Au plan statistique, Romain Febvre est à ce jour le pilote totalisant le plus grand nombre de victoires cette saison. Le formidable top rookie de la catégorie reine a porté ce week-end le nombre de ses succès en Grand Prix à cinq, en l’espace de six courses et sur n’importe quel type de terrain, dur, boueux ou sablonneux.
Le Français fait preuve au guidon de sa Yamaha YZ 450FM d’une aisance, d’un panache et d’une agressivité absolument incomparables, si l’on considère la technicité de son pilotage à l’aune de celle du reste du plateau. Lorsqu’on lui demande comment il a fait pour s’adapter si vite et si brillamment à la cylindrée supérieure, lui qui n’avait terminé « que » troisième du championnat MX2 l’an passé, il hésite quelque peu avant de répondre…
« C’est dur à dire : en fait je pense que mon style correspond particulièrement bien à ma moto. Parfaitement, même. Je m’en suis très vite aperçu car dès que j’ai posé les fesses sur la moto standard cet hiver, ça s’est super bien passé. Et, bien sûr, sur la machine d’usine, il est possible d’adapter tout ce que l’on veut comme on veut, exactement à ma convenance. D’ailleurs, même si nous gagnons des courses et si tout se passe super bien, l’équipe et moi nous continuons à travailler sans répit, à tenter de faire progresser la moto sans cesse, et c’est un point tout à fait essentiel. Nous tâchons d’évoluer, encore et toujours, et pour l’instant ça marche ! ».
Avec quatre-vingt huit points d’avance sur Gautier Paulin, il suffira à Febvre de passer un bon mois d’août en ramassant sur les trois Grands Prix, en Belgique dimanche, à Mantova le 23 et aux Pays-Bas le 30 une douzaine d’unités supplémentaires par rapport à son compatriote pour « seal the deal » comme on dit outre-Manche. C’est à dire décrocher le pompon avant de quitter l’Europe pour aller jouer les deux derniers rounds au Mexique et aux USA. Et ainsi devenir le premier rookie à obtenir la consécration depuis Tony Cairoli en 2009… sur une Yamaha lui aussi.
“Tout peut arriver, tout, que ce soit à l’entraînement ou en course. On approche du dénouement, c’est vrai, mais ce n’est pas fini !”
« L’an dernier, c’était déjà très chouette d’obtenir la troisième place finale en MX2 et aujourd’hui, dès ma première année en MXGP, je montre que je peux me battre pour le titre, c’est génial ! Je suis pas mal excité mais je ne ressens pas de stress sur la moto, ni au départ, ni en piste, donc on va voir… », sourit-il en évoquant pour la première fois la fin de saison. Et quelque part les espoirs qu’il porte en lui, qui apparemment sait si bien ne jamais perdre de vue la réalité. C’est à dire en l’occurrence la précarité d’une position provisoire, tant que le championnat n’est pas terminé. Il n’y a qu’à voir la façon dont tous les efforts d’immenses champions tels que Villopoto, Desalle, Nagl ou Cairoli ont été sabordés en un clin d’œil depuis le début de saison…
« Il reste cinq épreuves à disputer. Oui, j’ai accru mon avance, mais rien n’est encore fait. Tout peut arriver, tout, que ce soit à l’entraînement ou en course. On approche du dénouement, c’est vrai, mais ce n’est pas fini ! ».