Interview David Luongo
Vice-président de Youthstream, David Luongo participe activement à la destinée du MXGP. Nous l’avons appelé dans la foulée du grand-prix d’Indonésie pour avoir son avis sur ce nouveau rendez-vous assez controversé, entre une piste en deça des standards en vigueur en Europe et des infrastructures assez légères. Sans parler du choix discutable de la date, en pleine saison des pluies ! David au micro pour un discours de vérité.
Alors David, on imagine que vous rêviez d’une autre première pour ce grand-prix indonésien qui, rappelons-le, remplaçait le GP de Taïlande ?
” Je vais vous surprendre, mais oui, et non. Ok, l’organisation de la course fut assez mouvementée car il nous a fallu nous adapter en permanence aux conditions climatiques qui ont détérioré l’état de la piste, en changeant notamment le programme le samedi. Mais ce qu’il faut réaliser, c’est que ce grand-prix fut un immense succès populaire. Il faut bien distinguer ces deux aspects. Le samedi, nous avons recensé 25 000 personnes sur site et le dimanche, 30 000 ! C’est plus que sur pas mal de GP européens. En plus, nous avons bénéficié de la couverture de la télé nationale, nous avons été honoré de la présence de deux ministres, celui des Sports et celui du Tourisme. Cela a donné à cette première un retentissement exceptionnel qui empêche qu’on la juge comme un échec. Et encore plus une erreur.”
Mais quand même, organiser une course à cette période de l’année, en pleine saison des pluises, c’est prendre beaucoup de risques non ? C’est jouer avec le feu ?
” Je ne vous cache pas que l’établissement du calendrier est la tâche la plus difficile à réaliser lorsqu’on organise le championnat du Monde de motocross. Car ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il y a beaucoup de paramètres à prendre en ligne de compte, notamment les dates des courses, et les situations des circuits. Ainsi, si nous sommes allées à Pangkal Pinang, une ile désaxée du pays, c’est parce que c’était la volonté du gouvernement et du ministère du tourisme qui souhaitaient promouvoir cette zone. D’ailleurs, un chiffre suffit à se convaincre de la justesse de leur raisonnement. Sur le week-end, près de 5000 billets d’avion ont été vendus ! Pour en revenir à la question climatique, s’il est clair que c’était risqué de nous y rendre, il y avait quand même des chances de passer entre les gouttes si j’puis dire : mars est le dernier mois des pluies avec 15 jours de pluie par mois, mais c’est beaucoup moins que décembre où l’on en comptabilise 23. Même lors de la saison sèche, on part sur 9 jours de pluie par mois ce qui signifie qu’il y a toujours un risque à s’y rendre. Est-ce que ça implique de tirer un trait sur ce pays, je ne crois pas ! Je suis même convaincu du contraire lorsqu’on sait que le marché global tourne autour de 9 millions d’unités vendues par an ! C’est l’un des plus gros marché au monde et pour les constructeurs, c’est une aubaine d’avoir une course dans cette zone. En terme de promotion, de publicité, l’impact de cette épreuve est phénoménal et il ne faut pas s’étonner si Roger Harvey, team manager Honda réclame que nous y retournions ! Et puis, il faut vivre également la ferveur populaire que nous avons rencontrée, c’est à peine croyable. On était tous considérés comme des stars, pilotes, mécaniciens, accompagnants, c’était fou. Le dimanche, dès 6 heures du matin, il y avait foule sur circuit !”
Je ne vous cache pas que l’établissement du calendrier est la tâche la plus difficile à réaliser lorsqu’on organise le championnat du Monde de motocross.
Et placer ce rendez-vous plus tard dans la saison, à mi championnat, ce n’était pas possible ?
“Au mois d’août, il fait 45 degrés et les orages sont terribles ! Ce n’est pas une solution. Surtout que l’on doit prendre en compte le coût d’un tel déplacement. Pourquoi on a accolé l’Indonésie au GP du Qatar ? Simplement parce que pour les teams, et pour nous autres, cela coûte moins cher de se déplacer du Moyen-Orient vers l’Asie, que de l’Europe. Encore une fois, définir un calendrier qui satisfasse tout le monde, c’est un exploit. A chaque fois, cela se résume à faire la balance entre les conditions météo, les paramètres financiers, les volontés des clubs, des autorités, des teams… C’est un gros compromis qui forcément, ne peut éviter les galères comme celles que nous avons rencontrées en Indonésie. Mais ce n’est pas beaucoup plus simple en Europe… Par exemple, pourquoi Trentino se tient le 16 avril et pas plus tard dans la saison, en août par exemple ? Et bien parce que les autorités n’ont pas besoin d’un GP l’été, tout est déjà plein, hôtels, campings… Il faut bien comprendre que les GP servent aussi à promouvoir le tourisme.”
