LES EIGHTIES…. Suis-je un privilégié ?
Question légitime de la part d’un fan ayant connu les années 80.
Pour lever l’interrogation, il faut se saisir de la machine à remonter le temps…et placer le curseur quelques 30 ans en arrière, là où le motocross a vécu son ère la plus riche, la plus aboutie, bref la plus exceptionnelle.
La période décennale qui m’inspire a connu son lot d’évènements majeurs : chute du mur de Berlin, effondrement du bloc soviétique et fin de la guerre froide, une dame de fer au pouvoir en Angleterre, un acteur Hollywoodien à la maison blanche et un socialiste à l’Élysée….
Mais plutôt que d’évoquer le monde et ses éternelles vicissitudes, je préfère ouvrir mon âme crossiste.
Imaginez un instant :
1980, le supporter de motocross à cette chance de pouvoir choisir entre trois championnats du monde distincts : 125, 250 et 500cc. Pour lui, c’est autant d’opportunités à saisir pour vivre sa passion.
Des championnats qui se déroulent essentiellement en Europe et permettent à chaque pays de prôner l’alternance entre les clubs organisateurs. Ainsi, quel que soit son point cardinal de résidence, le fan de MX a toujours la possibilité d’assister à un grand prix sans avoir à faire plusieurs centaines de kilomètres, à un tarif raisonnable qui plus est…(oui je sais, les temps ont bien changé…).
En France tout particulièrement, les tracés historiques sont légions. Si j’étais payé au mot, c’est avec délectation que je déroulerais devant vos yeux ébahis un inventaire que Jacques Prévert lui-même ne renierait pas. La France est une terre de motocross, ses circuits en sont la plus belle vitrine.
Je préfère passer sous silence la richesse évidente de notre terroir crossiste pour mieux me concentrer sur la catégorie reine des années 80 : les GP 500 (championnat le plus relevé de l’histoire sans aucun doute).
D’ABORD, DES HOMMES…
Parler des pilotes 500, c’est penser au défi physique dans tout ce qu’il a de plus noble et de plus grand : un grand prix se déroule sur 2 manches de 40mn + 2 tours, sur des machines dont le nombre de chevaux impose le respect, et arrache les bras…
Voilà pourquoi les Vromans, Lackey, Malherbe, Jobé, Carlquist, Geboers, Thorpe, Van Der Ven, JJ. Bruno,… déplacent les foules et sont considérés à juste titre comme des « monstres sacrés » de la discipline.
A travers leurs rivalités, leurs duels épiques, ou leurs oppositions de style (essayez un seul instant de trouver un point commun entre André Malherbe et Hakan Carlquist, sur le plan du pilotage….), tous ces hommes ont beaucoup apporté au motocross.
Dans chaque cœur de fan, il y a toujours un pilote plus brillant plus que les autres. André Malherbe reste selon moi celui dont l’empreinte sur les GP 500 est la plus exceptionnelle : il a amené le motocross à un niveau jusque là jamais atteint, en terme de représentation, d’image, de professionnalisme, d’innovation (il fallait oser porter du blanc sur une moto de cross…). A ces qualités hors normes s’ajoutaient une ténacité sans faille et une faculté à signer des come-back incroyables après chaque blessure. En un mot comme en cent, André Malherbe est LA grande star des GP 500.
UNE COULEUR ROUGE DOMINANTE…
Honda : symbole de la conquête de l’empire du soleil levant,
HRC : trois lettres d’or inscrites au panthéon de notre sport,
Honda 500 « made in HRC », jamais le mot ‘prototype’ n’a eu de sens plus juste.
La marque nippone, véritable fer de lance du motocross, offrait à ses pilotes des motos au caractère exceptionnel et à la sonorité unique (bien entendu il n’est question ici que de moteurs deux-temps, dont le bruit caractéristique vous poursuit à tel point qu’une piqûre de rappel sur Youtube s’impose de temps en temps, aujourd’hui comme hier).
Les ingénieurs du HRC concevaient des motos à la carte, suivant un cahier des charges qui paraîtrait démentiel aujourd’hui…chaque pièce étant pensée pour le pilote et faisait l’objet d’un processus de validation complexe. Tout ceci donnait à ces engins un caractère unique, et je ne parle pas de la valeur marchande de « l’outil »…
Honda participait ainsi à la définition du mot passion, tel qu’un ado de l’époque pouvait la concevoir : Certes, les motos avaient un coût, mais le rêve qu’elles procuraient n’avait pas de prix, belle philosophie mxkienne, n’est-ce-pas ?
L’EVEIL DE L’ONCLE SAM
Le pays du billet vert n’est pas en reste, bien au contraire. Il poursuit sa « mutation » et s’apprête à malmener le vieux continent.
Les fans assistent à un championnat de supercross unique au monde. L’évolution des machines autorise des circuits plus spectaculaires, les stadiums sont pleins, les dollars coulent à flots…. Au delà de l’aspect matériel/technologique, l’Amérique du tout terrain voit débarquer un nombre incroyable de pilotes qui vont très vite devenir, pour certains d’immenses stars, pour d’autres de véritables icônes. Bob Hannah, Johnny O’Mara, David Bailey, Jeff Ward, Broc Glover, Ricky Johnson, Ron Lechien, etc…..donnent au supercross une toute autre dimension, et la discipline entre de plein pied dans une ère nouvelle…
La machine à gagner est en marche de l’autre côté de l’Atlantique, et la vieille Europe s’apprête à subir quelques traumatismes. Parmi ceux-ci, le premier tient évidement une place à part, du fait de son retentissement et de son impact psychologique pour les décennies à venir : L’équipe américaine remporte le premier trophée des nations (250cc) de son histoire (à Lommel qui plus est….) et réédite son exploit une semaine plus tard à l’occasion du motocross des nations (500cc), à Bielstein en Allemagne de l’ouest. Nous sommes en 1981, plus rien ne sera comme avant.
Fin de la partie 1 – A suivre : Les évènements marquants des années 80
P.S. le sujet traité ayant un parfum "VINTAGE", il est de circonstance de faire appel aux techniques photographiques de l’époque, histoire d’ajouter un peu plus d’authenticité. Pour cette raison, je suis allé à la redécouverte des mes vieux albums photos…Excusez d’avance la qualité de certains clichés, qui sont "brut de décoffrage"….
Je dédie cette chronique à Olivier « Olaf » Perrin et Georges Jobé.
Crossement vôtre – Oxboy