Bravo, champion !
Salut les p’tits n’veux ! Le championnat de France Elite ’17 a baissé le rideau dimanche dernier à Pernes-les-Fontaines. Tandis que l’inoxydable Xavier Boog remportait un nouveau titre, le troisième de sa carrière en grosse cylindrée et son premier sur une Honda (Team SR-Motoblouz), en 250 cc la couronne est revenue à Florent Richier. « L’ancien » de la catégorie, 32 ans (il en a eu 33 ce mercredi : heureux anniv’ garçon !) a enfin obtenu son premier sacre à l’échelon national suprême…
J’ai donc tenu à tailler une bavette avec le nouveau champion de France MX2, naturellement. Car c’est toujours un plaisir de partager un moment, de faire un brin de causette avec le Gardois, le genre de bon client qui a toujours quelque chose à raconter. Ah, d’ailleurs un conseil au passage : cette courte interview mérite d’être lue jusqu’à la dernière ligne, plutôt inattendue…
Sacré Flo ! Quelle drôle de carrière, définitivement atypique. Relancée, le saviez-vous, en 2005, à 21 ans, grâce à un titre 125 National conquis au guidon d’une TM. Un fait d’armes qui l’avait remis sur les bons rails après en quelque sorte un premier « jet d’éponge ». Eh oui, comme quoi, contrairement à tout ce qui vient d’être écrit à droite-à gauche, Florent Richier avait déjà été sacré champion de France avant cette (première) couronne Elite décrochée le week-end dernier… Fin de parenthèse. Pour en ouvrir une autre, peut-être ? Allez, je me souviens, à l’époque j’avais questionné Flo pour MX France (ou Motocross France, comme ce fut nommé par la suite) et il m’avait alors expliqué : « J’ai débuté aux côtés des frères Pourcel, de Seb’ en particulier, nous sommes de la même génération. Mais tandis qu’eux ont très vite progressé au sortir de leur période 80 cc, moi je n’ai pas connu la même réussite, loin de là ! Trois saisons de suite j’ai accumulé les blessures : tassement de vertèbres, fémur, malléole, tibia-péroné et j’en passe ! A tel point que j’ai vraiment failli tout laisser tomber ».
Mais le virus du cross a été le plus fort : plus pressant que l’appel de papa Richier, viticulteur gardois, qui proposait à son fils de l’aider à s’occuper de ses vignes… Flo a persévéré et il a alors enclenché la seconde, dirons-nous, se lançant à corps perdu dans un parcours original, qui l’a souvent mené bien loin de son Languedoc-Roussillon natal ! En effet, saisissant les occasions au fil de diverses rencontres et surtout n’hésitant jamais à prendre des risques, à se remettre en question, le Sudiste a choisi l’exil et près d’une dizaine d’années durant il a joué au chasseur de primes de l’autre côté du Rhin et souvent nettement plus à l’est de l’Europe encore. Aujourd’hui revenu au pays, sa carte de visite traduit le bien-fondé de cette option, si peu évidente a priori : sept fois champion d’Allemagne MX, deux fois titré en SX outre-Rhin, deux fois couronné en République Tchèque, sans oublier de multiples places d’honneur dans ces mêmes séries et toutes sortes de prestations de premier plan sur tous les plus gros supercross organisés un peu partout en Europe, au Danemark, en Suède, en Grèce…
Tu as aimé cette vie de globe-trotter ?
Oui, pour sûr, même si au départ je n’ai pas complètement choisi : ça s’est trouvé un peu comme ça, en fait. J’ai eu un parcours « différent », on va dire, c’est certain et au final j’en suis ravi, mais si ça s’est déroulé de cette façon, faut avouer que c’est un peu parce que la porte des Grands Prix s’était refermée devant moi, en vérité… En tous cas j’ai vécu de très belles années, je me suis régalé de bout en bout et, même si ne suis pas devenu milliardaire, j’ai ainsi pu pratiquer mon sport à un niveau très élevé, dans d’excellentes conditions, côtoyer d’immenses champions, remporter des courses prestigieuses et coiffer des couronnes sur des championnats très convoités. Et puis j’ai toujours apprécié de voyager, de voir du pays, de rencontrer des tas de gens intéressants, en me baladant un peu partout… Le seul pays qui manque à mon tableau de chasse, c’est les USA ! Jamais je n’ai roulé en Amérique. A un moment j’ai bien eu une proposition de Pro Circuit, mais ça ne s’est pas concrétisé. Ça peut peut-être sembler un peu bizarre, vu le reste de mon histoire, mais c’est comme ça. Oh, je pense que j’irai, un jour, pour découvrir et à l’occasion avoir le plaisir de rouler sur les circuits US, même s’il est certain que je caresse toujours l’espoir de participer à un outdoor, un jour, qui sait ? Ce serait pas mal !
Ce qui a beaucoup compté dans ta réussite à l’étranger, dans ton parcours de « mercenaire » si l’on peut dire, c’est cette incroyable faculté à t’adapter à n’importe quelle monture, peu importe la marque et la cylindrée… Un truc de fou, unique !
C’est vrai, j’ai toujours changé de moto sans problème, passant de l’une à l’autre avec la plus grande facilité. Il m’est arrivé certains week-ends de participer à trois épreuves différentes avec trois machines différentes ! Cross ou supercross, 250 ou 450… En France ou en République Tchèque sur une Yamaha ou une Suzuki, en Angleterre sur une Honda et sur tel ou tel supercross, au Danemark ou ailleurs, sur une Kawasaki, par exemple… Pas de souci ! Il y a des mecs qui n’ont jamais pu comprendre un truc pareil, cela dit, il y en a qui n’en reviennent pas. Mais moi ça ne me gêne pas. De même, rouler en deux-et-demie, je ne fais pas de différence. La 250, c’est une cylindrée que j’aime bien. Quand je suis arrivé chez JPM, c’était pour remplacer Seb’, sur une 450 Yamaha. Puis on s’est bien entendu, ça s’est très bien passé avec le team, alors je suis resté et on a commencé à obtenir des résultats. Lorsque l’équipe a voulu s’impliquer en 250 cc, j’ai tout de suite dit que ça m’intéressait et j’ai changé une fois de plus de catégorie. Là-dessus, il y a eu le passage sur Suzuki et une fois encore je me suis très vite adapté. Comme d’hab’ ! Et aujourd’hui je me régale sur la 250 Suz’…
En Elite MX2 tu es le « vieux », face à une meute de gamins, tu vis ça comment ?
