On y est ! Après les US et l’Elite, ce sont les MXGP qui repartent, et ça fait plaisir d’enfin avoir une excuse pour ne pas avoir à se taper les devoirs des gamins, le rangement du sous-sol et la taille de la haie. Il y a bien plus important : MOTOCROSS !
MXGP : la balade de Tim
Commençons par les grands, les balèzes, les solides : les MXGP. Herlings par-ci, Jeffrey par-là, notre homme occupe tellement l’espace médiatique qu’on en oublie parfois que ce n’est même pas lui, le champion du monde en titre. Pas extraordinaire la semaine dernière à Ernée, mais tout de même meilleur chrono en Russie sur une piste béton pas spécialement pour lui, Jeffrey s’est fait battre. Par l’homme du moment, justement champion en titre : Tim Gajser.
Quelle démonstration de TG243 ! Chaque année, c’est pareil, il fait évidemment partie des favoris, parce qu’il est quand même est champion MXGP 2019/2020, mais… « Ouais mais Jeffrey, il était blessé ouin ouin… » Bah ouais, dommage pour lui, mais pas la faute de Tim, si ? Or, cette fois, il a posé des bases plutôt solides à la défense de son titre. En première manche, son petit extérieur du premier tour en bas de la montée avant les panneauteurs a des airs de coup de génie. Ça ne doit pas arriver si souvent de doubler deux KTM d’usine dans la même montée ! Quant à sa deuxième manche, elle fera date dans l’histoire du sport tant sa domination a paru aussi implacable que facile. Entre la vitesse du pilote en entrée de courbe, la faculté du tandem Tim/Honda a trouvé du grip en sortie de courbe et l’enchaînement avant la descente qui précède le saut d’arrivée maudit, c’était tout simplement une démonstration de pilotage sur le dur par un type au sommet de son art, tout simplement. Le tout sans aucune erreur ou fausse note. Du velours. OK, ça ne sera sans doute pas aussi facile tout au long de l’année, mais renvoyer ainsi Herlings, Cairoli et les autres à leurs études de cette façon, ça n’arrive pas tous les jours. Vous voulez la version officielle ?
« Dans la première manche, j’ai pris un bon départ, et mon pilotage était smooth et constant. J’ai pu prendre la tête rapidement et contrôler la manche. Dans la deuxième, ma sortie de grille était bonne mais quelqu’un est arrivé de l’intérieur, est tombé et m’a poussé hors de la piste. J’ai même dû sauter de la moto, et quand je suis revenu j’étais loin dans le paquet. J’ai cherché des trajectoires pour passer dans les premiers tours, pour doubler autant de pilotes que possible. Je suis arrivé en deuxième position, et j’ai regardé où doubler, puis une fois en tête j’ai creusé le trou et j’ai gagné. Je suis très content de mon week-end. » Tu m’étonnes, le roi de l’euphémisme ! On jurerait que c’est un ado qui raconte sa journée d’école… En tout cas, Tim a visiblement bien fait ses devoirs de vacances, au moins sur le dur. Et cette Honda Factory semble littéralement collée au sol. Impressionnant, Mr Gajser. Avec ce petit doublé pour commencer la saison, voici de quoi le mettre de bonne humeur avant un GP d’Angleterre à Matterley Bassin qu’il apprécie généralement.
Tous les ans, on nous promet un Jeffrey Herlings plus mature, plus patient, moins obsédé par la victoire à tous prix. Et si c’était cette année ? OK, on aurait pu dire ça aussi en 2020. Et en 2019… Bref. Quoiqu’il en soit, Jeffrey s’est bien sorti d’un GP qui, clairement, ne lui tendait pas les bras. Quatrième en première manche avec un meilleur temps à presque trois secondes de Romain Febvre après un départ très médiocre, JH84 avait toutes les raisons de bouffer la feuille en seconde manche. D’abord après être tombé alors qu’il était en tête, puis pour tenter de suivre l’Express Slovène qui l’a déposé comme on jette un auto-stoppeur à la gare. Que nenni, pas d’affolement outrancier dans son pilotage, il a préféré assurer les points de la troisième place, bientôt bonifiés en deuxième avec la faute de Cairoli. Ce n’est peut-être pas le Jeffrey le plus rapide qu’on connaisse, mais au moins, ça fait 40 points au terme du week-end, et seul Tim a fait mieux… Jeffrey a besoin d’un titre MXGP pour relancer à 100% sa hype, et si cette première course est une indication, ça commence pas si mal. Attention toutefois à cette récente mode de mal partir en première manche, ça pourrait coûter cher.
