Leader de l’Arenacross anglais à l’issue des trois premières courses, Cyrille « Captain » Coulon prouve qu’on reste bon pour le service à 34 ans. Du coup, on lui a demandé s’il était tombé dedans quand il était petit où s’il avait toujours sa dose de potion magique sur lui !
Alors Cyrille, t’es comme le bon vin, tu t’améliores en vieillissant ?
« Franchement, je ne pensais pas en être là où je suis aujourd’hui. Je parle de l’Arenacross, mais aussi de ma dernière saison de SX. J’ai attaqué le championnat en cours de route car Amandine, ma femme, était hospitalisée dans l’attente d’un accouchement et finir troisième du SX Tour dans ces conditions, un peu à la ramasse on va dire, c’était une sacré surprise. Je n’aurais pas parié dessus car il y a quand même des bons pilotes avec des gars comme Boog ou Teillet, d’ex-riders de GP. En Angleterre, c’est la même chose : les courses se suivent et ça se passe bien sans que j’ai d’un coup modifié drastiquement ma façon de m’entraîner, ou de voir les choses… Je prends tout, sans me prendre la tête. »
Tu as atteint ta plénitude ?
« Je ne sais pas si on peut dire ça… Disons qu’en course, j’ai peut être maintenant la bonne approche. Je sais appréhender les pistes comme il faut pour être rapide durant toute une manche. Je le vois encore ce week-end, toutes mes lignes privilégiaient des enchaînements sécurisés et peu fatiguant. J’évitais aussi des trajectoires risquées. Comme attaquer les whoops à gauche, ou prendre les virages à l’intérieur. En Arenacross, les pistes sont très glissantes et dès que tu vises un inter, tu prends le risque de perdre l’avant… En fait, à presque 35 ans, tu es plus mature, tu réfléchis mieux et ça te permet d’être au final un poil plus rapide et régulier. Même physiquement, je sais comment m’entretenir pour les courses de la semaine. Il faut que j’en fasse moins qu’avant, obligatoirement, mais de façon plus qualitative. »
Il faut que j’en fasse moins qu’avant, obligatoirement, mais de façon plus qualitative.
Rentre dans le détail.
« Et bien je ne vais pas enchaîner les sorties vélo de plusieurs heures, ou les séances moto à enchaîner les manches. Quand je roule, je travaille toujours un point précis, celui que je pense être mon point faible, en l’occurrence, les virages. Pour le physique, un sortie d’une heure trente à mi semaine me suffit aussi. »
Retour sur Birmimghan, c’était un peu chaud entre Florent Richier et toi en début de finale ?
« Non. Mais Flo met du gros gaz en début de manche. Il est rapide et pour rester à son contact, j’étais obligé d’en mettre. C’est pourquoi tu me vois commettre quelques erreurs. Mais après, comme je sais qu’il est cool, propre et correct, je me lâche un peu, tout en conservant de la marge car on est pas des jobards ! »
Derrière toi, ça a chauffé en revanche ?
« Oui et non. D’après ce que j’ai vu, c’est un peu un concours de circonstances l’accrochage d’Adrien Escoffier avec Cédric Soubeyras. Cédric a sauté en travers avant le virage alors qu’Adrien s’était mis un poil long… Ça peut arriver. »
Etre en tête à mi-championnat, ça fout la trouille ?
« Non ! Je n’ai pas de pression. Jamais, encore une fois, j’aurais pensé être en tête à ce stade de la saison. J’ai 9 point d’avance, c’est bien mais ce n’est pas non plus très confortable donc je dois rouler à fond, sans réfléchir. J’en aurais 19 si Chatefield ne m’avait pas percuté à Manchester… Le système de points est fait pour réduire les écarts et maintenir le suspense, donc, il ne faut pas se relâcher. »
Il ne faut pas se relâcher
En tout cas, on ne devrait te voir encore une fois qu’en SX cette année.
« Non, je participerai à quelques cross nationaux ou quelques inters si on m’invite. Surtout entre mars et mai où nous avons moins de supercross à disputer. Mais après, c’est clair que c’est le SX mon fond de commerce. J’ai calculé, il est possible de rouler non stop pendant 7 mois, c’est bien pour tenter de gagner un peu sa vie. »
Un petit mot pour finir sur la blessure de Roczen, tu as vu ce qui lui était arrivé ?
« Oui, c’est même la seule chose que j’ai vue du SX US. Le pauvre. Ça m’a fait mal au bide de le voir ainsi par terre. Après, je pense qu’il a eu de la chance. S’il était tombé la tête la première, il ne serait plus là. Il n’a même pas eu de commotion cérébrale à priori. Il doit s’estimer heureux. Et puis, se casser l’avant-bras, c’est moins gênant qu’un coude, qu’une articulation. Bref, il doit quand même positiver avec ça. S’il est bien opéré, on le reverra en outdoor. Une plaque et c’est bon. »
Tu as une explication ?
« Je ne sais pas. C’est comme s’il s’était pris un coup de raquette. Il est tombé sur un triple qui demande de la vitesse, un coup de gaz et une bonne impulsion. Il a dû se faire surprendre par un trou au pied de l’appel. Pourtant Ken est un pilote qui appui énormément sur ses jambes, mais là, il n’a peut être pas bien mis l’impulsion. C’est un léger manque d’attention, surtout qu’il paraît un peu sur l’avant… Enfin, c’est dommage pour l’intérêt du championnat qui s’annonçait palpitant car je suis sûr que Dungey n’est pas encore à 100%. Il va monter en puissance et là, ça aurait été magnifique… Fais chier. »