Très bien ! Honnêtement, je ne fais pas attention à ça. Je ne regarde pas, ni mon âge, ni celui de mes concurrents. Evidemment, de mon côté je n’ai plus la fougue d’un type de 17 ans, mais j’ai pour moi une certaine dose d’expérience et à mon sens ça compense, au bout du compte tout ça, ça se vaut. Et puis je pense que je suis plutôt respecté, dans l’ensemble. Même si, bien sûr, les jeunes, s’ils peuvent me battre, ils ne s’en privent pas ! Ils se font un plaisir de me devancer et c’est même une source de motivation pour eux d’aller taper l’ancien… Mais, franchement, moi je ne fais pas de différence.
C’est une grosse satisfaction, ce titre Elite ?
Oui, c’est bien mon premier à l’échelon de l’Elite ! C’était mon objectif principal de la saison et j’avais couru après l’an dernier, où à la fin j’avais loupé mon coup d’assez peu, donc je suis plutôt satisfait d’avoir transformé l’essai, cette fois…
Drôle de championnat, avec six vainqueurs différents en six épreuves !
Ouais, c’est la démonstration de l’homogénéité de cette catégorie, en vérité. Six ou sept pilotes, peut-être davantage étaient en mesure de s’imposer et les départs ont revêtu une importance primordiale. Si l’on ne s’élançait pas dans le top-6, voire 7 ou 8 maximum, impossible d’espérer gagner ! Parti au cœur du peloton, un mec fort dans un bon jour pouvait peut-être espérer finir sur le podium, mais certainement pas sur la plus haute marche, no way ! La clef, c’était le départ. Il n’y a qu’à voir le cas d’Arnaud Aubin : auteur d’un max’ de holeshots, c’est lui qui a remporté le plus grand nombre de manches !
Justement, un mot sur chacun de tes (jeunes) rivaux, au moins ceux qui ont réussi à décrocher une victoire, comme toi-même à Saint-Thibéry…
Nono (Aubin), comme je viens de le dire, a réussi de bons départs et ça l’a bien aidé. Mais, pour moi, il reste un Aubin, c’est à dire qu’il a un grand frère qui connaît bien le motocross, qui a réussi de gros trucs au plus haut niveau et qui est toujours de bon conseil pour son cadet. Et celui-ci a tout compris dans l’art de mettre en pratique les conseils de Nico…
Boisramé, c’est le champion 2016. Un super pilote. Je ne le connais pas trop et pour moi il restait un peu une énigme : pourquoi ce gars si rapide n’obtenait-il pas de meilleurs résultats en championnat d’Europe ? Cette saison, après son succès de Saint-Jean, impeccable, il s’est blessé à Romagné. Ça a fichu saison en l’air mais on a bien vite pu constater, dès son retour à Ernée en EMX2, de quoi il était capable. Que c’est un tout bon, qui ne lâche rien et qui pourrait bien devenir un vrai top tricolore !
Dercourt aussi est un excellent pilote. Super technique. Mais d’une part il souffre de ses départs de merde, extrêmement pénalisants, ensuite il n’est pas non plus aidé par son matériel : il est loin de disposer de la meilleure moto, j’en ai bien peur. C’est dommage, parce que le garçon a bien progressé, on sent cette saison qu’il a davantage la tête sur les épaules. Il peut aller loin, je pense.
Toto, ah lui c’est mon ami ! Mon AMI. Anthony (Boissière) a été un modèle pour moi. Je le connais depuis toujours, nos parents étaient proches et quelque part nous n’avons jamais cessé d’être en contact, même si nos carrières ont été si différentes… Il a toujours travaillé comme un fou, c’était un gros bosseur et il s’est ainsi construit un sacré palmarès : Grands Prix, ISDE, etc. Total respect !
Jimmy Clochet, lui c’est la surprise ! Un type à surveiller parce que, à mon avis, ce sera un super pilote de 450 cc. S’il continue à bosser, il peut devenir un client très sérieux en Elite.
Enfin, Tom Vialle, lui aussi m’a bluffé. C’est marrant, à l’opposé de son père, c’est un môme qui reste dans son coin, très discret. Mais il possède déjà un gros bagage technique. Quelque part, eh, c’est l’avenir !
Après le MX, ça va vite enchaîner sur le SX : SX Tour, puis United Kingdom Arenacross et compagnie ?
Oui, c’est prévu comme ça… Je suis en forme et moi qui vis moto, mange moto, dors moto, je suis heureux… Enfin, je l’étais jusqu’à ce lundi pourri où l’on a appris ce qui est arrivé à Steven (Lenoir) ! Forcément, face à un événement pareil, on relativise et je dois avouer que c’est dur à encaisser. Je n’ai plus 18 ans : à cet âge-là, on passe vite à autre chose, là je sens que je vieillis, je me sens très marqué. Je pense à son pote Ramette, par exemple. Bien sûr, lui aussi, dans quinze jours il sera à donf’, derrière son guidon, parce que ce sont des choses qui peuvent arriver à n’importe qui, mais auxquelles on préfère ne pas penser…
(Un ange passe… Sans aucun doute bardé du # 685…)
Alors oui, le programme à venir c’est donc SX Tour, mais aussi Hexis Tour dans son ensemble, puis début 2018 l’Arenacross UK, même si je ne sais pas encore avec quel team. Ni par conséquent sur quelle moto ? C’est mon agent qui se charge de tout ça, de ce genre de détails. Et moi je m’adapterai, comme toujours ! Hélas, pour revenir au championnat de France, la FFM a modifié le règlement supercross cette saison, adoptant la norme « GP » si l’on veut, en limitant la classe SX2 aux moins de 23 ans. Aussi dois-je rouler en 450. Ça ne me dérange pas, mais si j’avais pu je me serais plutôt aligné en 250 cc, comme en MX et histoire de défendre mon double « bien » de tenant des titres SX2, outdoor et indoor.
Bon, après le trip en Grande Bretagne, connais-tu déjà la suite du film, en 2018 ?
Je poursuivrai avec JPM. Mais dans un rôle un peu différent, sans doute : tout en demeurant pilote dans un premier temps, je pense, je devrais endosser de plus en plus un rôle de manager… Et de moins en moins celui de pilote ! Voilà, c’est un scoop ?
