Round & round : tournez petits bolides !
Salut les p’tits n’veux ! Et si on causait un peu d’autre chose que de motocross pur et dur ? De moto, tout de même, sportive, naturellement, et sur terre, « dirt » en langue anglaise. Yes, let’s talk about off-road, but doin’ it on tracks : « sur piste », sur des ovales, plus précisément… Oui, évoquons donc ensemble le dirt-track, discipline emblématique d’Amérique du Nord qui connaît à l’heure actuelle une vogue impressionnante à travers le monde entier : non seulement le championnat US semble vivre ces jours-ci une seconde jeunesse, mais voici cette spécialité du Nouveau Monde en train de réussir sa conquête de l’Europe, du Royaume-Uni en particulier à travers le DTRA. Enfin, pour terminer, comment ignorer ce tsunami qui submerge le monde des deux-roues, cette mode, tout simplement, à laquelle succombe actuellement tout motard branché digne de ce nom, privilégiant comme code vestimentaire aussi bien que mécanique le look… « dirt » ?
Euh, à vrai dire, après tout, pourquoi pas ? En tous cas certains demanderont : qu’y a-t-il de plus « con » qu’une course de motos ? Hem, celles de ce type s’entend, les « courses sur piste », comme on les nomme officiellement, dans le jargon des fédérations, qu’elles soient nationales (la FFM par exemple) ou internationale (FIM). Appellation qui regroupe tout ce qui tourne en rond, en ovale plutôt et toujours vers la gauche, sur terre, sur herbe, ou même sur glace, c’est à dire speedway, long-track, short-track, grass-track, ice-races… Et, à la sauce américaine, dirt-track, ou plutôt, de préférence ces derniers temps, flat-track. Puisque le championnat US de la spécialité, ex-AMA Grand National Championship, s’est récemment vu moderniser et rebaptiser, désormais on dit American Flat-Track.
Eh, just kiddin’, les n’veux ! Ah, c’est si facile de se moquer… Comme ces gens qui détestent le football et se plaisent à demander pourquoi on ne distribue pas une baballe à chacun des vingt-deux mecs présents sur la pelouse qui se disputent un même ballon… Ben ouais, faut reconnaître, ça peut paraître un poil débile, vu de l’extérieur, ce genre de truc, ces gusses à moto qui tournent, tournent et tournent encore et toujours : hep, n’est-ce pas là l’illustration de cette fameuse théorie selon laquelle la compétition a vu le jour dès que les deux premières bécanes fabriquées se sont retrouvées côte à côte ? OK, d’accord, mais je préfère me demander si sur ovale, à l’européenne ou à l’américaine, quelles que soient la longueur et la surface de l’anneau, le nombre de tours à effectuer, la quantité de pilotes au départ ou les caractéristiques techniques de leurs machines, peu importe, les courses sur piste ne sont pas la forme la plus essentielle de la compète moto ? Après tout… Autrement dit, foin de toute auto-flagellation, de tout masochisme, la plus pure, la plus absolue, la plus parfaite ? Et donc la plus belle ? Chacun son trip, toujours est-il qu’elles sont basées sur un axiome incontournable : le premier qui passe la ligne d’arrivée l’emporte. Ah ça, difficile de faire plus simple ! Sinon simpliste, en effet. Mais reproche-t-on à ceux qui s’adonnent à la course à pied (et ils sont un paquet !) d’être des abrutis ? C’est le sport, ses principes, ses lois : au vainqueur la plus haute marche du podium, le bouquet, la coupe, éventuellement l’hymne national, la miss, voire le chèque, mais toutes ces bricoles viennent ensuite, peu importe, tant le principal réside ailleurs…
Personnellement j’ai été élevé (entre autres) au biberon du Grand National US : à cet égard un grand merci à mes maîtres Gilles Mallet (ex-rédac’chef adjoint de Moto Revue à la fin des sixties avant de devenir membre fondateur et rédac’chef de Moto Journal puis de créer et diriger Moto Verte : n’est pas « Not’Maît’ » pour rien !) et en l’occurrence Philippe Debarle (longtemps correspondant aux US de la presse spé’ française) qui m’ont inculqué ad vitam aeternam le goût du dirt-track « AMA style », à moi qui fréquentais assidûment les terrains de motocross d’Ile-de-France ou de Normandie, m’excitais sur les premiers pas de l’enduro dans l’Hexagone et par ailleurs je l’avoue suivais aussi de très près les courses de vitesse et d’endurance… Epreuves se déroulant pourtant sur « bitume-beurk », ainsi que se devait de mépriser toute section de route goudronnée le vrai fan d’off-road digne de ce nom à cette époque de chapelles. Un sectarisme qui, moi qui me suis de tous temps délecté d’éclectisme, m’était alors absolument étranger !
