Texas et autres pays de conquête
Salut les p’tits n’veux ! Nan, nan, pas Riri, Fifi, Loulou… Ni Onc’ Donald ! Surtout pas, ces jours-ci, ce n’est pas un prénom à revendiquer, Donald… Beurk, ah ça j’préfère Riton ! Mais revenons plutôt à l’actualité du motocross en abordant aujourd’hui plusieurs thèmes distincts et différentes contrées…
Evidemment, pas question d’écrire quoi que ce soit sans commencer par saluer le succès historique de Marvin Musquin au Texas : imaginez, il s’était passé pas moins de quinze ans presque jour pour jour depuis la dernière victoire d’un compatriote en première classe du supercross US ! C’était David Vuillemin, à Indy en 2002 : une fantastique prise de pouvoir dans le dernier tour face au GOAT en personne, Mister Ricky Carmichael, autrement dit du très, très lourd. Marvin quant à lui, dans un autre genre, a réalisé le coup parfait : holeshot et ciao tout le monde, alors que derrière, comme l’ont fait remarquer les commentateurs américains en direct, c’était un « carnage » comme jamais, une espèce d’hécatombe assez inhabituelle. Cooper Webb, en feu depuis deux week-ends, a crevé (finalement 14ème), Trey Canard de retour a… chuté (il a fini 11ème) et il n’a pas été le seul, Chad Reed a dû passer par les stands (19ème final) et surtout Eli Tomac est tombé, il a tordu le disque avant et a dû s’arrêter lui aussi devant ses mécanos qui ont fini par sectionner sa durit de frein (15ème). De son côté Ryan Dungey a longtemps buté sur un excellent Dean Wilson et a raté, une fois n’est pas coutume, le podium, sur lequel Cole Seely et Jason Anderson ont encadré notre Frenchie. Bon, une bonne chose de faite, comme on dit, pour le kid de la Réole : Marv’ avait déjà tourné autour du gros lot l’an dernier, ne passant pas loin du tout. Du coup on savait qu’il en ferait claquer une sans trop tarder, même si a priori ce n’était pas du tout cuit, la domination de son coéquipier et les velléités de messieurs Roczen et Tomac, les plus farouches rivaux de celui-ci, ne laissant que très peu de place aux ambitions du Français. Mais, eh bien voilà, Musquin a gagné à Arlington : toujours une victoire que les Américains n’auront pas, comme aurait rigolé ma grand-mère. Ça, c’est réglé !
A Dallas, le pilote KTM a montré un self-control exceptionnel. Une super technique, comme d’hab’, une condition physique en béton et une solidité mentale impeccable. Pas de faute, relax, nickel. En deux mots : la copie parfaite. La piste était ultra-piégeuse, comme on a pu s’en rendre compte, elle a considérablement évolué au cours de la finale, toujours plus technique, ce qui naturellement n’a pas vraiment fait de tort à Musquin. D’ailleurs ses rivaux, les deux gars qui l’ont accompagné sur le podium notamment, n’ont pas manqué de lui rendre hommage, soulignant en particulier sa vitesse dans les whoops, qu’il enquillait comme personne, non pas en les dribblant mais en les sautant, avec une précision diabolique, super impressionnante. Anderson a même lâché un bon mot, faisant remarquer que ce devait être la façon d’aborder les whoops « à la française »…
Il est d’ailleurs amusant de constater que ses compagnons de podium d’un soir au Texas et lui sont un peu faits du même bois : Seely et Anderson, éternels rivaux, ont comme Musquin mis du temps à s’imposer en 250 cc et à éclore en catégorie supérieure. Si le pilote Husky est un peu plus jeune, 24 ans cette semaine, deux mois et demi seulement séparent les deux autres, Marvin ayant eu 27 ans en toute fin d’année dernière quand Seely les aura le 10 mars. Les voici donc tous trois ensemble au sommet en même temps et il va être passionnant de suivre leurs futurs duels, de mesurer comment ils vont continuer de grandir et jusqu’à quel point…
Marvin est un pilote unique en son genre, hyper-précis, qui préfère attaquer les obstacles en finesse plutôt qu’en force, qui se sent mieux sur les circuits qui réclament davantage de doigté que de bullocks. On l’a vu ce samedi sur une piste où ceux qui ont voulu en faire un peu trop se sont forcément retrouvés à terre : dans ces cas-là le Frenchie est quasi-imbattable. Son point fort c’est de savoir trouver la limite dans les conditions extrêmes, un peu comme celles de samedi, et de s’y tenir sans les dépasser, sachant exactement où se lâcher et où, au contraire, rester patient. Marvin est un as de l’adhérence, du contrôle des gaz et il n’a pas non plus son pareil lorsqu’il s’agit de trouver en un clin d’œil la meilleure combinaison possible sur un enchaînement peu évident à première vue. Ce n’est pas pour rien qu’il a remporté le Straight Rhythm ! A deux endroits au moins du circuit d’Arlington, sur le plateau juste avant l’arrivée et dans la seconde section de whoops, il faisait preuve d’une originalité manifeste tout en se montrant sensiblement plus rapide. Unique, je vous dis ! Alors tous les espoirs les plus fous sont dorénavant permis et j’ai envie d’y croire…
Car la vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille pour Marvin depuis qu’il a choisi de faire carrière aux USA. La chance n’a pas souvent été de son côté et ce n’est qu’à 27 ans qu’il arrive enfin au top en catégorie reine. Quoique promis dès le départ semblait-il à de bons résultats en Amérique, en supercross notamment vu l’exceptionnelle technicité de son pilotage, il a dû déployer d’immenses réserves de persévérance et des trésors de patience avant de concrétiser pleinement son incontestable potentiel… Cependant déjà largement étalé à la face du monde entier par la conquête de deux couronnes FIM, tout de même ! Eh, faut croire que les sentiers de la gloire ne sont jamais pavés à l’avance et l’on a vu qu’ils réservent toujours toutes sortes de chausse-trappes…
Souvenez-vous, Marvin a dû plus souvent qu’à son tour composer avec le sort. Un vilain crash à Bercy, fin 2010, avant même son départ vers les USA, ça démarrait mal ! Ensuite, dans le même ordre d’idées, son parcours a été pourri par un certain nombre de blessures qui ont sans cesse retardé son accession aux sommets. Ce n’est qu’en 2012 qu’il a enfin pu montrer aux Américains son talent sur leur terrain à travers de bons résultats en supercross comme en extérieurs. En 2013 il a loupé la couronne SX 250 d’un rien face à Wil Hahn, avant de se faire mal à nouveau en fin d’année, ce qui a plombé sa saison 2014. Heureusement, les planètes se sont enfin alignées l’année suivante : Marvin a été titré en supercross 250 Est après avoir nettement dominé le championnat et il a entrevu le doublé SX-MX jusqu’à l’épreuve finale… Où il a hélas dû abandonner les lauriers sans combattre sur panne mécanique ! Bref, rien n’a jamais été facile : il lui a tout de même fallu cinq ans pour conquérir un premier titre US. Dès son accession à la cylindrée supérieure, l’an passé, il a d’emblée démontré tout le potentiel que certains (et en particulier son team-manager, Roger De Coster) avaient décelé chez lui. Il a failli s’imposer direct en SX, mais failli seulement, avant de terminer sur le podium en MX et d’être couronné rookie de l’année dans les deux disciplines… Bref, depuis qu’il est aux Amériques, Marvin a signé nombre de performances remarquables, il a plus que souvent si ce n’est constamment brillé, mais n’a jamais définitivement, une fois pour toutes, totalement enfoncé le clou. Il vient de prouver samedi à Dallas qu’il en était capable. Il a ce faisant intégré le club très fermé des vainqueurs de finales 450 aux côtés de messieurs Dungey, Roczen, Tomac, Reed, Millsaps, Anderson, Seely, Canard, Barcia et Grant, pour ce qui est des hommes actuellement en activité. Alors dites, comment pourrait-il ne pas être sûr de son fait, désormais ?
A mon sens, ce premier succès en catégorie 450 peut changer bien des choses. Il est des grincheux qui reprochent au Tricolore un déficit de hargne, qui le trouvent trop tendre encore face aux cracks qu’il aurait selon eux encore tendance à trop respecter, faisant montre d’une espèce d’attitude de gamin ébahi dans un magasin de jouets, déjà comblé d’être là et jamais assez « méchant » face à ses adversaires… Cela me paraît très exagéré : certes Musquin n’est pas un killer, il n’y a pas moins dirty rider que lui. Mais à l’aune de son début de championnat 2017, de tels griefs ne tiennent pas, on l’a vu faire preuve de toute l’autorité nécessaire lorsqu’il le fallait.