En tout cas, c’était un peu freestyle sur place ?
” J’avoue, nous avons dû faire évoluer notre planning heure par heure, selon l’évolution de la météo. Mais avions nous le choix ? Il était impossible d’annuler de but en blanc le GP parce que le circuit était boueux. Ça reste du cross. Et encore une fois, le public était déjà là. On a annulé les qualifications du samedi pour laisser le temps au club de préparer la piste et la préserver pour le lendemain, ça me semble logique non. Idem pour les filles. Si nous les avons décalées le dimanche, c’était pour être capable de préparer la piste. Bref, on a fait de notre mieux pour sauver ce qu’on pouvait et je ne vois pas ce qu’on peut nous reprocher… Les pilotes ont roulé tant que ça présentait un intérêt, que la piste ressemblait encore à quelque chose.”
Mais n’avez-vous pas été trop léger sur l’attribution du GP. Les infrastructures ont semblé légères.
” Je ne pense pas. C’est sûr que venant du Qatar et de la piste de vitesse de Losail, ça pouvoir paraître très light, mais pour ce qui est du paddock, une grande partie des pilote était réunie dans un stade de basket qui avait bonne allure. Même s’il y faisait chaud. Pour la piste proprement dite, et les infrastructures, c’est clair que tout n’était pas parfait, mais c’est un point sur lequel nous avons prévu de travailler avec le club. Maintenant, c’était quand même très positif pour un premier GP… Disons que ça faisait MX à l’ancienne. Mais ce n’était pas une catastrophe, comme l’ont décrit certains qui avaient sans doute les boules avec la météo et la pénibilité du voyage. Et puis allez, reportons nous sur le résultat proprement dit de la course. Qui a gagné ? Shaun Simpson, un spécialiste de la boue ! Bref, ce n’était pas une loterie ce GP.”
Vous avez prévu d’y retourner ?
“Oui, nous avons signé un contrat pour trois ans. Ça va nous laisser du temps pour améliorer cette course.”
Parlons maintenant du deal signé avec MX Sports Pro Racing, la société organisatrice du national aux US, pour l’organisation future de GPs sur sol américain. Comment comprendre ce revirement de situation. Jusqu’ici, c’était la guerre avec Youthstream ?
” C’est vrai que les 10 dernières années furent celle d’une guerre ouverte entre nous deux, mais est-ce qu’il était intelligent qu’elle dure ? Pour l’intérêt de notre sport, je ne le pense pas. Les concurrents du motocross, ce sont le tennis, le football, le basket, les grands sports populaires qui attirent des millions de jeunes lorsqu’ils atteignent les 7/8 ans… Le MX reste un sport de niche et il me paraît idiot et dépasser de se déchirer pour ce qu’il représente. En plus, je pense que MX Sport a compris le sens de notre travail avec un GP comme Charlotte l’année dernière. Nous souhaitons organiser un beau GP des USA, pas cinq. L’idée n’est pas de marcher sur leurs plates-bandes, mais d’avoir un beau GP en Amérique pour compléter et apporter encore plus de crédibilité au calendrier MXGP. C’est le premier marché de moto tout-terrain, c’est inconcevable que nous n’y organisions pas un GP ! Après sans doute que mon arrivée à Youthstream a aidé à engager de nouvelles relations. En tout cas, nos rapports sont très cordiaux.”
C’est vrai que les 10 dernières années furent celle d’une guerre ouverte entre MX Sports et Youthstream, mais est-ce qu’il était intelligent qu’elle dure ?
Et concrètement, comment va se dérouler votre collaboration ?
” En fait, nous allons organiser le GP des USA le 3 septembre prochain, durant la fête du Labor Day, selon leurs recommandations et leur expertise. Comme nous le faisons en quelque sorte en France avec la Fédé. C’est MX Sport qui va nous fournir l’appui promotionnel indispensable pour faire de cette course un succès, qui va nous aiguiller vers un club motivé, vers un circuit adapté. Ils sont notre caution en quelque sorte.”