Du speedway au grass-track : terre battue à l’européenne
Au début, tellement sous le charme du Grand National, je dois confesser que j’ai presque dédaigné le speedway, avec ses motos aux roues de vélo, au mono d’aspect quasi-agricole, comme l’ensemble de l’engin d’ailleurs. Et puis, à la fin des années soixante-dix, la patinoire de Grenoble a accueilli des épreuves de Mondial d’ice-races, version « sur glace » du speedway et là puis ensuite la discipline s’est méchamment modernisée, pour en arriver aujourd’hui au super show que l’on connaît avec le SGP dans sa formule actuelle, grâce à l’ultra-efficace promoteur britannique BSI. En direct live à la télé, le championnat du monde (et la Coupe du monde, ou SWC, au mois de juillet, dont l’édition ’17 vient juste de se dérouler) propose un spectacle de choix, toujours très enlevé, aussi disputé que spectaculaire, un véritable feuilleton en douze épisodes par an pour lequel on aime se passionner même si l’on ne possède pas a priori, nous Français, cette « culture » des épreuves sur piste. J’aime mieux vous le dire, en tant que commentateur sur SFR Sport 3, la chaîne qui diffuse en direct ce programme avec d’immenses champions dedans : le SGP ça le fait ! OK, ces stars viennent de Pologne (la nation devenue l’Eden du speedway international), d’Australie, des Iles Britanniques, de Scandinavie (Suède et Danemark), de Russie, de Slovénie, de République Tchèque ou des USA, il n’y a pas (encore) de Tricolores au plus haut niveau mondial. Par tradition, géographiquement parlant les courses sur piste sur le territoire français se limitent aux départements de la Gironde et du Lot-&-Garonne voisin. Et sur les ovales de Marmande, Morizès, Saint-Macaire, La Réole, Tayac ou Miramont notamment on parle davantage de long-track ou de grass-track que de speedway pur et dur. Mais de jeunes pilotes d’avenir pointent le bout de leur nez à l’échelon continental, alors peut-être verra-t-on bientôt un (ou des) licencié(s) FFM parmi les quinze qualifiés à l’année en Speedway GP : on rêve d’un tel destin, bien sûr !
Flat-track : LE sport moto made in USA
On l’a dit, les Américains, en Californie principalement (Costa Mesa, Ventura, Perris, Victorville, Auburn, Santa Maria, etc), pratiquent couramment le speedway. Il s’agit d’événements à caractère local, le vendredi ou samedi soir. Mais de grandes vedettes de ce sport sont sorties des rangs américains et, outre le quadruple champion du monde en titre (1997… 2011, 2014 & 2016), l’impressionnant vétéran Greg Hancock, on n’a pas oublié les Bruce Penhall (champion 1981/82) ou Billy Hamill (1996)…
Cela dit, aux USA, c’est le flat-track qui domine. A tel point que longtemps le sport motocycliste US a d’abord (et quasi-uniquement) été représenté par cette discipline particulière, celle qui à l’instar du NASCAR pour l’automobile et ceci à peu près dans les même régions d’ailleurs, en gros le grand Sud-Est du pays, a véritablement concentré tous les regards et recueilli tous les suffrages des fans américains de courses de motos. Jusqu’au début des années 70 le championnat des USA, dit Grand National, se déroulait du printemps à l’automne sur une vingtaine de rendez-vous à travers le continent, sur des anneaux de terre battue la plupart du temps, parfois longs d’un mile (1609 mètres, on parle alors de « Mile »), d’un demi-mile (Half-Mile), ou d’un anneau agrémenté d’une chicane en S et d’un saut (c’est le « TT »). Enfin, quelques épreuves, comme les 200 Miles de Daytona (autrefois courus sur le sable de la plage, puis déménagés sur le superspeedway construit en 1959) étaient des courses de vitesse sur circuit asphalté nécessitant l’emploi de machines spécifiques, bien éloignées des engins de dirt-track, même si bien entendu jusque dans les sixties les V-twins locaux Harley et Indian équipaient le gros des troupes.