Et surtout, je le répète, cette première victoire « chez les grands » doit faire, non elle VA faire de Marvin un autre homme. Elle va jouer un rôle de déclic, permettre une certaine évolution, inconsciente, au plan psychologique, des plus positives. Bénéfique, profitable. Car, à lui de digérer tout ça, mais c’est ainsi : s’il a connu une maturation plus longue que d’autres, peut-être, cette fois ça y est, au sein du motocross US, dans ce championnat SX le plus relevé qui soit, c’est devenu un boss. Un bonhomme, un vrai ! Pas encore tout à fait l’égal d’un Dungey, couronné trois fois, ni d’un Reed, ex-double champion, au niveau des palmarès ? Hé, chaque chose en son temps ! En revanche seuls Ken Roczen (deux fois), out sur ce championnat, Eli Tomac (deux fois) et Ryan Dungey ont eux aussi remporté une finale cette saison. Tout comme lui. Pareil. Bref, Marvin n’a plus aucune raison de faire le moindre complexe : il fait partie du gotha !
Maintenant, sûr de son fait, il va tout naturellement, en pleine confiance, afficher encore plus de combativité, d’agressivité, oser davantage, sans même y penser, juste sur sa lancée. Peu à peu, l’air de rien, quasi-inconsciemment, si les victoires se répètent il va ainsi ajouter à son fantastique bagage de technicien surdoué un véritable sens de l’attaque, une hargne qui pouvait peut-être lui faire encore un peu défaut, parfois, jusqu’à présent. Et si au bout du compte la mayonnaise « prend », si en effet le Français parvient à associer à son merveilleux style hyper efficace à un peu plus de flamboyance… Vous savez quoi ? Un peu comme ce jour de septembre 2015 à Ernée où l’on avait découvert, assez médusés il faut bien l’avouer, un Musquin absolument déchaîné au guidon de sa deux-et-demie face à Justin Barcia sur une 450 cc, nous laissant entrevoir comme un autre pilote que celui que nous connaissions… En complet état de grâce aux Nations en France, il avait fourni un avant-goût de ce que peut être une sorte de pilote idéal. De ce que doit devenir Marvin Musquin, qui dorénavant sait s’imposer en SX 450 comme l’un des meilleurs spécialistes du monde…
Il connaît le mode d’emploi, il gagnera d’autres finales et, par la suite, il devra donc s’attaquer à la marche suivante. La dernière, la plus haute ! Marvin Musquin réussira-t-il à décrocher un championnat première catégorie, exploit que côté français seul JMB a su accomplir, il y a plus d’un quart de siècle de cela ? Question à un million de dollars, minimum… Mais on n’en est pas encore là ! Ne brusquons rien, même si dès cette année tous les espoirs restent permis, on peut rêver. Après tout, pourquoi pas ?
Ah oui, avant de clore le chapitre Arlington, juste un mot d’un garçon qui a vu le rêve qu’il poursuivait s’écrouler sans rien pouvoir y faire… Battu par Justin Hill ces deux dernières semaines, le vainqueur des deux premières courses du championnat 250 côte Ouest, Shane McElrath, était magnifiquement parti pour redresser la barre et reprendre à son rival le leadership aux points, dominant la finale d’Arlington jusqu’à trois tours de l’arrivée, lorsque sa moto l’a trahi. S’il s’agissait d’un épisode courant dans les années 70/80, surtout venant d’une KTM, il est aujourd’hui extrêmement rare de voir un moteur refuser tout service en pleine finale, surtout justement celui d’une 250 KTM, réputée incassable. Toujours est-il que le sympathique McElrath a tout paumé, sans doute, avec vingt-cinq points de retard à trois épreuves de la fin. Le sport sait parfois se montrer d’une cruauté sans bornes…
Changement d’époque
Aut’chose, même si on reste en partie « overseas » : le monde du motocross va célébrer cette année les vingt ans du retour du quatre-temps au plus haut niveau. En effet, c’est en 1997 que Yamaha a présenté sa 400 YZM, le proto qui a changé l’histoire de ce sport. Certes, Jacky Martens s’était imposé dès 1993 aux commandes d’une Husky à soupapes, il avait été sacré champion du monde, avant de passer le relais à Joël Smets et ses Husaberg, mais c’était en classe 500, un championnat qui à cette époque ne représentait plus du tout « la crème de la crème », la cylindrée inférieure, celle des 250 deux-temps, nettement plus performantes, s’étant depuis le début des années 90 fermement approprié l’appellation de catégorie reine. Très vite, dès la fin de saison, la 400 Yamaha allait s’imposer, aux mains de Doug Henry aux USA en particulier, et remettre le quatre-temps non seulement « à la mode » mais complètement dans l’air du temps puisque, à la suite du constructeur japonais, ses rivaux nippons puis l’industrie dans son ensemble s’engouffreraient dans cette voie qui aujourd’hui, vingt ans plus tard, normes environnementales aidant, est devenue la norme. Ainsi les moteurs 450 cc quatre-temps ont-ils remplacé les 250 deux-temps, tandis que les deux-et-demies à soupapes ont balayé (en partie) les 125 cc. Pour le meilleur ? Ça se discute. Technologiquement parlant, OK. Ecologiquement de même. Au stade ultime de la compétition, les performances ont fait un bond énorme, c’est sûr, tout en faisant courir davantage de risques aux pilotes, ce qui n’est pas innocent. Plus vite = moins sûr, c’est logique, hélas. Quant au portefeuille du coureur amateur, c’est là que le bât blesse, les budgets ayant pris une sacrée claque avec l’explosion de la complexité technique ! Ce qui a, c’est clair, permis aux cylindres à trous de conserver une certaine popularité auprès d’une frange de clientèle non négligeable, assurant des jours heureux aux gammes deux-temps des constructeurs qui ont choisi de poursuivre leur effort en ce sens, à savoir principalement ceux du groupe KTM (KTM et HVA) et…Yamaha, justement ! Ironique, n’est-il pas, de constater que ceux par qui en quelque sorte « tout est arrivé » semblent éprouver quelque remords quant à cette recette qui a été, à leurs débuts et si longtemps, leur marque de fabrique !
France, Italie, Grande Bretagne : ça c’est l’Europe !
Enfin, toujours en dehors de nos frontières, comment ne pas jeter un coup d’œil au rush final de l’Arenacross UK ? Comme de coutume, les Frenchies se taillent la part du lion au palmarès de cette sorte de championnat d’Europe de supercross de début d’année. Tant pis pour eux, si les Anglais ont voté le Brexit : je trouve ça nul, mais ça s’imposait car s’ils veulent rester maîtres sur leur île, ils vont bien devoir fermer leurs frontières, en effet ! Ainsi deux ans de suite, Thomas Ramette s’est-il adjugé cette couronne britannique. Mais il semble que cette fois, après six étapes à Manchester, Glasgow, Birmingham, Belfast (deux soirs) et Sheffield, avant la finale ce samedi à la Wembley Arena de Londres, ça va être assez compliqué pour signer la passe de trois. En effet son « copain » Cédric Soubeyras (vous souviendriez-vous par hasard de cette finale emmanchée façon « pugilat », l’an passé ?) tient les commandes de la série, suite à un joli succès le week-end dernier à Sheffield, avec quelque neuf points d’avance… A noter cela dit que, primo Angelo Pellegrini, vainqueur de l’épreuve d’ouverture et actuel second au classement provisoire un point devant Ramette, n’a pas dit son dernier mot lui non plus. Et que, deuxio, les stars locales Adam Chatfield (vainqueur un soir à Belfast) et Jack Brunell, héros du public à sept et huit longueurs respectivement derrière Ramette, peuvent eux aussi sinon décrocher le Graal du moins mettre leur grain de sel et perturber la baston finale… Car vu les standards auxquels le British Arenacross, par ailleurs superbement organisé, nous a habitués, on sait déjà que ça va chauffer. Sévère. Ceux qui aiment les émotions fortes ont choisi la balade outre-Manche ce week-end et ils vont forcément se régaler !