Interview David Luongo
Vice-président de Youthstream, David Luongo participe activement à la destinée du MXGP. Nous l’avons appelé dans la foulée du grand-prix d’Indonésie pour avoir son avis sur ce nouveau rendez-vous assez controversé, entre une piste en deça des standards en vigueur en Europe et des infrastructures assez légères. Sans parler du choix discutable de la date, en pleine saison des pluies ! David au micro pour un discours de vérité.
Alors David, on imagine que vous rêviez d’une autre première pour ce grand-prix indonésien qui, rappelons-le, remplaçait le GP de Taïlande ?
” Je vais vous surprendre, mais oui, et non. Ok, l’organisation de la course fut assez mouvementée car il nous a fallu nous adapter en permanence aux conditions climatiques qui ont détérioré l’état de la piste, en changeant notamment le programme le samedi. Mais ce qu’il faut réaliser, c’est que ce grand-prix fut un immense succès populaire. Il faut bien distinguer ces deux aspects. Le samedi, nous avons recensé 25 000 personnes sur site et le dimanche, 30 000 ! C’est plus que sur pas mal de GP européens. En plus, nous avons bénéficié de la couverture de la télé nationale, nous avons été honoré de la présence de deux ministres, celui des Sports et celui du Tourisme. Cela a donné à cette première un retentissement exceptionnel qui empêche qu’on la juge comme un échec. Et encore plus une erreur.”
Mais quand même, organiser une course à cette période de l’année, en pleine saison des pluises, c’est prendre beaucoup de risques non ? C’est jouer avec le feu ?
” Je ne vous cache pas que l’établissement du calendrier est la tâche la plus difficile à réaliser lorsqu’on organise le championnat du Monde de motocross. Car ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il y a beaucoup de paramètres à prendre en ligne de compte, notamment les dates des courses, et les situations des circuits. Ainsi, si nous sommes allées à Pangkal Pinang, une ile désaxée du pays, c’est parce que c’était la volonté du gouvernement et du ministère du tourisme qui souhaitaient promouvoir cette zone. D’ailleurs, un chiffre suffit à se convaincre de la justesse de leur raisonnement. Sur le week-end, près de 5000 billets d’avion ont été vendus ! Pour en revenir à la question climatique, s’il est clair que c’était risqué de nous y rendre, il y avait quand même des chances de passer entre les gouttes si j’puis dire : mars est le dernier mois des pluies avec 15 jours de pluie par mois, mais c’est beaucoup moins que décembre où l’on en comptabilise 23. Même lors de la saison sèche, on part sur 9 jours de pluie par mois ce qui signifie qu’il y a toujours un risque à s’y rendre. Est-ce que ça implique de tirer un trait sur ce pays, je ne crois pas ! Je suis même convaincu du contraire lorsqu’on sait que le marché global tourne autour de 9 millions d’unités vendues par an ! C’est l’un des plus gros marché au monde et pour les constructeurs, c’est une aubaine d’avoir une course dans cette zone. En terme de promotion, de publicité, l’impact de cette épreuve est phénoménal et il ne faut pas s’étonner si Roger Harvey, team manager Honda réclame que nous y retournions ! Et puis, il faut vivre également la ferveur populaire que nous avons rencontrée, c’est à peine croyable. On était tous considérés comme des stars, pilotes, mécaniciens, accompagnants, c’était fou. Le dimanche, dès 6 heures du matin, il y avait foule sur circuit !”
Je ne vous cache pas que l’établissement du calendrier est la tâche la plus difficile à réaliser lorsqu’on organise le championnat du Monde de motocross.
Et placer ce rendez-vous plus tard dans la saison, à mi championnat, ce n’était pas possible ?
“Au mois d’août, il fait 45 degrés et les orages sont terribles ! Ce n’est pas une solution. Surtout que l’on doit prendre en compte le coût d’un tel déplacement. Pourquoi on a accolé l’Indonésie au GP du Qatar ? Simplement parce que pour les teams, et pour nous autres, cela coûte moins cher de se déplacer du Moyen-Orient vers l’Asie, que de l’Europe. Encore une fois, définir un calendrier qui satisfasse tout le monde, c’est un exploit. A chaque fois, cela se résume à faire la balance entre les conditions météo, les paramètres financiers, les volontés des clubs, des autorités, des teams… C’est un gros compromis qui forcément, ne peut éviter les galères comme celles que nous avons rencontrées en Indonésie. Mais ce n’est pas beaucoup plus simple en Europe… Par exemple, pourquoi Trentino se tient le 16 avril et pas plus tard dans la saison, en août par exemple ? Et bien parce que les autorités n’ont pas besoin d’un GP l’été, tout est déjà plein, hôtels, campings… Il faut bien comprendre que les GP servent aussi à promouvoir le tourisme.”
