the mx addict a écrit :
Reste plus qu’à nous balancer l’explication quant au choix des termes de l’intitulé de ce fameux concours, Dirt…
Je me souviens parfaitement de ce que j’avais à l’esprit en lançant ce truc qui a, l’espace de quelques années, pris des proportions importantes au sein de la communauté des fans de MX les plus pointus.
On voyait fleurir à cette époque un tas de “concours” consistant souvent en une ou deux questions bidons, archi-faciles afin de rameuter le plus de bulletins qui étaient autant d’adresses utiles (n’oubliez pas qu’avant internet, les bases de données-consommateurs étaient bien plus réduites donc précieuses), le tout pour gagner une paire de gants ou un futal quelconque, ainsi en général que des lots de consolation aussi nombreux que dérisoires.
L’ancêtre, en somme, des “tapez 1 ou 2 à la question : qui vient de marquer le but dont on va vous passer le replay au cas où vous hésiteriez”, laquelle revient à peu près à jouer au loto car au final, il s’agira d’un simple tirage au sort, le mérite du gagnant se limitant à avoir appelé le numéro surtaxé…
Déjà, donc, ce concept me gavait. A mes yeux, un concours se devait de faire émerger la crême de la crême et de primer le plus malin des érudits du lot, seul à pouvoir prétendre au titre de “docteur ès-cross” CCA-Approved.
Un seul vainqueur. Lot de consolation utile, décerné à une petite poignée de valeureux (une dizaine d’abonnements) et basta.
Le docteur ès-cross, lui, se devait d’être justement gratifié. Le cross était un marché porteur, sur lesquels les importateurs s’impliquaient.
Or le spécial Cross, un fois l’an, était la seule publication d’envergure ne parlant que de MX. MV était (au début) en situation de monopole et représentait déjà plus qu’un simple magazine, il accompagnait-influençait-orientait l’activité TT dans le pays voire au-delà.
La naissance du Spécial Cross est un événement très personnel (more on that une prochaine fois) et à mes yeux il devait être encore + radical que le MV habituel auquel je ne participais que partiellement. Il devait être l’organe officiel de la CCA, une sorte de PRAVDA à nous, orientée, implacable et dictant LA vérité aux masses non pas “populaires”, mais “crossistes” (terme inventé pour l’occasion, je pense).
Bref, les importateurs étaient priés, tour à tour, d’offrir une moto à ce docteur ès-cross.
Je les appelais sans la moindre vergogne et ne me souviens pas avoir essuyé un seul refus.
Le souci -et on en vient à la terminologie- était qu’un “concours”, a fortiori faisant gagner un gros lot, se devait d’être assorti d’un réglement avec huissier et tout le tra-la-la, m’avait-on averti du côté du service pub. Phobie administrative oblige, il était inconcevable que je me coltine ce genre de dispositif et j’avais de toute façon la parfaite intention de décider de moi-même qui allait mériter d’être récompensé.
C’est pour cela que j’ai imaginé cette terminolgie “jeu-test” qui, dans mon esprit au moins (avec le recul je pense que ça n’avait sans doute pas la moindre valeur juridique?!), me délivrait des contraintes du “concours” classique.
Car justement il devait être tout, sauf “classique” : il était 100% “CCA-Approved” et ce genre de distinction, à notre sens (nous avions une idée décalée mais tout de même très haute de ce que nous représentions, more on that une autre prochaine fois) n’aurait su aller à quiconque d’autre qu’à un vrai frapadingue de cross donc, par définition, un mec qui s’était forcément infusé la totalité de ce qu’on pouvait avoir publié sur le sujet, articles et photos, dans le moindre détail.
Si j’avais pas la flemme d’aller voir au fond d’un carton j’en aurais confirmation mais apparemment, le jeu publié par Gator étant le 86 ou 87, il y en avait déjà eu plusieurs et je ne suis pas sûr que le concept “diabolique-satanique-d’enfer”(etc) était accolé aux premières éditions.
Quoiqu’il en soit, il avait l’avantage d’annoncer clairement la couleur. La nature perverse-obsessionnelle du jeu était détaillée et râbachée de l’intro du concours à la publication des réponses et ce, d’une année sur l’autre (distillant de précieuses indications pour la compréhension d’énigmes à venir).
Toujours dans la logique PRAVDA (seule source d’information “officielle”, donc pure), les réponses aux questions se trouvaient forcément dans une publication CCA-Approved. Cela pouvait inclure par exemple le programme du SX Tour, réalisé par nos soins : une année, une réponse ne pouvait se trouver que là; faute d’avoir inclus ce programme dans leur périmètre de recherche, certains y ont laissé une parcelle de santé mentale!
Car les prétendants qui ont d’emblée et dans la durée représenté une caste assez large de mecs vraiment pointus ont intégré les règles et développé des techniques de recherches systématiques; ceux-là finissaient par connaître leurs archives “CCA” par coeur (mais trouvaient toujours plaisir à s’y replonger, c’est du moins ce qu’ils affirmaient). Pour beaucoup, l’affaire tournait à l’obsession. Certains avaient carrément aménagé une pièce spéciale dans laquelle ils “s’exilaient” pendant un mois chaque année dès qu’ils avaient une minute ! Le Sp X a probablement brisé des couples (certes, pour la bonne cause)…
Bien avant forums et réseaux sociaux, les addicts étaient capables de s’organiser, se se retrouver sur des épreuves voire parfois chez eux, pour creuser ou échanger le fruit de leurs recherches.
J’adorais lire les explications de leurs réponses (sans lesquelles ils n’avaient aucune chance de gagner) et les réflexions annexes qui leur étaient demandées. Au-delà du concours, c’était une sorte de super courrier-des-lecteurs pointu, quasiment une enquête d’opinion, sur un segment de clientèle très influent. On n’avait pas l’équivalent à l’époque.
A partir du moment où internet s’est répandu, le phénomène de recherche collective ne pouvait que se développer et dénaturer l’essence originelle du jeu qui était de sortir UN “docteur” du lot, un mec ayant vraiment trimé sur le truc de bout en bout.
C’est pourquoi le “jeu-test d’enfer” s’est arrêté.
, le il y a 1 jour.
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