Texas et autres pays de conquête
Salut les p’tits n’veux ! Nan, nan, pas Riri, Fifi, Loulou… Ni Onc’ Donald ! Surtout pas, ces jours-ci, ce n’est pas un prénom à revendiquer, Donald… Beurk, ah ça j’préfère Riton ! Mais revenons plutôt à l’actualité du motocross en abordant aujourd’hui plusieurs thèmes distincts et différentes contrées…
Evidemment, pas question d’écrire quoi que ce soit sans commencer par saluer le succès historique de Marvin Musquin au Texas : imaginez, il s’était passé pas moins de quinze ans presque jour pour jour depuis la dernière victoire d’un compatriote en première classe du supercross US ! C’était David Vuillemin, à Indy en 2002 : une fantastique prise de pouvoir dans le dernier tour face au GOAT en personne, Mister Ricky Carmichael, autrement dit du très, très lourd. Marvin quant à lui, dans un autre genre, a réalisé le coup parfait : holeshot et ciao tout le monde, alors que derrière, comme l’ont fait remarquer les commentateurs américains en direct, c’était un « carnage » comme jamais, une espèce d’hécatombe assez inhabituelle. Cooper Webb, en feu depuis deux week-ends, a crevé (finalement 14ème), Trey Canard de retour a… chuté (il a fini 11ème) et il n’a pas été le seul, Chad Reed a dû passer par les stands (19ème final) et surtout Eli Tomac est tombé, il a tordu le disque avant et a dû s’arrêter lui aussi devant ses mécanos qui ont fini par sectionner sa durit de frein (15ème). De son côté Ryan Dungey a longtemps buté sur un excellent Dean Wilson et a raté, une fois n’est pas coutume, le podium, sur lequel Cole Seely et Jason Anderson ont encadré notre Frenchie. Bon, une bonne chose de faite, comme on dit, pour le kid de la Réole : Marv’ avait déjà tourné autour du gros lot l’an dernier, ne passant pas loin du tout. Du coup on savait qu’il en ferait claquer une sans trop tarder, même si a priori ce n’était pas du tout cuit, la domination de son coéquipier et les velléités de messieurs Roczen et Tomac, les plus farouches rivaux de celui-ci, ne laissant que très peu de place aux ambitions du Français. Mais, eh bien voilà, Musquin a gagné à Arlington : toujours une victoire que les Américains n’auront pas, comme aurait rigolé ma grand-mère. Ça, c’est réglé !
A Dallas, le pilote KTM a montré un self-control exceptionnel. Une super technique, comme d’hab’, une condition physique en béton et une solidité mentale impeccable. Pas de faute, relax, nickel. En deux mots : la copie parfaite. La piste était ultra-piégeuse, comme on a pu s’en rendre compte, elle a considérablement évolué au cours de la finale, toujours plus technique, ce qui naturellement n’a pas vraiment fait de tort à Musquin. D’ailleurs ses rivaux, les deux gars qui l’ont accompagné sur le podium notamment, n’ont pas manqué de lui rendre hommage, soulignant en particulier sa vitesse dans les whoops, qu’il enquillait comme personne, non pas en les dribblant mais en les sautant, avec une précision diabolique, super impressionnante. Anderson a même lâché un bon mot, faisant remarquer que ce devait être la façon d’aborder les whoops « à la française »…
Il est d’ailleurs amusant de constater que ses compagnons de podium d’un soir au Texas et lui sont un peu faits du même bois : Seely et Anderson, éternels rivaux, ont comme Musquin mis du temps à s’imposer en 250 cc et à éclore en catégorie supérieure. Si le pilote Husky est un peu plus jeune, 24 ans cette semaine, deux mois et demi seulement séparent les deux autres, Marvin ayant eu 27 ans en toute fin d’année dernière quand Seely les aura le 10 mars. Les voici donc tous trois ensemble au sommet en même temps et il va être passionnant de suivre leurs futurs duels, de mesurer comment ils vont continuer de grandir et jusqu’à quel point…
Marvin est un pilote unique en son genre, hyper-précis, qui préfère attaquer les obstacles en finesse plutôt qu’en force, qui se sent mieux sur les circuits qui réclament davantage de doigté que de bullocks. On l’a vu ce samedi sur une piste où ceux qui ont voulu en faire un peu trop se sont forcément retrouvés à terre : dans ces cas-là le Frenchie est quasi-imbattable. Son point fort c’est de savoir trouver la limite dans les conditions extrêmes, un peu comme celles de samedi, et de s’y tenir sans les dépasser, sachant exactement où se lâcher et où, au contraire, rester patient. Marvin est un as de l’adhérence, du contrôle des gaz et il n’a pas non plus son pareil lorsqu’il s’agit de trouver en un clin d’œil la meilleure combinaison possible sur un enchaînement peu évident à première vue. Ce n’est pas pour rien qu’il a remporté le Straight Rhythm ! A deux endroits au moins du circuit d’Arlington, sur le plateau juste avant l’arrivée et dans la seconde section de whoops, il faisait preuve d’une originalité manifeste tout en se montrant sensiblement plus rapide. Unique, je vous dis ! Alors tous les espoirs les plus fous sont dorénavant permis et j’ai envie d’y croire…
Car la vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille pour Marvin depuis qu’il a choisi de faire carrière aux USA. La chance n’a pas souvent été de son côté et ce n’est qu’à 27 ans qu’il arrive enfin au top en catégorie reine. Quoique promis dès le départ semblait-il à de bons résultats en Amérique, en supercross notamment vu l’exceptionnelle technicité de son pilotage, il a dû déployer d’immenses réserves de persévérance et des trésors de patience avant de concrétiser pleinement son incontestable potentiel… Cependant déjà largement étalé à la face du monde entier par la conquête de deux couronnes FIM, tout de même ! Eh, faut croire que les sentiers de la gloire ne sont jamais pavés à l’avance et l’on a vu qu’ils réservent toujours toutes sortes de chausse-trappes…
Souvenez-vous, Marvin a dû plus souvent qu’à son tour composer avec le sort. Un vilain crash à Bercy, fin 2010, avant même son départ vers les USA, ça démarrait mal ! Ensuite, dans le même ordre d’idées, son parcours a été pourri par un certain nombre de blessures qui ont sans cesse retardé son accession aux sommets. Ce n’est qu’en 2012 qu’il a enfin pu montrer aux Américains son talent sur leur terrain à travers de bons résultats en supercross comme en extérieurs. En 2013 il a loupé la couronne SX 250 d’un rien face à Wil Hahn, avant de se faire mal à nouveau en fin d’année, ce qui a plombé sa saison 2014. Heureusement, les planètes se sont enfin alignées l’année suivante : Marvin a été titré en supercross 250 Est après avoir nettement dominé le championnat et il a entrevu le doublé SX-MX jusqu’à l’épreuve finale… Où il a hélas dû abandonner les lauriers sans combattre sur panne mécanique ! Bref, rien n’a jamais été facile : il lui a tout de même fallu cinq ans pour conquérir un premier titre US. Dès son accession à la cylindrée supérieure, l’an passé, il a d’emblée démontré tout le potentiel que certains (et en particulier son team-manager, Roger De Coster) avaient décelé chez lui. Il a failli s’imposer direct en SX, mais failli seulement, avant de terminer sur le podium en MX et d’être couronné rookie de l’année dans les deux disciplines… Bref, depuis qu’il est aux Amériques, Marvin a signé nombre de performances remarquables, il a plus que souvent si ce n’est constamment brillé, mais n’a jamais définitivement, une fois pour toutes, totalement enfoncé le clou. Il vient de prouver samedi à Dallas qu’il en était capable. Il a ce faisant intégré le club très fermé des vainqueurs de finales 450 aux côtés de messieurs Dungey, Roczen, Tomac, Reed, Millsaps, Anderson, Seely, Canard, Barcia et Grant, pour ce qui est des hommes actuellement en activité. Alors dites, comment pourrait-il ne pas être sûr de son fait, désormais ?
A mon sens, ce premier succès en catégorie 450 peut changer bien des choses. Il est des grincheux qui reprochent au Tricolore un déficit de hargne, qui le trouvent trop tendre encore face aux cracks qu’il aurait selon eux encore tendance à trop respecter, faisant montre d’une espèce d’attitude de gamin ébahi dans un magasin de jouets, déjà comblé d’être là et jamais assez « méchant » face à ses adversaires… Cela me paraît très exagéré : certes Musquin n’est pas un killer, il n’y a pas moins dirty rider que lui. Mais à l’aune de son début de championnat 2017, de tels griefs ne tiennent pas, on l’a vu faire preuve de toute l’autorité nécessaire lorsqu’il le fallait.