Bravo, champion !
Salut les p’tits n’veux ! Le championnat de France Elite ’17 a baissé le rideau dimanche dernier à Pernes-les-Fontaines. Tandis que l’inoxydable Xavier Boog remportait un nouveau titre, le troisième de sa carrière en grosse cylindrée et son premier sur une Honda (Team SR-Motoblouz), en 250 cc la couronne est revenue à Florent Richier. « L’ancien » de la catégorie, 32 ans (il en a eu 33 ce mercredi : heureux anniv’ garçon !) a enfin obtenu son premier sacre à l’échelon national suprême…
J’ai donc tenu à tailler une bavette avec le nouveau champion de France MX2, naturellement. Car c’est toujours un plaisir de partager un moment, de faire un brin de causette avec le Gardois, le genre de bon client qui a toujours quelque chose à raconter. Ah, d’ailleurs un conseil au passage : cette courte interview mérite d’être lue jusqu’à la dernière ligne, plutôt inattendue…
Sacré Flo ! Quelle drôle de carrière, définitivement atypique. Relancée, le saviez-vous, en 2005, à 21 ans, grâce à un titre 125 National conquis au guidon d’une TM. Un fait d’armes qui l’avait remis sur les bons rails après en quelque sorte un premier « jet d’éponge ». Eh oui, comme quoi, contrairement à tout ce qui vient d’être écrit à droite-à gauche, Florent Richier avait déjà été sacré champion de France avant cette (première) couronne Elite décrochée le week-end dernier… Fin de parenthèse. Pour en ouvrir une autre, peut-être ? Allez, je me souviens, à l’époque j’avais questionné Flo pour MX France (ou Motocross France, comme ce fut nommé par la suite) et il m’avait alors expliqué : « J’ai débuté aux côtés des frères Pourcel, de Seb’ en particulier, nous sommes de la même génération. Mais tandis qu’eux ont très vite progressé au sortir de leur période 80 cc, moi je n’ai pas connu la même réussite, loin de là ! Trois saisons de suite j’ai accumulé les blessures : tassement de vertèbres, fémur, malléole, tibia-péroné et j’en passe ! A tel point que j’ai vraiment failli tout laisser tomber ».
Mais le virus du cross a été le plus fort : plus pressant que l’appel de papa Richier, viticulteur gardois, qui proposait à son fils de l’aider à s’occuper de ses vignes… Flo a persévéré et il a alors enclenché la seconde, dirons-nous, se lançant à corps perdu dans un parcours original, qui l’a souvent mené bien loin de son Languedoc-Roussillon natal ! En effet, saisissant les occasions au fil de diverses rencontres et surtout n’hésitant jamais à prendre des risques, à se remettre en question, le Sudiste a choisi l’exil et près d’une dizaine d’années durant il a joué au chasseur de primes de l’autre côté du Rhin et souvent nettement plus à l’est de l’Europe encore. Aujourd’hui revenu au pays, sa carte de visite traduit le bien-fondé de cette option, si peu évidente a priori : sept fois champion d’Allemagne MX, deux fois titré en SX outre-Rhin, deux fois couronné en République Tchèque, sans oublier de multiples places d’honneur dans ces mêmes séries et toutes sortes de prestations de premier plan sur tous les plus gros supercross organisés un peu partout en Europe, au Danemark, en Suède, en Grèce…
Tu as aimé cette vie de globe-trotter ?
Oui, pour sûr, même si au départ je n’ai pas complètement choisi : ça s’est trouvé un peu comme ça, en fait. J’ai eu un parcours « différent », on va dire, c’est certain et au final j’en suis ravi, mais si ça s’est déroulé de cette façon, faut avouer que c’est un peu parce que la porte des Grands Prix s’était refermée devant moi, en vérité… En tous cas j’ai vécu de très belles années, je me suis régalé de bout en bout et, même si ne suis pas devenu milliardaire, j’ai ainsi pu pratiquer mon sport à un niveau très élevé, dans d’excellentes conditions, côtoyer d’immenses champions, remporter des courses prestigieuses et coiffer des couronnes sur des championnats très convoités. Et puis j’ai toujours apprécié de voyager, de voir du pays, de rencontrer des tas de gens intéressants, en me baladant un peu partout… Le seul pays qui manque à mon tableau de chasse, c’est les USA ! Jamais je n’ai roulé en Amérique. A un moment j’ai bien eu une proposition de Pro Circuit, mais ça ne s’est pas concrétisé. Ça peut peut-être sembler un peu bizarre, vu le reste de mon histoire, mais c’est comme ça. Oh, je pense que j’irai, un jour, pour découvrir et à l’occasion avoir le plaisir de rouler sur les circuits US, même s’il est certain que je caresse toujours l’espoir de participer à un outdoor, un jour, qui sait ? Ce serait pas mal !
Ce qui a beaucoup compté dans ta réussite à l’étranger, dans ton parcours de « mercenaire » si l’on peut dire, c’est cette incroyable faculté à t’adapter à n’importe quelle monture, peu importe la marque et la cylindrée… Un truc de fou, unique !
C’est vrai, j’ai toujours changé de moto sans problème, passant de l’une à l’autre avec la plus grande facilité. Il m’est arrivé certains week-ends de participer à trois épreuves différentes avec trois machines différentes ! Cross ou supercross, 250 ou 450… En France ou en République Tchèque sur une Yamaha ou une Suzuki, en Angleterre sur une Honda et sur tel ou tel supercross, au Danemark ou ailleurs, sur une Kawasaki, par exemple… Pas de souci ! Il y a des mecs qui n’ont jamais pu comprendre un truc pareil, cela dit, il y en a qui n’en reviennent pas. Mais moi ça ne me gêne pas. De même, rouler en deux-et-demie, je ne fais pas de différence. La 250, c’est une cylindrée que j’aime bien. Quand je suis arrivé chez JPM, c’était pour remplacer Seb’, sur une 450 Yamaha. Puis on s’est bien entendu, ça s’est très bien passé avec le team, alors je suis resté et on a commencé à obtenir des résultats. Lorsque l’équipe a voulu s’impliquer en 250 cc, j’ai tout de suite dit que ça m’intéressait et j’ai changé une fois de plus de catégorie. Là-dessus, il y a eu le passage sur Suzuki et une fois encore je me suis très vite adapté. Comme d’hab’ ! Et aujourd’hui je me régale sur la 250 Suz’…
En Elite MX2 tu es le « vieux », face à une meute de gamins, tu vis ça comment ?
