Trois Indianapolis, trois victoires pour Ken Roczen, et une avance au provisoire qui commence à ressembler à quelque chose. Même si tout cela reste incroyablement fragile…
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Un terrain radicalement différent des deux derniers, et plus serré pour cette dernière à Indy. Avec une toute petite série de whoops, et même pas d’appui extérieur pour favoriser les bons dribbleurs. Dommage… Du coup, ça n’avait pas l’air évident pour doubler, cette histoire. En faisant intérieur/intérieur partout, il y avait moyen de bien fermer les portes. Ce qui n’empêche que ça y est, on a une hiérarchie qui s’est imposée nettement : les big 4 Roczen/Webb/Tomac/Barcia. Soit tous les vainqueurs de finales jusqu’à présent. Dingue, comme coïncidence ! L’ordre évolue suivant les faits de course et les départs. Mais globalement, le titre ne devrait pas échapper à un de ceux-là.
Ken Roczen en ce moment, c’est de l’horlogerie suisse de précision, pour pléonasmer dès la première phrase… Quelle machine, ce Kenny ! Car en fait, toute cette course d’Indianapolis 3 s’est joué dans les trente premières secondes. Comme c’est d’ailleurs souvent le cas depuis le début de la saison. L’intelligence de course dont il a fait preuve dans le premier virage, après être sorti un peu large, pour recouper Justin Barcia. Et sprinter hors de portée tout de suite a été déterminante dans cette victoire. Parce que s’il ne sort pas devant, sûr que ce n’est pas la même. Coincé entre le marteau (Justin Barcia) et l’enclume (Cooper Webb). Deux surnoms qui leur iraient d’ailleurs à ravir, à nos amis. Sauf que cette saison, et course après course, on a l’impression que Kenny monte en puissance en engrangeant toujours plus de confiance.
Songez qu’on en est quand même à trois victoires de suite en SX, une première pour le jeune Allemand. Et quatre heat consécutives avec celle de Houston 3. Un exploit qu’il doit non seulement à sa vitesse et son endurance. Mais aussi et surtout ses départs très au point. Une horloge suisse, on vous dit ! La suite de la finale a été solide également. Ken a résisté à une attaque sauvage de Barcia et, surtout, à son ennemi Cooper Webb. Franchement, je n’étais pas hyper serein de voir le pit-bull venir essayer de lui mordre les fesses dans les derniers tours, mais cette fois, enfin, Kenny a réussi à lui tenir tête. La poignée de main entre les deux hommes après la course n’avait pas le même goût que d’habitude, hein Coop’ ?
Notre Roc-Zen détaille dans chaque interview qu’il n’est plus le même cette année, qu’il essaye d’être un homme meilleur, que la paternité l’a changé… Autant de blablas qu’on prenait à la légère en début de saison, mais si c’était vrai ? 2021, l’année Roczen, après tout ce qu’il a subi ? Ça ferait un super téléfilm sur W9 ! Après, ne nous enflammons que moyennement, parce que seize points d’avance, c’est mieux que de retard. Mais ça peut fondre plus vite que de la graisse d’oie dans une poêle.
Notamment parce que derrière, il y en a un qui fait aussi un sacré début de saison, j’ai nommé Cooper Webb. Selon ses dires et ceux du team, la moto a beaucoup gagné en confort et en efficacité, grâce à des nouveaux réglages de l’amortisseur à air que Coop’ utilise depuis cette saison seulement. Premier temps des qualifs, un exercice où il est d’habitude médiocre, le jeune pilote KTM s’est quand même permis sur cette finale de résister dans un premier temps à Tomac, de doubler Barcia (jamais simple) avant d’aller attaquer Roczen en fin de course. De quoi bien dormir, quand même. Second du général à ce moment-là de la saison, je crois bien que personne ne sous-estime Cooper Webb…
La réussite a enfin souri à Marvin Musquin, qui retrouve le chemin du podium à la place du chemin de croix qu’il suivait depuis Houston 2. Ça partait pas mal en heat, avant que la courte série de whoops ne vienne mettre un terme à son cavalier seul devant. En finale, il l’admet, Marvin a été très prudent dans les premiers tours pour éviter la chute, et s’est donc retrouvé un peu loin pour jouer avec les « big 4 », lui qui avait déjà à faire avec Malcolm Stewart et Adam Cianciarulo. « J’étais un pilote du top 5 ce soir », qu’il a dit au micro le Marv’.
