Cette fois, ça y est, on a notre champion 2016 de Supercross. Ryan Dungey a remporté le championnat en signant sa plus mauvaise performance de la saison, une quatrième place… Mettant ainsi un point final à 31 podiums de suite. Fort.
Et pourtant, le grand bonhomme de cette journée, c’est bien Ken Roczen. Vainqueur tranquille de sa heat, Kenny a profité d’un rare holeshot de sa part pour complètement disparaître des radars après deux tours. Et ajouter à sa collection de victoires en finale celle-ci, certainement la plus belle, avec une vingtaine de secondes d’avance à l’arrivée. Énorme. On a toujours un peu de mal à croire aux théories des pilotes qui « trouvent quelque chose sur la moto » en cours de saison, mais force est de constater que Kenny a peut-être dit vrai. 2-2-2-1-1 sur les cinq dernières courses, ça commence à causer, comme résultats. De quoi regretter d’avoir connu tant de mésaventures au début de la série. Et comme notre ami germanique marche largement au moral, on ne peut que se réjouir qu’il ait une seconde chance dans moins d’un mois en outdoor pour faire douter cette machine à gagner qu’est Ryan Dungey. Un RD que Kenny n’a pas manqué d’aller féliciter tout de suite après sa victoire, avant de lui tresser de nouveaux des couronnes de lauriers sur le podium. Ça, c’est ce qu’on appelle la classe, et ça ne s’achète pas. On constate également qu’il a l’air plutôt au point physiquement. Beaucoup (moi le premier) doutaient de sa décision de quitter Aldon Baker et son fameux programme, qui continue de montrer son efficacité tous les samedis soir. Kenny est bien en train de prouver qu’on peut gagner sans passer par la boulangerie, et c’est plutôt une bonne chose… Bon, pour en revenir à Baker, c’est aussi la première fois de la saison qu’aucun de ses poulains ne termine sur le podium. Une statistique qui en dit long également.
A l’instar de Kenny, Eli Tomac a « trouvé », lui aussi. Quoi ? On ne sait pas. Voilà deux courses de suite de très haut niveau pour le #3, et avec la manière. Parce qu’il a fallu aller la chercher, celle-ci. Obligé de passer par la semi après un mauvais départ en heat, il n’avait pas la bonne place sur la grille et a donc connu une envolée au mieux médiocre. Mais quand il a passé la deuxième, il a sévèrement fait le ménage, en doublant des calibres comme Dungey ou Seely comme des pilotes UFOLEP de la ligue du Centre. Dommage que ça vienne aussi tard dans la saison, mais nul doute que ces récentes performances doivent apporter un peu de soleil dans le clan Tomac juste avant un championnat qu’il avait sur-dominé, le temps que ça a duré, l’an dernier. Faut dire aussi que les deux derniers terrains, techniques, à l’adhérence changeante et blindés d’ornières, n’étaient sans doute pas pour lui déplaire. Bref, vivement Hangtown !
Déjà rapide la semaine dernière après un départ quasi dernier, Seely a montré encore une fois qu’il fallait compter sur lui en SX. Un peu plus d’une semaine après avoir repris la moto, le voilà de nouveau sur le podium. Parti second derrière KRoc, il a longtemps tenu cette place, avant que le train Tomac ne le bouge de cette position. Par contre, il a réussi à mettre fin à la série de Dungey, en le bouchonnant suffisamment pour empêcher le champion 2016 de trouver la faille. Ok, RD1 aurait pu pousser un peu plus (voir plus bas), mais voici tout de même un résultat de haut niveau très encourageant pour le pilote Honda. Qui devrait le rester, selon les rumeurs, lui qui aurait refusé les avances de KTM pour ne pas avoir à intégrer le programme Baker. Un vrai Californien, Cole. Pas question d’aller bouffer de l’alligator en Floride !
