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Seattle, round 11 du championnat AMA Supercross. Une nouvelle fois, on l’a échappé belle avec la météo, en passant entre les gouttes dans une ville à la pluviométrie supérieure à celle de Brest (oui, j’ai vérifié). Le terrain n’était pas simple pour autant, avec des ornières sans fonds partout. De fait, parvenir à réaliser tous les gros enchaînements tour après tour était la clé du succès, et la raison pour laquelle on retrouve nos suspects habituels devant. La série de whoops, même courte, a eu son incidence également sur la course, comme on va le voir tout de suite.
C’est donc ça le fameux “trouver des solutions” de JCV ?
Après deux courses de suite où il n’était pas exactement lui-même, retour d’Eli Tomac aux affaires à Seattle, avec une victoire qui compte double. Pas en terme de points évidemment, mais au niveau du mental du pilote Yamaha. Privé de sa plaque rouge, bousculé en vitesse pure par Chase Sexton, Cooper Webb et même d’autres ces derniers temps, on a presque cru un moment qu’Eli Tomac n’était plus qu’un être humain normal. Grave erreur ! Pourtant, le début de course a eu de quoi effrayer ses fans une fois de plus. Deuxième au premier virage, Eli s’est fait bolosser comme un Sixième à sa rentrée au collège dans les premiers tours, au point de se retrouver cinquième un moment. Mais le champion en titre n’avait cette fois pas décidé de se laisser faire sans combattre. Le temps de trouver ses trajectoires, se débarrasser d’un Ken Roczen accroché comme une tique à son mollet et de décider comment faire dans les whoops, il est ensuite revenu devant comme un rouleau compresseur. Avec notamment cette trajectoire extérieur avant les whoops qui lui permettait de les dribbler et de garder de la vitesse ensuite. J’ai bien aimé aussi sa ligne avant l’enchaînement trois sur table où, justement, il enroulait la première pour aller derrière la table et réaliser ainsi un enchaînement différent des autres mais très efficace, et dénué d’ornières. Une victoire qui pèse donc lourd dans la balance, puisqu’Eli revient à égalité de points avec son rival Cooper Webb. De quoi reprendre l’ascendant mentalement ? L’avenir nous le dira, mais disons que ça ne peut pas faire de mal… « Perdre des points deux courses de suite n’est pas fun. » a déclaré ce pince-sans-rire d’Eli lors de la conférence de presse. Pas faux. Et 50 victoires pour le garçon, même total que James Stewart. Impressionnant.
Malgré tout, notre Fouine Diabolique n’a encore pas démérité, loin de là, avec cette belle deuxième place, sa sixième de la saison sur onze courses… Bien parti, lui aussi a connu un petit coup de moins bien un moment de la finale, avant de remettre l’église au milieu du village en fin de course. Cooper Webb étant ce qu’il est, je m’attendais même à une dernière tentative désespérée en fin de manche pour aller coiffer Tomac au poteau. Pas cette fois. C’est même presque le contraire qui est arrivé, puisque Justin Barcia n’était pas bien loin de pouvoir porter une attaque sur la Fouine. Sa tête à l’arrivée en disait long sur ce qu’il a pensé de cette soirée. Pourtant, il s’en sort une nouvelle fois aussi bien que possible, avec les 23 points de cette deuxième place. Fort, quand même.
4/2/4/3, ce sont les résultats de Justin Barcia depuis Daytona et son meilleur tour en course là-bas. Dixième au premier virage, JB51 a attaqué à chaque minute de cette finale de Seattle pour revenir, au point de terminer quasiment dans la roue de Coop’, comme on vient déjà de le dire. Encore une superbe course, donc, à mettre au crédit du pilote GASGAS, le tout sans haine ni violence une nouvelle fois, il faut le souligner. Justin fait partie du cercle très fermé des pilotes à avoir roulé en 51′ (comme son # et le Pastis, un signe ?), ce qui est à noter, avec Chase Sexton, Eli Tomac, Ken Roczen et Adam Cianciarulo. Grâce notamment, lui aussi, à cette ligne extérieure qui permettait de dribbler les whoops. À l’aise dans les ornières, facile, aérien, le pilote GG semble marcher sur l’eau en ce moment. Imaginez ce que ça pourrait donner avec un holeshot. Une victoire n’est pas à exclure avant la fin de la saison pour le protégé d’Eric Sorby. Et si, justement, c’était Sorby le « responsable » de ces résultats, au moins en partie ? Je vous laisse méditer là-dessus.