Très bien ! Honnêtement, je ne fais pas attention à ça. Je ne regarde pas, ni mon âge, ni celui de mes concurrents. Evidemment, de mon côté je n’ai plus la fougue d’un type de 17 ans, mais j’ai pour moi une certaine dose d’expérience et à mon sens ça compense, au bout du compte tout ça, ça se vaut. Et puis je pense que je suis plutôt respecté, dans l’ensemble. Même si, bien sûr, les jeunes, s’ils peuvent me battre, ils ne s’en privent pas ! Ils se font un plaisir de me devancer et c’est même une source de motivation pour eux d’aller taper l’ancien… Mais, franchement, moi je ne fais pas de différence.
C’est une grosse satisfaction, ce titre Elite ?
Oui, c’est bien mon premier à l’échelon de l’Elite ! C’était mon objectif principal de la saison et j’avais couru après l’an dernier, où à la fin j’avais loupé mon coup d’assez peu, donc je suis plutôt satisfait d’avoir transformé l’essai, cette fois…
Drôle de championnat, avec six vainqueurs différents en six épreuves !
Ouais, c’est la démonstration de l’homogénéité de cette catégorie, en vérité. Six ou sept pilotes, peut-être davantage étaient en mesure de s’imposer et les départs ont revêtu une importance primordiale. Si l’on ne s’élançait pas dans le top-6, voire 7 ou 8 maximum, impossible d’espérer gagner ! Parti au cœur du peloton, un mec fort dans un bon jour pouvait peut-être espérer finir sur le podium, mais certainement pas sur la plus haute marche, no way ! La clef, c’était le départ. Il n’y a qu’à voir le cas d’Arnaud Aubin : auteur d’un max’ de holeshots, c’est lui qui a remporté le plus grand nombre de manches !
Justement, un mot sur chacun de tes (jeunes) rivaux, au moins ceux qui ont réussi à décrocher une victoire, comme toi-même à Saint-Thibéry…
Nono (Aubin), comme je viens de le dire, a réussi de bons départs et ça l’a bien aidé. Mais, pour moi, il reste un Aubin, c’est à dire qu’il a un grand frère qui connaît bien le motocross, qui a réussi de gros trucs au plus haut niveau et qui est toujours de bon conseil pour son cadet. Et celui-ci a tout compris dans l’art de mettre en pratique les conseils de Nico…
Boisramé, c’est le champion 2016. Un super pilote. Je ne le connais pas trop et pour moi il restait un peu une énigme : pourquoi ce gars si rapide n’obtenait-il pas de meilleurs résultats en championnat d’Europe ? Cette saison, après son succès de Saint-Jean, impeccable, il s’est blessé à Romagné. Ça a fichu saison en l’air mais on a bien vite pu constater, dès son retour à Ernée en EMX2, de quoi il était capable. Que c’est un tout bon, qui ne lâche rien et qui pourrait bien devenir un vrai top tricolore !
Dercourt aussi est un excellent pilote. Super technique. Mais d’une part il souffre de ses départs de merde, extrêmement pénalisants, ensuite il n’est pas non plus aidé par son matériel : il est loin de disposer de la meilleure moto, j’en ai bien peur. C’est dommage, parce que le garçon a bien progressé, on sent cette saison qu’il a davantage la tête sur les épaules. Il peut aller loin, je pense.
Toto, ah lui c’est mon ami ! Mon AMI. Anthony (Boissière) a été un modèle pour moi. Je le connais depuis toujours, nos parents étaient proches et quelque part nous n’avons jamais cessé d’être en contact, même si nos carrières ont été si différentes… Il a toujours travaillé comme un fou, c’était un gros bosseur et il s’est ainsi construit un sacré palmarès : Grands Prix, ISDE, etc. Total respect !
Jimmy Clochet, lui c’est la surprise ! Un type à surveiller parce que, à mon avis, ce sera un super pilote de 450 cc. S’il continue à bosser, il peut devenir un client très sérieux en Elite.
Enfin, Tom Vialle, lui aussi m’a bluffé. C’est marrant, à l’opposé de son père, c’est un môme qui reste dans son coin, très discret. Mais il possède déjà un gros bagage technique. Quelque part, eh, c’est l’avenir !
Après le MX, ça va vite enchaîner sur le SX : SX Tour, puis United Kingdom Arenacross et compagnie ?
Oui, c’est prévu comme ça… Je suis en forme et moi qui vis moto, mange moto, dors moto, je suis heureux… Enfin, je l’étais jusqu’à ce lundi pourri où l’on a appris ce qui est arrivé à Steven (Lenoir) ! Forcément, face à un événement pareil, on relativise et je dois avouer que c’est dur à encaisser. Je n’ai plus 18 ans : à cet âge-là, on passe vite à autre chose, là je sens que je vieillis, je me sens très marqué. Je pense à son pote Ramette, par exemple. Bien sûr, lui aussi, dans quinze jours il sera à donf’, derrière son guidon, parce que ce sont des choses qui peuvent arriver à n’importe qui, mais auxquelles on préfère ne pas penser…
(Un ange passe… Sans aucun doute bardé du # 685…)
Alors oui, le programme à venir c’est donc SX Tour, mais aussi Hexis Tour dans son ensemble, puis début 2018 l’Arenacross UK, même si je ne sais pas encore avec quel team. Ni par conséquent sur quelle moto ? C’est mon agent qui se charge de tout ça, de ce genre de détails. Et moi je m’adapterai, comme toujours ! Hélas, pour revenir au championnat de France, la FFM a modifié le règlement supercross cette saison, adoptant la norme « GP » si l’on veut, en limitant la classe SX2 aux moins de 23 ans. Aussi dois-je rouler en 450. Ça ne me dérange pas, mais si j’avais pu je me serais plutôt aligné en 250 cc, comme en MX et histoire de défendre mon double « bien » de tenant des titres SX2, outdoor et indoor.
Bon, après le trip en Grande Bretagne, connais-tu déjà la suite du film, en 2018 ?
Je poursuivrai avec JPM. Mais dans un rôle un peu différent, sans doute : tout en demeurant pilote dans un premier temps, je pense, je devrais endosser de plus en plus un rôle de manager… Et de moins en moins celui de pilote ! Voilà, c’est un scoop ?