Quatrième, donc, et plus mauvaise performance de l’année pour Ryan Dungey. Pourtant, tout s’annonçait bien après une facile victoire en heat. Parti cinquième, il est rapidement revenu troisième derrière Seely. À ce moment-là, à n’importe quelle autre course de la saison, il aurait probablement fini à une solitaire seconde place derrière Kenny. Mais, à mon sens, il l’a joué vraiment prudent pour la première fois de l’année. Parce que des occasions de passer Seely, il en a bien eu une trentaine… il aurait juste fallu faire preuve d’une agressivité dont on le sait capable depuis le début de la saison. Cette fois, toutefois, il y avait trop en jeu pour pousser le bouchon. Du coup, RD a gentiment ramené tout le monde à bon port, pour empocher le titre et les millions de doll’ qui vont avec. Tant pis pour la série de podiums. Mais bon, trois titres en SX, à ajouter à son titre 2009 en Lites et ses quatre titres en outdoor, le gars possède des stats à finir dans un musée. Et il n’est même pas vieux. Le tout avec un sourire de capitaine de l’équipe de foot US à jouer dans des teen movies. Non, pas le méchant qui fait pleurer les filles (c’est Peick, celui-là). L’autre, le gentil, celui qui prend le geek qui ressemble à rien sous son aile pour le protéger des méchants skateurs. La classe. Et, au fait, KTM vient de nouveau de remporter le SX US. Imaginez cette phrase dix ans en arrière !
Yes, enfin un top résultat pour Justin Brayton. Et encore, ça aurait pu être mieux… Mais, de son propre aveu, il ne savait pas bien quoi faire avec Dungey, tiraillé entre l’envie légitime de signer un podium (plausible) et celle de ne SURTOUT pas toucher l’idole devant tous les boss de KTM USA et Autriche, présents en nombre dans les tribunes. C’est bien eux qui signent les chèques, et quand on est en fin de contrat, ce n’est pas le moment de les froisser. JB aurait même pu tenter quelque chose dans le dernier virage, mais il a préféré empocher son top 5. Sage décision sur le long terme, à n’en point douter. Belle course, tout de même, donc, sur un terrain technique dont il a su tirer avantage, comme de son bon départ. Content, en tout cas, de retrouver Brayton à son vrai niveau.
Parti seulement douzième, on n’a pas trop vu Jason Anderson à l’image. Dommage, c’est toujours divertissant de le voir évoluer dans le pack. Notez que le gars, pas qualifié en heat, a gagné sa semi, comme à chaque fois que c’est arrivé cette saison. Intéressant, non ? Au passage, checkez son Instagram, où on le voit essayer de sauter du dernier petit whoops en sable par dessus le mur. Complètement inutile, mais créatif. Il est fun, le néo-mexicain.
Comme pour JA21, on n’a quasi rien vu à la télé de la finale de Marvin Musquin, et pourtant, il a du mettre du gaz quand on voit les pilotes qu’il a laissé derrière ! Meilleur temps des chronos, on savait qu’il avait la vitesse. Dommage qu’il ait cherché à faire un bras de fer avec Peick au départ de la finale. Et MM contre WP, devinez qui a gagné… Sûr qu’un biceps de Peick, ça doit équivaloir à une cuisse, chez Marv’ ! Belle remontée, donc, mais il ne reste plus qu’une chance à notre rookie pour en gagner une. Qui, quoiqu’il arrive, a tout de même montré de fort belles choses en SX cette année.
Pas de quoi pavoiser du côté de chez Canard, avec une huitième place bien de deçà des espérances du début de saison. Les départs, une nouvelle fois… Pourtant, il avait montré de belles choses en heat, mais quand ça ne veut pas. Pourvu qu’il règle son problème pour l’outdoor ! Par contre, le style est toujours là. Et pour une fois, il a bien eu le « Man above » avec lui. Une preuve ? Taper « Canard crash East Rutherford » dans Google, pour voir. Et oui, quand même !
Partir quatrième pour finir neuvième, ça valait bien la peine de louper les six ans de son fils… Faisait sûrement pas bon traîner dans les pits Yamaha après la course ! Chad Reed a connu une de ces soirées sans. Au moins, il peut se dire qu’il a réussi son départ…
Justin Bogle était fort mécontent de cette dixième place, lui qui s’était habitué à jouer devant ces deux dernières courses. Pas de quoi s’arracher les cheveux pour autant, quand on voit les noms devant. Onzième provisoire, cette place semble en accord avec son potentiel actuel. Et devrait suffire à dégoter un contrat avec augmentation de salaire (minimal en ce moment) pour l’an prochain.
À part ça ? Il y a eu pas mal d’actions dans le dernier virage, entre les accrochages Bloss/Friese et Wey/Clason. Ce dernier étant quand même d’une rare violence, mais dans le dernier virage du LCQ pour la dernière place en finale, tout peut arriver. La preuve.
