Pour l’instant en tous cas on a vu Max Nagl, Ryan Villopoto, Antonio Cairoli et Clément Desalle remporter au moins une manche chacun et squatter tous les podiums ou presque : Desalle n’en est jamais descendu, Nagl en compte quatre (dont trois fois sur la plus haute marche !), Cairoli quatre aussi et Villopoto deux. Seuls intrus chez les « Quatre Fantastiques », les deux Français Gautier Paulin, troisième de la seconde manche au Qatar, et Romain Febvre, troisième de la première manche en Thaïlande, ont su en faire autant, une petite fois, une seule, ce qui ne leur a d’ailleurs pas suffi pour accéder au podium du GP.
A la veille de l’ouverture, les pronostiqueurs prévoyaient, les uns un duel au sommet aussi rude que simple (Cairoli vs. Villopoto, bien sûr !), les autres une furieuse bataille à cinq ou à six opposant les deux champions précités au leader du team Suzuki, Desalle, au vice-champion du monde en titre, Jeremy Van Horebeek et à la fière recrue du HRC, Paulin, ainsi que pour certains à son prédécesseur en rouge, Nagl. Rares étaient ceux qui plaçaient l’Allemand là où il est à ce jour, en revanche tous ou presque attendaient Paulin et surtout Van Horebeek aux avant-postes… Eh bien, pour le Flamand en particulier, c’est assez loin d’être le cas ! Cinquième au Qatar (5/5) et pareillement classé en Argentine (9/5), JVH s’est raté d’importance en Thaïlande (double DNF), principalement à cause de la chaleur (Nagl aussi en a souffert). Contrairement à ses concurrents directs, exclusivement concentrés sur les GP, le pilote Yamaha a donc choisi, histoire de se rebâtir une confiance, de courir en Europe entre les second et troisième rounds en participant aux championnats des Pays-Bas puis de Belgique. Mission accomplie, le protégé de Michele Rinaldi s’imposant sans trop de difficultés (face à une opposition assez réduite). Mais ça fait toujours du bien de gagner !
On ne peut nier que l’arrivée d’un équipier (le « Jerre » évoluait seul dans son team en catégorie MXGP l’an passé) et de Romain Febvre en particulier, le jeune Français montrant d’emblée d’épatantes dispositions pour la cylindrée, a son importance au moment d’analyser les performances 2015 du vice-champion 2014. Alors qu’il bénéficiait de toute l’attention de son équipe la saison dernière, il doit aujourd’hui cohabiter avec une sérieuse menace, qui de plus évolue juste sous son nez ! Cela dit, les excellents résultats obtenus l’année dernière, avec notamment cette douzaine de podiums (dont onze consécutifs, pas moins) que tous les observateurs ont tant loués, ne constituent-ils pas eux aussi une certaine pression (une pression certaine), le pilote se voyant quasiment dans l’obligation de rééditer, sinon de faire mieux ? On a très envie de dire que la réponse est dans la question…
Et au surplus il est absolument évident qu’en ce début de saison le niveau de la compétition MXGP a encore grimpé d’un cran, avec le fameux débarquement US/starring Villopoto en toile de fond. L’Américain n’étant pas n’importe qui, l’annonce de sa venue a forcé les « habitués » à mettre les bouchées doubles cet hiver, boostant les énergies. Résultat : ça va toujours plus vite, c’est clair. On a eu une superbe démonstration du phénomène à Neuquen, où l’on a assisté à un Grand Prix super excitant, même s’il n’y a pas eu tellement de réelles bastons au coude-à-coude. En seconde manche, les six premiers se tenaient en dix secondes à peine et d’un bout à l’autre de la course ils ont tous roulé à donf’ de chez à donf’… Esplendido !
Pour en revenir à l’ami Van Horebeek, disons qu’il n’a pas encore tout à fait chopé la nouvelle cadence, manifestement. Sachez en outre que lorsqu’il est tombé en première manche, il s’est retourné le pouce gauche et, s’il est parvenu à finir neuvième, il s’est fait très peur sur ce coup. Incident finalement sans conséquence puisqu’il a réussi à terminer cinquième en seconde manche, égalant son meilleur résultat.
Quand on l’interroge à propos de ce début de saison plutôt laborieux, Jeremy est manifestement à court d’explications : « Je ne sais pas trop pourquoi j’ai encore chuté, je n’étais pourtant pas du tout au-dessus de mes pompes. Vraiment pas. J’ai vu quelques gars faire des trucs un peu dingues ce dimanche, il y en a je ne sais pas du tout comment ils font pour rester sur la moto ! Ryan (Vilopoto), en seconde manche, par exemple, il a failli être désarçonné devant moi à plusieurs reprises, tant sa moto rebondissait dans tous les sens… Je ne critique pas, mais si moi j’essaie de rouler comme ça, je suis par terre direct ! Non, en vérité j’ai un peu de mal à tout analyser très précisément, mais une chose est sûre : je suis sur la bonne voie, en train de retrouver le bon rythme. Alors ça va le faire, c’est sûr. Très bientôt, je serai à nouveau sur le podium ! ».
Info Adam Wheeler www.ontrackoffroad.com – Photo copyright Yamaha Racing