Après deux épreuves sur le même terrain de Loretta Lynn’s, plus adapté aux amateurs qu’aux pros, le MX US a enfin débarqué sur un terrain digne de ce nom. Mais au final, ce sont toujours les mêmes devant…
Quelles courses !
Quel plaisir de retrouver un « vrai » terrain, en plus à peu près sur le sec ! Ironman n’est pas le plus ancien ni le plus connu des circuits US, mais force est de reconnaître qu’il a de l’allure. Gros sauts, parties techniques, des traces partout, on est quand même sur du vrai MX, là. Et Ferrandis a prouvé qu’on pouvait doubler ! Franchement, c’était beau à voir, depuis le canapé. Alors, qu’est-ce qu’on a vu ?
Des fois ça marche…
La course de Dylan Ferrandis était tellement belle que j’ai envie de commencer par là. Déjà, le choix de sa position sur la grille était très osé. Totalement intérieur, on peut penser qu’il s’est mis là parce que l’extrême bord de la piste était plus sec/moins profond que le reste (griffé), ce qui permet de moins bouffer de chevaux. Ça a fonctionné comme dans un rêve en première manche, avec le holeshot. Ensuite ? « He smoked us », selon son second Jeremy Martin, en conférence de presse. Soit, en gros, il nous a fumé, enrhumé, déposé… Comme vous voulez. Pour faire simple, DF14 était en gros au moins une seconde plus vite, parfois plus que J-Mart tous les tours, sauf un, le 12e, où il a gagné quelques centièmes. Impressionnant. D’autant que le cadet des Martin est clairement le deuxième homme de ce championnat. Au final, ça fait 26 secondes à la fin…
Revers de la médaille de cette place sur la grille, il faut bien sortir pour ne pas se faire enfermer. Dans la seconde, c’est ce qui s’est passé. Enfermé et malchanceux aussi, puisque DF a tapé dans l’arrière de son coéquipier Shane McElrath et a chuté. Mais sa remontée fait partie de celles qui font l’histoire de ce sport… Il a quand même réussi l’exploit d’avoir le meilleur temps en course et la meilleure moyenne des temps au milieu du pack et ne finit qu’à cinq secondes de Cooper, et dix de Martin, partis devant. Dylan l’a dit, il n’est pas satisfait et même frustré d’être le plus rapide mais de ne pas avoir gagné, mais s’il réussit à obtenir cette plaque de #1 cette année, il pourra quand même se féliciter de cette manche incroyable.
Des fois non…
Du coup, forcément, le reste est passé un poil inaperçu, d’autant que la réalisation a eu le bon goût de bien rester sur Dylan. On note quand même que même moins rapide, Jeremy Martin n’est pas décroché au championnat. Et qu’il a gagné les deux dernières courses… En plus, Red Bud, la prochaine étape (deux fois!) est un circuit qu’il apprécie, et ensuite on enchaîne avec Millville… Qui n’est autre que le jardin de ses parents, littéralement. Un terrain où DF14 s’est loupé globalement à chaque fois depuis qu’il est aux USA. Nul doute que ce sera LA course qui pourrait bien décider du championnat, car une des seules où le frangin Alex pourrait éventuellement jouer devant et s’intercaler en fonction des départs/incidents de course.
Premier podium en outdoor pour Brandon Hartranft, qui donne ainsi de quoi sourire au team TLD/KTM, pas à la fête depuis le début de la saison. Et qui, selon les rumeurs, deviendrait TLD/GasGas dès l’an prochain, avec deux pilotes en 250 (Brown/Drake/Hartranft, un va sauter !) et un pilote 450 (Barcia serait signé). Costaud et lourd, BH a souvent eu du mal avec ses départs, mais là c’est passé. Le gars est rapide et en pleine forme, avec des temps aussi bons en fin de manche qu’au début. Après son podium en SX, Hartranft est en pleine progression.
Justin Cooper, blessé à la main après le SX, revient petit à petit au niveau. Second en 2e manche, c’est plus en rapport avec son potentiel que ce qu’on a vu jusque là. Mention très bien pour les jeunes du team Geico Jett Lawrence, Jo Shimoda et Carson Mumford, tous plutôt à leur aise ce samedi. Ils ont intérêt, Geico (une compagnie d’assurance) ayant décidé de se retirer l’an prochain après 13 ans de partenariat, il risque d’y avoir des coupes budgétaires…
Au rayon déception, Alex Martin, auteur de mauvais départs, et RJ Hampshire, trop souvent par terre, sont les grands gagnants du jour. Du coup, DF a déjà 35 points d’avance sur A-Mart, 3e du provisoire.