Et surtout, je le répète, cette première victoire « chez les grands » doit faire, non elle VA faire de Marvin un autre homme. Elle va jouer un rôle de déclic, permettre une certaine évolution, inconsciente, au plan psychologique, des plus positives. Bénéfique, profitable. Car, à lui de digérer tout ça, mais c’est ainsi : s’il a connu une maturation plus longue que d’autres, peut-être, cette fois ça y est, au sein du motocross US, dans ce championnat SX le plus relevé qui soit, c’est devenu un boss. Un bonhomme, un vrai ! Pas encore tout à fait l’égal d’un Dungey, couronné trois fois, ni d’un Reed, ex-double champion, au niveau des palmarès ? Hé, chaque chose en son temps ! En revanche seuls Ken Roczen (deux fois), out sur ce championnat, Eli Tomac (deux fois) et Ryan Dungey ont eux aussi remporté une finale cette saison. Tout comme lui. Pareil. Bref, Marvin n’a plus aucune raison de faire le moindre complexe : il fait partie du gotha !
Maintenant, sûr de son fait, il va tout naturellement, en pleine confiance, afficher encore plus de combativité, d’agressivité, oser davantage, sans même y penser, juste sur sa lancée. Peu à peu, l’air de rien, quasi-inconsciemment, si les victoires se répètent il va ainsi ajouter à son fantastique bagage de technicien surdoué un véritable sens de l’attaque, une hargne qui pouvait peut-être lui faire encore un peu défaut, parfois, jusqu’à présent. Et si au bout du compte la mayonnaise « prend », si en effet le Français parvient à associer à son merveilleux style hyper efficace à un peu plus de flamboyance… Vous savez quoi ? Un peu comme ce jour de septembre 2015 à Ernée où l’on avait découvert, assez médusés il faut bien l’avouer, un Musquin absolument déchaîné au guidon de sa deux-et-demie face à Justin Barcia sur une 450 cc, nous laissant entrevoir comme un autre pilote que celui que nous connaissions… En complet état de grâce aux Nations en France, il avait fourni un avant-goût de ce que peut être une sorte de pilote idéal. De ce que doit devenir Marvin Musquin, qui dorénavant sait s’imposer en SX 450 comme l’un des meilleurs spécialistes du monde…
Il connaît le mode d’emploi, il gagnera d’autres finales et, par la suite, il devra donc s’attaquer à la marche suivante. La dernière, la plus haute ! Marvin Musquin réussira-t-il à décrocher un championnat première catégorie, exploit que côté français seul JMB a su accomplir, il y a plus d’un quart de siècle de cela ? Question à un million de dollars, minimum… Mais on n’en est pas encore là ! Ne brusquons rien, même si dès cette année tous les espoirs restent permis, on peut rêver. Après tout, pourquoi pas ?
Ah oui, avant de clore le chapitre Arlington, juste un mot d’un garçon qui a vu le rêve qu’il poursuivait s’écrouler sans rien pouvoir y faire… Battu par Justin Hill ces deux dernières semaines, le vainqueur des deux premières courses du championnat 250 côte Ouest, Shane McElrath, était magnifiquement parti pour redresser la barre et reprendre à son rival le leadership aux points, dominant la finale d’Arlington jusqu’à trois tours de l’arrivée, lorsque sa moto l’a trahi. S’il s’agissait d’un épisode courant dans les années 70/80, surtout venant d’une KTM, il est aujourd’hui extrêmement rare de voir un moteur refuser tout service en pleine finale, surtout justement celui d’une 250 KTM, réputée incassable. Toujours est-il que le sympathique McElrath a tout paumé, sans doute, avec vingt-cinq points de retard à trois épreuves de la fin. Le sport sait parfois se montrer d’une cruauté sans bornes…
Changement d’époque
Aut’chose, même si on reste en partie « overseas » : le monde du motocross va célébrer cette année les vingt ans du retour du quatre-temps au plus haut niveau. En effet, c’est en 1997 que Yamaha a présenté sa 400 YZM, le proto qui a changé l’histoire de ce sport. Certes, Jacky Martens s’était imposé dès 1993 aux commandes d’une Husky à soupapes, il avait été sacré champion du monde, avant de passer le relais à Joël Smets et ses Husaberg, mais c’était en classe 500, un championnat qui à cette époque ne représentait plus du tout « la crème de la crème », la cylindrée inférieure, celle des 250 deux-temps, nettement plus performantes, s’étant depuis le début des années 90 fermement approprié l’appellation de catégorie reine. Très vite, dès la fin de saison, la 400 Yamaha allait s’imposer, aux mains de Doug Henry aux USA en particulier, et remettre le quatre-temps non seulement « à la mode » mais complètement dans l’air du temps puisque, à la suite du constructeur japonais, ses rivaux nippons puis l’industrie dans son ensemble s’engouffreraient dans cette voie qui aujourd’hui, vingt ans plus tard, normes environnementales aidant, est devenue la norme. Ainsi les moteurs 450 cc quatre-temps ont-ils remplacé les 250 deux-temps, tandis que les deux-et-demies à soupapes ont balayé (en partie) les 125 cc. Pour le meilleur ? Ça se discute. Technologiquement parlant, OK. Ecologiquement de même. Au stade ultime de la compétition, les performances ont fait un bond énorme, c’est sûr, tout en faisant courir davantage de risques aux pilotes, ce qui n’est pas innocent. Plus vite = moins sûr, c’est logique, hélas. Quant au portefeuille du coureur amateur, c’est là que le bât blesse, les budgets ayant pris une sacrée claque avec l’explosion de la complexité technique ! Ce qui a, c’est clair, permis aux cylindres à trous de conserver une certaine popularité auprès d’une frange de clientèle non négligeable, assurant des jours heureux aux gammes deux-temps des constructeurs qui ont choisi de poursuivre leur effort en ce sens, à savoir principalement ceux du groupe KTM (KTM et HVA) et…Yamaha, justement ! Ironique, n’est-il pas, de constater que ceux par qui en quelque sorte « tout est arrivé » semblent éprouver quelque remords quant à cette recette qui a été, à leurs débuts et si longtemps, leur marque de fabrique !
France, Italie, Grande Bretagne : ça c’est l’Europe !
Enfin, toujours en dehors de nos frontières, comment ne pas jeter un coup d’œil au rush final de l’Arenacross UK ? Comme de coutume, les Frenchies se taillent la part du lion au palmarès de cette sorte de championnat d’Europe de supercross de début d’année. Tant pis pour eux, si les Anglais ont voté le Brexit : je trouve ça nul, mais ça s’imposait car s’ils veulent rester maîtres sur leur île, ils vont bien devoir fermer leurs frontières, en effet ! Ainsi deux ans de suite, Thomas Ramette s’est-il adjugé cette couronne britannique. Mais il semble que cette fois, après six étapes à Manchester, Glasgow, Birmingham, Belfast (deux soirs) et Sheffield, avant la finale ce samedi à la Wembley Arena de Londres, ça va être assez compliqué pour signer la passe de trois. En effet son « copain » Cédric Soubeyras (vous souviendriez-vous par hasard de cette finale emmanchée façon « pugilat », l’an passé ?) tient les commandes de la série, suite à un joli succès le week-end dernier à Sheffield, avec quelque neuf points d’avance… A noter cela dit que, primo Angelo Pellegrini, vainqueur de l’épreuve d’ouverture et actuel second au classement provisoire un point devant Ramette, n’a pas dit son dernier mot lui non plus. Et que, deuxio, les stars locales Adam Chatfield (vainqueur un soir à Belfast) et Jack Brunell, héros du public à sept et huit longueurs respectivement derrière Ramette, peuvent eux aussi sinon décrocher le Graal du moins mettre leur grain de sel et perturber la baston finale… Car vu les standards auxquels le British Arenacross, par ailleurs superbement organisé, nous a habitués, on sait déjà que ça va chauffer. Sévère. Ceux qui aiment les émotions fortes ont choisi la balade outre-Manche ce week-end et ils vont forcément se régaler !