Le problème serait de s’y habituer, parce qu’effectivement, à la régulière, on a quand même la sensation qu’il est plus souvent à la bagarre avec Malcolm qu’avec Cooper Webb ou Eli Tomac, sans même parler de Roczen que Marvin ne voit plus que sur la grille avant le départ. Difficile de l’imaginer gagner en ce moment, alors que j’étais persuadé que ce serait le cas en début de saison. Ceci posé, ce podium ne peut qu’être un pas dans la bonne direction…
« Career best » pour Malcolm Stewart avec cette quatrième place, après deux courses où il était dans le coup avant de chuter. Septième du provisoire à un point seulement de Dylan Ferrandis, Mookie n’enflamme pas les foules pour le moment mais bétonne petit à petit pour se construire une belle saison, avec des fondations solides. Et faire son meilleur résultat en carrière sur une course quasiment sans whoops, c’est une belle ironie.
Le plus remarquable chez Adam Cianciarulo, c’était quand même, et largement, son accoutrement. Sérieusement, Fox ? En tant que pur produit normand moi-même, j’ai apprécié le clin d’oeil à nos nombreuses vaches à lait, mais on n’en a jamais vu avec des pattes jaune fluo ! Alors, c’est quoi cette histoire ? Une tentative de déstabilisation de la concurrence par le rire ? Résultat, ça a attiré Barcia dès le départ ! Ensuite, AC9 a de nouveau connu une soirée sans histoire, qui se termine par un anonyme top 5. Quatrième du championnat, Adam pointe déjà à 33 points du leader. Et à l’image de Marvin, je le voyais facilement en gagner en début de saison, et j’avoue y croire de moins en moins au fil des épreuves.
Jason Anderson ! À se demander ce qu’il fait là, notre touriste de luxe, qui réussit sa plus belle course depuis le début de la saison quelques jours après s’être luxé le doigt ! Ou peut-être a-t-il obtenu, grâce à ce doigt, une autorisation exceptionnelle pour utiliser du CBD en version plus… originel ? Bref, quoiqu’il en soit et blague à part, ça fait zizir de retrouver El Hombre plus agressif, plus motivé qu’il ne semblait l’être depuis le début de saison. Sa heat était encourageante, sa finale aussi, même si on est tout de même encore loin de celui qui aurait dû gagner la finale de SLC 2020 s’il n’avait pas perdu sa selle…
Le champion en titre Eli Tomac vient encore de laisser quelques points en route. Même si, sur ce coup-là, tout n’est pas de sa faute, on attend toujours des nouvelles du Tomac dominateur, capable de déposer ses camarades comme un pilote d’usine en 250 East… Eli est plutôt bien parti, était vite au contact, et… rien. Coincé derrière Barcia qui avait remis la caravane sur la boule, Eli en était à attendre l’arrivée quand « l’incident » Barcia/Friese s’est produit. Ça commence à faire beaucoup, là… 24 points de retard, c’est presque une finale complète. Le plus inquiétant étant qu’on ne voit pas de signes d’améliorations depuis le début de la saison.
Cette huitième place de Dylan Ferrandis ne doit pas l’enchanter, si je dois deviner, et pourtant c’est une nouvelle belle performance. Une fois de plus, il a montré en heat qu’il fait partie des tops du championnat. Mais quand on est avant-dernier au premier virage, sûr que ça complique la donne ! Dylan est capable, lui, d’aller chercher une victoire, mais en partant dans le top 3, pas au-delà du top 10. Parce qu’arriver à rouler avec ces gars-là, c’est faisable, mais pas leur reprendre dix secondes… Imaginez-vous qu’au bout de 43 secondes de course, Dylan était 19e à plus de huit secondes du leader.
Pas évident de remonter, avec un plateau qui compte douze pilotes ayant remporté au moins un titre en 250 (SX ou MX). Pourtant, il a réussi à le faire jusqu’à la 8e place, avec des bons chronos, homogènes jusqu’au bout, preuve que la vitesse et la caisse sont là. C’est frustrant, parce qu’on a la sensation qu’il ne manque vraiment pas grand chose pour que ça tourne vraiment bien, cette histoire… La bonne nouvelle, c’est qu’il est plus que jamais dans le coup au niveau des points, sixième mais à égalité avec le cinquième, Just’51 Barcia. Et à neuf point seulement derrière Cianciarulo, quatrième ! Allez, je vous le dis : ce sera lui, le cinquième vainqueur de la saison.
Le reste ? Joey Savatgy confirme son retour au premier plan, avec cette belle neuvième place. Zach Osborne est encore passé à côté, comme Plessinger qui n’a pas réussi à capitaliser sur la confiance engrangée la semaine dernière.
Passons au cas Justin Barcia ! Avoir BamBam de retour aux avant-postes, c’est quand même génial. Le gars sait mettre l’ambiance encore mieux que Carlos et Bézu réunis à la grande époque (RIP!). Ça a commencé dès le départ. Où il aurait pu se retrouver seul devant s’il n’avait pas tenté une sorte de tassage sur Roczen. Qui s’est transformé en poussette sur Cianciarulo, victime collatérale après le très intelligent coup de frein de Kenny. Ensuite, tout se passait correctement, jusqu’à une agression venue de nulle part sur Ken, encore. « J’ai mal jugé une section, sauté sur les freins mais trop tard. » LOL. Au moins, personne n’est tombé cette fois.