Catégorie 450
Une question, Marvin ?
En 450, les manches ont offert là aussi un spectacle de très haut niveau ! En première, Marvin Musquin a réalisé la course parfaite : holeshot, tous les tours en tête et le drapeau à damiers. Costaud, quand on a Eli Tomac aux fesses toute la course ! Dommage qu’il n’ait pas réussi à prendre le rythme tout de suite dans la seconde, malgré un bon départ. Faut dire que cette deuxième manche a atteint des sommets d’intensité, avec une bataille Osborne/Cianciarulo/Tomac dantesque, avant que ce diable de Justin Barcia, totalement déchaîné, ne vienne mettre son grain de selle (#faitexprès) et passe à deux doigts de régler tout le monde. Du très haut niveau, à voir et revoir… Mais finalement, c’est Eli Tomac, grand perdant de la semaine passée, qui fait l’affaire du jour en reprenant pas moins de 13 points à Osborne, victime d’un accrochage avec un retardataire puis d’une chute en première manche. Dure journée pour Zacho, qui s’est tout de même accroché en seconde manche pour terminer sur le podium et sauver autant de points que possible. Rien n’est perdu, Zach a déjà été titré en outdoor, il va se battre jusqu’au bout !
Le boss Eli Tomac est-il de retour ? Possible, mais il reste des points à reprendre !
Deuxième podium de suite pour Adam Cianciarulo, qui a longtemps mené cette seconde manche avant de « jeter l’ancre », comme ils disent là-bas. « Je préfère me battre pour la victoire et craquer physiquement que de rouler à 80% et de passer pour un ironman ». Pas de doute, c’est bien lui (avec DF) qui donne les meilleurs interviews d’après-course.
Barcia, Barcia, Barcia… Il a beau ressembler à Sammy dans Scooby-Doo (le dessin animé, pas le mauvais film!), Justin, c’est plutôt le méchant qu’on adore détester au ciné. Mais parfois, il est capable d’offrir un peu de magie, comme dans cette fabuleuse seconde manche. En vrac total, partout, mais sans jamais lâcher l’affaire, il est revenu d’un départ tout juste dans le top 10 pour échouer dans la roue de Tomac. Déjà à l’aise lors des premières courses, BamBam is back, et pour de bon. L’effet de sa (probable) signature chez GasGas ? Aucune idée, mais c’était beau, comme ce whip « in your face » après avoir passé AC… Troisième du championnat, il peut même encore y croire.
C’est BamBam qui régale !
Encore du bon Chase Sexton, qui montre course après course qu’il va bientôt falloir compter sur lui. AC9, son partenaire d’entraînement, est le premier à avouer que Chase le met à l’amende toute la semaine au Stewart Compound. 4/5 pour une 6e place, c’est pas bien payé, mais ça va tourner un moment où à un autre…
On a eu peur pour Max Anstie, avec une suspicion de fracture de la mâchoire, mais finalement ce n’est pas le cas. Tant mieux. Par contre, priez pour qu’on revoir Jason Anderson cette saison. Une plaque dans son avant-bras a bougé, il va donc devoir se la faire retirer. JA21 faisait pourtant un sacré début de campagne outdoor et apportait du piment dans les tacos, espérons qu’il revienne vite…
Dans un registre plus léger, AC9, encore lui, a fait remarquer sur la grille à Alex Ray, placé à côté de lui, qu’il était crevé de l’avant. « Oui, je sais, tant pis. Je vais rouler comme ça ! » A-Ray n’avait pas encore fini une manche depuis le début de saison, c’est pas une crevaison qui allait l’arrêter ! 34e, OK, mais mieux qu’un DNF.
Allez, prochaine étape vendredi à Reeeeeeedddddddd Buuuuuuuuddddd, premier du nom, avant d’enchaîner lundi (oui, vous avez bien lu) avec Red Bud 2.
Par Richard Angot, photos constructeurs.