Texas et autres pays de conquête
Salut les p’tits n’veux ! Nan, nan, pas Riri, Fifi, Loulou… Ni Onc’ Donald ! Surtout pas, ces jours-ci, ce n’est pas un prénom à revendiquer, Donald… Beurk, ah ça j’préfère Riton ! Mais revenons plutôt à l’actualité du motocross en abordant aujourd’hui plusieurs thèmes distincts et différentes contrées…
Evidemment, pas question d’écrire quoi que ce soit sans commencer par saluer le succès historique de Marvin Musquin au Texas : imaginez, il s’était passé pas moins de quinze ans presque jour pour jour depuis la dernière victoire d’un compatriote en première classe du supercross US ! C’était David Vuillemin, à Indy en 2002 : une fantastique prise de pouvoir dans le dernier tour face au GOAT en personne, Mister Ricky Carmichael, autrement dit du très, très lourd. Marvin quant à lui, dans un autre genre, a réalisé le coup parfait : holeshot et ciao tout le monde, alors que derrière, comme l’ont fait remarquer les commentateurs américains en direct, c’était un « carnage » comme jamais, une espèce d’hécatombe assez inhabituelle. Cooper Webb, en feu depuis deux week-ends, a crevé (finalement 14ème), Trey Canard de retour a… chuté (il a fini 11ème) et il n’a pas été le seul, Chad Reed a dû passer par les stands (19ème final) et surtout Eli Tomac est tombé, il a tordu le disque avant et a dû s’arrêter lui aussi devant ses mécanos qui ont fini par sectionner sa durit de frein (15ème). De son côté Ryan Dungey a longtemps buté sur un excellent Dean Wilson et a raté, une fois n’est pas coutume, le podium, sur lequel Cole Seely et Jason Anderson ont encadré notre Frenchie. Bon, une bonne chose de faite, comme on dit, pour le kid de la Réole : Marv’ avait déjà tourné autour du gros lot l’an dernier, ne passant pas loin du tout. Du coup on savait qu’il en ferait claquer une sans trop tarder, même si a priori ce n’était pas du tout cuit, la domination de son coéquipier et les velléités de messieurs Roczen et Tomac, les plus farouches rivaux de celui-ci, ne laissant que très peu de place aux ambitions du Français. Mais, eh bien voilà, Musquin a gagné à Arlington : toujours une victoire que les Américains n’auront pas, comme aurait rigolé ma grand-mère. Ça, c’est réglé !
A Dallas, le pilote KTM a montré un self-control exceptionnel. Une super technique, comme d’hab’, une condition physique en béton et une solidité mentale impeccable. Pas de faute, relax, nickel. En deux mots : la copie parfaite. La piste était ultra-piégeuse, comme on a pu s’en rendre compte, elle a considérablement évolué au cours de la finale, toujours plus technique, ce qui naturellement n’a pas vraiment fait de tort à Musquin. D’ailleurs ses rivaux, les deux gars qui l’ont accompagné sur le podium notamment, n’ont pas manqué de lui rendre hommage, soulignant en particulier sa vitesse dans les whoops, qu’il enquillait comme personne, non pas en les dribblant mais en les sautant, avec une précision diabolique, super impressionnante. Anderson a même lâché un bon mot, faisant remarquer que ce devait être la façon d’aborder les whoops « à la française »…
Il est d’ailleurs amusant de constater que ses compagnons de podium d’un soir au Texas et lui sont un peu faits du même bois : Seely et Anderson, éternels rivaux, ont comme Musquin mis du temps à s’imposer en 250 cc et à éclore en catégorie supérieure. Si le pilote Husky est un peu plus jeune, 24 ans cette semaine, deux mois et demi seulement séparent les deux autres, Marvin ayant eu 27 ans en toute fin d’année dernière quand Seely les aura le 10 mars. Les voici donc tous trois ensemble au sommet en même temps et il va être passionnant de suivre leurs futurs duels, de mesurer comment ils vont continuer de grandir et jusqu’à quel point…
Marvin est un pilote unique en son genre, hyper-précis, qui préfère attaquer les obstacles en finesse plutôt qu’en force, qui se sent mieux sur les circuits qui réclament davantage de doigté que de bullocks. On l’a vu ce samedi sur une piste où ceux qui ont voulu en faire un peu trop se sont forcément retrouvés à terre : dans ces cas-là le Frenchie est quasi-imbattable. Son point fort c’est de savoir trouver la limite dans les conditions extrêmes, un peu comme celles de samedi, et de s’y tenir sans les dépasser, sachant exactement où se lâcher et où, au contraire, rester patient. Marvin est un as de l’adhérence, du contrôle des gaz et il n’a pas non plus son pareil lorsqu’il s’agit de trouver en un clin d’œil la meilleure combinaison possible sur un enchaînement peu évident à première vue. Ce n’est pas pour rien qu’il a remporté le Straight Rhythm ! A deux endroits au moins du circuit d’Arlington, sur le plateau juste avant l’arrivée et dans la seconde section de whoops, il faisait preuve d’une originalité manifeste tout en se montrant sensiblement plus rapide. Unique, je vous dis ! Alors tous les espoirs les plus fous sont dorénavant permis et j’ai envie d’y croire…
Car la vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille pour Marvin depuis qu’il a choisi de faire carrière aux USA. La chance n’a pas souvent été de son côté et ce n’est qu’à 27 ans qu’il arrive enfin au top en catégorie reine. Quoique promis dès le départ semblait-il à de bons résultats en Amérique, en supercross notamment vu l’exceptionnelle technicité de son pilotage, il a dû déployer d’immenses réserves de persévérance et des trésors de patience avant de concrétiser pleinement son incontestable potentiel… Cependant déjà largement étalé à la face du monde entier par la conquête de deux couronnes FIM, tout de même ! Eh, faut croire que les sentiers de la gloire ne sont jamais pavés à l’avance et l’on a vu qu’ils réservent toujours toutes sortes de chausse-trappes…
Souvenez-vous, Marvin a dû plus souvent qu’à son tour composer avec le sort. Un vilain crash à Bercy, fin 2010, avant même son départ vers les USA, ça démarrait mal ! Ensuite, dans le même ordre d’idées, son parcours a été pourri par un certain nombre de blessures qui ont sans cesse retardé son accession aux sommets. Ce n’est qu’en 2012 qu’il a enfin pu montrer aux Américains son talent sur leur terrain à travers de bons résultats en supercross comme en extérieurs. En 2013 il a loupé la couronne SX 250 d’un rien face à Wil Hahn, avant de se faire mal à nouveau en fin d’année, ce qui a plombé sa saison 2014. Heureusement, les planètes se sont enfin alignées l’année suivante : Marvin a été titré en supercross 250 Est après avoir nettement dominé le championnat et il a entrevu le doublé SX-MX jusqu’à l’épreuve finale… Où il a hélas dû abandonner les lauriers sans combattre sur panne mécanique ! Bref, rien n’a jamais été facile : il lui a tout de même fallu cinq ans pour conquérir un premier titre US. Dès son accession à la cylindrée supérieure, l’an passé, il a d’emblée démontré tout le potentiel que certains (et en particulier son team-manager, Roger De Coster) avaient décelé chez lui. Il a failli s’imposer direct en SX, mais failli seulement, avant de terminer sur le podium en MX et d’être couronné rookie de l’année dans les deux disciplines… Bref, depuis qu’il est aux Amériques, Marvin a signé nombre de performances remarquables, il a plus que souvent si ce n’est constamment brillé, mais n’a jamais définitivement, une fois pour toutes, totalement enfoncé le clou. Il vient de prouver samedi à Dallas qu’il en était capable. Il a ce faisant intégré le club très fermé des vainqueurs de finales 450 aux côtés de messieurs Dungey, Roczen, Tomac, Reed, Millsaps, Anderson, Seely, Canard, Barcia et Grant, pour ce qui est des hommes actuellement en activité. Alors dites, comment pourrait-il ne pas être sûr de son fait, désormais ?
A mon sens, ce premier succès en catégorie 450 peut changer bien des choses. Il est des grincheux qui reprochent au Tricolore un déficit de hargne, qui le trouvent trop tendre encore face aux cracks qu’il aurait selon eux encore tendance à trop respecter, faisant montre d’une espèce d’attitude de gamin ébahi dans un magasin de jouets, déjà comblé d’être là et jamais assez « méchant » face à ses adversaires… Cela me paraît très exagéré : certes Musquin n’est pas un killer, il n’y a pas moins dirty rider que lui. Mais à l’aune de son début de championnat 2017, de tels griefs ne tiennent pas, on l’a vu faire preuve de toute l’autorité nécessaire lorsqu’il le fallait.
