Greg Aranda réalise une superbe saison de motocross, puisqu’il est à l’heure actuelle en tête du championnat de France Elite en MX1. De bon augure avant le championnat du monde WSX qui s’annonce, d’autant que notre sudiste préfère le Supercross, et y est encore plus à l’aise qu’en SX. À un peu plus de deux mois du GP de France WSX qui aura lieu au Groupama Stadium de Lyon (69) le 22 juillet prochain, on a voulu en savoir sur son état d’esprit, son bilan de ce début de saison et ses objectifs sur ce championnat qu’il va découvrir.
Déjà, comment va la santé, puisque tu t’es fait mal à Bitche ?
Oui, je me suis fait une entorse acromio-claviculaire. Dix jours de repos et ça ira ! J’ai l’attelle normalement pendant dix jours et ensuite j’attaque avec les séances de kiné, ça devrait aller.
Comment se passe cette première année chez GSM ?
Ça roule super bien. On était même surpris du début de saison, parce que je ne m’attendais pas à être devant comme ça. Il y a une super bonne entente dans le team. On a fait de très bonnes sessions d’entraînements cet hiver tous ensemble. Tout se passe pour le mieux. Même si j’ai été personnellement un peu moins bien ces dernières courses, à cause de la pression de cette plaque rouge. Le début de saison a a été tellement bon que maintenant quand je suis quatre ou cinq, je suis déçu. Je veux rouler devant. On est toujours en bagarre sur le titre, donc c’est cool.
Tu parles du début de saison, on t’a vu même pas si loin de Jeffrey Herlings. Ça doit faire du bien mentalement, j’imagine ?
Oui, carrément. Quand un peu plus de dix minutes dans la manche j’étais encore dans la roue de Jeffrey, sûr que ça fait plaisir. Je me suis dit que j’étais vraiment bien sur la moto. La nouvelle Yamaha me va vraiment bien en MX. Physiquement, il en manquait un peu parce que c’était le début de saison, mais ça allait bien aussi. Me retrouver devant comme ça au championnat, c’était très positif !
“A la base l’objectif c’était vraiment le WSX” Greg Aranda.
Tu as un point d’avance après l’épreuve de Bitche en 24MX Tour. Il reste deux épreuves, dont la finale à Iffendic le lendemain de l’ouverture du WSX. Comment ça va se gérer ?
Le samedi soir on sera au WSX, et on va rentrer dans la nuit pour être présent sur la finale de l’Elite le dimanche matin. Ça va être super difficile mais il y a un titre en jeu. Ce sont de gros objectifs pour moi comme pour le team, donc on va faire notre maximum pour aller jusqu’au bout.
C’est déjà calé, niveau logistique ?
Non, je ne crois pas, on n’a pas encore bien regardé. Mais la course du WSX et la finale du championnat de France est dans le nord de la France (NDR : à Iffendic, en Bretagne, mais c’est pareil pour un sudiste !), donc ça devrait être faisable.
Tu étais supposé rouler déjà en WSX l’an dernier avec Bud Racing, avant de te blesser à la main juste avant. As-tu tout de même suivi cette année « pilote » avec attention ?
Ah oui, j’ai tout suivi à bloc ! J’étais vraiment déçu de m’être blessé juste avant. J’étais très motivé. Le format de course me plaît. Dès que j’ai eu l’occasion cette année de signer avec le team pour pouvoir faire ce championnat, j’ai sauté sur l’occasion.
Justement, tu as pense que Serge Guidetty t’as signé parce que tu es bon en MX comme en SX ?
Oui, et à la base l’objectif c’était vraiment le WSX. On faisait le 24MX Tour sans trop d’objectifs de résultats, plus pour prendre du rythme pour le SX. Maintenant, compte-tenu des résultats, on aimerait bien aller jusqu’au bout. Mais l’objectif numéro un est bien le WSX.
Qu’as-tu pensé des terrains ? Un mix entre la difficulté US et le SX Tour ?
Je les ai trouvé vraiment pas mal, avec quand même des gros enchaînement, des quadruples et tout ! C’est vrai que ça a l’air un peu moins raide que les pistes US, mais c’est beaucoup plus gros que ce qu’on a ici en France. Ça va être sympa !
Tu découvres la Yamaha en MX, qu’en penses-tu, et quand vas-tu démarrer le testing SX ?
Déjà avec le modèle 2022, j’avais bien roulé à Dortmund cette année, alors que c’est une petit salle. La nouvelle, elle est encore plus maniable et je me régale avec en MX, donc ça ne m’inquièrte pas, ça devrait bien le faire. Je devais attaquer le testing SX cette semaine justement, donc là c’est reporté à cause de mon épaule, mais c’est prévu dès que ça ira mieux. J’attends ça avec impatience !
“Intégrer le top 5 serait bien” Greg Aranda.
Tu vas te préparer chez toi, au MC des Costières ?
Oui, principalement chez moi à Beauvoisin, mais je m’entraîne aussi pas mal chez Fab’ (NDR : Fabien Izoird) qui a une belle piste. On a la chance d’avoir pas mal de terrain de SX ici dans le sud, donc c’est bien, ça permet de varier.
Tu es très fort dans les whoops, tu espères qu’ils seront costauds en WSX ?