Bravo, champion !
Salut les p’tits n’veux ! Le championnat de France Elite ’17 a baissé le rideau dimanche dernier à Pernes-les-Fontaines. Tandis que l’inoxydable Xavier Boog remportait un nouveau titre, le troisième de sa carrière en grosse cylindrée et son premier sur une Honda (Team SR-Motoblouz), en 250 cc la couronne est revenue à Florent Richier. « L’ancien » de la catégorie, 32 ans (il en a eu 33 ce mercredi : heureux anniv’ garçon !) a enfin obtenu son premier sacre à l’échelon national suprême…
J’ai donc tenu à tailler une bavette avec le nouveau champion de France MX2, naturellement. Car c’est toujours un plaisir de partager un moment, de faire un brin de causette avec le Gardois, le genre de bon client qui a toujours quelque chose à raconter. Ah, d’ailleurs un conseil au passage : cette courte interview mérite d’être lue jusqu’à la dernière ligne, plutôt inattendue…
Sacré Flo ! Quelle drôle de carrière, définitivement atypique. Relancée, le saviez-vous, en 2005, à 21 ans, grâce à un titre 125 National conquis au guidon d’une TM. Un fait d’armes qui l’avait remis sur les bons rails après en quelque sorte un premier « jet d’éponge ». Eh oui, comme quoi, contrairement à tout ce qui vient d’être écrit à droite-à gauche, Florent Richier avait déjà été sacré champion de France avant cette (première) couronne Elite décrochée le week-end dernier… Fin de parenthèse. Pour en ouvrir une autre, peut-être ? Allez, je me souviens, à l’époque j’avais questionné Flo pour MX France (ou Motocross France, comme ce fut nommé par la suite) et il m’avait alors expliqué : « J’ai débuté aux côtés des frères Pourcel, de Seb’ en particulier, nous sommes de la même génération. Mais tandis qu’eux ont très vite progressé au sortir de leur période 80 cc, moi je n’ai pas connu la même réussite, loin de là ! Trois saisons de suite j’ai accumulé les blessures : tassement de vertèbres, fémur, malléole, tibia-péroné et j’en passe ! A tel point que j’ai vraiment failli tout laisser tomber ».
Mais le virus du cross a été le plus fort : plus pressant que l’appel de papa Richier, viticulteur gardois, qui proposait à son fils de l’aider à s’occuper de ses vignes… Flo a persévéré et il a alors enclenché la seconde, dirons-nous, se lançant à corps perdu dans un parcours original, qui l’a souvent mené bien loin de son Languedoc-Roussillon natal ! En effet, saisissant les occasions au fil de diverses rencontres et surtout n’hésitant jamais à prendre des risques, à se remettre en question, le Sudiste a choisi l’exil et près d’une dizaine d’années durant il a joué au chasseur de primes de l’autre côté du Rhin et souvent nettement plus à l’est de l’Europe encore. Aujourd’hui revenu au pays, sa carte de visite traduit le bien-fondé de cette option, si peu évidente a priori : sept fois champion d’Allemagne MX, deux fois titré en SX outre-Rhin, deux fois couronné en République Tchèque, sans oublier de multiples places d’honneur dans ces mêmes séries et toutes sortes de prestations de premier plan sur tous les plus gros supercross organisés un peu partout en Europe, au Danemark, en Suède, en Grèce…
Tu as aimé cette vie de globe-trotter ?
Oui, pour sûr, même si au départ je n’ai pas complètement choisi : ça s’est trouvé un peu comme ça, en fait. J’ai eu un parcours « différent », on va dire, c’est certain et au final j’en suis ravi, mais si ça s’est déroulé de cette façon, faut avouer que c’est un peu parce que la porte des Grands Prix s’était refermée devant moi, en vérité… En tous cas j’ai vécu de très belles années, je me suis régalé de bout en bout et, même si ne suis pas devenu milliardaire, j’ai ainsi pu pratiquer mon sport à un niveau très élevé, dans d’excellentes conditions, côtoyer d’immenses champions, remporter des courses prestigieuses et coiffer des couronnes sur des championnats très convoités. Et puis j’ai toujours apprécié de voyager, de voir du pays, de rencontrer des tas de gens intéressants, en me baladant un peu partout… Le seul pays qui manque à mon tableau de chasse, c’est les USA ! Jamais je n’ai roulé en Amérique. A un moment j’ai bien eu une proposition de Pro Circuit, mais ça ne s’est pas concrétisé. Ça peut peut-être sembler un peu bizarre, vu le reste de mon histoire, mais c’est comme ça. Oh, je pense que j’irai, un jour, pour découvrir et à l’occasion avoir le plaisir de rouler sur les circuits US, même s’il est certain que je caresse toujours l’espoir de participer à un outdoor, un jour, qui sait ? Ce serait pas mal !
Ce qui a beaucoup compté dans ta réussite à l’étranger, dans ton parcours de « mercenaire » si l’on peut dire, c’est cette incroyable faculté à t’adapter à n’importe quelle monture, peu importe la marque et la cylindrée… Un truc de fou, unique !
C’est vrai, j’ai toujours changé de moto sans problème, passant de l’une à l’autre avec la plus grande facilité. Il m’est arrivé certains week-ends de participer à trois épreuves différentes avec trois machines différentes ! Cross ou supercross, 250 ou 450… En France ou en République Tchèque sur une Yamaha ou une Suzuki, en Angleterre sur une Honda et sur tel ou tel supercross, au Danemark ou ailleurs, sur une Kawasaki, par exemple… Pas de souci ! Il y a des mecs qui n’ont jamais pu comprendre un truc pareil, cela dit, il y en a qui n’en reviennent pas. Mais moi ça ne me gêne pas. De même, rouler en deux-et-demie, je ne fais pas de différence. La 250, c’est une cylindrée que j’aime bien. Quand je suis arrivé chez JPM, c’était pour remplacer Seb’, sur une 450 Yamaha. Puis on s’est bien entendu, ça s’est très bien passé avec le team, alors je suis resté et on a commencé à obtenir des résultats. Lorsque l’équipe a voulu s’impliquer en 250 cc, j’ai tout de suite dit que ça m’intéressait et j’ai changé une fois de plus de catégorie. Là-dessus, il y a eu le passage sur Suzuki et une fois encore je me suis très vite adapté. Comme d’hab’ ! Et aujourd’hui je me régale sur la 250 Suz’…
En Elite MX2 tu es le « vieux », face à une meute de gamins, tu vis ça comment ?
