Je crois qu’il n’a échappé à personne, au gré de la lecture de bon nombre d’interventions, que la marque Autrichienne a bien du mal à imposer une image globalement positive au sein du microcosme du MX.
Bizarrement, malgré les titres accumulés ces derniéres années, l’indéniable qualité du matériel et les efforts redoublés de la marque pour se construire une image… rien n’y fait !
Au dela des préférences – parfois puériles – affichées par certains pour une des quatre marques Japonaises, persiste un désamour profond et larvé du crossman moyen pour la marque Autrichienne.
je me suis souvent posé la question des raisons de ce rejet.
J’en suis arrivé à certaines conclusions.
Je les trouve intéressantes… je vous en fais donc part.
Les racines du mal.
Nous sommes à la fin des années 70, l’industrie Européenne régne encore sur le cross Mondial.
Les Husqvarna, Maïco et… KTM régnent pour un peu de temps encore sur les championnats internationaux et ont la pleine confiance des clients qui doutent toujours du “sérieux” de la production Niponne.
Les Japonaises ont en effet beau gagner de plus en plus de championnats prestigieux, les habitudes ayant la peau dure les crossmen de ligue continuent à leur préférer les machines Européennes.
Il faut dire qu’à l’époque la production Japonaise, qui met l’accent sur la facilité d’utilisation des motos, est encore en deça du niveau de performance proposé par les Européennes.
Mais plus pour longtemps !
La bascule années 70, années 80 confirme une nette inversion de tendance.
Le niveau de performance autant que la qualité des motos Japonaises égale et dépasse en l’espace de deux ou trois saisons ce que proposent les grandes marques Euro.
Il va falloir à peine une demi décennie ( de 77/78 à 82/83 ) pour voir s’écrouler l’image des motos Européennes.
Les Japonaises sont plus faciles, plus performantes pour le gros des utilisateurs et surtout moins chéres !
En un rien de temps les RM, YZ, KX et CR s’imposent à tous les niveaux.
Pendant ce temps, l’industrie Européenne peine à réagir et ne propose que des machines vieillissantes et chaque année un peu plus dépassées.
Les clients qui veulent, par conviction ou intérét ponctuel, conserver leur confiance aux marques Européennes sont de moins en moins nombreux.
Et surtout, ce qui marquera durablement l’esprit du crossman moyen, les motos Européennes deviennent – difficultés économiques aidants – non seulement de plus en plus obsolétes mais aussi de moins en moins fiables.
Les temps sont durs pour les Euro !
Cette période va marquer pour longtemps les esprits.
Et à vrai dire 20 ans plus tard rien n’est encore complétement oublié !
Mais au milieu de ce désastre économique et sportif que connait l’industrie Européenne, une seule marque tente de résister en essayant tant bien que mal de donner la réplique aux Japonais avec des arguments équivalents… KTM !
Dés 1980 la marque refond sa gamme en réagissant avec une excellentissime motorisation en 125 cm3 ( déjà ! ). La 125 RV, vendue à trés bas prix pour séduire par tous les moyens, va marquer son époque et résister, sur les terrains régionaux en tous cas, à l’invasion Japonaise.
Soutenue par Moto Journal, la marque lance même un trophée de marque qui connaitra un vrai succés.
Mais tout va trés vite, trop vite pour une petite usine qui ne réalise pas des volumes de ventes suffisants pour avoir les moyens de concurencer les Japonais dans le domaine de la recherche et du développement.
Alors qu’ils pensaient pouvoir capitaliser, pour le marché émergeant en Europe du cross loisir, sur leur excellent moteur, les Autrichiens voient les Japonais assommer le marché à grands coups d’inventions inédites ou de mise en productions de solutions connues mais jugées inutiles jusque là.
Le refroidissement liquide, les suspensions monoshoc, les freins à disques… tout arrive trés vite.
En l’espace de deux saisons, on passe des deux amortisseurs/tambours/refroidissment par air au monoshoc/liquide et même disque dés 82 ( Kawa ).
KTM souffre et tente de réagir.
Un moteur liquide courant 81.
Un monoshoc ( seulement sur les 250 et 495 ) en 82.
KTM rame pour ne pas se faire décrocher et se retrouve à produire des motos pas toujours compétitives en jouant sur un markéting efficace et en essayant de capitaliser sur ce qu’il reste d’image de la “grande époque” ou la marque dominait le paysage du cross ( les années 75/79 ).
Cette logique de course effrénée derrière les Japonais va durer jusqu’au tout début des années 90.
Mais hélas, entre les nouveautés douteuses et la qualité qui baisse, KTM va lentement s’enfoncer pour finir au bord du gouffre en 91 ou la marque ne sera sauvée de la faillite que par la grace d’un rachat par un redresseur d’entreprise.
Lequel redresseur est toujours à la tête de l’usine à l’heure actuelle !
Seulement en 1991, au moment ou tout a failli s’arréter, KTM vient de passer 10 ans à tenter de résister à la déferlante Japonaise.
Mais durant cette décennie la marque a produit trop de mauvaises machines.
Lente agonie aidant elle est resté le seul “dinosaure” Européen à tenter de résister.
HVA, Maïco, Cagiva, etc… tous sont morts ou ne survivent que dans des marchés de niche, loin du MX et de sa “sur-exposition” ( toute relative bien sûr, mais dans le milieu de la moto TT, la décennie 80 a été celle du MX roi ).
Du coup la marque Autrichienne s’est accroché une énorme casserole !
Elle est devenue l’embléme de la mauvaise qualité Européenne.
Et dans un milieu trés “jeune ” comme le MX, le client est sans pitié !
Cette image va rester.
Elle va tellement rester que, malgré l’incroyable redressement que la marque connaitra durant les années 90, ses succés sur tous les fronts sportifs, la qualité de ses produits clients et ses multiples efforts de communication, sur le marché du MX Français KTM reste pour beaucoups marqué du sceau de l’infamie.
C’est la marque qui aura produit, effectivement, bon nombre des plus grosses daubes des années 80/90 !
Et ça, curieusement, beaucoup ne lui pardonneront jamais.
Même ceux qui n’ont jamais acheté une KTM ou qui n’en ont jamais vu une en panne !
Statistiquement on peut raisonnablement penser que les propriétaires de KTM ne sont pas plus malheureux que les autres.
Mais il reste, et restera pour longtemps encore semble- t’il, une frange d’irréductibles opposants à la marque devenue orange.
A tel point que rien ne lui est épargné.
Qu’elle produise une suspension techniquement différente de la norme Japonaise… et on la soupçonne immédiatement d’être mal conçue.
Qu’elle investisse lourdement pour faire rouler des équipes officielles… et on lui reproche de tuer la compétition.
Qu’elle se paye les services d’une star… et on l’accuse d’opportunisme mercantile.
Le milieu du cross semble en vouloir à KTM pour un pan de son histoire ou la marque n’aura fait que tenter de survivre.
Curieusement l’histoire de certaines marques Japonaises n’est pas moins émaillée d’épisodes tout aussi peu glorieux, et pourtant… aucune marque ne fait les frais d’une telle cabale de la part de certains que l’usine Autrichienne.
Bizarre.
Y’a surement encore une raison à cette quasi haine de certains.
Faut chercher encore ! 😉
7.9 € TTC
