Un affrontement Roczen/Tomac sans pitié, un Cooper Webb qui redevient pertinent dans l’optique du championnat, un terrain une nouvelle fois intéressant et Dylan Ferrandis qui reprend la plaque rouge en 250, il s’en est passé des choses du côté d’Oakland.
Le champion SX 2020 pourrait bien se trouver dans cette image… #oùestcharlie?
Quelle soirée, encore, du côté d’Oakland ! Ceci grâce, en partie, à un terrain une fois encore propice aux dépassements grâce à des virages assez ouverts et des possibilités d’enchaînements capables de séparer le bon grain de l’ivraie, comme le 3/3 avant la ligne d’arrivée ouvert par Baggett en heat. Voir les tous meilleurs pilotes du monde faire des fautes et ne pas pouvoir réaliser un enchaînement, ce n’est pas si souvent et ça fait du bien, preuve qu’eux aussi sont à peu près humains. Même si parfois, on peut se demander… La terre a aussi eu son importance. Molle, elle s’est sérieusement défoncée, au point qu’à la fin, ça ressemblait bien à un champ de mines, l’histoire !
Commençons par parler d’Eli Tomac. Quand le pilote de la Kawa #3 roule comme ça, difficile de faire quoique ce soit contre lui. Eli n’est pas le meilleur pour scrubber, n’est pas parfait partout, mais quel abattage ! Eli avait visiblement décidé de punir les whoops à chaque passage, par exemple, et arrivait deux fois plus vite que tous les autres sur le triple suivant, du coup. Sa vitesse en virage, sa capacité à « pousser » la moto dans les appels pour monter le moins haut possible est tout simplement irréelle. Bien parti, vite dépassé par son coéquipier Cianciarulo, Tomac a pris le temps de s’installer dans cette finale avant de punir littéralement son (pour l’instant) plus coriace adversaire au championnat. Deux fois, après une petite faute qui lui a coûté une sortie de piste. C’est ça le pire : en heat comme en finale, ET3 n’a pas été exempt d’erreurs, et il gagne quand même dans un fauteuil, malgré un terrain serré pas forcément à son avantage sur le papier. Mauvaise nouvelle pour les autres… Désormais à trois petits points de Kenny au provisoire, ça s’enchaîne pas trop mal pour lui en ce moment.
Cooper est un winner, ça ne fait aucun doute
L’autre grand gagnant d’Oakland n’est autre que le champion en titre Cooper Webb. On se doutait bien qu’il n’allait pas faire de la figuration cette saison, cette course conforte notre opinion. Pas flashy mais super efficace, le pit bull de chez KTM a été fidèle à sa réputation de ne rien lâcher, au point de s’offrir la seconde place dans le dernier virage après deux derniers tours de folie. Rendez-vous compte qu’il était à quasiment quatre secondes de Roczen à deux tours de l’arrivée, et il parvient tout de même à le coiffer sur le poteau, au prix d’une manœuvre certes agressive mais correcte. Qu’on l’apprécie ou pas, il convient de lui tirer son chapeau. Cooper est un winner, ça ne fait aucun doute, et il donne tout ce qu’il a tant que le drapeau n’est pas tombé. Respect. Et le voici qui se replace dans la course au titre avant même d’aborder les circuits de la côte est qui lui sont historiquement plus favorables au niveau de la texture du sol, car plus proches de ce sur quoi il s’entraîne. Je l’ai déjà dit, mais je le répète : il va falloir aller lui arracher, ce titre !
Ken Roczen, lui, a déclaré qu’il ne le sentait pas ce week-end, dès son arrivée dans le stade. Façon de se rassurer après s’être fait fesser par Tomac et Webb ? Pourtant, sa heat pouvait laisser espérer. Auteur du holeshot, il a su résister à la pression de Tomac puis Baggett pour s’imposer. De nouveau auteur du meilleur départ en finale, il a longtemps tenu bon avant de céder incroyablement facilement aux attaques de Tomac, deux fois, et à celle de Cooper Webb dans le dernier virage. Le mal était fait avant… Comment un pilote de ce niveau a pu se faire reprendre autant de temps en si peu de temps ? Ça confine à la faute professionnelle, cette histoire. Bref, Kenny était sur un nuage depuis deux courses, et là il en est retombé brusquement. Heureusement, son pied touché dans l’accrochage avec Webb a l’air d’aller mieux. Kenny garde la plaque rouge, mais il va falloir faire mieux pour la garder. Les départs sont au niveau, c’est déjà ça.
Blake Baggett a fait une superbe heat, avant de faire une finale pourrie… Baggett trop cuit ?
AC9 peut aussi remercier ses suspensions d’usine après son gros court
Même si ça a mieux commencé que fini, Adam Cianciarulo a toutes les raisons d’être satisfait de sa course, même s’il n’est pas sur le podium. Au moins, il a été à la bagarre avec les tops dogs de la catégorie quasiment jusqu’au bout, de quoi se réjouir après la grosse pelle de la semaine dernière qui l’a empêché de rouler cette semaine à l’entraînement. Victime de mal aux bras, il a laissé échapper Tomac et KRoc et s’est fait reprendre par son « ami » Webb, mais s’offre une solide quatrième place qui doit faire du bien mentalement. AC9 peut aussi remercier ses suspensions d’usine après son gros court sur l’enchaînement avant l’arrivée. Là, avec des standards, il aurait eu le Renthal incrusté dans les dents !