En tout cas, c’était un peu freestyle sur place ?
” J’avoue, nous avons dû faire évoluer notre planning heure par heure, selon l’évolution de la météo. Mais avions nous le choix ? Il était impossible d’annuler de but en blanc le GP parce que le circuit était boueux. Ça reste du cross. Et encore une fois, le public était déjà là. On a annulé les qualifications du samedi pour laisser le temps au club de préparer la piste et la préserver pour le lendemain, ça me semble logique non. Idem pour les filles. Si nous les avons décalées le dimanche, c’était pour être capable de préparer la piste. Bref, on a fait de notre mieux pour sauver ce qu’on pouvait et je ne vois pas ce qu’on peut nous reprocher… Les pilotes ont roulé tant que ça présentait un intérêt, que la piste ressemblait encore à quelque chose.”
Mais n’avez-vous pas été trop léger sur l’attribution du GP. Les infrastructures ont semblé légères.
” Je ne pense pas. C’est sûr que venant du Qatar et de la piste de vitesse de Losail, ça pouvoir paraître très light, mais pour ce qui est du paddock, une grande partie des pilote était réunie dans un stade de basket qui avait bonne allure. Même s’il y faisait chaud. Pour la piste proprement dite, et les infrastructures, c’est clair que tout n’était pas parfait, mais c’est un point sur lequel nous avons prévu de travailler avec le club. Maintenant, c’était quand même très positif pour un premier GP… Disons que ça faisait MX à l’ancienne. Mais ce n’était pas une catastrophe, comme l’ont décrit certains qui avaient sans doute les boules avec la météo et la pénibilité du voyage. Et puis allez, reportons nous sur le résultat proprement dit de la course. Qui a gagné ? Shaun Simpson, un spécialiste de la boue ! Bref, ce n’était pas une loterie ce GP.”
Vous avez prévu d’y retourner ?
“Oui, nous avons signé un contrat pour trois ans. Ça va nous laisser du temps pour améliorer cette course.”
Parlons maintenant du deal signé avec MX Sports Pro Racing, la société organisatrice du national aux US, pour l’organisation future de GPs sur sol américain. Comment comprendre ce revirement de situation. Jusqu’ici, c’était la guerre avec Youthstream ?
” C’est vrai que les 10 dernières années furent celle d’une guerre ouverte entre nous deux, mais est-ce qu’il était intelligent qu’elle dure ? Pour l’intérêt de notre sport, je ne le pense pas. Les concurrents du motocross, ce sont le tennis, le football, le basket, les grands sports populaires qui attirent des millions de jeunes lorsqu’ils atteignent les 7/8 ans… Le MX reste un sport de niche et il me paraît idiot et dépasser de se déchirer pour ce qu’il représente. En plus, je pense que MX Sport a compris le sens de notre travail avec un GP comme Charlotte l’année dernière. Nous souhaitons organiser un beau GP des USA, pas cinq. L’idée n’est pas de marcher sur leurs plates-bandes, mais d’avoir un beau GP en Amérique pour compléter et apporter encore plus de crédibilité au calendrier MXGP. C’est le premier marché de moto tout-terrain, c’est inconcevable que nous n’y organisions pas un GP ! Après sans doute que mon arrivée à Youthstream a aidé à engager de nouvelles relations. En tout cas, nos rapports sont très cordiaux.”
C’est vrai que les 10 dernières années furent celle d’une guerre ouverte entre MX Sports et Youthstream, mais est-ce qu’il était intelligent qu’elle dure ?
Et concrètement, comment va se dérouler votre collaboration ?
” En fait, nous allons organiser le GP des USA le 3 septembre prochain, durant la fête du Labor Day, selon leurs recommandations et leur expertise. Comme nous le faisons en quelque sorte en France avec la Fédé. C’est MX Sport qui va nous fournir l’appui promotionnel indispensable pour faire de cette course un succès, qui va nous aiguiller vers un club motivé, vers un circuit adapté. Ils sont notre caution en quelque sorte.”
