L’ancien quintuple champion du monde Joël Smets va effectuer à la fin du mois un retour assez émouvant chez KTM, où il endossera le costume de directeur sportif du département motocross de l’usine.
A 46 ans le Flamand va quitter sa position actuelle de team-manager de l’équipe Rockstar-Suzuki et passer à l’orange dès le 1er octobre : écoutons-le évoquer, pour la première fois, son nouveau job.
« Pour faire simple, disons que j’aime tant le sport que je tiens à le vivre de l’intérieur et que pour cela je pense qu’il n’y a rien de mieux que d’être impliqué dans la préparation physique des pilotes, de travailler à leurs côtés, en sentant battre leur cœur. J’aime voir comment ils bossent : je crois que, pour les aider au mieux lorsque la grille s’abaisse le dimanche, il faut s’intéresser à leur manière de vivre et à la façon dont ils se préparent toute la semaine. Et j’ai l’impression que du côté de chez KTM on cherchait quelqu’un comme moi, quelqu’un qui voit les choses ainsi… ».
Smets sera aussi très logiquement le responsable du nouvel atelier que l’usine autrichienne est en train de terminer en Belgique, endroit où seront basés durant la saison les Antonio Cairoli, Glenn Coldenhoff, Jeffrey Herlings, Pauls Jonass, Davey Pootjes, ainsi que Shaun Simpson et toute l’équipe visant le championnat EMX 125.
Mais pas question de me pointer et de dire : « Bon les gars, voilà, ça se passera comme ça ! » – Joel Smets
« Il va falloir déterminer comment tout cela va fonctionner, entre le nouvel atelier dont je vais assurer la direction, l’usine, les pilotes et moi, mais ce genre d’organisation n’a rien de nouveau pour KTM. Et moi j’aurai juste un rôle de superviseur, une fois mise en place une solide liaison avec l’Autriche et ses programmes. Chez KTM ils possèdent un certain nombre de techniciens super compétents tels que Dirk (Gruebel, team-manager MX2) et Claudio (De Carli) et avec eux tout est sous contrôle. Mon plan, c’est de ne surtout pas contrarier tout cela, mais plutôt d’observer, dans un premier temps, comment tout fonctionne et, en ce qui me concerne, je me concentrerai sur le « terrain », la course et les pilotes. Je devrai préparer le planning précis de la saison prochaine et tout mettre en place, définir quand débutera le roulage, quelle sera la fréquence des entraînements, quel différents types de séances adopter, parfaire les contacts avec les entraîneurs physiques, tout en m’intéressant à ce qui a pu être fait la saison précédente et même celles d’avant, par exemple. Bref, tout organiser, tout analyser, pour voir ce que l’on peut améliorer par rapport aux habitudes et dans quelle mesure je peux apporter ma touche personnelle, celle qui peut découler de mon expérience propre. Dès le début du mois d’octobre je vais dorénavant devoir travailler dur de mon côté afin d’établir un schéma directeur. Mais pas question de me pointer et de dire : « Bon les gars, voilà, ça se passera comme ça ! ». Si je faisais un truc pareil, ce serait mort dès le départ… Non, je dois d’abord observer, analyser et voir s’il y a des modifications à apporter, auquel cas mon expérience, éventuellement, pourra servir ».
Le retour de Smets chez KTM, marque pour laquelle qui il a couru jusqu’en 2003 avant de rejoindre Suzuki pour les deux dernières saisons de sa carrière, marque la fin de la première partie de sa reconversion en tant que coach, au sein d’une structure japonaise et non sans un certain succès. « Je ne pensais pas les quitter si tôt, nous avions vraiment un très bon groupe. L’année a été plutôt fructueuse, malgré les blessures qui ont perturbé le parcours de Kevin (Strijbos), avec la victoire inattendue de Glenn (Coldenhoff), les bons résultats de Jeremy (Seewer) et les progrès accomplis par Brian (Hsu). Je trouve que nous avons pas mal bossé tous ensemble et c’est un peu triste quelque part de devoir se séparer même si, dans le même temps, je suis très heureux de l’opportunité offerte par KTM, comme une sorte de retour à la maison ! ».
L’ex-champion 500 et 650 cc ne manque pas d’insister sur l’immense motivation que lui procure ce rebond sous des couleurs qu’il a portées au plus haut niveau, ni bien sûr de souligner cette étonnante situation que celle de son chassé croisé avec son ancien rival Stefan Everts qui, quant à lui, quitte les Autrichiens pour (même si ce n’est toujours pas officiellement confirmé) prendre les commandes d’un team Suzuki cédé par Sylvain Geboers.
« J’ai quitté KTM fin 2003, à une époque où je me posais pas mal de questions quant à la suite de ma carrière, et même de ma vie tout simplement. Je me donnais encore deux saisons à passer derrière un guidon et, voyant KTM se développer à toute vitesse, j’étais intimement persuadé qu’un de ces jours il y aurait sûrement un rôle à jouer chez eux. En partant, j’ai eu le sentiment que je ne quittais pas seulement une moto mais aussi, sans doute, une possibilité de reconversion et d’ailleurs, lorsque Stefan a signé un contrat avec eux en 2007, j’avoue que j’ai pensé que j’aurais dû être à sa place. Mais bon, c’est ainsi, quand j’ai quitté KTM j’étais encore trop obnubilé par la compétition, je raisonnais encore en termes de performances et même d’ambition, d’ego. J’ai agi dans l’instant, voilà tout, ce que je n’ai jamais regretté en vérité, dans la mesure où c’était la première fois de ma vie que je me liais à un constructeur japonais, ce qui me paraissait représenter une sorte de consécration. En fait, j’ai sans doute un peu « merdé », mais c’était ma décision et une fois encore je n’ai aucun regret. J’ai été très heureux chez Suzuki et je tiens à remercier Sylvain de m’avoir fait confiance en me permettant de courir puis de travailler avec Suzuki ».