Ça ne s’arrange vraiment pas pour les affaires de Justin Barcia. 15e de cette finale, il n’a simplement jamais réussi à passer Mike Alessi. Ça fait désordre, quand on est un des mieux payés d’un plateau qui compte pourtant quelques millionnaires… Chez JGR, paraîtrait que l’ambiance n’est pas au beau fixe. Ça ira sans doute mieux en outdoor. Au moins, il auront Filthy Phil Nicoletti pour la mettre, l’ambiance. On se console comme on peut. Autre élément sensible, le deal du team avec Yamaha arrive à expiration. Or, Yamaha a très largement préempté Cooper Webb en lui offrant un pont d’or, pourtant voisin de JGR et pilote historique du team depuis qu’il est en 85 cm3. Y’a donc plus d’eau dans le gaz que dans un jacuzzi SmarTop. À suivre.
Benny Bloss, le rookie de la cote Est qui a hérité de la machine de Millsaps, a cette fois été en finale. Sur une pit-bike ! Ah, on me signale que non, c’était bien une 450 SX-F. Désolé, je croyais. Malgré le retour du proprio de la meule, il sera de nouveau au départ à Vegas dans le team BTO. À la place de Short ? Ironique, pour un mec qui fait deux mètres. En parlant de Millsaps, lui va bientôt prendre la direction du nord, du Canada plus exactement, pour disputer le championnat de motocross là-bas, KTM étant bien décidé à gagner partout où se vendent des motos. L’occasion de retrouver les fameuses bagarres Alessi (sur Kawa!)/Millsaps qui ont fait les beaux jours du cross amateur US au début des années 2000.
Niveau calendrier, il semblerait que cette course d’East Rutherford, autrement dit New-York, à un pont près, soit bien parti pour être très bientôt la nouvelle destination finale, en lieu et place d’un Vegas qui s’essouffle d’année en année. Wait and see, mais vous pourrez dire que vous l’avez lu ici en premier !
Chez les 250 Est, ça y est, c’est presque fait ! Après une saison plus incertaine qu’une réélection de François Hollande, Malcolm Stewart a sorti la course qu’il faut pour s’assurer une marge de manœuvre plus que correcte avant la finale Végasienne. Après une course en dedans la semaine dernière, Lil’Stew a cette fois sorti le grand jeu, en dominant largement cette finale. Parti derrière Davalos, il l’a laissé sur place, grâce notamment à une vitesse de dingo dans les whoops et sur le dragon back. Avec 14 pions d’avance sur Plessinger, l’affaire est bien engagée. Second de sa heat comme de la finale derrière Mookie, Davalos a sorti une solide course, en résistant, notamment, à un bon Jérémy Martin. Un Martin qui a laissé passer une dernière occasion de reprendre des points. Parti six, il était pourtant dans un excellent rythme en début de course. C’était même le seul 250 que j’ai vu faire 3/3 après le mur, signe qu’il se sentait chaud. Mais les whoops et quelques erreurs en milieu de course ont mis un terme à sa quête d’un championnat SX 250. On devrait le retrouver chez RCH en 450 l’an prochain.
Shane McElrath a une nouvelle fois bien roulé, sans trop se faire remarquer pour autant. La routine, quoi.
Aaron Plessinger n’a pas non plus brillé dans cette finale (5e), contrairement à la heat où il a été chercher Martin, puis Bowers dans le dernier virage. Tyler n’était d’ailleurs pas franchement heureux de l’action, qui lui a coûté 5000 $. Oui, ça vaut le coup de se battre pour chaque position, en SX US. Même en heat. En finale, Bowers n’a pu faire mieux que sixième, malgré un départ second. Il consulte depuis peu un psy, son problème étant mental d’après son entourage. On ne saura sans doute pas avant l’année prochaine ! Au moins, il a réussi à terminer devant son nouveau coéquipier Audette, qui le colle au provisoire. Qui aurait cru ça avant le début de la saison ? Personne, bonne réponse.
Cedric Soubeyras a de nouveau eu le droit à quelques minutes de télé, toujours en heat. Un nouveau mauvais départ l’a toutefois empêché de se montrer en finale. Une dixième place paraissant un poil juste pour impressionner les managers, je doute que son téléphone sonne beaucoup dans les semaines qui viennent, même si je lui souhaite… Reste Vegas, la ville du pari. Ferait bien de tout miser sur un bon départ.
Et voilà, juste comme ça, la saison est presque terminée. Ça passe vite, quand on s’amuse… Mais, magie des USA, une autre va bientôt démarrer… Elle est pas belle, l’histoire ?