Encore une soirée paisible pour Jason Anderson, qu’on n’a quasiment pas vu à l’écran, à part en heat pour sa remontée après son gros crash du départ. Jason, consciemment ou pas, joue la carte de la régularité cette saison, et ça paye. Quatrième du provisoire pas largué du tout, à trois points seulement de Barcia, malgré des départs franchement moyens, le pilote HVA est totalement en course pour le championnat. Ah, si, on l’a vu une fois en finale, et c’était le bon moment, avec un wheel-tap 3/3/3 hyper rapide et technique que personne d’autre n’a fait juste après la ligne de départ. Aussi beau qu’efficace, du vrai SX US !
Les suivants Barcia, Wilson et Hill sont à mettre dans le même bateau : tous ont fait une superbe course, leur meilleure depuis longtemps. BamBam a retrouvé cette attitude sur la moto, cette attaque de celui qui est en confiance et bien sur sa moto. Quand il est comme ça, il est quand même bien sympa à voir rouler. Toujours trois du championnat, mine de rien, il s’est fait un peu peur en heat en se mettant un court du Seigneur sur le 3/3 avant l’arrivée, avant de casser la moto. Belle façon de rebondir. Lui-même dit que ça faisait longtemps qu’il n’avait pas si bien roulé. On est d’accord.
Deano, lui, ne faisait que survivre comme il pouvait jusqu’ici après sa blessure de la Monster Cup. Cette fois, il a commencé à se (re)montrer, ce dont il va avoir besoin pour conserver un bon guidon l’année prochaine. Là aussi, ça va dans le bon sens.
Sûr, sur le papier, ça reste une banale 8e place, mais quand on voit qui est devant…
Comme pour Justin Hill, vainqueur de sa heat ! Bien aidé par des Honda qui sortent de la grille comme des balles, JH46 a profité de la technicité du terrain pour faire étalage de son (grand) talent. Sûr, sur le papier, ça reste une banale 8e place, mais quand on voit qui est devant… C’est le SX US, quoi, avec un plateau encore à peu près épargné par les blessures. Il y avait eu Tampa 2018 pour Hill, il y a maintenant Oakland 2020. A confirmer !
Blake, Blake, Blake… Comment on fait, là ? Intenable en heat, où il a passé Tomac avant de terminer à un cheveu des deux stars, premier pilote à ouvrir le 3/3 en course, deuxième meilleur temps de la finale et… 9e. Les courses s’enchaînent comme les galères. Dur dur d’être un BB. Même quand il part bien, comme à Anaheim 2, il tombe dans le premier tour… Bref, tout est là et Baggett fait partie de ceux qui peuvent monter sur le podium ou même gagner une finale, mais on est loin du compte en ce moment !
Bon, après, il y a toujours pire… Zach Osborne est bien parti, a tenu la 5e place pendant 8 tours devant avant de sombrer corps et âme. Rendez-vous compte, il s’est fait déposer par Jason Anderson, Justin Hill, Justin Barcia, Dean Wilson, Blake Baggett et Malcolm Stewart… C’était déjà pas la fête la semaine dernière, mais là, on touche le fond.
À part ça, beau LCQ d’Alex Ray, qui s’est montré calme et patient pour déposséder Jason Clermont de la dernière place qualificative. Repris au dernier tour, Clermont a trop essayé de garder Ray derrière plutôt que de se concentrer sur sa propre course. Dommage !
Une nouvelle fois le plus rapide aux essais, Adam Cianciarulo. 5/5 !
Dylan Ferrandis est le meilleur de sa classe, c’est de plus en plus évident.
En 250, la hiérarchie est posée. Dylan Ferrandis est le meilleur de sa classe, c’est de plus en plus évident. Reste à partir à peu près bien, ce qu’il a réussi cette fois, avant de placer une superbe attaque, tout ce qu’il y a de plus correcte, sur son adversaire Austin Forkner. Maintenant qu’il a repris la plaque rouge, il ne va plus falloir commettre d’erreur, parce qu’il ne reste pas grand monde pour s’intercaler ! D’autant que si sa finale a été d’une grande sagesse, sa heat était nettement plus brouillonne. Rien à dire toutefois, Dylan est costaud et répond présent dans tous les compartiments du jeu. Solide !
Forkner a une nouvelle fois démontré son immaturité en heat avec Michael Mosiman. Il n’aime pas être bousculé, le garçon !
Justin Cooper fait penser à son quasi-homonyme Cooper Webb : pas flashy, mais accrocheur, et jusqu’au bout. Au point de sauver un podium dans le dernier tour, après une soirée difficile. Sorti en heat par Clout, vainqueur du repêchage, Coop’ est bien sorti en finale mais a un peu raté le premier virage est s’est retrouvé enfermé. Bon travail, dans ces conditions, de décrocher un podium qui lui permet de rester au contact au général.
Holeshot et longtemps sur le podium, il y a de l’amélioration chez Alex Martin.
Top de voir enfin Luke Clout concrétiser son gros potentiel. L’australien veut une chance en SX US, et c’est exactement avec ce genre de course qu’elle pourrait arriver.
Dommage que Cameron McAdoo ait chuté en finale, sa victoire en heat (sa première) laissait présager une belle course. D’abord touché par la moto de Mosiman au moment de son crash, McAdoo est retombé derrière. Quatorzième seulement, mais des raisons d’espérer !
La semaine prochaine, c’est la dernière en Californie, avec le mythique stade de San Diego au programme, et encore plein de machines décorées à la va-vite façon militaire. De quoi faire le plein de bon goût…
L’intégralité de la soirée d’Automoto La Chaîne :