Le motocross français faisait son retour officiel en championnat ce week-end avec le 24MX tour, dans un écrin à la hauteur de l’événement. Difficile de rêver mieux qu’Ernée pour cette reprise, avec un terrain parfaitement préparé. D’ailleurs, les pilotes ne s’y sont pas trompés en s’inscrivant en masse, des petits privés qui bossent la semaine aux champions du monde Tom Vialle, Jeffrey Herlings et Romain Febvre. Sacré plateau pour un Elite, peut-être même le plus relevé de l’histoire, en tout cas avec les étrangers. Mais il faut tout de même rappeler qu’il fût un temps, les meilleurs pilotes du monde, qui se trouvaient être pas mal de français, s’affrontaient aussi bien en Indonésie pour le mondial qu’à Chauché ou Iffendic pour l’Elite. Les Demaria, Pichon, Vialle, Maschio, Séguy, Tortelli, Roncada, Vuillemin… jouaient en effet sur les deux tableaux avec une certaine réussite, et tout ce beau monde sans exception enchaînait en plus sur le championnat de France de SX… Oui, le monde a changé !
Pas une raison de bouder son plaisir pour autant. Les « mondialistes » de chez Yamaha, KTM ou Kawasaki sont venus en mode commando, avec les fourgons, les EZ-UP et une chaise de camping pour s’asseoir dans le camion. Preuve qu’il n’y a pas besoin d’un semi pour gagner des courses. Tom Vialle ou Thibault Bénistant avaient quand même sorti le camping-car, contrairement à Jeffrey, par exemple. Notez que chez KTM, Didi Lacher, ex-top pilote de GP allemand et coach de Rene Hofer, faisait office de mécano pour le jeune Autrichien, le « vrai « étant victime du Covid. Avec Joel Smet s à côté de lui qui n’hésite pas non plus à jouer de la clé de 12, il y a du niveau chez les mécanos Oranges !
Ernée avait un petit goût de rentrée des classes quand on se baladait dans le paddock, remplie de spectateurs goût vanille/fraise à cause du soleil. Quelques jolies demoiselles qui avaient fait péter le décolletée ont dû sérieusement le regretter le lendemain… En tout cas, les 1000 spectateurs présents avaient toutes les raisons d’être ravis d’être là.
Nouvelles motos, nouvelles tenues… Pas facile, de s’y retrouver aux premiers essais du 24MX Tour. Le samedi était consacré aux jeunes, avec les deux courses Espoirs et les essais des Juniors. Chez les 85 cm3, on a vite compris que Mathis Valin allait s’installer dans le fauteuil du favori, avec un chrono six secondes plus rapide que le reste du plateau… Mais le pilote 737 Performance a connu première manche agitée. Avec un calage dès la sortie de grille, qui l’a obligé à repartir très attardé. Mathis a alors sorti la grosse attaque, en fondant littéralement sur les leaders. Mais deux petites chutes vont le priver d’une victoire à sa portée. Il termine finalement cinquième, derrière Lorenzo Siino, Amaury Maindru, Tom Brunet et Paolo Maschio (neveu de Mickaël)
Dans la deuxième, la démonstration a été limpide : holeshot de Valin, et 47 secondes d’avance à l’arrivée. Deuxième du championnat l’an dernier, mais débarrassé des Coenen, Rossi et Simonini, Mathis a fait clairement la plus grosse impression et sera difficile à contrer s’il continue sur cette lancée, d’autant qu’il a visiblement bien fait ses devoirs à l’intersaison. Derrière, il y a pourtant de quoi croire en l’avenir, avec la plaque rouge sur la moto d’Amaury Maindru, 13 ans, devant Valin et Paolo Maschio, lui aussi âgé de 13 ans.
En 24MX Tour Juniors 125, les deux frères Coenen ont fait régner la terreur sur le championnat. Sacha “Le Baron” Coenen, le champion Espoirs 85 en titre, n’a visiblement pas mis longtemps à s’adapter à la 125, puisqu’il remporte la première manche avec 43 secondes d’avance sur son frère, et un meilleur tour en course deux secondes plus rapide. L’aîné a pourtant su réagir en s’offrant le holeshot en deuxième manche, puis en gardant un mince avantage sur le frérot jusqu’au bout. Les deux bros du team Bud Racing signent donc la journée parfaite, et il va falloir aller les chercher… Xavier Cazal, deuxième de ce même championnat l’an dernier, semble le mieux armé pour ça, mais il va falloir trouver un poil de vitesse. Même chose pour le Hollandais Scott Mulders, le Corse Marc-Antoine Rossi ou le Breton Nicolas Duhamel.
En Elite, on peut dire que le plateau a fait le plein, avec 72 engagés en MX2 et 62 en MX1 ! Avec même le courageux Dominique Bendaoud et sa Kawasaki 500 KX, qui n’a finalement pas pris part aux chronos. Avec la bagatelle de 14 pilotes MXGP et 12 pilotes EMX2/MX2, sûr que ça prend un peu de place. La qualif a rarement été aussi chère ! Enfin, façon de parler, on y reviendra plus en détail dans un autre sujet…
En MX2, Tom Vialle a sans surprise gagné les deux manches. Je dis sans surprise, parce que Tom est le champion du monde en titre, mais il a tout de même dû s’employer pour y arriver. Car dans les deux manches, il a un temps été mis sous pression par Mathys Boisramé dans la première, puis Thibault Bénistant dans la seconde. Mais, comme c’est très souvent le cas, Tom n’a jamais paniqué, s’appliquant tour après tour à rester dans les même chronos. On peut penser également que Tom n’a pas cherché à forcer son immense talent, et au final lui n’a pas commis d’erreurs et signe un doublé impeccable.
