A 27 ans, Christophe Pourcel s’apprête à disputer une saison 2016 d’une importance cruciale, au tournant d’une carrière à nulle autre pareille, émaillée de superbes éclairs de brillance comme de trous d’air intempestifs. Si la réussite n’a pas toujours souri (c’est un euphémisme !) au cadet des frères Pourcel, disons qu’il n’a pas toujours fait les bons choix non plus, ni arboré en permanence une attitude des plus compréhensibles…
Une chose est sûre : s’il peut s’enorgueillir d’une couronne mondiale MX2 et de deux titres SX US Lites (ce qui n’est pas rien !), CP 377 ne possède pas le palmarès que son talent pourrait lui valoir… Cela dit, fort d’un contrat avec Husqvarna et d’une nouvelle FC 450 qui semblent le combler d’aise, le voici à la relance, prêt à s’attaquer, pour la première fois de sa carrière, au championnat AMA 450 Supercross.
A l’aube d’une très longue saison qui le mènera d’Anaheim le 9 janvier prochain à Las Vegas en mai, avant d’enchaîner avec les Lucas Oil Pro Nationals en juin, juillet et août, Cri s’est confié : « Je vais certainement avoir besoin de quelques épreuves pour me mettre dans la bain, prendre la mesure des circuits à l’ouest et de nouveaux adversaires dans la catégorie, même si je les connais déjà pour la plupart. On sait que lors des quatre ou cinq premiers rounds, tout le monde va attaquer à outrance, mais il s’agit d’un championnat sur dix-sept courses et le chemin sera tellement long que je vais plutôt tâcher de la jouer fine ».
Si l’on a surtout vu, depuis ses débuts, le cadet des Pourcel au guidon de Kawasaki, il a aussi piloté des KTM et des Yamaha et s’est essayé au MXGP en montant sa propre équipe (2011/12), avant de revenir courir aux Etats-Unis, pays où il réside à plein temps. C’était à la fin du printemps 2014 et, s’il a connu en compagnie du team Star Racing Yamaha des fortunes diverses, il s’est incontestablement repositionné sur l’échiquier du cross US. Et bien qu’il n’ait pu concrétiser le moindre contact l’hiver dernier en vue du championnat SX, il a pu rejoindre les rangs du team Rockstar Energy Factory Racing Husqvarna pour disputer l’outdoor. Et l’équipe ayant été convaincue par le Français tout comme celui-ci a été séduit par la moto et l’environnement, HVA et CP ont choisi de prolonger l’aventure et conclu avant même la fin des Nationals un accord portant sur les deux saisons 2016 et 17.
A 27 ans j’essaie désormais de positiver au maximum : j’ai beaucoup de chance d’avoir trouvé une moto, une équipe, et une équipe aussi bonne, bref de vivre ce que je vis actuellement.
Christophe se plaît à insister sur le fait que ce deal avec l’équipe basée à Murrieta représentant directement l’usine, de même que la machine qu’on lui offre ou les gens avec lesquels il travaille, tout cela correspond exactement aux ingrédients qu’il recherchait depuis un moment, ceux dont il avait besoin pour effectuer un retour au premier plan. « La moto est telle que je la voulais, elle correspond bien à mon style de pilotage. Réglée à mon goût, elle s’avère très « douce », quasi-parfaite pour moi : je ne suis pas un pilote très agressif, mais je parviens à adopter un certain rythme plutôt élevé et à m’y maintenir au maximum, partout, quel que soit le terrain. Ce qui fait que du bord de la piste je ne donne pas l’impression d’être super rapide, mais en fait je vais vite. Husky a confiance en moi : nous en avons parlé et il s’avère qu’ils sont très contents de notre association. Je suis là pour deux ans, mais ça pourrait durer davantage, peut-être en prenant d’autres directions, comme l’endurocross, ou autre chose, qui sait ? Bobby Hewitt (Ndlr : Le team-manager) est à fond derrière moi et je lui fais entièrement confiance, ce qui n’est pas si fréquent. Ça arrive d’avoir une mauvaise passe, eh bien ça n’empêche pas l’équipe de toujours montrer le même soutien sans faille, je n’avais jamais vu ça auparavant. A 27 ans j’essaie désormais de positiver au maximum : j’ai beaucoup de chance d’avoir trouvé une moto, une équipe, et une équipe aussi bonne, bref de vivre ce que je vis actuellement. Car, j’en sais quelque chose, courir « à ses frais », ça coûte bien trop cher pour moi ! ».
Pourcel admet qu’il a songé un instant à revenir en GP, l’été dernier, avant de faire affaire avec Husqvarna. « J’étais « open-minded » (d’une grande ouverture d’esprit) et c’était presque du 50/50. Je ne voulais surtout pas me fermer toutes les portes aux USA, bien conscient que j’ai commis pas mal d’erreurs par le passé. Comme lorsque j’ai attendu un éventuel contrat de la part de Kawasaki, qui finalement ne m’a jamais rien proposé, alors que Roger De Coster et Suzuki voulaient m’embaucher. Mais moi, je voulais rester chez Kawa, parce que j’aimais vraiment la moto. C’est comme ça que j’ai loupé quelques belles occasions. Aussi cette fois suis-je décidé à ne plus me fermer de portes. Aujourd’hui j’ai la chance d’avoir la confiance d’un constructeur, c’est une vraie bénédiction ! J’ai toujours pensé que le rythme des Grands Prix, avec dix-huit épreuves seulement, me convenait mieux mais en fait je crois que le supercross ne me va pas si mal ! ».