Très bien ! Honnêtement, je ne fais pas attention à ça. Je ne regarde pas, ni mon âge, ni celui de mes concurrents. Evidemment, de mon côté je n’ai plus la fougue d’un type de 17 ans, mais j’ai pour moi une certaine dose d’expérience et à mon sens ça compense, au bout du compte tout ça, ça se vaut. Et puis je pense que je suis plutôt respecté, dans l’ensemble. Même si, bien sûr, les jeunes, s’ils peuvent me battre, ils ne s’en privent pas ! Ils se font un plaisir de me devancer et c’est même une source de motivation pour eux d’aller taper l’ancien… Mais, franchement, moi je ne fais pas de différence.
C’est une grosse satisfaction, ce titre Elite ?
Oui, c’est bien mon premier à l’échelon de l’Elite ! C’était mon objectif principal de la saison et j’avais couru après l’an dernier, où à la fin j’avais loupé mon coup d’assez peu, donc je suis plutôt satisfait d’avoir transformé l’essai, cette fois…
Drôle de championnat, avec six vainqueurs différents en six épreuves !
Ouais, c’est la démonstration de l’homogénéité de cette catégorie, en vérité. Six ou sept pilotes, peut-être davantage étaient en mesure de s’imposer et les départs ont revêtu une importance primordiale. Si l’on ne s’élançait pas dans le top-6, voire 7 ou 8 maximum, impossible d’espérer gagner ! Parti au cœur du peloton, un mec fort dans un bon jour pouvait peut-être espérer finir sur le podium, mais certainement pas sur la plus haute marche, no way ! La clef, c’était le départ. Il n’y a qu’à voir le cas d’Arnaud Aubin : auteur d’un max’ de holeshots, c’est lui qui a remporté le plus grand nombre de manches !
Justement, un mot sur chacun de tes (jeunes) rivaux, au moins ceux qui ont réussi à décrocher une victoire, comme toi-même à Saint-Thibéry…
Nono (Aubin), comme je viens de le dire, a réussi de bons départs et ça l’a bien aidé. Mais, pour moi, il reste un Aubin, c’est à dire qu’il a un grand frère qui connaît bien le motocross, qui a réussi de gros trucs au plus haut niveau et qui est toujours de bon conseil pour son cadet. Et celui-ci a tout compris dans l’art de mettre en pratique les conseils de Nico…
Boisramé, c’est le champion 2016. Un super pilote. Je ne le connais pas trop et pour moi il restait un peu une énigme : pourquoi ce gars si rapide n’obtenait-il pas de meilleurs résultats en championnat d’Europe ? Cette saison, après son succès de Saint-Jean, impeccable, il s’est blessé à Romagné. Ça a fichu saison en l’air mais on a bien vite pu constater, dès son retour à Ernée en EMX2, de quoi il était capable. Que c’est un tout bon, qui ne lâche rien et qui pourrait bien devenir un vrai top tricolore !
Dercourt aussi est un excellent pilote. Super technique. Mais d’une part il souffre de ses départs de merde, extrêmement pénalisants, ensuite il n’est pas non plus aidé par son matériel : il est loin de disposer de la meilleure moto, j’en ai bien peur. C’est dommage, parce que le garçon a bien progressé, on sent cette saison qu’il a davantage la tête sur les épaules. Il peut aller loin, je pense.
Toto, ah lui c’est mon ami ! Mon AMI. Anthony (Boissière) a été un modèle pour moi. Je le connais depuis toujours, nos parents étaient proches et quelque part nous n’avons jamais cessé d’être en contact, même si nos carrières ont été si différentes… Il a toujours travaillé comme un fou, c’était un gros bosseur et il s’est ainsi construit un sacré palmarès : Grands Prix, ISDE, etc. Total respect !
Jimmy Clochet, lui c’est la surprise ! Un type à surveiller parce que, à mon avis, ce sera un super pilote de 450 cc. S’il continue à bosser, il peut devenir un client très sérieux en Elite.
Enfin, Tom Vialle, lui aussi m’a bluffé. C’est marrant, à l’opposé de son père, c’est un môme qui reste dans son coin, très discret. Mais il possède déjà un gros bagage technique. Quelque part, eh, c’est l’avenir !
Après le MX, ça va vite enchaîner sur le SX : SX Tour, puis United Kingdom Arenacross et compagnie ?
Oui, c’est prévu comme ça… Je suis en forme et moi qui vis moto, mange moto, dors moto, je suis heureux… Enfin, je l’étais jusqu’à ce lundi pourri où l’on a appris ce qui est arrivé à Steven (Lenoir) ! Forcément, face à un événement pareil, on relativise et je dois avouer que c’est dur à encaisser. Je n’ai plus 18 ans : à cet âge-là, on passe vite à autre chose, là je sens que je vieillis, je me sens très marqué. Je pense à son pote Ramette, par exemple. Bien sûr, lui aussi, dans quinze jours il sera à donf’, derrière son guidon, parce que ce sont des choses qui peuvent arriver à n’importe qui, mais auxquelles on préfère ne pas penser…
(Un ange passe… Sans aucun doute bardé du # 685…)
Alors oui, le programme à venir c’est donc SX Tour, mais aussi Hexis Tour dans son ensemble, puis début 2018 l’Arenacross UK, même si je ne sais pas encore avec quel team. Ni par conséquent sur quelle moto ? C’est mon agent qui se charge de tout ça, de ce genre de détails. Et moi je m’adapterai, comme toujours ! Hélas, pour revenir au championnat de France, la FFM a modifié le règlement supercross cette saison, adoptant la norme « GP » si l’on veut, en limitant la classe SX2 aux moins de 23 ans. Aussi dois-je rouler en 450. Ça ne me dérange pas, mais si j’avais pu je me serais plutôt aligné en 250 cc, comme en MX et histoire de défendre mon double « bien » de tenant des titres SX2, outdoor et indoor.
Bon, après le trip en Grande Bretagne, connais-tu déjà la suite du film, en 2018 ?
Je poursuivrai avec JPM. Mais dans un rôle un peu différent, sans doute : tout en demeurant pilote dans un premier temps, je pense, je devrais endosser de plus en plus un rôle de manager… Et de moins en moins celui de pilote ! Voilà, c’est un scoop ?
