A Lommel Tony Cairoli n’est pas passé loin de la victoire en seconde manche : c’eût été son premier succès depuis deux ans au guidon d’une KTM 350 SX-F… C’était déjà dans les sables du Limbourg qu’en 2014 le Sicilien avait accédé une dernière fois à la plus haute marche du podium grâce à une trois-et-demie. Et dimanche dernier il effectuait sa seconde sortie aux commandes de la version 2017 d’une machine qui lui avait permis d’empocher cinq couronnes mondiales consécutives entre 2010 et 2014.
Samedi dernier, à la veille du GP, Tony s’est expliqué sur ce changement de monture. Il a notamment évoqué cette chute de pré-saison qui lui avait valu des côtes cassées et surtout un problème nerveux au niveau d’un bras et d’une épaule, ainsi que les améliorations apportées à la SX-F 350 qui l’ont conduit à revenir à cette cylindrée, un peu plus d’un an après être passé à la 450. Il a d’ailleurs révélé que ce retour à la 350 aurait pu se produire bien avant Loket…
« C’est une moto très différente. Avec mes soucis de bras et le fait que je manque encore de force, je me sens mieux sur la 350, plus en contrôle que sur la quatre-et-demie. J’avais pris la décision un peu plus tôt dans la saison, mais la machine n’était pas complètement prête, nous avions encore quelques pièces millésimées 2018 à tester et à « mixer » avec d’autres appartenant au modèle 2017, aussi avons-nous dû attendre un peu. Ce n’était pas l’idéal, la fin de saison approchant à toute vitesse, mais voilà cette fois c’est fait et j’en suis très content, il ne me reste plus qu’à accumuler les heures de roulage pour avoir cette moto vraiment bien en mains. Sans doute le terrain de Loket n’était-il pas l’endroit idéal pour étrenner la 350, à cause de l’importance extrême du départ sur cette piste, mais je me sentais déjà super bien sur la moto. Et depuis, chaque jour qui passe c’est un peu mieux. De nouvelles pièces nous arrivent sans arrêt, aussi préparons-nous déjà la saison prochaine, en développant cette 350 autant que possible ».
Le crash de cet hiver s’est finalement avéré très sérieux et il a m’a fait perdre ma confiance. L’un des pires accidents de ma carrière, vraiment : je n’imaginais même pas qu’on puisse se prendre pareille tôle !
Si Cairoli semble avoir définitivement perdu tout espoir de décrocher un septième titre en catégorie reine lors du GP de Lombardie en juin dernier, c’est en fait au début de l’année, avec cette chute survenue fin janvier à la veille des Internationaux d’Italie qu’il faut remonter pour trouver où le bât a réellement blessé. « Nombreuses sont les blessures en motocross mais à titre personnel j’ai eu beaucoup de chance, je n’ai pas eu trop à en souffrir au cours de ma carrière et c’est pourquoi cette année j’ai connu des moments très difficiles où j’ai vraiment pas mal galéré », a continué le Sicilien. « Le crash de cet hiver s’est finalement avéré très sérieux et il a m’a fait perdre ma confiance. L’un des pires accidents de ma carrière, vraiment : je n’imaginais même pas qu’on puisse se prendre pareille tôle ! Quand vous chutez ainsi, quand ça tape aussi fort, par la suite vous avez forcément du mal à revenir, à retrouver votre confiance. Et là je dois dire que la 450 n’a pas aidé, dans la mesure où je n’étais plus assez fort physiquement pour la tenir. Du coup je pilotais sur des œufs, très en-dedans, ce qui n’est pas du tout mon style. Le manque de confiance était évident. Aujourd’hui sur la 350 je sens que ça revient bien, mais j’ai encore un bout de chemin à faire avant d’être à 100%, je pense… ».
Sur la 350 SX-F Cairoli peut se targuer d’un palmarès assez sensationnel, puisqu’il compte pas moins de quarante-deux succès en cinq ans sur cette monture, depuis son lancement en 2010. Cela signifie que le fait de les voir à nouveau réunis, l’homme et la machine, suscite naturellement bien des attentes. Même si le niveau de jeu en MXGP s’est considérablement élevé ces deux dernières saisons. « Bien sûr ! », s’est exclamé « TC 222 » lorsqu’on lui a demandé s’il espérait renouer avec la magie du bon vieux temps. « Le problème c’est que physiquement je ne suis pas encore tout à fait au niveau auquel je souhaiterais évoluer. La confiance revient peu à peu mais, d’un autre côté, la 350 réclame un pilotage plus agressif, tout en mouvement, pas de répit. La 450 ne me convenait plus, j’étais trop raide, trop crispé pour l’emmener. Mais maintenant au guidon de la trois-et-demie je dois retrouver le rythme de la compétition et j’ai besoin d’un peu de temps pour m’adapter de nouveau car c’est une machine très exigeante si l’on veut vraiment rouler vite avec. D’ailleurs rares sont ceux qui l’ont menée à la victoire ».
Il est de notoriété publique que l’ex-champion du monde avait continué à utiliser le châssis du modèle 2010 au fil des années suivantes, malgré les efforts permanents du service-course de l’usine qui bossait sans relâche pour fournir à son champion un matériel toujours plus efficace et qui lui convienne. Il semble donc que le modèle 2017 a enfin évolué dans la bonne direction et accompli des progrès évidents. « La 350 a bien changé, en effet. Nous avons eu quelques petits problèmes à résoudre et le travail effectué lors des premiers tests est en train de s’avérer payant. Mais je pense que le plus important, c’est que je retrouve la grande forme. Ensuite on verra bien jusqu’où on doit poursuivre le développement… ».