Et surtout, je le répète, cette première victoire « chez les grands » doit faire, non elle VA faire de Marvin un autre homme. Elle va jouer un rôle de déclic, permettre une certaine évolution, inconsciente, au plan psychologique, des plus positives. Bénéfique, profitable. Car, à lui de digérer tout ça, mais c’est ainsi : s’il a connu une maturation plus longue que d’autres, peut-être, cette fois ça y est, au sein du motocross US, dans ce championnat SX le plus relevé qui soit, c’est devenu un boss. Un bonhomme, un vrai ! Pas encore tout à fait l’égal d’un Dungey, couronné trois fois, ni d’un Reed, ex-double champion, au niveau des palmarès ? Hé, chaque chose en son temps ! En revanche seuls Ken Roczen (deux fois), out sur ce championnat, Eli Tomac (deux fois) et Ryan Dungey ont eux aussi remporté une finale cette saison. Tout comme lui. Pareil. Bref, Marvin n’a plus aucune raison de faire le moindre complexe : il fait partie du gotha !
Maintenant, sûr de son fait, il va tout naturellement, en pleine confiance, afficher encore plus de combativité, d’agressivité, oser davantage, sans même y penser, juste sur sa lancée. Peu à peu, l’air de rien, quasi-inconsciemment, si les victoires se répètent il va ainsi ajouter à son fantastique bagage de technicien surdoué un véritable sens de l’attaque, une hargne qui pouvait peut-être lui faire encore un peu défaut, parfois, jusqu’à présent. Et si au bout du compte la mayonnaise « prend », si en effet le Français parvient à associer à son merveilleux style hyper efficace à un peu plus de flamboyance… Vous savez quoi ? Un peu comme ce jour de septembre 2015 à Ernée où l’on avait découvert, assez médusés il faut bien l’avouer, un Musquin absolument déchaîné au guidon de sa deux-et-demie face à Justin Barcia sur une 450 cc, nous laissant entrevoir comme un autre pilote que celui que nous connaissions… En complet état de grâce aux Nations en France, il avait fourni un avant-goût de ce que peut être une sorte de pilote idéal. De ce que doit devenir Marvin Musquin, qui dorénavant sait s’imposer en SX 450 comme l’un des meilleurs spécialistes du monde…
Il connaît le mode d’emploi, il gagnera d’autres finales et, par la suite, il devra donc s’attaquer à la marche suivante. La dernière, la plus haute ! Marvin Musquin réussira-t-il à décrocher un championnat première catégorie, exploit que côté français seul JMB a su accomplir, il y a plus d’un quart de siècle de cela ? Question à un million de dollars, minimum… Mais on n’en est pas encore là ! Ne brusquons rien, même si dès cette année tous les espoirs restent permis, on peut rêver. Après tout, pourquoi pas ?
Ah oui, avant de clore le chapitre Arlington, juste un mot d’un garçon qui a vu le rêve qu’il poursuivait s’écrouler sans rien pouvoir y faire… Battu par Justin Hill ces deux dernières semaines, le vainqueur des deux premières courses du championnat 250 côte Ouest, Shane McElrath, était magnifiquement parti pour redresser la barre et reprendre à son rival le leadership aux points, dominant la finale d’Arlington jusqu’à trois tours de l’arrivée, lorsque sa moto l’a trahi. S’il s’agissait d’un épisode courant dans les années 70/80, surtout venant d’une KTM, il est aujourd’hui extrêmement rare de voir un moteur refuser tout service en pleine finale, surtout justement celui d’une 250 KTM, réputée incassable. Toujours est-il que le sympathique McElrath a tout paumé, sans doute, avec vingt-cinq points de retard à trois épreuves de la fin. Le sport sait parfois se montrer d’une cruauté sans bornes…
Changement d’époque
Aut’chose, même si on reste en partie « overseas » : le monde du motocross va célébrer cette année les vingt ans du retour du quatre-temps au plus haut niveau. En effet, c’est en 1997 que Yamaha a présenté sa 400 YZM, le proto qui a changé l’histoire de ce sport. Certes, Jacky Martens s’était imposé dès 1993 aux commandes d’une Husky à soupapes, il avait été sacré champion du monde, avant de passer le relais à Joël Smets et ses Husaberg, mais c’était en classe 500, un championnat qui à cette époque ne représentait plus du tout « la crème de la crème », la cylindrée inférieure, celle des 250 deux-temps, nettement plus performantes, s’étant depuis le début des années 90 fermement approprié l’appellation de catégorie reine. Très vite, dès la fin de saison, la 400 Yamaha allait s’imposer, aux mains de Doug Henry aux USA en particulier, et remettre le quatre-temps non seulement « à la mode » mais complètement dans l’air du temps puisque, à la suite du constructeur japonais, ses rivaux nippons puis l’industrie dans son ensemble s’engouffreraient dans cette voie qui aujourd’hui, vingt ans plus tard, normes environnementales aidant, est devenue la norme. Ainsi les moteurs 450 cc quatre-temps ont-ils remplacé les 250 deux-temps, tandis que les deux-et-demies à soupapes ont balayé (en partie) les 125 cc. Pour le meilleur ? Ça se discute. Technologiquement parlant, OK. Ecologiquement de même. Au stade ultime de la compétition, les performances ont fait un bond énorme, c’est sûr, tout en faisant courir davantage de risques aux pilotes, ce qui n’est pas innocent. Plus vite = moins sûr, c’est logique, hélas. Quant au portefeuille du coureur amateur, c’est là que le bât blesse, les budgets ayant pris une sacrée claque avec l’explosion de la complexité technique ! Ce qui a, c’est clair, permis aux cylindres à trous de conserver une certaine popularité auprès d’une frange de clientèle non négligeable, assurant des jours heureux aux gammes deux-temps des constructeurs qui ont choisi de poursuivre leur effort en ce sens, à savoir principalement ceux du groupe KTM (KTM et HVA) et…Yamaha, justement ! Ironique, n’est-il pas, de constater que ceux par qui en quelque sorte « tout est arrivé » semblent éprouver quelque remords quant à cette recette qui a été, à leurs débuts et si longtemps, leur marque de fabrique !
France, Italie, Grande Bretagne : ça c’est l’Europe !
Enfin, toujours en dehors de nos frontières, comment ne pas jeter un coup d’œil au rush final de l’Arenacross UK ? Comme de coutume, les Frenchies se taillent la part du lion au palmarès de cette sorte de championnat d’Europe de supercross de début d’année. Tant pis pour eux, si les Anglais ont voté le Brexit : je trouve ça nul, mais ça s’imposait car s’ils veulent rester maîtres sur leur île, ils vont bien devoir fermer leurs frontières, en effet ! Ainsi deux ans de suite, Thomas Ramette s’est-il adjugé cette couronne britannique. Mais il semble que cette fois, après six étapes à Manchester, Glasgow, Birmingham, Belfast (deux soirs) et Sheffield, avant la finale ce samedi à la Wembley Arena de Londres, ça va être assez compliqué pour signer la passe de trois. En effet son « copain » Cédric Soubeyras (vous souviendriez-vous par hasard de cette finale emmanchée façon « pugilat », l’an passé ?) tient les commandes de la série, suite à un joli succès le week-end dernier à Sheffield, avec quelque neuf points d’avance… A noter cela dit que, primo Angelo Pellegrini, vainqueur de l’épreuve d’ouverture et actuel second au classement provisoire un point devant Ramette, n’a pas dit son dernier mot lui non plus. Et que, deuxio, les stars locales Adam Chatfield (vainqueur un soir à Belfast) et Jack Brunell, héros du public à sept et huit longueurs respectivement derrière Ramette, peuvent eux aussi sinon décrocher le Graal du moins mettre leur grain de sel et perturber la baston finale… Car vu les standards auxquels le British Arenacross, par ailleurs superbement organisé, nous a habitués, on sait déjà que ça va chauffer. Sévère. Ceux qui aiment les émotions fortes ont choisi la balade outre-Manche ce week-end et ils vont forcément se régaler !
