Serge Guidetty et le team GSM Dafy Michelin Yamaha ont connu une belle année, avec notamment les deux titres en SX Tour avec Maxime Desprey et Greg Aranda. De quoi donner envie au manager du team d’exporter le savoir-faire savoyard aux USA avec ses pilotes ? Il en est question, mais pas tout de suite. Micro.
On a entendu des rumeurs de départ aux US, que peux-tu nous dire là-dessus ?
Serge Guidetty : L’idée était de faire deux épreuves, à savoir San Diego et Anaheim 2, soit les deux derniers week-ends de janvier. Tout de suite après l’annonce et la réflexion sur la mise en place, on s’est rendu compte que c’était compliqué pour cette année d’y aller comme ça, sans trop de préparation. On devait partir après Noël et rentrer juste avant le 10 janvier, avec Greg (Aranda) qui a une échéance très importante avec le SX de Dortmund, puisqu’il est en tête du championnat d’Allemagne. On devait repartir ensuite pour s’adapter aux conditions US, que ce soit au niveau des pistes aux standards de là-bas ou de la moto. Donc, après grosses réflexions, on s’est dit que partir, revenir pour Dortmund, repartir ensuite, avec à chaque fois le décalage horaire à gérer, ça faisait beaucoup de choses gérer et beaucoup d’argent dépensé pour pas grand chose, finalement. Donc on a repoussé le projet à 2025. Sur le programme, la chose importante sur laquelle on s’est engagé avec nos partenaires, ça reste le championnat de France Elite complet, le SX Tour et le WSX. On ne veut pas faire tout et n’importe quoi en dépit du bon sens. Quand on fait, on veut que ça soit bien fait, bien organisé. Si on va là-bas, par exemple, il faut que ça soit avec nos motos, celles qu’on a pris du temps à développer avec nos partenaires.
C’est repoussé pour mieux sauter, donc ?
Serge Guidetty : On travaille très activement sur le projet pour 2025. On avait des partenaires qui nous suivaient dans l’aventure mais il restait des problèmes de logistique à régler. Ça nous laisse une année pour s’organiser et le faire dans de bonnes conditions.
L’idée est rouler toute la saison SX ?
Serge Guidetty : Oui, toute la saison SX, ce qui implique qu’on devra avoir deux structures différentes pour faire le SX US et l’Élite, et donc avec des pilotes différents. On en est vraiment au stade du projet. Je ne veux délaisser aucun de mes pilotes, j’ai autant d’attachements pour Greg que pour Maxime ou Thomas (Ramette). Évidemment, c’est le genre de projet qui coûte cher donc il y aura des choix à faire. Le but n’est pas d’aller faire du tourisme là-bas mais de faire de belles choses avec mes pilotes.
Tu comptes en emmener plusieurs ?
Serge Guidetty : Pour l’instant, on est en pleine réflexion. L’objectif est de monter un projet pour aller faire du SX US en 2025. Du coup ça sera peut-être décalé, on ne fera pas forcément toute la saison en 2025 mais quelques courses et le championnat complet en 2026. On verra. Pour le moment, le projet c’est ça.
Pourquoi as-tu envie de te lancer dans cette aventure ?
Serge Guidetty : Parce que c’est l’évolution qu’on souhaite pour la structure GSM, qui a un ADN Supercross. Le SX est un grand vecteur en terme d’images. Le WSX a permis de sortir des choses intéressantes, au niveau des teams comme des pilotes. Évidemment, les Américains restent les plus forts parce qu’ils évoluent depuis qu’ils sont jeunes sur des pistes d’une minute et font des manches de vingt minutes, là où nos pilotes français ou européens sont formatés pour rouler plutôt sur des pistes de 25/30 secondes pendant sept ou neuf minutes. Ce qui me réjouit, c’est que des pilotes français, australiens ou européens sont capables de s’adapter. Certes, en petit nombre, parce que ce n’est pas évident, mais c’est la preuve qu’il y a une possibilité. Le WSX m’a permis de faire sortir GSM du territoire français, et de montrer qu’un pilote comme Greg Aranda, à qui il manquait peut-être pleins de petits choses jusque là, était capable de mener une manche devant Roczen et de terminer à 25 mètres de lui. Pareil pour Maxime Desprey, qui a montrer qu’il pouvait monter sur des podiums avec des mecs comme Max Anstie. J’aime le SX encore plus que le MX, ça a fait partie de ma vie en tant que pilote et ça reste dans mon ADN. J’ai envie de rêver de belles choses pour un team français.
Qu’est-ce qui manquait à Greg avant, selon toi ?
Serge Guidetty : Peut-être de se sentir plus épaulé, accompagné, avec quelqu’un capable de le conseiller. Une structure avec pas forcément plus de moyens, mais peut-être plus à l’écoute. Ce sont pleins de petites choses qui font qu’il s’est senti bien. Il arrive aussi à un âge où les choses se mettent en place parce qu’il a traversé des périodes plus difficiles. Le travail avec Didier Rochette, notre préparateur physique, y fait pour beaucoup aussi dans la volonté de travail de Greg, tout comme la partie technique avec nos mécanos Lilian ou Romain. On a vraiment une super équipe, et c’est bénéfique pour les pilotes qui sentent que ça pousse derrière eux. Ça apporte beaucoup. On a une très bonne moto, avec de bonnes suspensions et un bon moteur. Ce n’est pas un hasard si Greg a réalisé une aussi bonne saison. Il a fait beaucoup d’efforts en matière d’entraînement, de suivi médical, d’alimentation… Les choses se sont mises en place parce que c’était le bon moment, et j’ai peut-être su les amener grâce aux personnes qui l’entourent. Et c’est pareil pour Maxime.
Du coup, c’est la off season pour vous là ?
Serge Guidetty : Oui et non, parce qu’on va faire une batterie de test avec Greg à la fin de la semaine pour définir des choix pour la saison prochaine. Max est off là parce qu’il revient du Zimbabwe. On va aussi faire quelques tests légers avec lui bientôt, et après il coupera jusqu’à début janvier.
Par Rich’.