Bravo, champion !
Salut les p’tits n’veux ! Le championnat de France Elite ’17 a baissé le rideau dimanche dernier à Pernes-les-Fontaines. Tandis que l’inoxydable Xavier Boog remportait un nouveau titre, le troisième de sa carrière en grosse cylindrée et son premier sur une Honda (Team SR-Motoblouz), en 250 cc la couronne est revenue à Florent Richier. « L’ancien » de la catégorie, 32 ans (il en a eu 33 ce mercredi : heureux anniv’ garçon !) a enfin obtenu son premier sacre à l’échelon national suprême…
J’ai donc tenu à tailler une bavette avec le nouveau champion de France MX2, naturellement. Car c’est toujours un plaisir de partager un moment, de faire un brin de causette avec le Gardois, le genre de bon client qui a toujours quelque chose à raconter. Ah, d’ailleurs un conseil au passage : cette courte interview mérite d’être lue jusqu’à la dernière ligne, plutôt inattendue…
Sacré Flo ! Quelle drôle de carrière, définitivement atypique. Relancée, le saviez-vous, en 2005, à 21 ans, grâce à un titre 125 National conquis au guidon d’une TM. Un fait d’armes qui l’avait remis sur les bons rails après en quelque sorte un premier « jet d’éponge ». Eh oui, comme quoi, contrairement à tout ce qui vient d’être écrit à droite-à gauche, Florent Richier avait déjà été sacré champion de France avant cette (première) couronne Elite décrochée le week-end dernier… Fin de parenthèse. Pour en ouvrir une autre, peut-être ? Allez, je me souviens, à l’époque j’avais questionné Flo pour MX France (ou Motocross France, comme ce fut nommé par la suite) et il m’avait alors expliqué : « J’ai débuté aux côtés des frères Pourcel, de Seb’ en particulier, nous sommes de la même génération. Mais tandis qu’eux ont très vite progressé au sortir de leur période 80 cc, moi je n’ai pas connu la même réussite, loin de là ! Trois saisons de suite j’ai accumulé les blessures : tassement de vertèbres, fémur, malléole, tibia-péroné et j’en passe ! A tel point que j’ai vraiment failli tout laisser tomber ».
Mais le virus du cross a été le plus fort : plus pressant que l’appel de papa Richier, viticulteur gardois, qui proposait à son fils de l’aider à s’occuper de ses vignes… Flo a persévéré et il a alors enclenché la seconde, dirons-nous, se lançant à corps perdu dans un parcours original, qui l’a souvent mené bien loin de son Languedoc-Roussillon natal ! En effet, saisissant les occasions au fil de diverses rencontres et surtout n’hésitant jamais à prendre des risques, à se remettre en question, le Sudiste a choisi l’exil et près d’une dizaine d’années durant il a joué au chasseur de primes de l’autre côté du Rhin et souvent nettement plus à l’est de l’Europe encore. Aujourd’hui revenu au pays, sa carte de visite traduit le bien-fondé de cette option, si peu évidente a priori : sept fois champion d’Allemagne MX, deux fois titré en SX outre-Rhin, deux fois couronné en République Tchèque, sans oublier de multiples places d’honneur dans ces mêmes séries et toutes sortes de prestations de premier plan sur tous les plus gros supercross organisés un peu partout en Europe, au Danemark, en Suède, en Grèce…
Tu as aimé cette vie de globe-trotter ?
Oui, pour sûr, même si au départ je n’ai pas complètement choisi : ça s’est trouvé un peu comme ça, en fait. J’ai eu un parcours « différent », on va dire, c’est certain et au final j’en suis ravi, mais si ça s’est déroulé de cette façon, faut avouer que c’est un peu parce que la porte des Grands Prix s’était refermée devant moi, en vérité… En tous cas j’ai vécu de très belles années, je me suis régalé de bout en bout et, même si ne suis pas devenu milliardaire, j’ai ainsi pu pratiquer mon sport à un niveau très élevé, dans d’excellentes conditions, côtoyer d’immenses champions, remporter des courses prestigieuses et coiffer des couronnes sur des championnats très convoités. Et puis j’ai toujours apprécié de voyager, de voir du pays, de rencontrer des tas de gens intéressants, en me baladant un peu partout… Le seul pays qui manque à mon tableau de chasse, c’est les USA ! Jamais je n’ai roulé en Amérique. A un moment j’ai bien eu une proposition de Pro Circuit, mais ça ne s’est pas concrétisé. Ça peut peut-être sembler un peu bizarre, vu le reste de mon histoire, mais c’est comme ça. Oh, je pense que j’irai, un jour, pour découvrir et à l’occasion avoir le plaisir de rouler sur les circuits US, même s’il est certain que je caresse toujours l’espoir de participer à un outdoor, un jour, qui sait ? Ce serait pas mal !
Ce qui a beaucoup compté dans ta réussite à l’étranger, dans ton parcours de « mercenaire » si l’on peut dire, c’est cette incroyable faculté à t’adapter à n’importe quelle monture, peu importe la marque et la cylindrée… Un truc de fou, unique !
C’est vrai, j’ai toujours changé de moto sans problème, passant de l’une à l’autre avec la plus grande facilité. Il m’est arrivé certains week-ends de participer à trois épreuves différentes avec trois machines différentes ! Cross ou supercross, 250 ou 450… En France ou en République Tchèque sur une Yamaha ou une Suzuki, en Angleterre sur une Honda et sur tel ou tel supercross, au Danemark ou ailleurs, sur une Kawasaki, par exemple… Pas de souci ! Il y a des mecs qui n’ont jamais pu comprendre un truc pareil, cela dit, il y en a qui n’en reviennent pas. Mais moi ça ne me gêne pas. De même, rouler en deux-et-demie, je ne fais pas de différence. La 250, c’est une cylindrée que j’aime bien. Quand je suis arrivé chez JPM, c’était pour remplacer Seb’, sur une 450 Yamaha. Puis on s’est bien entendu, ça s’est très bien passé avec le team, alors je suis resté et on a commencé à obtenir des résultats. Lorsque l’équipe a voulu s’impliquer en 250 cc, j’ai tout de suite dit que ça m’intéressait et j’ai changé une fois de plus de catégorie. Là-dessus, il y a eu le passage sur Suzuki et une fois encore je me suis très vite adapté. Comme d’hab’ ! Et aujourd’hui je me régale sur la 250 Suz’…
En Elite MX2 tu es le « vieux », face à une meute de gamins, tu vis ça comment ?