Interview David Luongo
Vice-président de Youthstream, David Luongo participe activement à la destinée du MXGP. Nous l’avons appelé dans la foulée du grand-prix d’Indonésie pour avoir son avis sur ce nouveau rendez-vous assez controversé, entre une piste en deça des standards en vigueur en Europe et des infrastructures assez légères. Sans parler du choix discutable de la date, en pleine saison des pluies ! David au micro pour un discours de vérité.
Alors David, on imagine que vous rêviez d’une autre première pour ce grand-prix indonésien qui, rappelons-le, remplaçait le GP de Taïlande ?
” Je vais vous surprendre, mais oui, et non. Ok, l’organisation de la course fut assez mouvementée car il nous a fallu nous adapter en permanence aux conditions climatiques qui ont détérioré l’état de la piste, en changeant notamment le programme le samedi. Mais ce qu’il faut réaliser, c’est que ce grand-prix fut un immense succès populaire. Il faut bien distinguer ces deux aspects. Le samedi, nous avons recensé 25 000 personnes sur site et le dimanche, 30 000 ! C’est plus que sur pas mal de GP européens. En plus, nous avons bénéficié de la couverture de la télé nationale, nous avons été honoré de la présence de deux ministres, celui des Sports et celui du Tourisme. Cela a donné à cette première un retentissement exceptionnel qui empêche qu’on la juge comme un échec. Et encore plus une erreur.”
Mais quand même, organiser une course à cette période de l’année, en pleine saison des pluises, c’est prendre beaucoup de risques non ? C’est jouer avec le feu ?
” Je ne vous cache pas que l’établissement du calendrier est la tâche la plus difficile à réaliser lorsqu’on organise le championnat du Monde de motocross. Car ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il y a beaucoup de paramètres à prendre en ligne de compte, notamment les dates des courses, et les situations des circuits. Ainsi, si nous sommes allées à Pangkal Pinang, une ile désaxée du pays, c’est parce que c’était la volonté du gouvernement et du ministère du tourisme qui souhaitaient promouvoir cette zone. D’ailleurs, un chiffre suffit à se convaincre de la justesse de leur raisonnement. Sur le week-end, près de 5000 billets d’avion ont été vendus ! Pour en revenir à la question climatique, s’il est clair que c’était risqué de nous y rendre, il y avait quand même des chances de passer entre les gouttes si j’puis dire : mars est le dernier mois des pluies avec 15 jours de pluie par mois, mais c’est beaucoup moins que décembre où l’on en comptabilise 23. Même lors de la saison sèche, on part sur 9 jours de pluie par mois ce qui signifie qu’il y a toujours un risque à s’y rendre. Est-ce que ça implique de tirer un trait sur ce pays, je ne crois pas ! Je suis même convaincu du contraire lorsqu’on sait que le marché global tourne autour de 9 millions d’unités vendues par an ! C’est l’un des plus gros marché au monde et pour les constructeurs, c’est une aubaine d’avoir une course dans cette zone. En terme de promotion, de publicité, l’impact de cette épreuve est phénoménal et il ne faut pas s’étonner si Roger Harvey, team manager Honda réclame que nous y retournions ! Et puis, il faut vivre également la ferveur populaire que nous avons rencontrée, c’est à peine croyable. On était tous considérés comme des stars, pilotes, mécaniciens, accompagnants, c’était fou. Le dimanche, dès 6 heures du matin, il y avait foule sur circuit !”
Je ne vous cache pas que l’établissement du calendrier est la tâche la plus difficile à réaliser lorsqu’on organise le championnat du Monde de motocross.
Et placer ce rendez-vous plus tard dans la saison, à mi championnat, ce n’était pas possible ?
“Au mois d’août, il fait 45 degrés et les orages sont terribles ! Ce n’est pas une solution. Surtout que l’on doit prendre en compte le coût d’un tel déplacement. Pourquoi on a accolé l’Indonésie au GP du Qatar ? Simplement parce que pour les teams, et pour nous autres, cela coûte moins cher de se déplacer du Moyen-Orient vers l’Asie, que de l’Europe. Encore une fois, définir un calendrier qui satisfasse tout le monde, c’est un exploit. A chaque fois, cela se résume à faire la balance entre les conditions météo, les paramètres financiers, les volontés des clubs, des autorités, des teams… C’est un gros compromis qui forcément, ne peut éviter les galères comme celles que nous avons rencontrées en Indonésie. Mais ce n’est pas beaucoup plus simple en Europe… Par exemple, pourquoi Trentino se tient le 16 avril et pas plus tard dans la saison, en août par exemple ? Et bien parce que les autorités n’ont pas besoin d’un GP l’été, tout est déjà plein, hôtels, campings… Il faut bien comprendre que les GP servent aussi à promouvoir le tourisme.”
