Dès l’apparition du nouveau calendrier post-confinement, on se doutait que les trois GP dans l’enfer de Lommel juste avant le sprint final à Arco di Trento seraient ceux qui feront la décision. Effectivement, ça a bien été le cas, et pas forcément dans le sens qu’on croyait.
Très bon depuis le début de la saison, même si ça paraît être il y a mille ans, Tim Gajser réalise une campagne 2020 assez incroyable. Souvenons-nous tous qu’il a fait jeu égal, au moins, à la régulière avec Jeffrey Herlings dans son jardin de Valkenswaard avant que la pandémie ne nous tombe dessus. Ça aurait dû nous alarmer. Pénalisé par deux DNF en Lettonie, un sur casse mécanique, un sur chute, on ne donnait pas cher de sa peau avant les trois Faenza. Puis le Slovène a raccroché les wagons patiemment sur le circuit béton, avant de faire un peu mieux encore à Mantova, en Espagne avant de carrément dominer Lommel, l’ancien pré carré de son grand rival Tony Cairoli. Très impressionnant. Au point de se demander ce qu’il aurait capable d’opposer comme résistance à Jeffrey Herlings, le grand absent de cette discussion. Certainement pas au championnat, puisque Jeffrey disposait de trop d’avance au moment de sa chute, mais au moins en course. Mine de rien, Tim est en route pour son quatrième titre mondial, son troisième en MXGP et second consécutif, à 24 ans… Des statistiques de ceux qui font les grands noms du sport !
Tim Gajser, c’est la vie en rose en ce moment… 24 ans, en route vers un troisième titre mondial MXGP. Solide, le Slovène.
On a tous pensé un moment qu’avec la blessure de Sa Majesté Jeffrey, ce renard de Cairoli allait saisir l’occasion : aller chercher ce mythique dixième titre, celui qui le placerait au même niveau que la légende Stefan Everts (et même devant, selon nous, TC n’ayant que des titres MX2 et MX1/MXGP, pas de 500/MX3). Brillant à Faenza, irrégulier à Mantova, moyen en Espagne et pire encore chez lui, à Lommel, Cairoli voit s’échapper ce titre qui paraissait lui tendre les bras. Tony a évoqué de nombreuses fois un problème physique au niveau du genou, et c’est bien cette explication qui semble la plus plausible. En attendant, sauf catastrophe pour Gajser, les 74 points qui séparent les deux hommes sont insurmontables avec trois courses, donc six manches à disputer.
Quand tu penses à tous ces points perdus, et au bonus qui s’envole…
TC222 a même du bol que son jeune coéquipier soit le grand perdant du plateau, la seule tête d’affiche victime d’un test positif au Coronavirus. Depuis qu’il a retrouvé du physique et donc de la confiance, Jorge Prado était le seul à tenir tête à Gajser, voire même à le dominer, sur le dur espagnol comme sur le sable belge. Incontestablement, la pépite Prado est bien en or massif. Encore un qui pourrait bien chasser du records dans pas longtemps. 19 ans, trois ans GP gagnés dans son année de rookie malgré une fracture du fémur et de la clavicule… Les autres piliers du MXGP ont toutes les raisons d’être inquiets pour l’an prochain.
Jorge Prado, victime du Coronavirus, était le pilote de cette fin de saison. Impressionnant, le jeune.
L’autre sensation de cette fin de saison est française, avec Romain Febvre. Depuis qu’il a retrouvé ses départs, le pilote Kawasaki est redevenu… Romain Febvre, le vrai. Celui capable de gagner, n’importe quand, n’importe où. On l’a déjà dit, mais RF3 serait dans le coup pour le championnat s’il l’avait débuté en même temps que tout le monde et non post-confinement à cause de sa blessure. Solide, rapide, physique, Romain démontre qu’il sera lui aussi à considérer l’an prochain pour le titre.
Du super Romain Febvre, course après course. RF3 sur la Kawa, ça matche et ça cause niveau résultats.
On a cru un moment que Jeremy Seewer pourrait lui aussi jouer un rôle pour le titre, mais le Suisse semble trouver la saison bien longue. En tout cas, il est irréprochable au niveau de l’attitude, en se battant chaque manche pour chaque point !
Beau Lommel 1 de Gautier Paulin, vainqueur de manche et second du GP. GP21 montre ainsi que lui aussi est toujours capable de monter sur les podiums, même si ce Paulin n’est malheureusement pas disponible à chaque course. Ce qui ne retire rien à la valeur de l’exploit : gagner une manche à Lommel avec ce genre de plateau, ça reste un privilège réservé à une toute petite élite…
Neuf ans après sa première victoire de manche en GP, Gautier Paulin est encore capable d’allumer le feu, contrairement à Johnny.
L’autre bilan à tirer est celui du nombre de blessés… Herlings, Jasikonis, Coldenhoff, Evans, Jacobi, Jonass… Plus tous ceux qui roulent avec un genou, un poignet ou une épaule en vrac pour continuer à grignoter des points et simplement faire le boulot et être payé. Ce sport est dur depuis toujours, aucun doute, mais on a l’impression qu’il l’est de plus en plus chaque année sur les corps. Quelques uns du plateau ne feront pas de beaux vieux, c’est un fait. Allez, plus que trois GP à Arco, au pied des montagnes Dolomites. Ne soyez pas étonné s’il neige, ça pourrait arriver. Rappelons également que c’est ce circuit, le plus photogénique de la saison, qui a mis fin à la carrière d’une légende américaine, Ryan Villopoto !
Par Richard Angot, photos constructeurs.