Les faits d’armes
Depuis à l’inoubliable triomphe US de 1981, nombreux furent les faits d’armes. Principalement dans les ninetees’
. Vekhonen donne le ton en 1990.
. Ouverture ’94, la première de Bervoets, la kawa, le casque Levior et la pluie…
. Everts en fait de même l’année suivante.
. 97, ouverture du 500, premier baptême (et test fiabilité grandeur nature…) du 400 YZF, manches partagées entre Boonen et Martens, et Leok (privé) crée la surprise au général !
. Presque dix ans plus tard, Verhoeven connaît, en 2005, son heure de gloire devant Breugelmans.
Autant de noms à consonance locale bien affirmée, et quelque chose me dit que 2008 ne dérogera pas à la règle…
Le terrain
Implanté au beau milieu de la campine limbourgeoise, la texture du tracé n’a pas d’équivalent. Situé en plaine au milieu d’un zoning, son sable noir y est plus profond encore que dans les sites voisins (Olmen, Valkenswaard ou Lierop pour ne citer qu’eux).
Au fil des années, des saisons, et des incessants passages tant des motos que du bull, le sable perd lentement de ses propriétés et surtout de sa faculté d’absorber l’eau. Un peu à la manière d’une terre surexploitée dont on néglige les périodes de jachère. Résultat, le célèbre site campinois se voit contraint de fermer ses portes une partie de l’hiver et, cerise sur le gâteau, d’organiser en 2002 l’ouverture de la saison nationale dans une vulgaire pâture jouxtant le terrain, rendu une fois de plus impraticable…
C’en est trop ! Quelques semaines plus tard et grâce aux subsides de la région flamande, le site est relifté de fond en comble. Sur la piste une couche de trois mètres (!) de sable, fraîchement extraite d’une carrière à proximité, y est rajoutée. Le tracé lui, est modifié à 100%. Exit les plateaux et greffe de sauts à plat. Plus mou, plus lent et surtout plus glissant sont les adjectifs de ce Lommel « new look » qui, à défaut d’être plaisant, était roulable 365 jours par an.
Les premières semaines qui suivirent donnèrent lieu à un spectacle mémorable, tant le sable à peine tassé se creusait à une vitesse irréelle. J’ai en mémoire un commentaire de Townley, sur son site internet à l’époque, le caractérisant de « roughest track ever ». Confirmation quelques jours plus tard lorsque vu de loin, le Suomy de Coppins (Honda Vismara à l’époque) faisait des vas et viens de haut en bas en donnant l’impression de se stopper net sur chaque vague de sable. Tentant de se rassurer un instant en imaginant qu’il s’agissait de son mécano ou de son plus grand admirateur, il n’en était rien ! Chaque pilote, novice ou confirmé, a, ce jour la, interprété son propre « die hard » (traduisez une journée en enfer)…
Quelques années plus tard l’histoire se répète et un violent orage le rend à nouveau impraticable…
Le Mythe
Au même titre que Lafare les Oliviers pour le sud de la France ou Asti pour l’Italie, Lommel est LE repère par excellence. Un mythe, une légende construits autour de cette marée de sable. Comme pour les précités, il ne représente pas toujours meilleur plan pour les connaisseurs mais il s’avère être un lieu de passage incontournable, tant il incarne souffrance et difficulté pour tous ceux qui y posent les crampons.
Une journée de février, par un froid glacial, donne l’occasion d’assister à un spectacle garanti, sur la piste comme en dehors.
Le parking est le théâtre d’un brassage culturel hors normes, un camper anglais flambant neuf jouxte un 609 bulgare rongé par les années et les tours de compteur, lui-même aligné à un Sprinter norvégien et un Master immatriculé dans le 45. Sur la piste, les différences et les origines se confondent, tous sont unis par le goût de l’effort et partagent la même souffrance.
Tous en bavent, certains plus que d’autres, mais ils savent dans un coin de leur tête qu’ils sont la pour ça. Ceux qui viennent pour se faire plaisir se sont royalement trompés de destination…
J’ai encore en mémoire le commentaire d’Anthony Boissière qui ne roulait jamais ailleurs lorsqu’il montait en Belgique car c’est la, je cite, qu’il « en chiait le plus »…
A chaque fin de « run », le scénario est systématique et l’expression se lit sur les visages. Les traits sont tirés, les rougeurs prononcées malgré le froid et chacun se presse d’expulser un épais mélange de sable et de salive accumulé au fil des tours. Chaque week-end d’hiver est à l’origine de 2 fractures de clavicule, 7 entorses de cheville, 8 serrages moteur, 12 cas d’absence maladie, 18 visites chez le kiné, 44 changements de kit chaîne et est source de consommation de centaines de litres d’eau, de milliers de litres d’essence et de millions de calories dépensées…
Au milieu des étrangers, des locaux et des top, une quatrième catégorie se greffe à la masse, ceux que l’on pourrait qualifier de « pensionnaires » ou de « vagabonds » de Lommel.
Ils sont suédois, bulgares, slovènes ou sud africains, roulent à un niveau respectable et brûlent de l’essence et des plaquettes de frein à longueur de journées pendant que les jeunes du même âge usent les bancs d’école. Le fourgon est planté la, il y restera une bonne partie de l’hiver (voire de l’année). Vivant d’amour et d’eau fraîche, ils écument inlassablement les ornières creusées par Ken et Steve, espérant probablement dans un coin de leur tête, pouvoir un jour bénéficier du même statut…
Le décor planté, retour à l’actualité.
Les acteurs
MX2
Le favori : Rattray
Les surprises: Roelants, Boog, Van Horebeek, Goncalves
MX1
Le favori : De Dycker
Les surprises: Desalle, Priem
La stratégie
Deux cas de figures se présentent
Ceux qui ont les racines bien encrées dans le coin et pour qui l’annonce du remplacement de Namur par Lommel est synonyme de satisfaction doublée de motivation : ceux la seront capables d’imprimer un gros rythme (« débrancher » dans le jargon) pendant le premier quart d’heure et de maintenir ensuite un « rythme de croisière » le plus élevé possible. Et c’est la que les années d’entraînement en condition spécifique vont leur assurer une cadence soutenue tout en conservant une marge de sécurité non négligeable.
D’autres s’élanceront dans un état d’esprit complètement différent. Partir dans l’idée de gérer l’effort, à la manière d’une course de fond ou d’un triathlon, en économisant (tout est relatif…) ses ressources dans la première moitié du débat. Une fois le dernier quart d’heure, il sortiront leurs derniers atouts car c’est à ce moment la que les écarts, dans un sens comme dans l’autre, se creusent à coup de poignées de secondes au tour. Expérience, maturité et connaissance de son corps oblige…
Quoiqu’il en soit, difficile de faire des plans sur la comète. Météo (orages), chaleur, mécanique, modif terrain, passage du bull, attardés, nombreux sont les facteurs qui peuvent avoir une influence sur la course et le résultat.
Comme exprimé par un top français cette semaine sur MSN : « tout peu arrivé. sa risk de finir a 11 et ke Rattray cole un tour au 5e, sa va etre la folie ! lol ». Verdict dimanche soir mais il y’a de fortes chances qu’il ne se soit pas trompé…
Photos copyright Plons Racing / Ray Archer / KTM Racing / Suzuki Racing