Choisir un jour de gloire pour James Stewart, c’est comme quand tu vas au buffet au volonté : il y en a tellement, et tout a l’air bon ! Donc, effectivement, on aurait pu parler de Toronto 2014 ou Saint Louis 2007, mais finalement, on va s’intéresser à Budds Creek 2003. Vous ne regretterez pas.
En 2003, James Stewart a 17 ans et entame sa seconde année chez les pros. La saison précédente, il a loupé le titre en SX par manque de régularité, en gagnant quatre finales et, surtout, en montrant à la terre entière qu’il était totalement intouchable pour peu qu’il reste sur ses roues. Il l’a d’ailleurs prouvé en enchaînant avec le titre, cette fois, en outdoor. Dix victoires dont 7 doublés sur douze courses, pas mal pour un rookie. Le kid est totalement on fire, et le prouve en 2003, donc, en surdominant le championnat SX cette fois, ne laissant échapper que l’ouverture d’Anaheim (2e après un départ exécrable).
Il ne reste donc plus qu’une formalité avant l’ouverture de la saison outdoor 2003, le East/West shoot-out de Las Vegas. Pour lui simplifier la tâche, le champion east Branden Jesseman, blessé, n’est même pas là. Plus rapide de deux secondes que tout le monde aux essais, JS259, avec sa plaque 1W pour l’occasion, vole littéralement au-dessus du circuit dans le Sam Boyd Stadium, ouvrant même avec sa 125 un quadruple que personne ne fait, même dans la catégorie 250. Cliquez sur la vidéo si vous ne me croyez pas… On peut voir transpirer la confiance dans son pilotage tant ça va vite en ayant l’air facile. En finale, il s’offre un rare holeshot, dépose tout le monde, avant de sortir de la piste, repartir et… s’exploser comme il sait (aussi) le faire ! Clavicule cassée. Les espoirs d’un second titre outdoor d’affilée s’envolent.
La vitesse, le quadruple, la chute… Tout James concentré en une vidéo !
Sept semaines plus tard, le jeune Bubba est enfin prêt à revenir dans le game, au milieu d’un affrontement sanglant entre deux coéquipiers qui ne peuvent pas s’encadrer (Langston et Hugues) et un cow-boy solitaire que personne n’aime et qui le rend bien, Mike Brown. Franchement, quand on les voit s’affronter, on se demande bien comment on peut aller plus vite. On ne va pas tarder à comprendre. La rentrée de James se fait à Budds Creek, Maryland. Un circuit où il avait gagné l’année précédente. Ce qui ne veut pas dire grand chose, vu qu’il avait gagné presque partout :-)))
La première manche donne le ton : le shérif est de retour en ville… Parti second, James Stewart passe Langston dès le deuxième virage. Il a eu le temps de prendre sa douche quand ils se recroisent. Mais c’est bien cette deuxième manche qui va rentrer dans la légende. Recoupé par un autre pilote dans la ligne droite, JS259 va à terre. Il prend le temps de remonter son pantalon, redresser les leviers avant de repartir. Et de passer tous ses rivaux un par un, jusqu’à prendre la tête à Ivan Tedesco largement avant l’arrivée, balançant des scrubs à tout va en postant des temps plus rapides que ceux des 250, Ricky Carmichael compris. C’est d’ailleurs à partir de cette course et de la photo mythique de Chris Tedesco que cette technique inédite va être mise à jour.
Comment est-ce possible d’aller aussi vite ?
James Stewart ne perdra pas une manche de la saison, empilant ainsi les 7 victoires au général. Il échouera sur la troisième place du podium, derrière Grant Langston et Ryan Hugues, privés d’une finale qui devait avoir lieu à Troy (Ohio), cette course ayant été annulée en juillet par les inondations. Même motif, même punition en septembre, Troy est toujours sous les eaux, et Langston est champion. Mais ceci est une autre histoire qu’on vous racontera sous peu, parce qu’elle vaut aussi la peine !
Franchement, c’était peut-être roulable, non ?
Ah oui quand même… Sacrée saison !
Par Richard Angot.