Oui, c’est vrai que c’est une de mes spécialités, mais je ne suis pas le seul… Et on prend quand même des risques à passer vite dedans ! S’ils sont costauds, c’est vrai que ça permet de faire des différences, et mes suspensions 4.42 mettent en confiance, mais ça reste chaud. Ceci dit, pour répondre à ta question, quand je vois qu’il y a des « bons » whoops quand j’arrive sur un circuit, c’est vrai que je suis content parce que je sais que je vais pouvoir faire des différences.
Quels sont tes objectifs sur ce championnat WSX ?
Intégrer le top 5 serait bien. On sait que le format des courses est différent de ce qu’on retrouver ailleurs avec des sprints de huit tours donc il va falloir être bon sur les départs. Le top 5 serait bien…
On peut penser que Ken Roczen sera difficile à aller chercher sur le papier, mais derrière c’est assez ouvert, non ?
Oui, voilà. On sait que Roczen met vraiment du gaz, mais on ne sait pas trop où en sont les autres. Des pilotes comme Justin Brayton ou Vince Friese, on ne les a pas trop vu cette année donc c’est difficile de savoir où on en est par rapport à eux. Il y a énormément de bons pilotes sur ce championnat, donc déjà essayer d’intégrer le top 5. Ii on y est tant mieux, sinon il faudra bosser encore plus pour s’en approcher.
On a l’impression que tu es très affûté, tu fais une de tes meilleures saisons depuis longtemps, à quoi tu l’attribues ?
Je me suis bien entraîné cet hiver, avec une intersaison sans blessure. J’avais déjà bien roulé l’année dernière avant ma blessure à la main, je commençais à être devant avec Cédric Soubeyras sur les SX d’été et on sait que Soub’ met du gros gaz en SX. J’ai vraiment bien bossé cet hiver avec Didier Rochette, le préparateur physique du team, et voilà ! La moto est top, tout se goupille bien, et quand il y a des résultats au bout ça donne envie de continuer.
Justement, tu as 33 ans, combien de temps tu te vois continuer ?
Pff, difficile à dire, Brayton, il a 38 ans, non ? Il y a deux ans, je pensais que ma carrière était fini à cause de ma cheville, quand j’ai attrapé un staphylocoque doré… Pour moi c’était fini, je n’arrivais plus à marcher. Ça a pris du temps, mais j’ai réussi à revenir. Franchement, je me sens bien dans mon corps, j’ai encore la motivation, tout se passe bien avec le team… Je n’ai vraiment pas prévu d’arrêter pour le moment !
“J’ai besoin de faire un peu de cross pour aller vite en SX”
Tu prends plus de plaisir en SX ou en MX ?
En SX, sans hésiter. Le MX, je suis content d’en faire, mais pas longtemps ! J’ai tellement fait d’années de GP, d’Elite… Il faut faire des gros volumes d’entraînement, des manches… C’est beaucoup plus fun de rouler en SX, à l’entraînement comme en course.
Tu te verrais bien SX only ?
Je crois que j’ai besoin de faire les deux, un peu. On voit des gars qui ne font que du SX et qui mettent du gros gaz, comme mon coéquipier Thomas Ramette. Mais moi, je crois que j’ai besoin de faire un peu de cross pour aller vite en SX. Ça permet de jongler, de garder la motivation. Et je suis persuadé que faire du MX apporte beaucoup pour le SX. Après, je comprends les gars aux US qui préfèrent faire SX only. Quand tu vois la pression que ça représente de faire le SX, puis l’entraînement MX, je comprends qu’ils aient envie d’être SX only !
Arrives-tu à gagner correctement ta vie avec ton programme ?
Oui, cette année c’est vraiment pas mal. Avec le WSX en plus, c’est bien. C’est franchement top, ce qu’ils font avec ce championnat pour les pilotes, les teams. Ça va vraiment de l’avant. Au moins, tu sais pourquoi tu roules, pourquoi tu t’entraînes. Ça vaut le coup.
Tu t’occupes du terrain du MC des Costières, c’est en stand-by de ton côté ?
J’y suis toujours, je m’occupe encore un peu de la piste mais on fait un peu différemment. On ne la refait plus le mercredi, juste avant le week-end. En plus j’ai mon pote Jimmy qui m’aide beaucoup. Il sait aussi passer les engins, donc ça me libère du temps et ça me permet de m’entraîner. Ça me sort un peu aussi de la routine, c’est bien.
Allez, une petite dernière pour le fun : j’imagine que tu as suivi le championnat des USA de SX. Un commentaire sur ce final inattendu ?
C’est là où tu vois que ça reste un sport difficile ! Eli Tomac n’avait plus qu’à assurer, et il perd tout en une fraction de seconde, sans tomber, rien… C’est là où tu vois que rien n’est jamais fini avant le drapeau à damiers de la dernière manche. Un problème mécanique ou physique, tout peut arriver. C’est aussi ce qui fait la beauté de ce sport. Webb, Tomac, Sexton, ça se bagarrait sévère, c’était super serré. Sexton était là tout le temps, sur les podiums ou pour la victoire, donc ce n’est pas non plus la chance qui l’a fait gagner ce championnat. Tomac aurait dû avoir le titre normalement, mais il faut être là jusqu’au bout !
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Par Rich’, photos team GSM/MXJuly/Kevin François.