Cri’s digest
Triple champion cadet, champion d’Europe et second à Loretta Lynn’s en 2003, Christophe annonce déjà la couleur au guidon de son Kawa 80. Son passage en 125 n’est qu’une formalité, entaché quand même d’une double fracture des poignets à l’orée de la saison 2004. Une rentrée un peu chaotique en championnat d’Europe avant que tout ne rentre dans l’ordre à l’aube de l’été.
Quelques bonnes bastons au Junior avant de se jeter dans le bain des Grand Prix, toujours au guidon de la 125. Qualifié à chaque fois, il parvient à scorer sur tous les terrains durs et techniques (Loket, Namur, Ernée,…) et enchaîne avec le SX tour, au cours duquel il dévoile des affinités évidentes pour le supercross.
L’hiver 04/05 est synonyme de passage au 4 temps et d’un lourd travail de préparation dans les sables belges enduré sous une température polaire ! Les résultats se font attendre jusqu’à Matcham’s Park (second) avant d’atteindre l’apothéose à Loket, synonyme de première victoire de manche en Grand Prix.
34ème du mondial 2004, 5ème en 2005, la suite logique voudrait le voir franchir le dernier palier dans la hiérarchie et çe sera chose faite. La saison 2006 est un modèle de régularité et de gestion, le cadet des Pourcel aligne les podiums et fait taire tous ses détracteurs à Lierop dans des conditions apocalyptiques. Survolant les difficultés du cauchemar batave et assommant tous ses adversaires, il est titré à Ernée la semaine suivante au terme d’un final à sensation…
La suite on la connaît, des chronos dévastateurs sur le terrain de SX Kawa US, une pige à Anaheim « pour voir » et une victoire la semaine suivante à Phoenix ; « who’s this kid » se demandent encore les mangeurs de cheesburger…
La suite du périple est moins rose, fracture du tibia et préparation hivernale compromise, Cri se lance dans le bain du MX2 à cours de préparation mais limite les dégats jusqu’au Portugal et en Suède. Sursaut d’orgueil à Sugo ainsi qu’à Faenza, les jardins respectifs de Yamaha et de Cairoli, son adversaire le plus coriace depuis 2 saisons.
Next soon…
Seb’s digest
Moins tranchant que son frère lors de ses années cadet, Seb intègre néanmoins le pôle espoir d’Alès et signe son premier titre de champion de France Junior en 2001. Saison 2002 en demi teinte (3è de la coupe FIM derrière Guarnieri et Tarroux), il faudra attendre l’année suivante pour le voir franchir un palier supplémentaire.
Vice champion d’Europe (à égalité de points avec Leuret) et débuts en mondial 125 ou il score à deux reprises. La progression n’est pas vertigineuse mais linéaire et progressive jusqu’à l’hiver suivant, synonyme de passage au 4 temps. Vitesse décuplée et gros palier de franchi, Seb possède la vitesse des hommes de pointe mais prêche encore par précipitation et score souvent une manche sur deux. On se souvient entre autre de sa prestation héroïque à Neeroeteren ou il donne la réplique à Townley himself, ainsi que son podium aux Nations la même année.
2005 doit confirmer tous les espoirs misés en lui mais une chute stupide dans les woops de Bellpuig en décide autrement, vilaine fracture de l’humérus et saison terminée. 2006 s’annonce sous les meilleurs hospices mais outre sa vitesse de pointe et ses débuts de manche tonitruants, l’ainé des Pourcel se distingue surtout par une condition physique aléatoire et des problèmes mécaniques à répétition. Il sera néanmoins l’une des révélations du MXDN, alignant des chronos d’un autre monde (dans la même seconde que Stewart !) au guidon d’un KXF 450.
