Personne n’a rien vu venir… Et pourtant, Damon Bradshaw vient de faire officiellement son coming-out dans MTM (Monster Truck Magazine).
« Oui, c’est vrai, j’ai divorcé récemment, et ça m’a ouvert les ouvert les yeux, même si j’avais cet amour des hommes en moi depuis toujours. Mais j’essayais le cacher en détestant tous mes adversaires, même les plus mignons. »
Si la news a fait l’effet d’une bombe dans le microcosme des Monster Trucks, ça n’a pas vraiment surpris le monde du MX, qui a vu Damon débarquer très tôt.
« Franchement, je m’en doutais un peu. » déclare ainsi Jeff Matiasevich, en posant doucement son bang sur la table basse.
« Attends, tu te souviens pas de ses fringues Fox en 89 ? Ses chapeaux de cow-boy ridicules, sa moustache, son amour du cuir pleine fleur, ça m’avait mis la puce à l’oreille à l’époque. Il ressemblait à Freddy Mercury, en moins viril ! Et s’il m’a autant coupé en deux, c’est bien parce que je ne l’ai jamais regardé et que je me tapais la moitié des filles du paddock. »
Une version que ne conteste pas l’intéressé, même si d’autres adversaires avaient sa préférence à l’époque.
« J’ai vraiment pris conscience de ma sexualité quand le français (NDLR : JMB) a débarqué ici. Ses fringues à fleurs, sa moue boudeuse, son accent… J’aimais tout chez lui. Il a fait remonter des sentiments profonds à ce moment-là, même si je n’en avais pas pleinement conscience. Et on me demandait de le battre ! C’était très dur à vivre… »
Un mal-être que le surdoué traîne comme un boulet pendant toutes ces années de compétition. En 1992, quand JMB annonce son départ pour les GP vitesse, c’est la goutte de trop. Incapable de mettre un doigt sur ce qui le ronge, Damon passe complètement à côté de sa finale au Coliseum, malgré l’aide de celui qu’il aime en secret.
« Je n’arrêtais pas de me dire que c’était une des dernières fois que je le voyais. Ça m’a paralysé. Quand il était derrière moi, je n’avais qu’une hâte : qu’il me double, que je puisse mater son petit boul’ moulé dans le Taïchi une dernière fois. »
On connaît la suite. JMB parti, la carrière de Bradshaw prend l’eau. Arrêt, dépression, rien n’y fait. Jusqu’au come-back en Arena Cross.
« Je ne voulais plus entendre parler de moto, mais je suis tombé sur une interview de Denny Stephenson. Il était craquant, je n’ai pas pu m’empêcher de replonger. »
Nouvelle déconvenue, Denny est aussi hétéro que Matiasevich, son ancien colocataire.
« Denny racontait dans le paddock toutes ces histoires d’orgies avec des filles chez Chicken. Je rigolais devant lui, avant d’aller pleurer dans son motorhome. »
Finalement, c’est au contact du monde des Monster Trucks que Damon a appris à s’accepter.
« Mon Team est sponsorisé par l’armée US, réputée pour être un gros repaire homo ! Même mon team-manager, un ancien général en retraite, est du bâtiment. Lui a découvert sa sexualité au Vietnam, en violant des soldats vietcongs. Il n’a jamais pu arrêter depuis ! »
Tous nos vœux de bonheur à Damon, donc, qui devrait très bientôt s’offrir une escapade romantique à Paris avec Craig, son nouveau boyfriend.
« En passant, j’essayerai de voir JMB. On a des choses à se dire, lui et moi. Je lui dois des explications ! »
Les mots d’un homme apaisé…