Texas et autres pays de conquête
Salut les p’tits n’veux ! Nan, nan, pas Riri, Fifi, Loulou… Ni Onc’ Donald ! Surtout pas, ces jours-ci, ce n’est pas un prénom à revendiquer, Donald… Beurk, ah ça j’préfère Riton ! Mais revenons plutôt à l’actualité du motocross en abordant aujourd’hui plusieurs thèmes distincts et différentes contrées…
Evidemment, pas question d’écrire quoi que ce soit sans commencer par saluer le succès historique de Marvin Musquin au Texas : imaginez, il s’était passé pas moins de quinze ans presque jour pour jour depuis la dernière victoire d’un compatriote en première classe du supercross US ! C’était David Vuillemin, à Indy en 2002 : une fantastique prise de pouvoir dans le dernier tour face au GOAT en personne, Mister Ricky Carmichael, autrement dit du très, très lourd. Marvin quant à lui, dans un autre genre, a réalisé le coup parfait : holeshot et ciao tout le monde, alors que derrière, comme l’ont fait remarquer les commentateurs américains en direct, c’était un « carnage » comme jamais, une espèce d’hécatombe assez inhabituelle. Cooper Webb, en feu depuis deux week-ends, a crevé (finalement 14ème), Trey Canard de retour a… chuté (il a fini 11ème) et il n’a pas été le seul, Chad Reed a dû passer par les stands (19ème final) et surtout Eli Tomac est tombé, il a tordu le disque avant et a dû s’arrêter lui aussi devant ses mécanos qui ont fini par sectionner sa durit de frein (15ème). De son côté Ryan Dungey a longtemps buté sur un excellent Dean Wilson et a raté, une fois n’est pas coutume, le podium, sur lequel Cole Seely et Jason Anderson ont encadré notre Frenchie. Bon, une bonne chose de faite, comme on dit, pour le kid de la Réole : Marv’ avait déjà tourné autour du gros lot l’an dernier, ne passant pas loin du tout. Du coup on savait qu’il en ferait claquer une sans trop tarder, même si a priori ce n’était pas du tout cuit, la domination de son coéquipier et les velléités de messieurs Roczen et Tomac, les plus farouches rivaux de celui-ci, ne laissant que très peu de place aux ambitions du Français. Mais, eh bien voilà, Musquin a gagné à Arlington : toujours une victoire que les Américains n’auront pas, comme aurait rigolé ma grand-mère. Ça, c’est réglé !
A Dallas, le pilote KTM a montré un self-control exceptionnel. Une super technique, comme d’hab’, une condition physique en béton et une solidité mentale impeccable. Pas de faute, relax, nickel. En deux mots : la copie parfaite. La piste était ultra-piégeuse, comme on a pu s’en rendre compte, elle a considérablement évolué au cours de la finale, toujours plus technique, ce qui naturellement n’a pas vraiment fait de tort à Musquin. D’ailleurs ses rivaux, les deux gars qui l’ont accompagné sur le podium notamment, n’ont pas manqué de lui rendre hommage, soulignant en particulier sa vitesse dans les whoops, qu’il enquillait comme personne, non pas en les dribblant mais en les sautant, avec une précision diabolique, super impressionnante. Anderson a même lâché un bon mot, faisant remarquer que ce devait être la façon d’aborder les whoops « à la française »…
Il est d’ailleurs amusant de constater que ses compagnons de podium d’un soir au Texas et lui sont un peu faits du même bois : Seely et Anderson, éternels rivaux, ont comme Musquin mis du temps à s’imposer en 250 cc et à éclore en catégorie supérieure. Si le pilote Husky est un peu plus jeune, 24 ans cette semaine, deux mois et demi seulement séparent les deux autres, Marvin ayant eu 27 ans en toute fin d’année dernière quand Seely les aura le 10 mars. Les voici donc tous trois ensemble au sommet en même temps et il va être passionnant de suivre leurs futurs duels, de mesurer comment ils vont continuer de grandir et jusqu’à quel point…
Marvin est un pilote unique en son genre, hyper-précis, qui préfère attaquer les obstacles en finesse plutôt qu’en force, qui se sent mieux sur les circuits qui réclament davantage de doigté que de bullocks. On l’a vu ce samedi sur une piste où ceux qui ont voulu en faire un peu trop se sont forcément retrouvés à terre : dans ces cas-là le Frenchie est quasi-imbattable. Son point fort c’est de savoir trouver la limite dans les conditions extrêmes, un peu comme celles de samedi, et de s’y tenir sans les dépasser, sachant exactement où se lâcher et où, au contraire, rester patient. Marvin est un as de l’adhérence, du contrôle des gaz et il n’a pas non plus son pareil lorsqu’il s’agit de trouver en un clin d’œil la meilleure combinaison possible sur un enchaînement peu évident à première vue. Ce n’est pas pour rien qu’il a remporté le Straight Rhythm ! A deux endroits au moins du circuit d’Arlington, sur le plateau juste avant l’arrivée et dans la seconde section de whoops, il faisait preuve d’une originalité manifeste tout en se montrant sensiblement plus rapide. Unique, je vous dis ! Alors tous les espoirs les plus fous sont dorénavant permis et j’ai envie d’y croire…
Car la vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille pour Marvin depuis qu’il a choisi de faire carrière aux USA. La chance n’a pas souvent été de son côté et ce n’est qu’à 27 ans qu’il arrive enfin au top en catégorie reine. Quoique promis dès le départ semblait-il à de bons résultats en Amérique, en supercross notamment vu l’exceptionnelle technicité de son pilotage, il a dû déployer d’immenses réserves de persévérance et des trésors de patience avant de concrétiser pleinement son incontestable potentiel… Cependant déjà largement étalé à la face du monde entier par la conquête de deux couronnes FIM, tout de même ! Eh, faut croire que les sentiers de la gloire ne sont jamais pavés à l’avance et l’on a vu qu’ils réservent toujours toutes sortes de chausse-trappes…
Souvenez-vous, Marvin a dû plus souvent qu’à son tour composer avec le sort. Un vilain crash à Bercy, fin 2010, avant même son départ vers les USA, ça démarrait mal ! Ensuite, dans le même ordre d’idées, son parcours a été pourri par un certain nombre de blessures qui ont sans cesse retardé son accession aux sommets. Ce n’est qu’en 2012 qu’il a enfin pu montrer aux Américains son talent sur leur terrain à travers de bons résultats en supercross comme en extérieurs. En 2013 il a loupé la couronne SX 250 d’un rien face à Wil Hahn, avant de se faire mal à nouveau en fin d’année, ce qui a plombé sa saison 2014. Heureusement, les planètes se sont enfin alignées l’année suivante : Marvin a été titré en supercross 250 Est après avoir nettement dominé le championnat et il a entrevu le doublé SX-MX jusqu’à l’épreuve finale… Où il a hélas dû abandonner les lauriers sans combattre sur panne mécanique ! Bref, rien n’a jamais été facile : il lui a tout de même fallu cinq ans pour conquérir un premier titre US. Dès son accession à la cylindrée supérieure, l’an passé, il a d’emblée démontré tout le potentiel que certains (et en particulier son team-manager, Roger De Coster) avaient décelé chez lui. Il a failli s’imposer direct en SX, mais failli seulement, avant de terminer sur le podium en MX et d’être couronné rookie de l’année dans les deux disciplines… Bref, depuis qu’il est aux Amériques, Marvin a signé nombre de performances remarquables, il a plus que souvent si ce n’est constamment brillé, mais n’a jamais définitivement, une fois pour toutes, totalement enfoncé le clou. Il vient de prouver samedi à Dallas qu’il en était capable. Il a ce faisant intégré le club très fermé des vainqueurs de finales 450 aux côtés de messieurs Dungey, Roczen, Tomac, Reed, Millsaps, Anderson, Seely, Canard, Barcia et Grant, pour ce qui est des hommes actuellement en activité. Alors dites, comment pourrait-il ne pas être sûr de son fait, désormais ?
A mon sens, ce premier succès en catégorie 450 peut changer bien des choses. Il est des grincheux qui reprochent au Tricolore un déficit de hargne, qui le trouvent trop tendre encore face aux cracks qu’il aurait selon eux encore tendance à trop respecter, faisant montre d’une espèce d’attitude de gamin ébahi dans un magasin de jouets, déjà comblé d’être là et jamais assez « méchant » face à ses adversaires… Cela me paraît très exagéré : certes Musquin n’est pas un killer, il n’y a pas moins dirty rider que lui. Mais à l’aune de son début de championnat 2017, de tels griefs ne tiennent pas, on l’a vu faire preuve de toute l’autorité nécessaire lorsqu’il le fallait.