Quatrième, Jason Anderson s’est bien débarrassé de son collègue de bureau Adam Cianciarulo et de Ken Roczen, mais n’a pas semblé pouvoir faire beaucoup mieux. Bousculé en heat par Chase Sexton, moyen en finale, on cherche toujours El Hombre de l’an dernier, celui qui bataillait avec Eli en début de saison, et gagnait tout quand ET est passé en mode Cruise control. Il nous manque…
Chase Sexton… Que dire de plus ? Cette fois, on a tous immédiatement compris ce qui s’est passé quand on a entendu la clameur de la foule, pas vrai ? Comme d’habitude, c’était pourtant parfait jusque là, malgré une première petite alerte en début de course vite rattrapée. Bon départ, vitesse diabolique, style proche de la perfection et même une avance suffisante pour gérer ce qui aurait dû être sa deuxième victoire de suite. Celle qui lui permet de passer un cap mentalement et de gagner encore et encore, à la McGrath 1993 ? Mais non, notre Gaston Thegaffe a réussi à passer par devant au freinage ! À chaque fois, c’est la même chose : tout va bien, et soudain, c’est comme s’il sautait sur une mine. Après, il n’était visiblement plus là. Peut-être occupé à se demander combien de points il a perdu en route depuis le début de saison ? Bref, Chase est le pilote le plus rapide de ce championnat, ça ne fait plus aucun doute. Mais pas encore le meilleur. L’an prochain, peut-être ? Toujours est-il qu’il avait l’occasion de plus ou moins revenir dans la course au titre. Cette fois, ça semble compliqué. The Chase is over.
Chase le naturel, il revient au galop.
Ken Roczen ne termine « que » sixième, mais il s’est montré plutôt à son avantage en début de course. Certes, il n’a pas tenu la distance, mais parvenir à gonfler Tomac aussi longtemps, ce n’est pas donné à tout le monde. Encore troisième à mi-course, Kenny s’est ensuite fait croquer comme un pac-gomme pour échouer à cette place. Bref, ni génial ni pourri.
Une semaine après sa désillusion de Détroit, on attendait beaucoup d’un Aaron Plessinger qui venait ici pour gagner, comme il l’a déclaré en interview. Et sa deuxième place en heat (comme à Détroit…) avait de quoi laisser espérer… Mais cette fois, il a loupé son départ et n’a jamais été capable de revenir. Tout simplement. Peu inspiré, il termine à sa place, globalement. Et s’il avait laissé passer la chance de sa vie ? Ça ne serait pas le premier…
Adam Cianciarulo a beau ne terminer « que » huitième, on le sent de plus en plus incisif avec les courses qui passent. Deuxième temps chrono, troisième de sa heat, il a profité de son bon départ pour montrer à ses camarade qu’il sait encore faire de la moto. OK, il n’a pas tenu la distance, mais les progrès sont là, tangibles. AC9 a besoin de temps pour se reconstruire, et il le fait plutôt bien pour le moment, sans s’énerver. En espérant que sa santé lui permette de retrouver 100% de ses capacités. On rappelle que ce garçon n’a jamais manqué de vitesse. On y croit.
Et une victoire pour Christian Craig ! En heat, OK, mais quand même… Pour la première fois de la saison, on a donc pu voir notre CC28 en entier plus d’une demi-seconde. Alors, pour être honnête, on a du mal à reconnaître le champion 250 de l’an dernier. Plus crispé ? Toujours est-il que l’impression laissée n’est pas exceptionnelle. Rappelons que j’avais prévu sa victoire à Anaheim 1. Oui, j’aime l’autoflagellation, autant que Cricri aimait les whoops. Avant de passer en 450. Sur une HVA.
À part ça ? Un nouveau top 10 pour Justin Hill à Seattle, dont la progression constante fait plaisir à voir. Le type est également dixième du provisoire, soit une sacrée performance quand on voit les noms autour. Solide. Treizième place pour Grant Harlan, son meilleur résultat en 450. Deux holeshots pour Kevin Moranz, dont la finale, avec même un tour en tête validé. Et on n’est même plus surpris de retrouver Josh Cartwright en finale, même quand il décide de refaire le terrain avec sa mentonnière en heat. Chapeau !
Par contre, il va falloir à un moment que Shane McElrath nous explique ce qu’il fait là. Deux fois vice-champion en 250, six victoires, champion du monde SX2 l’an dernier, c’est bien le même garçon qui se battait avec Sexton en 2020. Depuis, ils n’ont visiblement pas attrapé le même train… Mais quand même, qu’est-ce qu’il fait à se battre avec des pilotes qui n’ont pas la moitié de son CV ? Envoyez-nous vos réponses par pigeon voyageur, ça nous intéresse.
