Cyrille Coulon
Giuseppe Luongo l’a annoncé à l’occasion du Supermotocross début octobre. En 2017, les lignes de départ des Grands-Prix évolueront. Finie cette zone naturelle derrière la grille que les pilotes jardinent avec métier et attention pour se préparer une trace propice au holeshot. Désormais, les lignes de départ du championnat du Monde seront recouvertes d’un grillage métallique afin de permettre une plus grande équité entre pilotes. Un changement qui amène son lot de bouleversements et, évidemment, suscite adhésion ou rejet. Ce sont ces sentiments que nous allons tenter de cerner en appelant pendant un mois des pilotes de niveaux différents. Cette semaine, c’est Cyrille Coulon, le doyen du pack français qui a montré de très belles choses encore cette année (34 balais ! Respect !), qui nous répond. Le Picard a enchaîné les départs dans cette configuration sur les épreuves indoor du SX Tour et peut nous rencarder sur ce que ça change.
« Le principal changement, c’est que les départs ne se creusent pas. La ligne est toujours nickel et tu peux enchaîner une journée de course, les conditions seront toujours les même. Pas de prises de tête pour choisir la bonne position ! Le seul problème, c’est lorsque la grille se charge de terre. Là, ça devient glissant et il faut être vigilant sur sa propreté. Parce que ça peut avoir l’effet inverse à celui recherché : en désavantager certains. Thomas (ndr, Ramette, son coéquipier) en a fait l’expérience à Amneville en partant en crabe… Après, très franchement, je n’ai pas été sur le cul par la motricité de ladite grille. Ça tracte comme sur un départ fait de terre bien meuble. Il faut donc toujours gérer les gaz, l’embrayage… Et les gars qui gèrent bien la procédure continueront de partir comme des balles. Ça ne va pas bouleverser la hiérarchie.
Par contre, il faut prévoir que cette nouvelle zone de départ nivèle un peu les différences entre les motos. Sur certaines pistes glissantes, comme Loket en MXGP, ou Londres en Arenacross, on sait que les machines pas hyper puissantes, comme les Honda s’en sortent toujours bien car le sol est très dur, glissant et elles parviennent à passer la puissance au sol. Avec les Suz, on galère, car leurs moteurs sont plus violents. Avec la grille, je pense que les machines seront à peu près au même niveau. Je me demande même si ce ne sont pas les plus puissantes qui s’en sortiront le mieux ! Malgré les système de traction control… D’ailleurs pour l’anecdote, que je le mette ou non, ça n’a rien changé cette saison ! A Genève, je ne l’ai pas enclenché du week-end et je suis parti de la même façon. Pareil pour le bloque-fourche. Si je l’ai réglé un peu plus bas dernièrement, c’est pour charger le plus possible la fourche, pas parce qu’il y avait cette grille.
Un autre facteur à considérer pour une équité totale entre les pilotes, c’est l’épaisseur entre la grille et la terre. Il faut qu’elle soit la même sur toute la longueur de la ligne de départ car sinon, ça peut perturber la traction. Ça représente 8 à 10 centimètres, entre l’épaisseur de la planche en bois sur laquelle est vissée la grille et la grille elle même et ça peut créer une petite marche. En tout cas, on a plus à gérer ce rebond au passage de la grille de départ… Ça permet de gicler plus rapidement.
Je ne sais pas si les Anglais utiliseront ce genre de grille sur l’Arenacross qui débute le 7 janvier. On verra bien… Sur le SX Tour, c’est en arrivant à Metz Amnéville que j’ai découvert ça ! Mais bon, ça l’a fait… Je n’ai pas été plus perturbé que ça. Certains aimaient bien se préparer leurs traces, ça leur permettaient de rentrer dans la course, perso, ça ne me gêne absolument pas ce changement. Ça fait moins de boulot ! (rires) »