Le début de saison 2007 est synonyme de progression, principalement sur le plan mental et physique ; lui qu’on disait faible dans sa tête a pris conscience de son vrai potentiel, est exigeant avec lui-même et sait que personne ne peut lui résister dans un bon jour (Teutschenthal, Faenza). A mi saison il pointe 3 du championnat MX1 et les terrains à venir sont tout à son avantage…
« La Pourcel’s touch »
Outre leurs talent naturels et leurs facultés d’adaptation, les broth’ se distinguent surtout par une créativité débordante sur la piste. Tous d’eux ont comme un radar intégré dans le Shark sans cesse à l’affût d’une trace encore vierge au freinage, d’une recoupe magique ou d’une ligne effleurant les piquets… Contrairement aux ricains qui roulent fort dans les trous et impriment une grosse vitesse en entrée de virage, les euros (et tout particulièrement les Pourcel) « travaillent » l’appui et les ornières. On les voit régulièrement corriger les entrées et/ou les sorties, ouvrir les virages et anticiper les enchaînements le plus tôt possible. Le tout couronné d’un énorme bagage technique, un régal…
L’une des clés très probablement, ce sont les heures passées dans le sable, sur un terrain étroit qui se creuse en moins de temps qu’il ne faut pour le dire et sur lequel les appuis repoussent et les ornières se creusent à chacun de leurs passages respectifs. Bien obligés dans ce cas de « sentir » l’évolution de la piste à chaque tour et d’agir en conséquence, sans quoi les secondes s’envolent…
« Rogers’s choices »
Le talent ne suffit pas, sorte de vérité vraie qui s’applique à tous les sports de haut niveau. L’implication et les choix de Roger y sont pour beaucoup dans la réussite de ses fils.
Il a su s’entourer des bonnes personnes et prendre les bonnes décisions au bon moment.
L’équipe de France les a guidés à travers leurs classes respectives, la rencontre avec Freeman leur a permis de se développer, les partenariats avec Kawa France et Bayle, qui, quoiqu’ils en disent, leur a apporté certains éléments constructifs (montée en Belgique, professionnalisme, nouveaux partenaires, médiatisation), Patrick Geladé et Fred Hoslet ont eux aussi, je pense, une part de responsabilités non négligeables dans le succès mérité des deux frères…
Le reste, ils ne le doivent qu’à eux-mêmes. Ils sont partis de rien (ou pas grand-chose), ont bossé plusieurs hivers dans des conditions ou certains ne sortiraient pas l’ombre d’un crampons et ils savent aujourd’hui quel est le prix à payer pour atteindre un tel niveau… Je me souviens encore du Seb à Valkenswaard en 2003 sur la kx #277, seul derrière, lâché par le pack après 20 minutes, mais ne baissant jamais les bras. Douze mois plus tard, il joue le podium MX2
« L’union fait la force »
Et ce fut probablement leur plus gros atout.
Depuis 2004, passage de Cri’ en 125 et jusqu’à il y a peu, ils se tirent mutuellement à l’entraînement. Une émulation au combien positive qui les oblige constamment à repousser les limites.
Mentalement, sportivement et humainement, il est toujours préférable d’être groupé et de se serrer les coudes, les bons résultats de l’un motivant l’autre et réciproquement.
Je pense aussi aux partenaires, qu’il est probablement plus aisé de démarcher. Les blessures ou les contre-performances de l’un étant compensées par les prestations du second…
Autre fait maquant, Christophe a su tirer profit des erreurs de Seb et de toute la génération qui le précédait, un atout de poids pour un parcours quasi sans fautes…
Le futur ?
Aujourd’hui on peut d’ores et déjà considérer que la machine est lancée et quasi autonome. Seb fait preuve aujourd’hui d’une maturité bien affirmée et laisse entrevoir une marge de progression sur les plans physique, matériel et planification qui devrait lui permettre d’être champion du monde MX1 dans les deux ans à venir.
Cri quant à lui va devoir découvrir un autre continent, une nouvelle discipline ainsi qu’un nouveau team mais il a déjà prouvé en début d’année ce dont il est capable et la transition ne devrait pas poser de problèmes majeurs.
Il démontre aussi depuis peu des aptitudes étonnantes au guidon d’un 450. On peut dès lors imaginer un passage à la cylindrée supérieur dès 2009, une année pour apprendre et la suivante pour le titre suprême !??
Wait & see…
Photos copyright Mx2k.com / Kawasaki Racing / Steve Bruhn – Texte copyright Yves DeVlaminck