Et surtout, je le répète, cette première victoire « chez les grands » doit faire, non elle VA faire de Marvin un autre homme. Elle va jouer un rôle de déclic, permettre une certaine évolution, inconsciente, au plan psychologique, des plus positives. Bénéfique, profitable. Car, à lui de digérer tout ça, mais c’est ainsi : s’il a connu une maturation plus longue que d’autres, peut-être, cette fois ça y est, au sein du motocross US, dans ce championnat SX le plus relevé qui soit, c’est devenu un boss. Un bonhomme, un vrai ! Pas encore tout à fait l’égal d’un Dungey, couronné trois fois, ni d’un Reed, ex-double champion, au niveau des palmarès ? Hé, chaque chose en son temps ! En revanche seuls Ken Roczen (deux fois), out sur ce championnat, Eli Tomac (deux fois) et Ryan Dungey ont eux aussi remporté une finale cette saison. Tout comme lui. Pareil. Bref, Marvin n’a plus aucune raison de faire le moindre complexe : il fait partie du gotha !
Maintenant, sûr de son fait, il va tout naturellement, en pleine confiance, afficher encore plus de combativité, d’agressivité, oser davantage, sans même y penser, juste sur sa lancée. Peu à peu, l’air de rien, quasi-inconsciemment, si les victoires se répètent il va ainsi ajouter à son fantastique bagage de technicien surdoué un véritable sens de l’attaque, une hargne qui pouvait peut-être lui faire encore un peu défaut, parfois, jusqu’à présent. Et si au bout du compte la mayonnaise « prend », si en effet le Français parvient à associer à son merveilleux style hyper efficace à un peu plus de flamboyance… Vous savez quoi ? Un peu comme ce jour de septembre 2015 à Ernée où l’on avait découvert, assez médusés il faut bien l’avouer, un Musquin absolument déchaîné au guidon de sa deux-et-demie face à Justin Barcia sur une 450 cc, nous laissant entrevoir comme un autre pilote que celui que nous connaissions… En complet état de grâce aux Nations en France, il avait fourni un avant-goût de ce que peut être une sorte de pilote idéal. De ce que doit devenir Marvin Musquin, qui dorénavant sait s’imposer en SX 450 comme l’un des meilleurs spécialistes du monde…
Il connaît le mode d’emploi, il gagnera d’autres finales et, par la suite, il devra donc s’attaquer à la marche suivante. La dernière, la plus haute ! Marvin Musquin réussira-t-il à décrocher un championnat première catégorie, exploit que côté français seul JMB a su accomplir, il y a plus d’un quart de siècle de cela ? Question à un million de dollars, minimum… Mais on n’en est pas encore là ! Ne brusquons rien, même si dès cette année tous les espoirs restent permis, on peut rêver. Après tout, pourquoi pas ?
Ah oui, avant de clore le chapitre Arlington, juste un mot d’un garçon qui a vu le rêve qu’il poursuivait s’écrouler sans rien pouvoir y faire… Battu par Justin Hill ces deux dernières semaines, le vainqueur des deux premières courses du championnat 250 côte Ouest, Shane McElrath, était magnifiquement parti pour redresser la barre et reprendre à son rival le leadership aux points, dominant la finale d’Arlington jusqu’à trois tours de l’arrivée, lorsque sa moto l’a trahi. S’il s’agissait d’un épisode courant dans les années 70/80, surtout venant d’une KTM, il est aujourd’hui extrêmement rare de voir un moteur refuser tout service en pleine finale, surtout justement celui d’une 250 KTM, réputée incassable. Toujours est-il que le sympathique McElrath a tout paumé, sans doute, avec vingt-cinq points de retard à trois épreuves de la fin. Le sport sait parfois se montrer d’une cruauté sans bornes…
Changement d’époque
Aut’chose, même si on reste en partie « overseas » : le monde du motocross va célébrer cette année les vingt ans du retour du quatre-temps au plus haut niveau. En effet, c’est en 1997 que Yamaha a présenté sa 400 YZM, le proto qui a changé l’histoire de ce sport. Certes, Jacky Martens s’était imposé dès 1993 aux commandes d’une Husky à soupapes, il avait été sacré champion du monde, avant de passer le relais à Joël Smets et ses Husaberg, mais c’était en classe 500, un championnat qui à cette époque ne représentait plus du tout « la crème de la crème », la cylindrée inférieure, celle des 250 deux-temps, nettement plus performantes, s’étant depuis le début des années 90 fermement approprié l’appellation de catégorie reine. Très vite, dès la fin de saison, la 400 Yamaha allait s’imposer, aux mains de Doug Henry aux USA en particulier, et remettre le quatre-temps non seulement « à la mode » mais complètement dans l’air du temps puisque, à la suite du constructeur japonais, ses rivaux nippons puis l’industrie dans son ensemble s’engouffreraient dans cette voie qui aujourd’hui, vingt ans plus tard, normes environnementales aidant, est devenue la norme. Ainsi les moteurs 450 cc quatre-temps ont-ils remplacé les 250 deux-temps, tandis que les deux-et-demies à soupapes ont balayé (en partie) les 125 cc. Pour le meilleur ? Ça se discute. Technologiquement parlant, OK. Ecologiquement de même. Au stade ultime de la compétition, les performances ont fait un bond énorme, c’est sûr, tout en faisant courir davantage de risques aux pilotes, ce qui n’est pas innocent. Plus vite = moins sûr, c’est logique, hélas. Quant au portefeuille du coureur amateur, c’est là que le bât blesse, les budgets ayant pris une sacrée claque avec l’explosion de la complexité technique ! Ce qui a, c’est clair, permis aux cylindres à trous de conserver une certaine popularité auprès d’une frange de clientèle non négligeable, assurant des jours heureux aux gammes deux-temps des constructeurs qui ont choisi de poursuivre leur effort en ce sens, à savoir principalement ceux du groupe KTM (KTM et HVA) et…Yamaha, justement ! Ironique, n’est-il pas, de constater que ceux par qui en quelque sorte « tout est arrivé » semblent éprouver quelque remords quant à cette recette qui a été, à leurs débuts et si longtemps, leur marque de fabrique !
France, Italie, Grande Bretagne : ça c’est l’Europe !
Enfin, toujours en dehors de nos frontières, comment ne pas jeter un coup d’œil au rush final de l’Arenacross UK ? Comme de coutume, les Frenchies se taillent la part du lion au palmarès de cette sorte de championnat d’Europe de supercross de début d’année. Tant pis pour eux, si les Anglais ont voté le Brexit : je trouve ça nul, mais ça s’imposait car s’ils veulent rester maîtres sur leur île, ils vont bien devoir fermer leurs frontières, en effet ! Ainsi deux ans de suite, Thomas Ramette s’est-il adjugé cette couronne britannique. Mais il semble que cette fois, après six étapes à Manchester, Glasgow, Birmingham, Belfast (deux soirs) et Sheffield, avant la finale ce samedi à la Wembley Arena de Londres, ça va être assez compliqué pour signer la passe de trois. En effet son « copain » Cédric Soubeyras (vous souviendriez-vous par hasard de cette finale emmanchée façon « pugilat », l’an passé ?) tient les commandes de la série, suite à un joli succès le week-end dernier à Sheffield, avec quelque neuf points d’avance… A noter cela dit que, primo Angelo Pellegrini, vainqueur de l’épreuve d’ouverture et actuel second au classement provisoire un point devant Ramette, n’a pas dit son dernier mot lui non plus. Et que, deuxio, les stars locales Adam Chatfield (vainqueur un soir à Belfast) et Jack Brunell, héros du public à sept et huit longueurs respectivement derrière Ramette, peuvent eux aussi sinon décrocher le Graal du moins mettre leur grain de sel et perturber la baston finale… Car vu les standards auxquels le British Arenacross, par ailleurs superbement organisé, nous a habitués, on sait déjà que ça va chauffer. Sévère. Ceux qui aiment les émotions fortes ont choisi la balade outre-Manche ce week-end et ils vont forcément se régaler !