Deux courses, deux podiums et six pilotes différents dessus, cette saison de SX US 2021 s’annonce plus excitante qu’un Spring Break sur la plage de Daytona pré-Covid ! Cette chronique arrive un peu tard, puisque j’étais en enduro dans les bois, avec notamment Pascal Leuret et un autre grand fan de SX US en la personne de Manu Albepart, aussi bizarre que cela puisse paraître !
On va commencer par la piste. Plutôt intéressante avec notamment deux enchaînements bien pensés avec plusieurs possibilités. Celui après le sable et celui qui revenait au dessus du premier virage. Un coup de génie d’ailleurs, de faire revenir directement les pilotes dans le premier virage après le départ ! On l’a vu en heat, c’est passé près un paquet de fois que les premiers sautent juste à côté des pilotes encore empégués les uns dans les autres. Gros carton jaune ! Idem pour la partie sable qui a ruiné une bonne partie de l’intérêt de la course en piégeant les pilotes comme une trappe à souris. Sexton, Cianciarulo, Musquin et bien d’autres en ont été victimes. Sûr que tourner dans le sable avec une fourche aussi dure que celle d’un BMX ne doit rien avoir d’évident… Allez, place à la course !
Avec dès la deuxième épreuve le retour aux affaires d’Eli Tomac, après un premier round désastreux. Cela dit, la 35e victoire en carrière (sixième sur la liste des vainqueurs) de l’officiel Kawasaki n’est franchement pas une des plus remarquables. Déjà molesté par Zach Osborne et Adam Cianciarulo en heat, Eli doit tout à son excellent départ en finale, pour une fois, et son physique au point. On est loin du Tomac façon rouleau compresseur qu’on était habitué à voir l’an dernier et celles d’avant. Se faire franchement reprendre par Zach Osborne en SX en fin de finale, on n’avait rarement vu ça avant… Quoiqu’il en soit, c’est bien lui qui fait la meilleure affaire en se replaçant dans la course aux points.
Dylan Ferrandis !! Deuxième course, premier podium, alors qu’il était pointé 15e au premier virage ! Franchement, j’attendais du très bon de sa part mais si tôt si vite, pas forcément, à fortiori avec sa blessure de la main qui a ralenti sa préparation. En deux courses, DF14 a déjà doublé les trois quarts du plateau 450, et quelques sacrés noms. Son dépassement sur Marvin en heat est à montrer dans les écoles de MX, tout comme ses passages dans les whoops, un obstacle où il est entrain de devenir le meilleur du monde, tout simplement…
L’effet DV ? Fort possible, DV ayant été lui aussi un killer de whoops à son époque. Même la faculté de Dylan à rester bas et à atterrir loin dans les transitions des enchaînements est remarquable. Et j’allais oublier son passage sur Brayton : intérieur supersonique dans le sable enchaîné avec le trois suivant de l’intérieur ! Vraiment très impressionnant. Il ne reste plus qu’à en gagner une. Mais aussi à ne pas s’enflammer et à accepter de terminer 8e si c’est tout ce que les cartes proposent la prochaine fois, parce que là, Dylan est carrément au contact (un point!) pour le championnat. C’est LA feel-good story de ce début de saison. Bravo DF/DV, great job.
J’avais dit la semaine dernière que Justin Brayton « est un fucking pilote de SX ». Le type s’est battu avec James Stewart, Ryan Dungey/Villopoto et monte sur un nouveau podium aux côtés de Dylan Ferrandis, à 36 ans et 10 mois. Pour avoir rapidement échangé avec lui quelques fois, JB10 est d’une coolitude totale et mérite tout le bien qui lui arrive. Lui aussi est au contact au championnat, imaginez ça ! Remarquez aussi qu’il choisit ses batailles. La semaine dernière, il n’a opposé aucune résistance à Kenny. Cette fois, avec la perspective d’un potentiel podium en jeu et le gros bonus qui va avec, il a sorti tout l’attirail du vieux renard pour laisser non seulement Kenny mais aussi Malcolm Stewart à quai, et ça a marché. Rien ne remplace l’expérience !
Encore une journée très moyenne pour Cooper Webb, mais au final une performance correcte qu’il est allé chercher avec les dents. Le gars est un pit-bull entraîné au mordant, surtout quand il voit Ken Roczen devant lui. Et ça n’a pas loupé, après s’être fait déborder par le même K-Roc venu de très loin derrière en milieu de finale, il l’a repassé au dernier tour… Bref, on ne voit pas du grand Webb depuis le début de saison, car il aurait encore, paraît-il, des soucis avec son dos opéré l’été dernier. Ce qui expliquerait effectivement son début de saison en demi-teinte, bien qu’il ne soit qu’à sept points du leader du championnat.
Un moment ou à autre, Kenny va bien devoir aller découper Webb une bonne fois pour toutes… Comme un gamin qui se fait racketter dans la cour par la même petite frappe tous les jours, Ken subit systématiquement Cooper Webb. Pas moyen de rester devant, et pourtant le block-pass de CW était quand même très moyen cette fois. Pète-y un bon coup dedans, même en heat pourquoi pas, mais à moment il faut une rébellion ! À sa décharge, Kenny avait l’air un peu fatigué en fin de manche, ce qui s’explique parce qu’il est quand même très mal parti et a effectué une belle remontée jusqu’à Brayton.
Mais le Justin a dû monter des rétros sur sa brêle pour anticiper ainsi tous les mouvements ! Au final, Kenny aurait dû être leader du championnat mais a sauté sous drapeau croix rouge et a donc été pénalisé de quatre points, comme Anderson, Davalos et Friese. Une sanction qui passe mal, car selon lui Ferrandis cachait la vue du drapeau.
