Un Ken Roczen totalement transformé, un Eli Tomac lui aussi bien plus saignant, des block-pass et un champion en titre malade et à l’arrêt, cette seconde épreuve du SX US sur un terrain de Saint Louis à la terre si bonne qu’on en mangerait n’a pas déçu.
Justin Barcia n’est pas venu trier les lentilles à Saint Louis…
Quel rebond ! La semaine dernière, Ken Roczen était passé d’un bon départ à une très banale 6e place, en se faisant déboîter par le who’s who de la discipline. « Suspensions trop dures », qu’il a dit. Même que ce n’était pas une excuse. On ne demandait tous qu’à le croire, et force est de constater que finalement, il ne nous racontait peut-être pas la messe, le jeune allemand… Parce que cette fois-ci, la démonstration a été limpide. Déjà, il a réussi un truc de plus qu’à Anaheim : vite se débarrasser du holeshoteur du jour. La dernière fois, c’était Friese, cette fois Osborne. Agressif sans être dirty, ça a été fait dans les règles de l’art, avant de dire bye-bye à tout le monde. En partie grâce à cet enchaînement où il était un des seuls (avec Barcia et quelques autres, très peu) à passer totalement derrière la table pour un 4/3/3 limpide. C’était d’une précision chirurgicale, et aussi très rapide. Bref, Kenny a gagné, et c’est une excellente nouvelle pour tout le monde : Honda, le sport en général, le championnat… Globalement, il n’y a visiblement que Cooper Webb et Donald Trump qui ne l’ont pas félicité sur instagram, parce que tous les autres y sont passés, des stars du MX en passant par les freestylers, les VTTistes, les pilotes de F1 et les anonymes. Vrai que ça fait plaisir, après ces trois de galère et ces victoires perdues d’un cheveux l’an dernier. « J’ai assoupli les suspensions. J’étais arrivé à être plus dure que Mookie (Malcolm Stewart, à qui il doit rendre 20 bons kilos). Niveau amortisseur, je suis à peu près comme l’an dernier, mais avec une biellette différente. Et devant, j’ai la même fourche que Brayton. » Voici de ses mots l’explication de cette victoire. Peu importe, pourvu qu’elle en amène d’autres !
Encore deux/trois podiums comme ça et le Justin va pouvoir mettre lui-même le montant sur le chèque…
Feu de paille l’an dernier, restait à Justin Barcia à concrétiser après son A1 parfait. Auteur d’une heat déjà plutôt rassurante, il a encore une fois très bien roulé. Parti correctement, il est vite passé à l’attaque sur Jason Anderson et Zach Osborne, avant de se mettre à l’abri avec un petit gap qui va bien. Pas au niveau de Kenny sur cette finale, il fait mieux que limiter les dégats avec cette seconde place. Plus sobre dans son pilotage, visiblement enchanté de sa machine et des réglages trouvés « pour lui », sans le faire dériver de son style de pilotage habituel, BamBam est là et bien là, si vous voulez mon avis (ou pas). Dans chaque interview, il dégage une sorte de confiance en lui qui ne fait pas « fake ». OK, tous ces mecs ont un melon de la taille d’une pastèque, mais lui semble particulièrement sûr de son fait cette année. « Contract time », ils disent en anglais. Encore deux/trois podiums comme ça et le Justin va pouvoir mettre lui-même le montant sur le chèque…
Jason Anderson a encore fait le boulot, comme à Anaheim 1. Pas trop mal parti, il est resté au contact. C’est à peu près tout ce que j’ai vu de lui, de mon canapé… Bah ouais, je n’ai pas les manettes de la réalisation… Dommage, parce que je kiffe toujours autant son style. Lui aussi semble bien mieux que l’an dernier, sur une pente ascendante. Putain, elle va être bonne cette saison si ça continue comme ça !
En terme de rebond, celui d’Eli est relativement spectaculaire aussi. Partir 18e et remonter 4e, c’est le genre de course que seul des pilotes comme lui peuvent réussir. Loin du Tomac timoré (ré?) d’Anaheim 1, il a cette fois montré pourquoi il fait partie des patrons de ce championnat. N’empêche, 7/4, pour un patron, voici quand même un timide début de championnat. Après, c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses, hein…
Avec de tels départs, on ne devrait pas tarder à retrouver Zach Osborne sur le podium.
Zach Osborne, encore un déçu d’A1… Auteur du holeshot en finale, Zacho a fait exactement ce qu’on attendait de lui : il a vendu chèrement sa peau ! Il n’y qu’à demander à AC9… Encore malade de la semaine dernière, il a certes rétrogradé à la 5e place, mais c’est une amélioration majeure par rapport à sa course d’A1. Avec de tels départs, on ne devrait pas tarder à le retrouver sur le podium.