Tout se déroulait toujours pas si pas mal, avec un podium en vue. Quand Justin a essayé de passer Vince Friese, retardataire, à un endroit où il n’y avait pas la place. Est-ce 100% de sa faute ? Peut-être pas, mais Vince Friese n’est pas non plus à blâmer sur l’action. Certes, il ne laisse pas passer, mais il est bel et bien sur la trajectoire « normale ».
Sauf que Vince, il faut bien l’avouer, a été impliqué dans 80% des carnages dans la catégorie depuis le début de la saison. Et de fait c’est lui qui prend la tempête de merde sur internet. Deano le rémercie. Entre lui et BamBam, on a de toute façon les deux méchants du championnat réunis, ça ne pouvait pas finir bien ! Les conséquences sont lourdes pour Barcia, qui perd le contact au championnat avec ce premier gros faux-pas. Ce qui n’empêche que le garçon était encore une fois plus que là sur cette course. Attention à lui…
Rayon divertissement, Justin Brayton n’a pas l’habitude du LCQ, et ça s’est vu ! JB10 paraissait aussi perdu qu’effrayé devant le manque de précisions de ses camarades de jeu autour de lui ! Plus prudent, tu ne peux pas faire. Évidemment, tout est rentré dans l’ordre et il a gagné sa place pour la finale, comme Chisholm, toujours à 100%, Clason et Enticknap. Mais pas Brandon Hartranft, qui a bien du mal à se faire au rythme de sa nouvelle catégorie…
Catégorie 250
C’est plus un championnat, c’est un jeu de chaises musicales : on perd un pilote d’usine par course. Cette fois, Michael Mosiman, main cassée en s’accrochant aux essais avec un autre pilote, sans même tomber. La poisse. Du coup, sans Forkner, Hampshire, Vohland et maintenant Mosiman, sûr que le plateau souffre. Vous vous souvenez que l’an dernier, Cédric Soubeyras galérait pour rentrer dans le top 10 ? Imaginez sa tête le dimanche matin devant AutoMoto La Chaîne… Parce qu’en plus d’avoir perdu les tops pré-cités, même cette sorte de « classe moyenne », celle des Thomas Do, Josh Osby etc… de la catégorie n’est quasiment plus là. On passe de Craig et Nichols, deux pilotes capables de réaliser des temps proches des meilleurs 450, à des jeunes sans expérience assez brutalement. D’où les retardataires après trois tours de course…
Colt Nichols était bien parti pour s’offrir une quatrième victoire de suite après un holeshot impeccable quand il s’est emmêlé les pinceaux dans les ornières et s’est pris un gros volume, quand même. Dans la frénésie du premier tour, ça aurait pu mal finir… Malgré les efforts de Jett Lawrence pour le contenir, le leader du championnat est parvenu à revenir sur le podium, à l’issue d’une course encore une fois très maîtrisée. Mais ça ne fait plus que six points d’avance sur le vainqueur logique Christian Craig, qui a su profiter de la situation. Colt reste le grand favori, mais le droit à l’erreur est minimal…
Craig, rien à dire, solide de bout en bout et victoire. Passons.
Jo Shimoda a dû se faire remonter les bretelles par Mitch Payton pour être aussi excitant ce samedi ! Chaud patate en heat, agressif en final pour aller chercher un « vrai » podium, le Japonais s’offre sa meilleure place en pro avec une belle deuxième position méritée, même s’il reste beaucoup moins rapide que les deux pilotes Yamaha.
Grand fan du Jett, j’ai cette fois été déçu de ses petites manigances en finale pour rester devant Nichols. Franchement, ce n’était pas bien méchant, mais un peu dirty quand même. Du sous-Barcia, en moins bien fait. S’il avait choisi de rouler en regardant devant plutôt que derrière, il aurait sans doute gagné une position de plus. Jett est trop bon pour ce genre de trucs, à laisser aux Vince Friese de la terre… Mais bon, on n’est pas sérieux quand on a 17 ans. Dommage, parce que l’épaule avait l’air de tenir pas trop mal…
Dans ce top 5 prévisible comme une journée d’EHPAD, Oldenburg a gagné une place avec la sortie de piste de Jett Lawrence dans les derniers tours. Il fait le boulot, le Mitch !
Thomas Do n’a pas réussi une si belle finale que la dernière. Neuvième, il mérite un peu mieux.
Allez, on quitte la neige d’Indianapolis pour le soleil de Floride samedi prochain, et Orlando pour la dernière course de la côte est avant le break. Qui a dit ouf ?