En tout cas, c’était un peu freestyle sur place ?
” J’avoue, nous avons dû faire évoluer notre planning heure par heure, selon l’évolution de la météo. Mais avions nous le choix ? Il était impossible d’annuler de but en blanc le GP parce que le circuit était boueux. Ça reste du cross. Et encore une fois, le public était déjà là. On a annulé les qualifications du samedi pour laisser le temps au club de préparer la piste et la préserver pour le lendemain, ça me semble logique non. Idem pour les filles. Si nous les avons décalées le dimanche, c’était pour être capable de préparer la piste. Bref, on a fait de notre mieux pour sauver ce qu’on pouvait et je ne vois pas ce qu’on peut nous reprocher… Les pilotes ont roulé tant que ça présentait un intérêt, que la piste ressemblait encore à quelque chose.”
Mais n’avez-vous pas été trop léger sur l’attribution du GP. Les infrastructures ont semblé légères.
” Je ne pense pas. C’est sûr que venant du Qatar et de la piste de vitesse de Losail, ça pouvoir paraître très light, mais pour ce qui est du paddock, une grande partie des pilote était réunie dans un stade de basket qui avait bonne allure. Même s’il y faisait chaud. Pour la piste proprement dite, et les infrastructures, c’est clair que tout n’était pas parfait, mais c’est un point sur lequel nous avons prévu de travailler avec le club. Maintenant, c’était quand même très positif pour un premier GP… Disons que ça faisait MX à l’ancienne. Mais ce n’était pas une catastrophe, comme l’ont décrit certains qui avaient sans doute les boules avec la météo et la pénibilité du voyage. Et puis allez, reportons nous sur le résultat proprement dit de la course. Qui a gagné ? Shaun Simpson, un spécialiste de la boue ! Bref, ce n’était pas une loterie ce GP.”
Vous avez prévu d’y retourner ?
“Oui, nous avons signé un contrat pour trois ans. Ça va nous laisser du temps pour améliorer cette course.”
Parlons maintenant du deal signé avec MX Sports Pro Racing, la société organisatrice du national aux US, pour l’organisation future de GPs sur sol américain. Comment comprendre ce revirement de situation. Jusqu’ici, c’était la guerre avec Youthstream ?
” C’est vrai que les 10 dernières années furent celle d’une guerre ouverte entre nous deux, mais est-ce qu’il était intelligent qu’elle dure ? Pour l’intérêt de notre sport, je ne le pense pas. Les concurrents du motocross, ce sont le tennis, le football, le basket, les grands sports populaires qui attirent des millions de jeunes lorsqu’ils atteignent les 7/8 ans… Le MX reste un sport de niche et il me paraît idiot et dépasser de se déchirer pour ce qu’il représente. En plus, je pense que MX Sport a compris le sens de notre travail avec un GP comme Charlotte l’année dernière. Nous souhaitons organiser un beau GP des USA, pas cinq. L’idée n’est pas de marcher sur leurs plates-bandes, mais d’avoir un beau GP en Amérique pour compléter et apporter encore plus de crédibilité au calendrier MXGP. C’est le premier marché de moto tout-terrain, c’est inconcevable que nous n’y organisions pas un GP ! Après sans doute que mon arrivée à Youthstream a aidé à engager de nouvelles relations. En tout cas, nos rapports sont très cordiaux.”
C’est vrai que les 10 dernières années furent celle d’une guerre ouverte entre MX Sports et Youthstream, mais est-ce qu’il était intelligent qu’elle dure ?
Et concrètement, comment va se dérouler votre collaboration ?
” En fait, nous allons organiser le GP des USA le 3 septembre prochain, durant la fête du Labor Day, selon leurs recommandations et leur expertise. Comme nous le faisons en quelque sorte en France avec la Fédé. C’est MX Sport qui va nous fournir l’appui promotionnel indispensable pour faire de cette course un succès, qui va nous aiguiller vers un club motivé, vers un circuit adapté. Ils sont notre caution en quelque sorte.”
