Et, quelque part, ça se comprend : on n’a jamais vu un pilote débarquant en catégorie reine en Grands Prix créer pareillement l’événement dans le milieu du motocross. L’arrivée de Villopoto au Qatar, c’était l’attraction numéro un de l’épreuve d’ouverture de la saison 2015 et ceci quoi qu’il fît, qu’il dézinguât toute opposition ou qu’il se retrouvât le nez dans le sable du désert…
Le résultat de RV2, 9/8, a surpris tout le monde. Dans l’ensemble les spécialistes attendaient beaucoup mieux de la part du quadruple champion supercross US, certains pensant même qu’il allait d’emblée faire souffrir les habituelles vedettes des GP, vu sa pointe de vitesse faramineuse et les spécificités du circuit de Losail tel qu’on le connaissait les années précédentes, artificiel, large, rapide et globalement sans difficultés majeures. Mais un arrosage quelque peu exagéré lors de la construction du circuit a sensiblement modifié la texture de la piste en surface et favorisé la formation express de trous un peu partout et en particulier d’ornières profondes. Et ce terrain très instable, évoluant constamment et à l’adhérence très variable a posé de considérables problèmes à bon nombre de participants, non seulement en termes de pilotage, mais aussi de réglages de leurs montures. D’ailleurs, en conférence de presse, Nagl a tout de suite tenu à saluer le niveau de performance de WP, son fournisseur de suspensions. Et on a eu l’impression, au vu des courses, que Villopoto n’était pas complètement satisfait de ses choix en matière de suspensions lorsqu’il a voulu se mettre en mode attaque, en première manche notamment où il a passé en revue les deux tiers du pack, et deux fois plutôt qu’une…
" Ça ne va pas être facile et d’ailleurs je n’ai jamais dit que ce le serait. Mais on va bosser et avancer ! "
Mais ce handicap de devoir revenir du diable vauvert, du fin fond de l’arrière du paquet alors que les leaders s’échappaient, roulant tous, Nagl mis à part, dans les mêmes chronos, RV2 ne le doit qu’à lui-même, c’est entièrement de sa faute. Comme premier fait d’armes en Grand Prix, caler sur la grille, c’est assez moyen ! Ensuite, se retrouvant dans la même ornière que Jose Butron, Ryan a tout simplement appris que l’Espagnol n’est pas le pilote le plus facile à doubler qui soit. Et, en seconde manche, privé de frein arrière, il a découvert un jeune rookie agressif nommé Romain Febvre qui l’a dépassé sans le moindre scrupule…
Observer Villopoto au Qatar, c’était un peu comme la bande annonce d’un nouveau film : on a très envie d’en voir davantage, car on sait que ça va être sympa, mais on reste sur sa faim. Après ce premier GP, l’Américain était bien conscient de n’avoir pas été à la hauteur de son statut. « Pretty shit », a-t-il laissé échapper avant de vite redevenir positif et de trouver des raisons d’espérer des jours meilleurs : « D’abord, tout ce que je peux dire c’est qu’à chaque fois que j’ai pris la piste il y a eu amélioration. Sans cesse. Mais, c’est certain, il y a du boulot à effectuer sur la moto au niveau du set-up, car il y a moyen d’être plus performant sur une piste comme celle-ci, c’est évident. Telle qu’elle était la machine n’était pas en configuration US, mais pas très loin non plus, il faut donc travailler de ce côté-là, mieux adapter la moto. On va s’y atteler ».
Comment as-tu trouvé ce Grand Prix du Qatar ?
« C’est une épreuve très particulière, cette course en nocturne. J’ai trouvé ça pas mal, mais comme toujours dès qu’on roule de nuit, il y a moyen de faire mieux. Au final nous avons pris quelques points ce soir et en ce qui me concerne j’ai surtout fait l’apprentissage du système, comment fonctionnent les GP : je n’avais jamais roulé ainsi, samedi et dimanche, deux fois vingt minutes d’essais puis une course de vingt minutes et le lendemain quinze minutes d’essais et deux manches de trente minutes… Ça fait plus de temps sur la moto qu’on en passe jamais aux States ! Je dois m’habituer ».
On ne peut pas dire que tu te battais avec ta machine, mais tu ne semblais pas non plus très à l’aise…
« J’ai pas mal galéré. Un peu avec la moto, en seconde manche surtout, je n’avais plus de frein arrière à partir de la mi-course. Ça n’a rien arrangé. L’un dans l’autre, je dirai que c’est un week-end merdique, mais il reste beaucoup de courses… Si l’on arrive à faire évoluer la moto, le plus rapidement sera le mieux et dans le bon sens de préférence, on devrait être OK. En aucun cas on a fait du bon boulot aujourd’hui. Mais on a sauvé quelques points…
Tes premières impressions en tant qu’acteur du MXGP ?
(Pause) Je suis certain que ça doit beaucoup parler sur les réseaux sociaux, que c’est un peu la folie, les commentaires à propos de mes résultats du jour… J’imagine bien, mais l’important c’est que j’ai eu la moelle de venir ici, de me lancer dans cette aventure. Ça ne va pas être facile et d’ailleurs je n’ai jamais dit que ce le serait. Mais on va bosser et avancer ! ».
Info © Adam Wheeler www.ontrackoffroad.com – photos Kawasaki Racing