Thibault Bénistant et Mathys Boisramé sont en tout cas tous les deux bien dans le rythme avant cette saison MX2. Mathys est revenu sur Tom Vialle en première manche après un départ moyen, et s’en est collé une belle en essayant de le doubler. Encore moins bien parti en deuxième manche, le Breton signe tout de même le meilleur tour en course. Solide. Tout comme Thibault Bénistant, qui lui aussi mettait la pression à Vialle quand il a perdu l’avant après le gros triple. Mention TB pour TB, qui risque bien de montrer de belles choses en MX2 dès cette saison. Par contre, on est en droit de s’inquiéter pour son coéquipier Jago Geerts, pas bien saignant depuis la reprise des courses. Pas plus à Ernée, où il a été relativement invisible. Cinquième de la première manche avec un meilleur chrono à trois secondes de Vialle, il a abandonné dans la deuxième, après s’être tordu un peu le genou. Rien d’inquiétant néanmoins, la saison est longue et Jago, tendu selon son staff, n’a de toute façon pas voulu prendre de risque sur une course qui, pour lui, comptait pour du beurre. Au moins, il a roulé vite dans le deuxième débat, signant le second chrono de la manche derrière Boisramé. Toujours chez les pilotes usine, Rene Hofer a été solide à défaut d’être extraordinaire.
Si le jeune Maxime Grau n’a qu’une 13e place en première manche de ce 24MX Tour à montrer à ses groupies, son début de course a quand même été plein de promesses, avant une chute qui l’a relégué plus loin. Un tour en 1’52 et deux en 1’53, soit le meilleur chrono de Geerts, le néo pilote Husqvarna a montré de la vitesse, même s’il a semblé fatigué après ça. Encourageant.
Passons au franco-français, avec deux pilotes qui ont véritablement brillé. Tom Guyon, en premier lieu. 6/6 au milieu d’un tel plateau, voici une performance XXL de la part du pilote KTM, largement le meilleur des élitistes. Avec, qui plus est, des chronos vraiment bons. On sait que Tom a des ambitions en EMX2, qu’il pourrait bien atteindre avec ce genre de course. Fort.
Belle course également de Pierre Goupillon, avec notamment une belle septième place en deuxième manche après un départ plus correct que dans la première. PG est sans doute celui qui a fait le mieux avec le moins, lui qui évolue cette saison dans une structure largement moins factory que les pilotes avec lesquels il s’est battu. Bien !
Aussi fort mais plus inattendu, Lucas Imbert signe un 14/11 synonyme de 9e de la journée, et ce malgré des départs franchement pas bons. Le pilote du team New Bike Yamaha termine troisième franco-français, une sacrée performance.
On notera la belle deuxième manche, 8e, d’un Arnaud Aubin tombé dans la première. Superbe performance également pour ses débuts dans la catégorie du champion de France Junior 2020 Quentin Prugnières. Neuvième en manche 1, entre Emil Wickman et Mikkel Haarup, c’est vraiment du super boulot pour le jeune Quentin. Dommage qu’une chute au début de seconde manche l’ait privé du week-end qu’il méritait, parce que niveau pilotage, il était bien en place. 17e de la manche, il a au moins été au bout.
Chez les cadors du 24MX Tour MX1, peu de surprises. Les hommes forts Jeffrey Herlings, Jeremy Seewer et Romain Febvre ont répondu présent. La bonne nouvelle, c’est la forme que tient Romain Febvre avant ce mondial. Meilleur chrono des deux manches, le pilote Kawa paraît sûr de lui, physiquement comme techniquement. Plus le terrain se creusait, plus l’écart augmentait entre Jeffrey, Romain et les autres… Les deux nous ont en effet offert une deuxième manche d’une belle intensité. Car même si aucun des deux ne voulaient aller à la limite, on sent bien qu’ils ne s’économisaient pas tant que ça. Visiblement, Jeffrey n’avait pas envie de laisser filer le général, et Romain la prime ! Oups, trop tôt ?
Si Jeremy Seewer a remporté la première manche, c’est surtout grâce à son départ. Le Suisse a paru pris en vitesse pure par les deux premiers cités. Mais, comme d’habitude, le petit Suisse est tout de même un solide. Bons départs, bon physique, on comprend pourquoi il est là, sans éclair de génie. Par contre, on se rend compte du bord du terrain que le garçon est chaud. Plus d’une fois, ça aurait pu mal finir pour lui, mais comme un chat, il retombe toujours sur ses pattes. Jusqu’au moment où…
Le plus remarquable chez Glenn Coldenhoff, c’est son bronzage toujours nickel. Pas commun, pour un Hollandais, même si Marc De Reuver avait ouvert la voie dans les années 2000. 4/4 sans faire trop de bruit, à sa place, quoi.
Mention pas si mal pour Ivo Monticelli, le nouveau coéquipier de Romain Febvre, 5e de la journée devant un Ben Watson un poil décevant, un bon Jordi Tixier et un excellent Milko Potisek, qui « remporte » la manche des français, donc, devant Desprey (11e), Soubeyras (14e) et Zach Pichon (15e). Une preuve du niveau générale de l’épreuve ! Vous en voulez une autre ? Le champion de France MX2 20250 Anthony Bourdon, pour sa première en MX1, termine 21e de l’épreuve avec trois points au compteur. Bienvenue chez les grands !
Voilà, c’est tout pour cette ouverture, avant la vidéo qui va avec… Restez connectés !
Par Richard Angot, photos Valentin Guinberteau et 24MX Tour Elite Motocross.