Pas facile de passer des mecs en 450…
Avec cette 6e place, Malcolm Stewart égale son meilleur résultat dans la catégorie reine. Et ses passages dans les whoops… En heat, il a déposé Friese et Tomac dans la même série, en passant à coté comme s’ils n’étaient pas là. De toute beauté ! En finale, il n’a rien lâché et termine donc à cette bonne 6e place, en attendant mieux. La vitesse est là, ça ne fait aucun doute. Pas mal pour un gars qui n’a quasiment pas roulé de la semaine après un gros crash à l’entraînement.
Après la surprise Anaheim 1, on attendait avec impatience de voir ce qu’allait proposer Adam Cianciarulo. Simple « chance du débutant » ou confirmation qu’il sera un prétendant au podium toute saison ? On a eu un début de réponse. Déjà, on en est à six essais qualicatifs, et six fois il a été le plus rapide, avec à chaque fois une bonne marge. Bien parti, il a toutefois eu sa première phase d’intronisation chez les grands quand il a voulu passer Zach Osborne un peu trop virilement. Zach l’a emplatré le virage suivant, lui faisant perdre deux places au profit de Brayton et Anderson. Et même s’il a paru un peu en vrac par moment, nul doute qu’il a montré qu’il était là pour de vrai. Malheureusement, une glissade au dernier tour lui a fait perdre une 4e place assurée. Finalement 7e, il peut être déçu mais tout de même rassuré.
Pour le reste du plateau, on ne les a pas beaucoup vu évoluer, la réalisation s’attardant largement sur ce qui s’est passé devant. Mention pas mal pour Justin Brayton, dans le coup jusqu’au bout malgré un passage par le LCQ. Idem pour Blake Baggett, moins saignant qu’à A1 mais tout de même bien présent. Solide amélioration aussi pour Plessinger et Justin Hill, plus combatif qu’à l’accoutumée, sauf dans les cinq dernières minutes…
Cette 12e place de Cooper Webb pourrait bien coûter chère en fin de saison…
Reste le cas Cooper Webb. Infection respiratoire, d’après ce qu’ils ont dit à la télé américaine. Quoiqu’il en soit, autant la semaine dernière, il a réussi à sauver les meubles et bien plus, autant cette fois, il a littéralement coulé. Cette 12e place pourrait bien coûter chère en fin de saison…
A part ça, on attend toujours un moment Davalos, Bogle ou Benny Bloss. Alex Ray a enfin fait une finale, alors que Chris Blose, lui, les enchaîne comme des perles. Quant à Chad Reed, la saison risque d’être bien longue, à batailler avec des pilotes dont il n’a sûrement jamais entendu parler en LCQ…
Chez les 250, l’enclume est tombée sur la tête de Dylan Ferrandis dès le départ, quand il est rentré dans Michael Mosiman dès le premier enchaînement. Reparti très loin après un passage par les stands, DF1W a bien animé la course en repassant Alex Martin et Brandon Hartranft qui lui avait mis un tour, mais il échoue à une dévastatrice pour le championnat 12e place, quand ses adversaires directs font 1 et 2… Belle course, en tout cas, d’Austin Forkner, qui n’a jamais paniqué malgré le semblant de pression que lui a mis le rookie Jett Lawrence. Justin Cooper a lui aussi été solide avec cette belle seconde place qui lui permet de conserver sa plaque rouge. Brandon Hartranft signe son premier podium en Pro, donnant ainsi un motif de satisfaction au team TLD, un peu dans le dur depuis l’an dernier.
Mais la vraie bonne surprise de cette manche 250, c’est la performance du jeune Jett Lawrence. Bien parti, il est resté collé plus de dix minutes à la roue arrière d’Austin Forkner. Le tout en donnant l’impression qu’il était en balade enduro avec des potes. Léger sur la moto, précis, technique, il a ébloui cette course de sa classe. Pourvu que ça dure ! Dommage qu’une erreur sur un enchaînement suivi d’un contact avec les tough blocks ait endommagé sa pédale de frein, l’obligeant à passer voir son mécano dans les stands. Pour autant, cette 5e place doit sérieusement lui donner des raisons d’espérer. À 16 ans et quasiment sans expérience en SX, c’est bien une pépite que tient là Geico Honda. Qui, soit dit en passant, aurait pu connaître une superbe soirée si Christian Craig n’avait goûté le sol trop fort. Rien de cassé, heureusement, pour CC. Mention bien pour Jacob Hayes, de plus en plus rapide, et l’australien Luke Clout. Et bravo à notre français Ludovic Macler, qui est allé en finale, avec malheureusement une chute à la clé.
Justin Cooper garde la plaque rouge grâce à une course solide.
Le replay complet de la soirée par Automoto La Chaîne