Les grandes stars d’hier, glorifiées par le Hall of Fame : on se souvient des noms de Joe Leonard, Dick Klamfoth, Carol Resweber, puis de Dick Mann, Dave Aldana, Gary Scott, Mert Lawwill, Kenny Roberts, Jay Springsteen, Chris Carr ou Ricky Graham, pour certains d’entre eux définitivement adoubés en Grands Prix de vitesse, tous passés par le Grand National et les ovales de dirt. Ce qui, assurément, a contribué aux succès de ces Américains, rois de la glisse, venus de ce côté de l’océan s’essayer aux Grands Prix. D’ailleurs, tous les prodiges du MotoGP d’aujourd’hui n’en passent-ils pas, à l’image d’un Valentino Rossi et de son fameux ranch italien de Tavullia, non loin de Pesaro et de la mer Adriatique, par la pratique du dirt comme entraînement, histoire de développer et d’affiner leur science du dérapage ?
Aujourd’hui les héros du Flat-Track US ont pour noms Brad Baker, Jared Mees ou Bryan Smith, le Number One régnant, tous les trois ayant rejoint à l’intersaison le tout nouveau team Indian qui se montre d’ores et déjà intraitable et domine les débats cette saison face aux Harley ainsi qu’aux parallel-twins Kawasaki et Yamaha. Au fil des années écoulées et de l’histoire du sport, du Grand National à l’American Flat-Track c’est une longue histoire de bruit et de fureur. L’usine Indian, dès les années vingt, est venu concurrencer Harley sur « ses » terres, ce qui fut sa chasse réservée en quelque sorte de nombreuses années durant, puis ce fut au tour des marques britanniques de briller, Triumph, mais également BSA, Norton ou Matchless, non sans remporter de très nombreux succès, jusqu’au début des seventies. Avec son moteur XS ressemblant si fort à un twin britannique, Yamaha a occupé le devant de la scène grâce à son pilote de pointe, l’incomparable Kenny Roberts (senior). Qui, comment l’oublier, avait fait sensation en s’alignant, et en s’imposant, au Mile d’Indianapolis au guidon d’un monstre équipé d’un quatre-cylindres deux-temps de TZ 750 ! Mais la machine, plus que délicate à piloter on s’en doute, fut aussitôt bannie par les instances fédérales américaines. Ensuite à son tour le géant Honda s’est essayé à venir tenter de tailler des croupières à la firme de Milwaukee, créant pour ce faire un V-twin très performant (qui, nota bene, lui permettra par la suite, installé dans la mythique NXR, de gagner le Paris-Dakar !) et les ingénieurs du HRC sont parvenus à leurs fins. Enfin l’an dernier Kawasaki a réussi l’exploit se s’imposer à la firme américaine avec une mécanique dérivée du petit bicylindre ER6.
On parle depuis un peu plus d’un an et demi d’American Flat-Track « new look » : fin 2015 en effet le Grand National avait vécu, faisant donc place à l’AFT ! Ainsi cette discipline purement US est-elle réellement en train de vivre comme une nouvelle jeunesse, semblant se réveiller suite à une longue période de somnolence. Une renaissance qui, comme par hasard, coïncide avec le retour en fanfare cette saison d’un concurrent mythique, l’autre grande marque américaine, Indian, rivale historique du monument Harley-Davidson, lancée comme celui-ci à Milwaukee, Wisconsin, deux ans d’ailleurs avant l’iconique création de William S. H. et Arthur D. Disparue en 1953, la firme Indian a fait son retour en 2004 et, devenue filiale du groupe Polaris (« cousin » du KTM Group), elle a éclipsé en interne la marque Victory. Son retour à la compétition, en AFT bien entendu (http://www.indianmotorcycle.com/en-us/flat-track-race), s’est d’emblée avéré triomphal : il faut dire qu’on avait pas mégoté du côté de chez Polaris Industries, embauchant trois des meilleurs pilotes actuels et cette sorte de dream-team a rapidement pris le contrôle du championnat 2017, multipliant les triplés victorieux… Autre événement témoignant de la nouvelle jeunesse de la spécialité, l’arrivée depuis trois saisons du flat-track sur les X-Games : les Jeux de l’Extrême accueillant la forme la plus endémique qui soit du sport moto US, c’est bien la preuve d’un nouvel engouement formidable pour les anneaux de terre battue !
Comme précédemment deux catégories se retrouvent en lice, l’ex-GNC 1 devenant AFT Twins (avec des bicylindres de 750 cc) et le GNC 2 AFT Singles (monos 450 cc). En petite catégorie, cette année, il arrive parfois qu’une femme vienne taxer tous les mâles : oui, repérée depuis quelque temps déjà pour avoir roulé en GNC 1 par le passé (meilleur classement : une dixième place), la petite blondinette Shayna Texter, 27 ans, originaire de Pennsylvanie et sœur de Cory Texter, autre pilier de la discipline, s’est en effet imposée à quatre reprises sur dix épreuves courues jusqu’à présent (prochain stop à Calistoga, Californie, un half-mile)… Elle occupe évidemment la tête du classement provisoire aux commandes de sa 450 CRF !
