La crise du coronavirus va évidemment impacter les championnats MXGP et MX2 de façon considérable, avec des répercussions qu’on imagine même pas encore. L’occasion de faire le point avec les principaux intéressés, les pilotes. Avant la reprise théorique du championnat en Italie les 16 et 17 mai prochains, voici qu’ils en pensent.
« On est face à un problème que personne n’a encore connu : un break de deux mois alors qu’on est en pleine forme. » commente Shaun Simpson. « C’est normal d’avoir du temps quand on est blessé, même si ce n’est pas idéal. Mais être prêt et ne pas avoir de courses pendant aussi longtemps, c’est incroyable. Je n’ai jamais vu ça de toute ma carrière. »
« C’est une situation hyper bizarre, que je n’avais jamais expérimenté. » confirme Jeremy Seewer. « Ça fait longtemps à attendre, et ça va aussi être étrange de rouler presque tous les week-ends en novembre. Bien sûr, nous devons revoir nos plans. Je ne peux pas m’entraîner deux mois et plus pour rien. Je vais continuer de m’entretenir physiquement, mais je vais calmer l’intensité et me reposer mentalement et physiquement pour être prêt pour la reprise. »
« Ça veut dire que je vais m’être entraîner non-stop pendant un an, vu que j’ai commencé l’an dernier en novembre pour revenir en forme. » note Jeffrey Herlings, le leader du championnat. « Ce matin, j’ai fait trois heures de vélo parce que je dois rester en forme. On doit être prêt quand on sera autorisé à reprendre la moto. »
Cette pause va aussi être bénéfique aux convalescents comme Antonio Cairoli (genou) ou Jorge Prado (manque d’entraînement à cause de son fémur) et Romain Febvre (genou). « Il n’y a pas grand chose à faire vu que tous les terrains sont fermés en Hollande et Belgique. On va avoir un break d’au moins une semaine ou dix jours, espérons qu’ensuite la situation va s’améliorer et je vais pouvoir rentrer en Italie. Je ne fais que de la salle, un peu de course à pied pour ne pas perdre la condition. Pour moi, ce n’est pas si mal car j’ai besoin de récupérer au niveau de mon genou et mon épaule. » analyse Antonio Cairoli.
Une situation dont est bien conscient Jeffrey Herlings. « Personne n’a voulu cette situation, mais elle arrange des gars comme Prado, Cairoli et Febvre. Ils gagnent du temps. »
« Peut-être allons-nous travailler des choses qu’on a pas eu le temps de faire avant la saison avec mon entraîneur. On doit juste être 100% prêt quand ça reprendra. C’est aussi tentant de se dire, et si je prenais un break de trois semaines. Ou, au contraire, dois-je continuer à bloc ? Ce sont les questions du moment, et je n’ai pas les réponses. » philosophe Shaun Simpson. « Au niveau matériel, on peut continuer à bosser sur les réglages pour la suite de la saison, mais qui sait à quel point le virus va tout bouleverser ? » ajoute Simpson, en glissant à demi-mot que le GP d’Italie pourrait bien lui aussi être repoussé.
L’aspect contractuel est aussi touché, certains pilotes étant en contrat jusqu’au 1er novembre… « Les contrats vont devoir être prolongés. Les teams vont-ils vouloir continuer à payer deux mois de plus d’entraînement ? » questionne Simpson.
« Mon contrat se termine le 31 décembre. Mais quelques pilotes vont-ils devoir rouler avec leurs anciens teams quand ils préféreraient commencer le testing avec le nouveau ? Certains teams avec moins de budget et des contrats qui se terminent en octobre ne vont pas pouvoir s’aligner sur les dernières courses. » prophétise Jeremy Seewer. Pas faux, surtout avec une coûteuse finale en Patagonie.
Par Adam Wheeler, adapté par Richard Angot