Quelle édition ! Les nombreux spectateurs (dont on faisait partie) qui avaient fait le déplacement à Saint Jean d’Angély ces 9 et 10 septembre 2000 ne l’ont pas regretté, malgré la pénurie d’essence qui sévissait ou l’extrême chaleur qui en a plombé plus d’un. Quelqu’un se souvient du gars qui s’est promené tout nu toute le week-end ? Bref, une course mémorable, de celles dont on parle 20 ans après, précisément comme on le fait maintenant.
Travis qui fait du Travis !
Il faut dire que ça s’annonçait pas mal, avec une équipe de France en or massif : Stéphane Roncada n’a perdu que pour six petits points le championnat US 125 face à Travis Pastrana, empochant quatre victoires au passage. Séb Tortelli a terminé lui aussi second du championnat US, en 250, face à l’ogre Carmichael. Les deux vice-champions US ont donc une belle occasion de se venger sur leurs terres de Travis et RC, sélectionnés dans l’équipe US aux côtés de Ryan Hugues, pas encore maitre Yogi, qui a passé l’année en Europe mais blessé. Chez les Frenchies, le troisième mousquetaire n’est autre que Fred Bolley, tout simplement champion du monde 250 cette année-là. Bref, le scénario est parfait, d’autant que le plateau est absolument dantesque, avec en plus des tops des deux côtés de l’Atlantique comme Coppins, Bartolini, Langston (champion du monde 125), Albertyn, et même les exotiques australiens Reed (sur une Yamaha 426 YZF), MacFarlane et Byrne. Tous les ingrédients sont là pour que la fête soit complète, et effectivement, le spectacle est au rendez-vous dès le samedi grâce notamment à ce jeune chien fou américain, l’attraction du week-end Travis Pastrana qui déchaîne littéralement les passions sur le gros saut en descente du circuit du Puy de Poursay en sautant 15 mètres plus loin que tout le monde. Sa bagarre en qualif avec Grant Langston fait partie de la légende du MX. Les deux hommes se connaissent depuis que TP est allé en Afrique du Sud quelques années avant, et les deux s’étaient déjà frottés là-bas. Les US, en l’absence des français, italiens et belges qualifiés d’office (en tant qu’organisateur, tenants du titre et 2e l’année avant), font le triplé le samedi.
Le lendemain, les français avaient toutes les raisons d’y croire… Jusqu’à ce qu’une pierre ne ruine nos chances en même temps que le visage de Fred Bolley. Le premier sacre tricolore tant attendu avec cette équipe “all-star” n’arrivera jamais, malgré les superbes courses des deux pilootes restant Seb Tortelli et Steph Roncada. Du grand art ! Ironiquement, ce sera pour l’année suivante, avec ce que la presse appelle à l’époque un team B composé de Luigi Séguy, David Vuillemin et Yves Demaria que la France décrochera sa première étoile aux Nations.