Et si l’on cite les étapes de Springfield, Lexington, Peoria, Calistoga, Daytona, Fort-Worth, Perris, Charlotte, Oklahoma City, Phoenix, Elbridge, Woodstock et autre Indy, etc, on éveille des tas de souvenirs de luttes acharnées, de bagarres au couteau en paquets, d’attitudes extrêmes, de chutes effrayantes, de tension maximum et d’exploits à jamais gravés dans le marbre des tablettes de l’AMA. Assister à un Mile, à Indy par exemple, ou à un TT, plus dingue encore, à Peoria dans l’Illinois, c’est une expérience qui ne s’oublie pas. Un peu comme lorsque vous êtes assis dans les gradins d’une immense tribune de ces super circuits auto, tellement gigantesques, qui accueillent le NASCAR et que la meute de quarante bagnoles lancées à pleine allure vient d’être lâchée par le pace-car pour cruiser à plus de 330 km/h au tour, que la terre tremble, littéralement, au passage de ces stock-cars… J’ai rarement vécu moment plus impressionnant en bord de piste et même si l’on ne court absolument aucun danger… ça fait peur ! Le départ d’un Mile c’est un peu la même : les dix-huit meules gaz à fond, c’est la charge de la brigade légère !
DTRA : quand l’Europe s’y met pour de bon !
Un tel modèle US pouvait-il laisser le vieux continent indifférent ? Longtemps ce fut le cas, l’Europe ayant comme on l’a vu ses propres conceptions à propos de « courses sur piste ». Mais ces dernières années, le flat-track « à l’américaine » s’est peu à peu installé sur nos rives, comme en témoigne le lancement par la FIM d’une Coupe du Monde de dirt-track avec cette saison trois dates, en République Tchèque (Marlanske Lazne, le 24 juin dernier), en Italie (Lonigo ce week-end) et… même en France (Mâcon le 9 septembre) !
Car, eh oui, la France s’y est mise aussi ! D’ailleurs à l’instar de ce qui se fait dans pas mal de pays, il existe désormais un championnat hexagonal, dont le lauréat 2016 se nomme Wilfried Delestre, un ex-crossman bien sûr (MiniVert époque Pourcel), assurément notre meilleur spécialiste actuel, brillant en Coupe du monde comme partout où il pose les roues de sa 450 RMZ, à l’étranger comme à l’intérieur de nos frontières. Au-delà du championnat de France, deux grandes épreuves inter vont avoir lieu en fin d’été à l’initiative de l’association Vintage Racing Spirit (« In Dust We Trust » !) le 23 septembre à Mâcon (Saône-&-Loire) et le 15 octobre à Morizès (Gironde, terre promise des courses sur piste en France). Deux rendez-vous très prometteurs, à ne pas louper !
Si de son côté le championnat d’Espagne est sans doute l’une des séries les plus cotées d’Europe, il doit sans aucun doute beaucoup au SuperPrestigio disputé chaque hiver à Barcelone, épreuve de renom comme son nom l’indique qui rassemble certaines des nombreuses stars du sport moto local et même des spécialistes US, un… prestige auquel un certain Marc Marquez, triple champion du monde MotoGP qui règne en monarque absolu sur l’épreuve, est évidemment loin d’être étranger ! Enfin, signalons encore pour tâcher d’être complet, en Belgique, près de Zolder, chaque année au mois de juin, la Hell’s Race, un rendez-vous classique du calendrier de l’euro-dirt…
Cela dit, s’il est un événement qui a énormément contribué au développement du flat-track de ce côté-ci de l’Atlantique, c’est bien le DTRA, sorte de championnat de Grande Bretagne qui réunit sur le sol des îles britanniques la crème des amateurs européens, trop heureux d’aller s’éclater sur cette série de huit épreuves, à la fois super cool et bien structurée, sorte de paradis du dirt plébiscité par tous les amoureux de la discipline, quel que soit leur niveau, qu’ils y viennent y chasser le chronos, traquer (sans jeu de mots) la performance ou simplement rigoler un bon coup (l’un n’empêchant pas nécessairement l’autre, d’ailleurs).
