Non pas son jeté de lunette hors pair ou son look de cosmonaute, ni même la façon de remercier son employeur après six années de bons et loyaux services, rien de tout cela… je pensais plutôt au « Evert’s staïle »…
« En virage, de un je m’assieds le plus tard possible et de deux j’évite de sortir la jambe (et si je la sors je raccroche le pied le plus vite possible). »
Je pense qu’il n’est pas exagéré de parler d’une révolution en terme de technique de pilotage, révolution qui s’est installée progressivement tout au long de la dynastie Everts et qui continue au jour d’aujourd’hui. Nombreux furent les multiples champions du monde ou U.S, mais très peu ont laissé une véritable trace en matière d’évolution technique sur leurs propres adversaires mais également sur le pilote lambda. Mis à part le dernier en date, à savoir Bubba et son célèbre « scrub », adopté par les pratiquants aux quatre coins du globe, rares sont les pilotes ayant laissé derrière eux un tel héritage.
Contrairement à ce dernier, on constate que le « Evert’s staïle », appelons le comme tel, ne touche que l’Europe, et plus précisément la génération des 18-25 ans, celle qui forcément, a grandi dans l’ombre du #72.
Townley et Ramon furent les premiers à s’en inspirer, Pichon en bon nordiste et spécialiste des conditions difficiles a toujours montré de bonnes dispositions également. Aujourd’hui on constate que Bonini s’inspire de Cairoli, qu’Aranda s’inspire de S.Pourcel sans même parler de Desalle ou De Dycker mais que tous puisent consciemment ou inconsciemment dans la « légende de Matterley ».
D’autres facteurs accentuent ou du moins favorisent le phénomène. Tout d’abord les terrains ; griffe, trous, ornières et portions sablonneuses, car l’appui est indispensable pour s’asseoir tard. Pouvez essayer en Italie après l’arrosage, c’est pas top top.
Ensuite le fait que bon nombre de pilotes roulent dans le sable une bonne partie de l’année. A Lommel ou Dunkerque les spécialistes sortent la jambe entre 2 et 5 fois par tour (et au plus ça se défonce, au moins ils la sortent…).
Enfin, combien sont les pilotes de haut niveau qui peuvent affirmer n’avoir subi aucun traumatisme sur les articulations des membres inférieurs (genoux et/ou chevilles) ?? Le corps et le cerveau humain fonctionnant (en principe) par compensation, ben forcément…
Comme le Bubba Scrub, le pilotage à la Everts a ses adeptes et ses travers. Au même titre que le célèbre déhanché est la cause de nombreuses luxations et fractures (car souvent mal réalisé et conduisant à un déséquilibre et/ou à une réception deux roues désaxées), il m’arrive régulièrement de voir des gamins rester debout là ou ils pourraient s’asseoir ou bien tout simplement imprimer une vitesse réduite en entrée de courbe sous prétexte qu’ils restent debout…
De quoi soulever la question : « A quel moment s’asseoir dans l’ornière » ??
Certains diront que cela dépend de la régularité de celle-ci (arrondie, carrée ou poussant à l’entrée et/ou à la sortie), d’autres parleront de l’ouverture du virage (90°, 180°,…) ou encore du dernier trou de freinage…
On constate qu’il s’agit avant tout d’une question de feeling, pas de règles établies. Certains s’assoient tôt (Aubin, Van Horebeek), d’autres tard (Cairoli, Seb Pourcel) mais tous sont efficaces…
On souligne qu’un pilote qui s’assied tard est souvent un pilote qui se sert essentiellement de ses jambes pour virer et qui possède en l’occurrence des appuis efficaces et des aptitudes à l’équilibre particulièrement développées.
On comprend mieux désormais pourquoi la moto de trial était le joujou de prédilection du #72…
Dernière évolution en date, la prise d’angle maxi debout sur les cale-pieds compte déjà quelques adeptes. Gare toutefois à tous ceux qui chaussent du « 46 fillette » et autres pieds « en canard ».
Allez assez parlé, à vous de jouer…
Texte Yves Devlaminck – Photos copyright Petitwellmx.com / CAS Honda / Plons Ktm Racing