Coty Schock. Cet ensemble nom/prénom un poil bizarre et typiquement américain doit commencer à vous dire quelque chose si vous suivez un peu le SX/MX US. Autrement, qu’est-ce que vous faites là, d’ailleurs ? Bref. 7/11 pour la neuvième place du général à Budds Creek, le jeune pilote du team FXR/Chaparral/Honda progresse à chaque sortie. Une constante depuis sa véritable arrivée chez les pros l’an dernier, dans le team managé par Michael Lindsay. Un team sans moyens, qui compte ses sous jusqu’au dernier et fait ce qu’il peut avec des bouts de ficelles. Une preuve ? Si Coty évolue en 450 en outdoor après avoir roulé en SX 250, c’est que le team n’a pas le budget pour financer les pièces pour deux pilotes 250. C’est donc l’ex-pilote Geico et ancien phénomène chez les amateurs Carson Mumford qui dispose de la deux et demi avec les pièces qui vont bien, quand Schock se “contente” d’une 450 qui nécessite moins de travail pour être compétitive.
Laborieux, voire catastrophique en SX l’an dernier, Coty a fait d’énormes progrès cette année.
Autant le dire franco, le jeune n’était pas spécialement à l’aise quand il a démarré le SX l’an dernier à l’occasion des rounds confinés de Salt Lake City, après s’être cassé les deux poignets avant Anaheim 1. Il a même dû attendre la troisième course pour faire la première finale de sa carrière. Il en fera une de plus, bouclant sa saison SX avec une 19e et une 21e place à mettre sur son CV. Léger, mais compréhensible par rapport à son parcours. Coty Schock est en effet à des années lumière des mini-stars programmées pour briller dès leur plus jeune âge pour empiler les trophées à Loretta Lynn’s. Né dans le Delaware, un tout petit état de la côte est qui n’a jamais produit de grands pilotes, le gamin a beau avoir montré rapidement des dispositions, ses parents ne l’ont jamais laissé lâcher l’école, si bien qu’il a été jusqu’à l’équivalent du Bac chez vous, avant d’entamer des études universitaires. On est bien loin des kids qui étudient dans le motorhome et vivent dans le cabanon d’une practice facility !
Coty avec Tony Archer, son mécano ex-pilote de bon conseil qui l’héberge en Californie.
De fait, il est indéniable qu’en matière d’entrainement, il a perdu énormément de temps sur un bon nombre de ses camarades, notamment en SX. Pourtant, il a montré cette année un visage totalement différent et bien meilleur que celui de l’an dernier, avec plusieurs tops 10 et une neuvième place finale sur la côte west. Bien aidé par son mécanicien Tony Archer, ancien bon privé US reconverti à la clé de 12 (qui officiait chez TLD pour Brian Moreau), chez qui il habite en Californie, Coty Schock a clairement franchi un cap en SX. En MX, sa 10e place lors de la finale à Pala en 450 (pour les mêmes raisons que cette année !) était déjà un signe pour le garçon met du gaz. Cette année, il récidive en y mettant plus de constance, malgré des soucis mécaniques à répétition, notamment quatre manches d’affilée où il DNF à cause de la moto. La joie des petits teams. Pourtant, malgré sa faiblarde 16e place au provisoire de championnat, les teams managers commencent sérieusement à garder un oeil sur celui qui vient d’enchainer deux tops 10 de suite et pourrait bien améliorer encore le score les trois courses restantes. A tel point qu’il se murmure outre Atlantique que s’il devrait re-signer avec le team de Michael Lindsay, mais avec une aide plus conséquente de Honda et l’assurance pour le jeune d’être le “remplaçant officiel” si un pilote se blesse dans le team HRC. Celui de Ken Roczen et Chase Sexton, deux pilotes programmés depuis des lustres pour être des super stars du sport. Pas si mal pour un petit gars du Delaware dont la meilleure performance à Loretta Lynn’s est une 15e place ! Preuve que dans le MX/SX comme dans la vie, il n’y a pas qu’un seul chemin pour arriver pour arriver au but.
Par Richard Angot, photos CS72.