Romain Febvre avait été très bon à Ernée, en course tout du moins, et a encore prouvé en Russie qu’il est bien un des cadors de ce championnat. Plus rapide du plateau en première manche, qu’il a conclu à une solide deuxième place, qui sait ce que le pilote Kawa aurait pu faire dans la deuxième sans une erreur directe de sa part qui l’a amené à percuter Pauls Jonass. Malgré ce léger faux-pas, Romain démarre parfaitement la saison avec ce podium et ces gros points pris. Plus important, il a montré qu’il avait la vitesse pour gagner, au moins sur le dur. Pour cela, il faudra tout de même éliminer toutes les erreurs, même les plus menues, mais c’est faisable.
Alessandro Lupino quatrième du MXGP, sérieusement ? OK, il a profité de l’erreur de son pote Tonio pour être là, mais saluons l’excellente course de l’homme à la voix de cartoon. Le terrain béton, semblable à ce qu’on peut trouver en Italie y est peut-être pour quelque chose, l’avenir le dira, mais belle performance du « petit loup ».
On aurait dû causer d’Antonio Cairoli bien plus tôt, mais lui aussi a été victime du saut d’arrivée maudit, qui a concentré 80% des chutes pendant les manches, en MXGP comme en MX2. Aucune idée de pourquoi ni comment… OK, ça paraissait glissant et rapide, mais rien de terrible non plus… Pourtant, même un pilote aussi expérimenté que Cairoli s’est fait prendre ! Tony, qu’on disait blessé, pas au mieux, avait pourtant réalisé des merveilles jusque là. TC222 sait bien qu’il n’a plus des années devant lui pour gagner des courses et des titres. Raison de plus pour être déçu pour lui, parce qu’il avait vraiment fait le boulot, sur un terrain qu’il déteste avec passion. Fort. Pourtant, il lâche 25 points très importants à Tim. Au fait, qui a compris ce qu’il a essayé de faire en se relevant, pour descendre sur le côté ?
Journée pourrie au boulot aussi pour son camarade d’écurie Jorge Prado. Une inhabituelle chute alors qu’il était deuxième en première manche, puis une agression sauvage perpétuée par deux terroristes suisses l’ont privé d’un week-end qui sentait le podium à plein nez. Le jeune Espagnol gagnera d’autres MXGP cette année, mais l’entrée en matière pique un peu, pour un gars qui avait les départs et la vitesse…
À part ça ? Thomas Olsen a fait des débuts comme rookie en 450 corrects mais sans plus. Seewer a évolué à son niveau, contrairement à son coéquipier Coldenhoff. Le Glenn paraît aussi à l’aise sur sa nouvelle Yam qu’un vegan au salon de la saucisse. Hâte de voir comment cette histoire va évoluer…
Superbe seconde manche de Pauls Jonass, qui met sa nouvelle GASGAS sur le podium. Dommage que « Michel » ait loupé sa première, mais content de retrouver cet ancien champion du monde plus près de son vrai potentiel.
Jordi Tixier, 13/10, s’en sort correctement sur un terrain aussi « atypique ». Mieux, en tout cas, que les Watson’s bros, 5 points à eux deux, et un seul pour le rookie. Une énorme contre-performance pour le plus jeune, qui arrivait avec pas mal d’attentes. Là, c’est nous qui allons attendre jusqu’à son GP national dans 15 jours pour poser un diagnostic plus complet.
Pas de points pour Jacobi et Monticelli, ça pique. Ivo qui était encore, selon des infos certes peu fiables, entrain d’essayer de sortir de sous sa machine hier soir à 20h. Des rumeurs, on vous dit.
MX2 : la balade de Tom.
Visiblement, la pression, c’est pas le truc de Tom Vialle… Deux supers départs (qui a dit comme d’hab ?), deux meilleurs tours en course, deux victoires de manche. Un week-end propre ! Bonne chance à tous ceux qui comptaient lui disputer le championnat. Parce que le jeune Tom, c’est plus que du solide. Son premier tour de la deuxième manche est un bon indicateur : un temps malmené par Fernandez, Vialle a réagi immédiatement, avec autorité. Le patron, c’est lui, jusqu’à preuve du contraire. Et toujours cette légèreté dans le pilotage qui fait qu’on a l’impression qu’il ne peut rien lui arriver, et qu’il pourrait enchaîner un cross-country de trois heures à cette vitesse. Mine de rien, TV28 est en passe de s’affirmer comme un très grand, sans tarder. Fort.
