelle le héros tente d’échapper aux soldats allemands). Les deux amis réalisent ce jour là le saut à moto le plus célèbre du cinéma.
La grande évasion
Pendant le tournage, Mc Queen et Ekins profitent d’une pause pour aller voir les six jours internationaux d’enduro (ISDT) organisés en Allemagne. Les deux compères reviendront (accompagnés de Dave Ekins) au même endroit deux ans plus tard, cette fois-ci en tant que compétiteurs…..
ISDT en Allemagne de l’Est – Erfut – 1964 –
Le pilote Mc Queen et sa Triumph Bonneville.
Steve Mac Queen se dira heureux et honoré d’avoir été sélectionné pour cette épreuve prestigieuse. Faisant preuve d’un enthousiasme sans faille pendant la compétition , l’acteur contribue à véhiculer une image positive du tout terrain (peu habitué au pilotage sur terrain gras, le californien abandonnera le 3ème jour après de nombreuses chutes).
TRIPLE CASQUETTE
L’implication de S.McQueen dans la moto est reconnue au delà du « cercle d’initiés », d’où la démarche du magazine « Popular Science » qui le sollicite pour animer une chronique.
L’acteur ajoute une corde à son arc en devenant journaliste sportif, un rôle très important à ses yeux. Dans ses articles, il émet un avis sur la qualité des machines qu’il teste en compagnie de quelques copains, et s’attache surtout à expliquer comment prendre du plaisir sur une moto….
« Je n’ai pas la prétention de me présenter comme un pilote « expert », encore moins comme un vrai professionnel capable de distiller les bons conseils permettant de transformer une moto en une vraie machine de compétition. Mais après 21 années passées dans le désert de la Californie du Sud, sans oublier mes participations aux courses de tout-terrain et les épreuves internationales dans des conditions particulières (ISDT en Allemagne), j’espère avoir acquis une certaine expérience pour expliquer la manière de bien rouler et de faire de la mécanique».
ON ANY SUNDAY….
Au début des années 1970, Bruce Brown (producteur de film) approche McQueen pour obtenir son aide dans la réalisation d’un film documentaire dédié à la moto. La star hollywoodienne est consciente qu’il n’y a aucun bénéfice à réaliser sur ce type de tournage, mais la passion est là…
Financé par Steve Mac Queen, "On Any Sunday" est un hymne à la liberté, un film devenu culte pour toute une génération de motards. Au delà de son grand succès commercial, ce film est considéré à juste titre comme le meilleur long métrage consacré à la moto tout terrain. Le plus bel hommage que SMQ pouvait rendre au TT.
Au sommet de sa gloire, Mac Queen ne change rien à ses habitudes, notamment celle de passer des heures sur sa moto dans le désert californien. À un journaliste qui lui pose la question : Pourquoi une star telle que vous qui vient de toucher 750 000 dollars pour son dernier film (en 1970 Steve Mc Queen est l’acteur le mieux payé d’Hollywood), passe son temps dans le désert sur une moto ?
Steve Mac Queen répond :
« Pour l’odeur saine du désert dès le matin. La satisfaction de bricoler sur la moto et de constater que tout fonctionne parfaitement ».
LA CULTURE DU PARADOXE SELON MAC QUEEN
Dès qu’il s’agit d’évoquer Steve Mac Queen, ses amis parlent très souvent d’une envie de croquer la vie avec enthousiasme et de vivre chaque jour comme s’il s’agissait du dernier. Écrire qu’il aimait côtoyer les extrêmes est un doux euphémisme : tous les jours de la semaine il faisait son footing (auquel il associait d’autres disciplines comme l’haltérophilie) et fumait de la marijuana ….
Dans ses discours, le pilote Mac Queen exhortait les jeunes à ne pas prendre trop de risques sur leurs machines, à porter un casque («le casque fait toute la différence entre pouvoir se dépoussiérer et remonter sur la moto après une chute ou avoir quelqu’un qui vous envoie des fleurs à l’hôpital ») et à se protéger avec un bon équipement….
….A la même époque, il était le premier à poser en couverture d’un grand magazine, sur une moto, avec un casque certes, mais torse nu ….
Steve McQueen est mort le 7 novembre 1980.
Sa famille explique qu’il a eu la vie d’un centenaire, en étant souvent sur le fil du rasoir, toujours animé d’une envie de tout faire et ne connaissant jamais le repos….
Il a beaucoup contribué à changer l’image de « hors la loi » véhiculée par la moto auprès du grand public. Quelque part, notre sport peut le remercier d’avoir ouvert la voie à une certaine forme de popularité dans les années 1970….
Pour bien comprendre son amour des sports mécaniques, il suffit de regarder l’inventaire de ses collections :
– plus de 200 motos (collection évaluée à plusieurs millions de dollars),
– plus de 50 voitures, là aussi d’une valeur inestimable,
– 5 avions (il s’était découvert une vraie passion pour l’aviation à la fin de sa vie).
Deux phrases résument magnifiquement l’amour de Steve Mac Queen pour la compétition :
« Racing is life, anything before or after is just waiting…. ».
« I’m not sure whether I’m a actor who races or a racer who acts…. ».
Steve Mac Queen a été introduit au « Hall of Fame » du sport motocycliste américain en 1999.
32 ans après sa mort, Steve Mac Queen (et Harvey Mushman) appartiennent au cercle très fermé des légendes qui ne meurent jamais et alimentent les passions les plus folles…Pour bien mesurer l’aura de l’acteur américain, il suffit de s’intéresser à une vente aux enchères qui s’est déroulée en 2009.
L’ensemble des objets mémorables ayant appartenu à S.Mc Queen a totalisé la somme de 5 706 324 dollars (avec des enchères en provenance des 4 coins de la planète). Parmi ces « objets », une Scott Super Squirell de 1929, vendue à 276 000 $.
Sa licence internationale de pilote moto (année 1964) a été vendue 42 700 dollars.
Texte copyright Dom’ Oxboy – photos DR