On aurait très bien pu avoir un podium avec deux français si Marvin Musquin n’avait pas enterré l’avant dans la partie sable. Le Français est bien cette saison, notamment au départ. Moins dans le premier enchaînement, où il s’est encore fait passer tout de suite en heat par Sexton. Comme Kenny, Marvin y gagnerait à être plus agressif quelques fois, comme il a su l’être la semaine dernière avec AC9.
Derrière, on ressortira la course de Justin Barcia, neuvième sans sélecteur avec une moto bloquée en première. Il paraît que les boites de vitesses usine ont une première longue, mais c’est tout de même remarquable de savoir qu’on peut sauter TOUS les obstacles d’un terrain de SX en première ! BamBam a raté son départ en finale mais a tout de même encore gagné sa heat, et reste plaque rouge avec le déclassement de Kenny.
Deuxième dixième place de suite pour Zach Osborne, mais peut-elle être plus différente de la première ? Zacho, bien parti, est revenu petit à petit sur Tomac, avant de commettre une faute dans le dernier tour qui le prive d’une deuxième place, lui qui était tombé au départ samedi dernier. Pas de panique, la vitesse est là. Les points, par contre…
Les deux autres faits marquants sont les 12e et 22e places respectives de Cianciarulo et Sexton. Les deux jeunes ont animé le début de course en tête. Et fait croire à un changement de la garde, avant de tous les deux s’exploser dans le sable. Vainqueur de sa heat, bien parti pour briller en finale. Sexton s’en est mis une belle qui le prive d’une potentielle victoire, au moins d’un podium. Et le laisse sur le carreau puisqu’on ne le reverra pas avant Indianapolis. Après cette chute, c’était au tour d’Adam d’aller chercher sa première victoire. Même motif, même punition dans le sable !
Encore une belle performance de Kyle Chisholm, qualifié directement en heat et 14e de la finale. C’est un métier qui demande de l’expérience, le SX… Alex Ray est passé aussi pour la seconde fois de suite. Pas une mince affaire vu le plateau. Par contre, Ludo Macler, lui, n’a pas encore passé le cut et en est encore un peu loin pour le moment. Peut-être quand la blessure au doigt ira mieux ?
Catégorie 250 : Le Jett a décollé !
Avec le buzz collé par Red Bull et le HRC sur les frêles épaules du jeune Jett Lawrence, 17 ans, on se demandait bien comment il allait réagir après une ouverture ratée. Bon bah, disons qu’il s’est plutôt bien repris ! Vainqueur facile de sa heat devant Craig, vainqueur facile de la finale, il a justement eu à peu près la même soirée que Craig la dernière fois. « Flawless » ils disent en Ricain. Puis je sais bien qu’on n’est pas en patinage artistique, mais Jett mériterait des points juste pour le style. C’est beau. Et d’un coup, comme ça, il revient dans la discussion pour le titre.
Un titre que peut convoiter aussi Colt Nichols. Car s’il ne fait pas de bruit, il est toujours là, dispose de la meilleure machine du plateau et il a l’expérience, à défaut d’être le plus rapide. Pour l’instant, le pilote Yam joue placé, et ça fonctionne.
Christian Craig a passé une moins belle soirée que la dernière. Ça se voyait sur le podium, où l’on avait l’impression qu’il venait d’apprendre le reconfinement avec les enfants à la maison… Victime d’un souci d’embrayage en finale, il sauve quand même une bonne troisième place qui pourrait payer en fin de championnat.
Pas grand chose à dire sur Mosiman, si ce n’est qu’il continue sa progression mais a intérêt à mieux partir s’il veut monter sur le podium. Comme son suivant Shimoda, d’ailleurs, qui manque de toute façon de vitesse pour espérer mieux que cette cinquième place.
Ah, Austin Forkner ! Tous les ans, c’est la même chanson. Le type est incroyablement doué, hyper rapide, travailleur… Vu de l’extérieur, tout ce qui semble manquer est un cerveau. Chaque année, il s’accroche avec des privés en qualifs, tente des dépassements limites et autres stupidités. Mais visiblement il n’apprend pas de ses erreurs. Et donc, nouvelle exemple avec ce block-pass délirant sur RJ Hampshire par manque de patience. Alors qu’il est deux fois plus rapide que le pauvre RJ qui n’avait rien demandé… Et Forkner de repartir avec une sixième place au lieu d’au moins une seconde, voire mieux. Sur une série aussi courte et avec si peu de profondeur, Ça pourrait bien lui jouer des tours.
Rien à dire, du beau boulot par Austin Forkner, change rien !
Mitchell Oldenburg, bon septième, a offert un petit block-pass de bienvenue chez les pros à Max Vohland. De bonne guerre ! Un Vohland qui a d’ailleurs l’air de progresser petit à petit. En tout cas, il est spectaculaire à voir évoluer.
RJ Hampshire boucle le top 9 des 9 tops, justement, après l’attentat de Forkner sur lui. Derrière, un cran en dessous avec Osby et Short, et encore en dessous avec Thomas Do 12e. Il fût un temps, comme disent les vieux cons. Où les tops du championnat de France de SX qui ne s’appelait pas encore SX Tour allaient aux USA la fleur au fusil l’hiver. Avant les GP, et ramener du top 5 (Porte, Vialle) voire du podium et des victoires (Pichon, Vuillemin, Roncada). Même après, les Coisy, Izoird, Thain, Lalloz etc… Parvenaient à décrocher des guidons d’usine. Aujourd’hui, on est content de la très honorable douzième place de Thomas Do, multiple champion SX Tour. Les temps ont changé, ma bonne dame. Pourtant, qu’est qu’on ne donnerait pas pour assister à une appétissante bagarre Tomac/Do !
OK, je sors. Rendez-vous début de semaine prochaine pour la suite des aventures avec Houston 3.