LA surprise du jour est espagnole, et se nomme Ruben Fernandez. Bon l’an dernier à Kegums, notamment, le Galicien a passé deux ou trois échelons cet hiver si l’on en juge par cette course. Déjà en vue lors des courses de pré-saison, il a montré autant de vitesse que de détermination, et même un peu plus, pour aller chercher le premier podium de sa carrière sur sa Honda 114 Motorsports. Du sang neuf, avec une Honda devant, voilà qui change un peu et ça fait du bien, d’autant que le jeune est du genre spectaculaire à voir évoluer. Rene Hofer ne dira pas le contraire.
Mathys Boisramé est très en forme, on en avait eu un aperçu à Ernée. Cette fois encore le Breton a répondu présent, malgré une erreur en première manche. Une nouvelle fois, il n’a rien lâché, du début à la fin de chaque manche. On ignore si Mathys aura la régularité nécessaire pour aller titiller le titre en fin de saison, mais la vitesse, elle, est bien présente. Et que dire de ses dépassements à l’extérieur sur Fernandez et Hofer ? Aussi gonflé que beau. MB172 n’est pas là pour trier les lentilles !
Derrière ce trio infernal, on a vu du bon Hofer, bien aidé par des départs canons, mais pas par Fernandez. L’Autrichien progresse, et fait ce qu’on attend de lui : se rapprocher du podium. Bien aussi pour le coéquipier de Boisramé Roan Van de Moosdijk.
Par contre, on peut se demander ce qu’a mangé le team Yamaha, pas très à la fête en MXGP non plus, avant cette course. Maxime Renaux, Thibault Bénistant et Jago Geerts sont en effet passés à côté de cette ouverture pour des pilotes de ce calibre, qu’on pensait voir se battre pour la victoire, ou au moins le podium. 6/9 pour Renaux, le meilleur du lot, 15/7 pour Bénistant et 17/6 pour Geerts, qui avait au moins l’excuse de son genou blessé et qui s’est fait couper en deux en première manche, ça fait déjà un paquet de points perdus dans la bataille ! Il y aura des jours meilleurs, mais là, c’est dur, quand même, pour les Bleus. A l’âme.
Autre favori décevant, le Tasmanien Jed Beaton a passé son temps par terre. 7/11, lui aussi voit les points s’envoler… Mattia Guadagnini, 9/10, fait une entrée discrète chez les grands, mais quand même mieux que Kay de Wolf, 10/21.
Un mot sur Stephen Rubini, très bien en début de deuxième manche, avant de partir à la faute. Dommage pour le jeune français, 11e dans la première, qui aurait pu lancer sa saison avec une grosse performance. Une nouvelle fois, ça ne veut pas…
Enfin, le miraculé du jour s’appelle Isaak Gifting. Le Suédois, victime d’une très étrange chute en même temps que Jed Beaton sur le saut maudit, aurait pu ne jamais se relever. La faute à lui-même, un poil nonchalant sur ce coup-là, mais aussi à des commissaires totalement hors du coup pour empêcher les suivants de sauter. Mal placés, pas assez véhéments du drapeau, ils n’ont jamais vraiment réussi à protéger les pilotes sur les 492 chutes du saut d’arrivée, et c’est un miracle que personne ne se soit blessé plus gravement… Le jaune, c’est sur le drapeau, pas dans le verre !
Les résumés MXGP/MX2
Les résultats complets MXGP/MX2 sont ici.
Par Richard Angot.
Excellent article
Je suis ouiain ouiain…comme vous dites.. oui en 2019 et en 2020..il a été champion sans la présence de Herlings..il s en est mis des bonnes…sans jamais rester au tapis…alors oui le Slovene est champion du monde…champion du monde de la chance et de la souplesse..Vous avez une qualite qui m epatera toujours vous les journaleux l amnésie et puis également l analyse sélective.Tous les titres du Slovène ont été obtenus en l absence du Hollandais. C est un fait.