On le savait depuis un moment déjà, mais cette fois c’est officiel, Dylan Ferrandis et Star Racing Yamaha, c’est terminé. Une belle histoire qui aura donc duré sept ans, comme l’Amour, d’après certains. Une éternité pour un pilote d’usine, preuve de la fidélité de la relation de part et d’autre. Car si l’on retient évidemment les championnats et les victoires remportés par Dylan et Star Racing, on se souvient moins volontiers les blessures qui ont empêché le pilote français de concrétiser plus tôt son potentiel aux USA.
Surtout, il faut se souvenir que c’est bien Star Racing qui lui a donné sa chance aux US, comme Dylan nous l’avait confié lui-même en 2020 : “L’idée à la base était d’aller chez Pro Circuit, mais ça ne passait pas au mieux chez Kawasaki en Europe. Franchement, j’en avais marre des GP, surtout des terrains. Je prenais de moins en moins de plaisir à rouler sur ces circuits après quelques années parce que ça devenait de pire en pire. Mon agent à l’époque s’appelait Jérémy Debize qui s’occupe de Bénistant aujourd’hui. Il travaillait chez Wasserman, qui est une grosse boite d’agents dans le monde et dans laquelle il y avait aussi Jimmy Button, ancien pilote devenu agent aussi. Jérémy lui parlait régulièrement de moi en lui disant que je voulais absolument venir aux US. Peu après l’Italie où je me suis battu avec Jeffrey, Bobby Regan, le boss du team Star Racing cherchait des pilotes, et il avait vu la course et a dit « il nous faut ce rider ! ». Et juste après, Jimmy m’a justement proposé à Bobby. Ça tombait pile en fait. J’ai reçu un contrat de fou, beaucoup plus d’argent que ce que je pouvais avoir en Europe, tout qui allait bien. Je n’ai même réfléchi, j’ai dit oui tout de suite. C’est pour ça que ça s’est fait aussi vite. Je n’en pouvais plus de rouler en Europe, même si j’aurais pu faire une année de plus. Eux me voulait, moi je voulais partir, parfait !”
Scaphoïde cassé en 2017, mâchoire fracturée en 2018, le team Star Racing aurait pu jeter l’éponge, d’autant que le boss Bobby Regan n’a pas la réputation d’être patient, ni même d’honorer jusqu’au bout les contrats si le pilote ne lui “plait” plus. Demandez donc à Kyle Peters ou Will Hahn quand ils étaient jeunes, où est passée leur deuxième année de contrat ! Mais laissons la parole à Dylan, toujours en 2020 : “C’est un team qui ne recherche que la victoire, sinon ils ne sont pas heureux. Si ça ne gagne pas, ça va gueuler. Tous les pilotes dans le bureau, et ça tape du poing sur la table. C’est presque arriérée comme méthode, mais c’est ce qu’il faut, aussi. Je me souviendrai toute ma vie d’un meeting après Millville il y a quelques années. Il faisait chaud, je n’arrivais pas à rouler, je m’arrache pour faire 7/5, nul, quoi. Les autres pareil, ils avaient éclaté physiquement. Le soir, ça avait gueulé, un truc de fou ! Ça nous a servi, en fait, c’est ce dont on avait besoin. (…) Si tu ne gagnes pas, tu passes après. Je l’ai vécu moi aussi, quand Plessinger a enchaîné SX et MX lui aussi. C’était bonne ambiance, ça rigolait, il était le petit chouchou, et j’avais envie d’être à sa place. Ça m’a donné la motivation de m’entraîner plus pour y arriver, à cette place. Après, sûr que pour les autres pilotes, ça ne doit pas être facile ! Mais je n’ai jamais connu une équipe avec une telle envie de gagner, et c’est ce que je recherche aussi.”
Champion des États-Unis de Supercross 250 côte ouest en 2019 et 2020, champion des États-Unis de MX 250 en 2020 et MX 450 en 2021, Dylan a toutefois su se montrer à la hauteur des attentes du team, jusqu’à cette saison où on a la sensation que quelque chose s’est brisé dans la relation entre eux. La faute à Ricki Gilmour ? Chargé de la partie suspensions chez KYB en 2021, l’année du titre outdoor 450, ce dernier n’est autre qu’un des meilleurs amis d’Eli Tomac. Il était par exemple témoin à son mariage. Depuis l’arrivée dans le team d’Eli, on a entendu plusieurs fois Dylan se plaindre de ses suspensions et du manque de testing. Star Racing aurait-il fait preuve d’un certain favoritisme, par rapport à un Eli qui gagne, en plus ? Relisez le passage au-dessus pour vous donner une idée…
L’heure est donc venue pour notre Frenchie d’ouvrir une nouvelle page. Avec qui ? On entend des rumeurs avec le préparateur Factory Connection sur des Honda… Ou la piste HEP Suzuki, si elle est encore d’actualité, ce qu’on ignore, à vrai dire. Mais l’agent de Dylan, Jimmy Button, a indiqué récemment qu’on verra son pilote derrière la grille en 2024. Ce qu’on souhaite vivement. Vivement une annonce officielle.
Par Rich’.