Interview David Luongo
Vice-président de Youthstream, David Luongo participe activement à la destinée du MXGP. Nous l’avons appelé dans la foulée du grand-prix d’Indonésie pour avoir son avis sur ce nouveau rendez-vous assez controversé, entre une piste en deça des standards en vigueur en Europe et des infrastructures assez légères. Sans parler du choix discutable de la date, en pleine saison des pluies ! David au micro pour un discours de vérité.
Alors David, on imagine que vous rêviez d’une autre première pour ce grand-prix indonésien qui, rappelons-le, remplaçait le GP de Taïlande ?
” Je vais vous surprendre, mais oui, et non. Ok, l’organisation de la course fut assez mouvementée car il nous a fallu nous adapter en permanence aux conditions climatiques qui ont détérioré l’état de la piste, en changeant notamment le programme le samedi. Mais ce qu’il faut réaliser, c’est que ce grand-prix fut un immense succès populaire. Il faut bien distinguer ces deux aspects. Le samedi, nous avons recensé 25 000 personnes sur site et le dimanche, 30 000 ! C’est plus que sur pas mal de GP européens. En plus, nous avons bénéficié de la couverture de la télé nationale, nous avons été honoré de la présence de deux ministres, celui des Sports et celui du Tourisme. Cela a donné à cette première un retentissement exceptionnel qui empêche qu’on la juge comme un échec. Et encore plus une erreur.”
Mais quand même, organiser une course à cette période de l’année, en pleine saison des pluises, c’est prendre beaucoup de risques non ? C’est jouer avec le feu ?
” Je ne vous cache pas que l’établissement du calendrier est la tâche la plus difficile à réaliser lorsqu’on organise le championnat du Monde de motocross. Car ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il y a beaucoup de paramètres à prendre en ligne de compte, notamment les dates des courses, et les situations des circuits. Ainsi, si nous sommes allées à Pangkal Pinang, une ile désaxée du pays, c’est parce que c’était la volonté du gouvernement et du ministère du tourisme qui souhaitaient promouvoir cette zone. D’ailleurs, un chiffre suffit à se convaincre de la justesse de leur raisonnement. Sur le week-end, près de 5000 billets d’avion ont été vendus ! Pour en revenir à la question climatique, s’il est clair que c’était risqué de nous y rendre, il y avait quand même des chances de passer entre les gouttes si j’puis dire : mars est le dernier mois des pluies avec 15 jours de pluie par mois, mais c’est beaucoup moins que décembre où l’on en comptabilise 23. Même lors de la saison sèche, on part sur 9 jours de pluie par mois ce qui signifie qu’il y a toujours un risque à s’y rendre. Est-ce que ça implique de tirer un trait sur ce pays, je ne crois pas ! Je suis même convaincu du contraire lorsqu’on sait que le marché global tourne autour de 9 millions d’unités vendues par an ! C’est l’un des plus gros marché au monde et pour les constructeurs, c’est une aubaine d’avoir une course dans cette zone. En terme de promotion, de publicité, l’impact de cette épreuve est phénoménal et il ne faut pas s’étonner si Roger Harvey, team manager Honda réclame que nous y retournions ! Et puis, il faut vivre également la ferveur populaire que nous avons rencontrée, c’est à peine croyable. On était tous considérés comme des stars, pilotes, mécaniciens, accompagnants, c’était fou. Le dimanche, dès 6 heures du matin, il y avait foule sur circuit !”
Je ne vous cache pas que l’établissement du calendrier est la tâche la plus difficile à réaliser lorsqu’on organise le championnat du Monde de motocross.
Et placer ce rendez-vous plus tard dans la saison, à mi championnat, ce n’était pas possible ?
“Au mois d’août, il fait 45 degrés et les orages sont terribles ! Ce n’est pas une solution. Surtout que l’on doit prendre en compte le coût d’un tel déplacement. Pourquoi on a accolé l’Indonésie au GP du Qatar ? Simplement parce que pour les teams, et pour nous autres, cela coûte moins cher de se déplacer du Moyen-Orient vers l’Asie, que de l’Europe. Encore une fois, définir un calendrier qui satisfasse tout le monde, c’est un exploit. A chaque fois, cela se résume à faire la balance entre les conditions météo, les paramètres financiers, les volontés des clubs, des autorités, des teams… C’est un gros compromis qui forcément, ne peut éviter les galères comme celles que nous avons rencontrées en Indonésie. Mais ce n’est pas beaucoup plus simple en Europe… Par exemple, pourquoi Trentino se tient le 16 avril et pas plus tard dans la saison, en août par exemple ? Et bien parce que les autorités n’ont pas besoin d’un GP l’été, tout est déjà plein, hôtels, campings… Il faut bien comprendre que les GP servent aussi à promouvoir le tourisme.”