Catégorie 250 SX côte ouest Seattle : Jett en classe éco
Jett Lawrence a gagné à Seattle. Voilà, on remballe. Nan, je rigole, mais quand même. Même en assurant un service minimum digne de celui des services techniques de la mairie de Paris, malgré un gros crash en heat et un terrain qui ne lui convenait pas, le jeune empile les victoires comme un politique les lieux communs, sans même forcer… Pourtant, Cameron McAdoo, pas du genre à hisser le drapeau blanc, lui a donné du fil à retordre en heat, en l’envoyant au sol après une légère erreur d’appréciation… Pas de quoi détourner le Jett de la piste pour autant. En finale, il a pris son temps pour se débarrasser de McAdoo, encore, puis de Stilez Robertson pour s’offrir une petite victoire en terme d’avance. Preuve que le garçon a une maturité de vétéran, déjà, en étant capable de moduler sa vitesse comme s’il était au régulateur sur l’autoroute. Avec 23 points d’avance au provisoire, ça commence à sentir bon pour le deuxième titre de suite en SX, le quatrième consécutif si l’on compte les deux en Outdoor… Oui, ça commence à causer. Et ce en toute décontraction. Même sur un terrain aussi délicat, on a l’impression qu’il esté dans son tour de chauffe, quand les deux derrière, pourtant moins rapides, donnent le sentiment de jouer à la roulette russe devant chaque appel. Fort. On est en train d’assister à la naissance en live d’une légende, là, tout le monde se rend compte ?
Derrière le Jett, cette bagarre constante RJ Hampshire/Cameron McAdoo est un morceau de bravoure à chaque fois, tant nos deux pilotes, eux, s’amusent à tutoyer les limites du plus près possible. Alors quand ils sont directement en pleine bataille, c’est comme voir deux aveugles jouer au tennis avec des grenades dégoupillées, a fortiori sur un terrain aussi technique. Et une nouvelle fois, RJ s’en sort le mieux, avec une attaque juste avant le drapeau blanc d’une superbe agressivité maîtrisée. De son propre aveu, il pensait que c’était le drapeau à damiers, et a donc dû serrer les fess… les intérieurs jusqu’à l’arrivée. Globalement, RJ a déjà jeté l’éponge face à Jett mentalement. On le comprend, tant il n’y a pas photo, mais il reste le deuxième plus solide de cette côte, sans doute.
Cameron, lui, y croit encore, à l’image de Lara Fabian, et n’est pas prêt à abdiquer devant le jeune monarque de la catégorie. La fougue de la jeunesse, sans doute. Il n’hésite pas à rappeler dans chaque interview les batailles qu’il a eu l’an dernier avec Jett. Quand, en vrai, ce n’est arrivé vraiment qu’une fois, de mémoire, et qu’il a perdu, évidemment. Mais c’est beau de voir un pilote mettre autant de cœur à l’ouvrage. Lui, au moins, vous en donne pour votre argent en tant que team manager. Mieux vaut juste avoir un stock de pièce suffisant.
Enzo Lopes le dit lui-même : c’est sa meilleure finale en SX ever. Parti treizième, il a été pris dans la chute du premier virage et était donc dans les derniers au premier tour. De fait, cette quatrième place prend un tout autre sens. Le Brésilien de chez ClubMX est LA révélation de cette côte, en ayant ajouté de la constance à sa vitesse. Avec un style plutôt agréable à regarder, en plus. Tudo bem !
Bonne course également pour Maximus Vohland avec ce top 5, son troisième depuis le début de la saison mais sûrement le plus difficile à aller chercher après un mauvais départ. Ça vient !
Levi Kitchen, vainqueur facile de sa heat après « l’incident » McAdoo/Jett, s’est retrouvé rapidement sans frein arrière à cause d’une pierre coincée. A revoir.
Pierce Brown est tombé au départ. A revoir.
Une correcte huitième place pour Carson Mumford pour ses débuts avec le team Pro Circuit. Avec cinq roulages sur la Kawa seulement suite à sa blessure, Mumfy a prouvé en heat qu’il avait de la vitesse. Normal qu’il ait du mal à tenir la durée de la finale. A revoir.
Pour le reste, souhaitons un bon rétablissement à Stilez Robertson, qui s’en est mis une bonne grosse dans les whoops. Chapeau à Hunter Yoder, qui a réussi une Moranz en partant devant en heat comme en finale à Seattle. Et aussi à Kaeden Amerine pour sa première finale.
Allez, rideau. Quartier libre la semaine prochaine, puisqu’il n’y a ni SX US ni MXGP à se mettre sous la dent. L’occasion de redécouvrir sa famille, peut-être ? En attendant, You stay classy San Diego !
Par Richard Angot.
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