Pour ceux qui privilégient le fun, l’épreuve de Kings Lynn (oui, l’un des hauts-lieux du speedway british) accueille début juillet, le dimanche au lendemain de l’étape 5 du DTRA/UK Championship une manifestation unique, le Dirt Quake. Ah, inénarrable Dirt Quake : ou si vous pouvez imaginer un truc pareil, le flat-track à la sauce Monty Python ! Ce rassemblement de dingos, unique en son genre, permet à absolument n’importe qui, aux commandes d’absolument n’importe quel engin surtout, mais alors vraiment n’importe quoi, de s’essayer à domestiquer l’anneau de terre battue. On recense en effet, entre autres, des catégories Scooters, « Inappropriate Road Bikes « (machines de route parfaitement inadaptées), Harley, « Best of British », 125 Débutants, Ladies, et même une classe « Not Sure » ! Et ce sans aucune modération, de préférence. Car les Anglais, nul ne l’ignore, dès qu’il s’agit de se montrer farfelus, n’ont guère d’équivalents…
Pourtant, le week-end dernier, un certain Louis Breton (un nom qui me dit quelque chose), par ailleurs pilier du championnat « sérieux » depuis qu’il était venu, il y a trois ans, assister, en curieux, au Dirt Quake (non sans participer quasi-au débotté au guidon d’une 250 TDR, tandis que son frère Edouard avait jeté son dévolu sur… un Dax !), a su épater les locaux. En franchissant assez allègrement les bornes en matière d’originalité, faut dire : partant du principe qu’au DQ figure une classe « Chopper » qui réunit toutes sortes de grosses meules de bikers à longues fourches, Louis a opté pour cette catégorie après avoir carrément « chopperisé » (pour le moins) l’une de ses 250 YZ ! Ou comment s’offrir (c’était le but du jeu) l’un des tabacs du jour à l’applaudimètre… Faut préciser qu’au passage il a même taxé l’immense star du Tourist Trophy qu’est Guy Martin !
Vous l’aurez compris, le flat-track à l’anglaise (et le DTRA avant tout) c’est trop fort ! A tous points de vue. Alors si le coup d’œil vous tente, notez que l’étape finale se tiendra à Eastbourne (autrement dit, au plus près du continent) le 3 septembre. Je ne saurais trop vous conseiller de tenter le saut de puce au-dessus du Channel ! www.dirttrackriders.co.uk
Hipsters & motos qui vont bien : la folie « dirt »
C’est la folie du look « dirt-track », surtout ! Aujourd’hui, chez les motocyclistes « dans le coup », qui n’a pas son « tracker » ? Des magazines « in » comme Moto Heroes ou Café Racer présentent à longueur de pages des préparations de ce genre et se font un plaisir de raviver les histoires mythiques du Grand National US d’autrefois, glorifiant les héros sanctifiés par le Hall of Fame. C’est la grande mode, le style dirt remporte un succès fou chez les « hipsters » et autres motards chic-branchés, voire auprès de snobs d’espèces diverses et variées, qui « flat-trackisent » à tout-va leurs roadsters et autres trails…
Naturellement, les préparateurs spécialisés font florès, on citera par exemple des officines telles que Clutch, Blitz ou le French Atelier en région parisienne, mais l’Ile de France n’a pas l’exclusivité de ce type de garage, loin de là : il en naît un peu partout en France et en Europe ! Mais qu’en est-il réellement de ce look ? Eh bien c’est fort simple (même si certains vont extrêmement loin dans la recherche du détail qui tue), vous installez un guidon plat, une selle monoplace avec dosseret formant garde-boue effilé, un (ou des) échappement(s) relevé(s), un mini-phare et une micro-plaque d’immatriculation, vous baissez les suspensions et chaussez des pneus spécifiques, le tout sur un engin mû par un V-twin américain ou un bicylindre parallèle britannique (de préférence), ou bien par une mécanique nipponne (cas le plus fréquent, du mono au quatre-pattes) et le tour est joué. Certains optent pour une déco typée course, d’autres préfèrent une finition plus sobre, à base de peinture mate ou de métal nu, mais en règle générale un certain minimalisme « racing » prévaut. Bien sûr, un tel style se suffit à lui-même, cependant si la fonction crée l’organe, l’inverse a souvent du vrai et un engin ainsi « orienté » crée forcément l’envie. Envie de rouler sur un anneau, de s’essayer à ce type de pilotage particulier, sur « terre » (on the dirt), qui fait tant rêver. Oui, tenter de maîtriser la glisse, juste histoire de réveiller le Kenny Roberts tapi au fond de tout un chacun ! D’où, comme on a pu le voir, l’éclosion ici et là de toutes sortes d’événements, de la simple séance de roulage à la compétition. Sur un ovale de terre battue, sur n’importe quelle machine, moto moderne ou vintage, vrai engin de course ou bitza des plus étranges, à base de Pee-Wee ou de Harley… Pourvu que le look soit le bon : celui d’un tracker ! Et don’t forget : on tourne toujours dans le même sens, vers la gauche… Non sans mettre du très gros gaz !