En tout cas, c’était un peu freestyle sur place ?
” J’avoue, nous avons dû faire évoluer notre planning heure par heure, selon l’évolution de la météo. Mais avions nous le choix ? Il était impossible d’annuler de but en blanc le GP parce que le circuit était boueux. Ça reste du cross. Et encore une fois, le public était déjà là. On a annulé les qualifications du samedi pour laisser le temps au club de préparer la piste et la préserver pour le lendemain, ça me semble logique non. Idem pour les filles. Si nous les avons décalées le dimanche, c’était pour être capable de préparer la piste. Bref, on a fait de notre mieux pour sauver ce qu’on pouvait et je ne vois pas ce qu’on peut nous reprocher… Les pilotes ont roulé tant que ça présentait un intérêt, que la piste ressemblait encore à quelque chose.”
Mais n’avez-vous pas été trop léger sur l’attribution du GP. Les infrastructures ont semblé légères.
” Je ne pense pas. C’est sûr que venant du Qatar et de la piste de vitesse de Losail, ça pouvoir paraître très light, mais pour ce qui est du paddock, une grande partie des pilote était réunie dans un stade de basket qui avait bonne allure. Même s’il y faisait chaud. Pour la piste proprement dite, et les infrastructures, c’est clair que tout n’était pas parfait, mais c’est un point sur lequel nous avons prévu de travailler avec le club. Maintenant, c’était quand même très positif pour un premier GP… Disons que ça faisait MX à l’ancienne. Mais ce n’était pas une catastrophe, comme l’ont décrit certains qui avaient sans doute les boules avec la météo et la pénibilité du voyage. Et puis allez, reportons nous sur le résultat proprement dit de la course. Qui a gagné ? Shaun Simpson, un spécialiste de la boue ! Bref, ce n’était pas une loterie ce GP.”
Vous avez prévu d’y retourner ?
“Oui, nous avons signé un contrat pour trois ans. Ça va nous laisser du temps pour améliorer cette course.”
Parlons maintenant du deal signé avec MX Sports Pro Racing, la société organisatrice du national aux US, pour l’organisation future de GPs sur sol américain. Comment comprendre ce revirement de situation. Jusqu’ici, c’était la guerre avec Youthstream ?
” C’est vrai que les 10 dernières années furent celle d’une guerre ouverte entre nous deux, mais est-ce qu’il était intelligent qu’elle dure ? Pour l’intérêt de notre sport, je ne le pense pas. Les concurrents du motocross, ce sont le tennis, le football, le basket, les grands sports populaires qui attirent des millions de jeunes lorsqu’ils atteignent les 7/8 ans… Le MX reste un sport de niche et il me paraît idiot et dépasser de se déchirer pour ce qu’il représente. En plus, je pense que MX Sport a compris le sens de notre travail avec un GP comme Charlotte l’année dernière. Nous souhaitons organiser un beau GP des USA, pas cinq. L’idée n’est pas de marcher sur leurs plates-bandes, mais d’avoir un beau GP en Amérique pour compléter et apporter encore plus de crédibilité au calendrier MXGP. C’est le premier marché de moto tout-terrain, c’est inconcevable que nous n’y organisions pas un GP ! Après sans doute que mon arrivée à Youthstream a aidé à engager de nouvelles relations. En tout cas, nos rapports sont très cordiaux.”
C’est vrai que les 10 dernières années furent celle d’une guerre ouverte entre MX Sports et Youthstream, mais est-ce qu’il était intelligent qu’elle dure ?
Et concrètement, comment va se dérouler votre collaboration ?
” En fait, nous allons organiser le GP des USA le 3 septembre prochain, durant la fête du Labor Day, selon leurs recommandations et leur expertise. Comme nous le faisons en quelque sorte en France avec la Fédé. C’est MX Sport qui va nous fournir l’appui promotionnel indispensable pour faire de cette course un succès, qui va nous aiguiller vers un club motivé, vers un circuit adapté. Ils sont notre caution en quelque sorte.”