Très bien ! Honnêtement, je ne fais pas attention à ça. Je ne regarde pas, ni mon âge, ni celui de mes concurrents. Evidemment, de mon côté je n’ai plus la fougue d’un type de 17 ans, mais j’ai pour moi une certaine dose d’expérience et à mon sens ça compense, au bout du compte tout ça, ça se vaut. Et puis je pense que je suis plutôt respecté, dans l’ensemble. Même si, bien sûr, les jeunes, s’ils peuvent me battre, ils ne s’en privent pas ! Ils se font un plaisir de me devancer et c’est même une source de motivation pour eux d’aller taper l’ancien… Mais, franchement, moi je ne fais pas de différence.
C’est une grosse satisfaction, ce titre Elite ?
Oui, c’est bien mon premier à l’échelon de l’Elite ! C’était mon objectif principal de la saison et j’avais couru après l’an dernier, où à la fin j’avais loupé mon coup d’assez peu, donc je suis plutôt satisfait d’avoir transformé l’essai, cette fois…
Drôle de championnat, avec six vainqueurs différents en six épreuves !
Ouais, c’est la démonstration de l’homogénéité de cette catégorie, en vérité. Six ou sept pilotes, peut-être davantage étaient en mesure de s’imposer et les départs ont revêtu une importance primordiale. Si l’on ne s’élançait pas dans le top-6, voire 7 ou 8 maximum, impossible d’espérer gagner ! Parti au cœur du peloton, un mec fort dans un bon jour pouvait peut-être espérer finir sur le podium, mais certainement pas sur la plus haute marche, no way ! La clef, c’était le départ. Il n’y a qu’à voir le cas d’Arnaud Aubin : auteur d’un max’ de holeshots, c’est lui qui a remporté le plus grand nombre de manches !
Justement, un mot sur chacun de tes (jeunes) rivaux, au moins ceux qui ont réussi à décrocher une victoire, comme toi-même à Saint-Thibéry…
Nono (Aubin), comme je viens de le dire, a réussi de bons départs et ça l’a bien aidé. Mais, pour moi, il reste un Aubin, c’est à dire qu’il a un grand frère qui connaît bien le motocross, qui a réussi de gros trucs au plus haut niveau et qui est toujours de bon conseil pour son cadet. Et celui-ci a tout compris dans l’art de mettre en pratique les conseils de Nico…
Boisramé, c’est le champion 2016. Un super pilote. Je ne le connais pas trop et pour moi il restait un peu une énigme : pourquoi ce gars si rapide n’obtenait-il pas de meilleurs résultats en championnat d’Europe ? Cette saison, après son succès de Saint-Jean, impeccable, il s’est blessé à Romagné. Ça a fichu saison en l’air mais on a bien vite pu constater, dès son retour à Ernée en EMX2, de quoi il était capable. Que c’est un tout bon, qui ne lâche rien et qui pourrait bien devenir un vrai top tricolore !
Dercourt aussi est un excellent pilote. Super technique. Mais d’une part il souffre de ses départs de merde, extrêmement pénalisants, ensuite il n’est pas non plus aidé par son matériel : il est loin de disposer de la meilleure moto, j’en ai bien peur. C’est dommage, parce que le garçon a bien progressé, on sent cette saison qu’il a davantage la tête sur les épaules. Il peut aller loin, je pense.
Toto, ah lui c’est mon ami ! Mon AMI. Anthony (Boissière) a été un modèle pour moi. Je le connais depuis toujours, nos parents étaient proches et quelque part nous n’avons jamais cessé d’être en contact, même si nos carrières ont été si différentes… Il a toujours travaillé comme un fou, c’était un gros bosseur et il s’est ainsi construit un sacré palmarès : Grands Prix, ISDE, etc. Total respect !
Jimmy Clochet, lui c’est la surprise ! Un type à surveiller parce que, à mon avis, ce sera un super pilote de 450 cc. S’il continue à bosser, il peut devenir un client très sérieux en Elite.
Enfin, Tom Vialle, lui aussi m’a bluffé. C’est marrant, à l’opposé de son père, c’est un môme qui reste dans son coin, très discret. Mais il possède déjà un gros bagage technique. Quelque part, eh, c’est l’avenir !
Après le MX, ça va vite enchaîner sur le SX : SX Tour, puis United Kingdom Arenacross et compagnie ?
Oui, c’est prévu comme ça… Je suis en forme et moi qui vis moto, mange moto, dors moto, je suis heureux… Enfin, je l’étais jusqu’à ce lundi pourri où l’on a appris ce qui est arrivé à Steven (Lenoir) ! Forcément, face à un événement pareil, on relativise et je dois avouer que c’est dur à encaisser. Je n’ai plus 18 ans : à cet âge-là, on passe vite à autre chose, là je sens que je vieillis, je me sens très marqué. Je pense à son pote Ramette, par exemple. Bien sûr, lui aussi, dans quinze jours il sera à donf’, derrière son guidon, parce que ce sont des choses qui peuvent arriver à n’importe qui, mais auxquelles on préfère ne pas penser…
(Un ange passe… Sans aucun doute bardé du # 685…)
Alors oui, le programme à venir c’est donc SX Tour, mais aussi Hexis Tour dans son ensemble, puis début 2018 l’Arenacross UK, même si je ne sais pas encore avec quel team. Ni par conséquent sur quelle moto ? C’est mon agent qui se charge de tout ça, de ce genre de détails. Et moi je m’adapterai, comme toujours ! Hélas, pour revenir au championnat de France, la FFM a modifié le règlement supercross cette saison, adoptant la norme « GP » si l’on veut, en limitant la classe SX2 aux moins de 23 ans. Aussi dois-je rouler en 450. Ça ne me dérange pas, mais si j’avais pu je me serais plutôt aligné en 250 cc, comme en MX et histoire de défendre mon double « bien » de tenant des titres SX2, outdoor et indoor.
Bon, après le trip en Grande Bretagne, connais-tu déjà la suite du film, en 2018 ?
Je poursuivrai avec JPM. Mais dans un rôle un peu différent, sans doute : tout en demeurant pilote dans un premier temps, je pense, je devrais endosser de plus en plus un rôle de manager… Et de moins en moins celui de pilote ! Voilà, c’est un scoop ?